Santa Barbara, Acte 2 | ||||||
Chapitre 44 : Chair contre chair |
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Et
avec la participation exceptionnelle de Robert Desiderio dans le rôle de Ted Melcher |
Dans
ma chair
Monte un SOS
Un signal de tendresse
Plus fort qu'un vacarme
Qu'enfin se taisent les armes
Assez coulé de larmes
Touchez pas à la vie
N'entendez-vous pas monter ce cri
Dans ma chair
Pourquoi l'histoire
