Les mariages de Santa Barbara
B.J. Walker et Warren Lockridge (2/2)

 

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Au lointain, les vagues de l'océan viennent frapper les rochers, avec une violence toujours renouvelée. Au lointain, le vent souffle sur la falaise, emportant avec lui l'écume blanche accrochée sur les rochers. Au lointain, la clameur de la ville ne parvient pas à troubler ni la nature, ni la douce musique qui circule entre les arcades de la terrasse de l'hôtel.

Au premier plan, Warren Lockridge regarde intensément B.J. Walker, sans se préoccuper des invités autour d'eux. Toute à sa joie, B.J. plonge ses yeux dans ceux de son mari. Seuls le vent et la musique les enveloppent d'un voile protecteur qui les isole du monde. Et tandis qu'ils se dévorent des yeux, B.J. sent qu'une partie de sa vie s'échappe d'elle : ombres et griffes qui la lacéraient depuis tant d'années se transforment lentement en grains de poussières qui se dissolvent dans l'air. Warren a trouvé les mots, les gestes, non pas pour effacer le passé, mais simplement pour le rendre supportable; pour seulement garder la part de force qui fait qu'ils ont pu s'abandonner totalement l'un à l'autre et s'aimer. Et s'aimer pleinement. S'aimer charnellement. S'aimer intellectuellement. S'aimer et s'abandonner...

Alors qu'elle lui prend le bras pour aller danser, B.J. ne peut s'empêcher de regarder à nouveau Warren et de lire dans ses yeux, sur son visage, toute la profondeur de son amour. B.J. sait que Warren l'aime. Il le lui a prouvé à plusieurs reprises. Pour elle, il a tant de fois bravé les obstacles. Pour elle, il a refusé les traditions : un premier mariage annulé à la va-vite dans la maison de ses parents et le choix de sa robe de mariée...

Une robe pour fiançailles...

Réfugiés à l'hôtel pour fuir le chaos de la ville, Warren et B.J. sont venus s'isoler ici pour essayer de retrouver l'inspiration. Après son premier livre, Warren souffre du syndrome de la page blanche, les mots ayant délibérément décidé de fuir son esprit. Une B.J. apaisée travaille à l'écriture du scénario inspiré de sa tragique histoire. L'un comme l'autre peinent à trouver les mots justes. L'un comme l'autre raturent, griffonnent, rayent jusqu'à ce que des bruits sourds de marteau viennent les obliger à sortir de leur état de quasi frustration. Alors qu'ils sortent de leur chambre, ils tombent dans le couloir sur un ouvrier qui installe une affiche pour la vente aux enchères qui se tiendra dans un salon de l'hôtel. Déjà l'affiche attire le regard de B.J. : l'objet de la vente aux enchères est, étrangement, une robe de mariée. Alors que Warren tente d'éloigner l'employé et le bruit de devant leur chambre, B.J. ne peut détourner son regard; elle est presque possédée par le dessin de la robe.

Subjuguée, elle demande à l'employé de lui montrer la robe, la vraie, celle faite de fils et de tissus. Là, devant la robe portée par un mannequin, B.J. se laisse envouter. Elle est littéralement tombée sous le charme de cette robe des années 1930. Découpée dans un tissu de satin blanc, la robe irradie dans le couloir, éveillant et aiguisant les sens de B.J.. Cette dernière explique à Warren le charme du siècle passé, le chic de cette ligne prés du corps, le toucher si particulier du satin, la finesse du décolleté constitué de fines fleurs brodées. A ses yeux, la robe n'a pas besoin de plus de décorations, son élégance étant basée simplement sur la pureté des lignes. Elle est agrémentée d'un manteau avec une courte traine. A distance, Warren observe B.J. se laissant imprégner charnellement par la robe. Et bien qu'elle ait appartenu à Carole Lombard, Warren comprend entre les mots de B.J. qu'elle a été faite il y a des années pour elle, pour B.J. Walker... Un peu comme dans les contes de fées, où une étrange marraine aurait donné vie, des années trop tôt, d'un coup de baguette magique, à la robe parfaite pour B.J..

Revenue dans leur chambre, B.J. ne parvient pas à se concentrer sur son scénario. Warren, la tête ailleurs, connaît lui aussi des difficultés pour revenir à son travail. Ses pensées se sont égarées; elles errent dans les couloirs de l'hôtel, guidées par une robe, vers un destin merveilleux... Son livre ne compte plus. L'instant présent est tout autre. Alors, il quitte la chambre sous une fausse excuse et, guidé par ses sentiments, se laisse emporter par son destin.

Warren retrouve, un long moment plus tard, B.J. dans les jardins de l'hôtel. Son regard se pose sur la jeune femme, avec la profonde certitude que ses demains ne peuvent exister qu'avec elle. Certain de son choix, il lui montre ce qu'il tient entre ses mains : la robe de satin blanc... B.J. n'en croit pas ses yeux. Le bonheur illumine son visage. Alors qu'elle prend la robe dans ses mains, la promesse d'un avenir merveilleux se dessine dans son esprit. Et si les cieux devenaient, après toutes ces épreuves, plus cléments pour elle ? Soudain, le contact de Warren contre elle, ses paroles à son oreille, ramènent B.J. à la réalité. Elle n'a qu'un seul mot à prononcer. Juste un petit mot pour accepter le bonheur qui lui tend les bras. Dans un souffle, dans un murmure, dans un baiser, B.J. dit oui... Oui... Elle ne veut plus hésiter. Elle ne veut plus avoir peur. Demain sera un très bon jour... Non, ce sera le jour idéal. Alors, dans le soleil couchant, au bord de l'océan, c'est d'un baiser tendre et passionné qu'ils scellent le destin merveilleux qui est écrit pour eux...

...Un mariage pour une robe.

Dans l'hôtel qui s'agite, B.J et Warren se retrouvent pour un dernier instant volé avant le grand moment. Warren vient avec tendresse s'assurer que tout va bien pour B.J., qu'elle n'ait pas de crainte. B.J. le rassure d'un sourire et d'un baiser. Tout son être, tout son visage, irradient d'une joie immense. Elle n'a aucune inquiétude. Elle n'a aucun doute. Tout est parfait. Elle n'aurait pas pu rêver mieux. Pour peut-être la première fois de toute sa vie, B.J. éprouve une réelle sérénité, car chaque chose est à sa place dans sa vie. Et comme Warren s'éloigne pour laisser place aux traditions, certainement à Reese et Jodie qui veillent au grain, B.J. se laisse aller au bonheur de chacune des secondes qui s'écoulent et qui vont la conduire à l'autel pour devenir Madame Warren Lockridge.

De l'intérieur de l'hôtel, il s'échappe quelques notes de musique. L'océan au loin ralentit le rythme de ses vagues pour s'accorder à celui de la musique. Sur une terrasse donnant sur le bord de mer, Reese attend. Une certaine inquiétude étreint son coeur : sa petite fille aujourd'hui devient une femme. Comme tout papa, il n'est pas vraiment prêt à ce changement. Et lorsque B.J. descend les quelques marches pour le rejoindre, il ne peut empêcher son coeur de se serrer. Il la regarde. Il l'admire. Il la trouve si belle. Il la trouve encore si petite et si frêle... Alors qu'il la serre dans ses bras, Reese aussi se laisse imprégner par les certitudes de B.J.. Eblouie par B.J. avec sa robe qui épouse sa silhouette, Reese se rend compte que sa petite fille est devenue papillon. A la fois pour la soutenir et pour se donner du courage, Reese lui confie la plus belle des certitudes : il sera toujours son papa. Il sera toujours là pour elle. Lui, qui est si fier aujourd'hui d'être son père, d'être cet homme, et d'occuper dans son coeur une place si particulière.

Porté par des sentiments contradictoires, Reese questionne B.J. sur ses doutes possibles. Si elle choisit de se marier, elle doit n'avoir aucun doute, car le mariage est le voeu le plus sacré, l'alliance unique entre deux êtres qui ne pourra jamais être rompue. Alors si elle a des doutes, il lui propose de l'aider à s'enfuir... Mais B.J. est emplie de certitudes. Comme elle le dit à son père, seul un éclair qui la foudroierait sur place l'empêcherait de se retrouver devant l'autel aux côtés de Warren. Alors, Reese prend le bras de sa fille, échange un franc sourire avec elle et commence à se diriger vers le lieu de la cérémonie.

Warren, de son côté, est déjà près de l'autel. Anxieux. Inquiet. Il lui tarde que la cérémonie commence. Lionel vient le rejoindre pour le rassurer. Ils regardent les invités arriver. C'est d'abord Minx au bras de Sawyer. Le vent venu de l'océan ne parvient pas à calmer Warren. Il est mal à l'aise devant toutes ces personnes, tous ces gens de la ville, venus assister à son mariage. Il craint qu'ils ne soient venus que pour assister à son ridicule. Toutes les craintes du futur marié se cristallisent chez Warren. Il aurait voulu se marier à Las Vegas, en coup de dé. Il ne souvient déjà plus de ses voeux : trop de mots... Lionel le rassure : tout se dissipera lorsqu'il verra arriver B.J.. Alors, ils seront comme seuls au monde. Warren va jusqu'à proposer à son père de changer le programme : ils pourraient servir le repas tout de suite et ainsi, il pourrait avoir une cérémonie avec juste la famille... Lionel, qui connaît bien son fils, a compris les peurs qui piquent son esprit. Alors que le prêtre s'avance vers eux, Warren demande à son père pourquoi certains hommes affrontent plusieurs fois les cérémonies de mariage...

Au loin, l'océan accepte que tous les regards se détournent soudain de lui. Plus haut sur la falaise, dans les jardins de l'hôtel, un autre événement captive et attire tous les regards. Lily Blake Capwell est la première à passer sous l'arche de feuilles et de fleurs. Les violons se font alors entendre. Demoiselle d'honneur, Lily a la lourde tâche d'ouvrir la cérémonie. Alors qu'elle s'avance vers l'autel, elle échange un sourire avec Gina, sa mère, mais aussi avec Ted, son tout récent époux. Puis elle prend place aux côtés du prêtre, tout comme Lionel qui est resté près de son fils.

Soudain, la marche nuptiale retentit et tout le monde se lève. Reese et B.J. s'approchent. Ils s'avancent dans l'allée recouverte d'un tapis blanc. B.J. tient dans ses bras un bouquet de fleurs blanches et Sawyer ferme la marche. Et Reese confie la main de sa fille au bras de Warren. Le prêtre les accueille et leur demande s'ils se promettent de s'aimer et de se rester fidèle toute leur vie. Ensuite, il les regarde et leur demande de prononcer leurs voeux. Il se détourne alors vers Warren. Warren reste figé, comme paralysé. Lionel essaye de le ramener à la réalité d'un coup d'épaule. Tous les regards se concentrent sur lui, même celui de B.J.. Indifférent à tous, Warren semble être littéralement absent. Jodie et Reese se dévisagent, perplexes et inquiets. Minx dit à Gina qu'elle savait que cela allait arriver. B.J. l'interpelle alors, essayant de réveiller son attention. Lionel le stimule en lui disant de prononcer des premiers mots, les autres suivront. Mais rien ne semble redonner présence à Warren...

Rien si ce n'est le regard de B.J. posé sur lui. Après quelques secondes, il se tourne vers elle, certain de pouvoir parler, certain d'oser prononcer l'amour qu'il éprouve pour elle. Il se libère et ose parler de la confiance et de la sécurité qu'il a trouvés à ses côtés, grâce à elle. Warren promet bien évidement de l'aimer, mais surtout il promet de continuer à apprendre d'elle, pour lui, pour elle et pour l'être qu'ils constituent ensemble. B.J. avoue à tous que leur rencontre est un miracle, simplement parce qu'elle sait que Warren se soucie bien plus d'elle que de lui-même. Il porte avec elle ses choix, ses ambitions, les acceptant tous.

A la demande du prêtre, Lionel donne une alliance à son fils. Warren la glisse au doigt de B.J.. Lily donne une alliance à B.J., qu'en retour elle glisse au doigt de Warren. Et, comme le veut la tradition, le prêtre les déclare alors mari et femme, époux et épouse, les deux constituants d'un tout.

Au lointain, vent et océan retiennent leur souffle alors que Monsieur et Madame Warren Lockridge remontent l'allée.

Une robe. Un mariage. Une danse.

Emus, soulagés, Warren et B.J. s'isolent un instant de tous les invités. A l'écart, Jodie et Reese, comme C.C. et Sophia, se rapprochent, tissant l'ébauche de retrouvailles.

Dans sa robe de satin, B.J. se serre contre Warren. Les bruits du lointain les enveloppent d'un léger voile. B.J. s'abandonne contre Warren et la promesse d'un avenir, laissant les ombres du passé s'envoler dans le vent du soir. Alors que la musique se propage le long des arcades de la terrasse, touchant tour à tour tous les invités, Warren et B.J. s'élancent pour une valse. Ils s'élancent pour le début d'une vie à deux, pour le début de leur vie...

Dernier mariage de la série, le mariage de Warren et B.J. clôt la série commencée en juillet 1984. Tourné en extérieur, cet ultime mariage est un parfait exemple de ce qu'est devenue la série au fil du temps : émotion, drame, passion... L'humour, élément si caractéristique de la série et perdu au fil des années, n'est pas présent dans ce mariage. On se souvient que l'humour était présent au plus romantiques des mariages, avec la bagarre de boue entre Gina et Keith. C'est peut-être cela qui est à l'origine de la mort de la série, bien plus que les intrigues et les changements d'acteurs...

Texte écrit pour ce site par Lilian

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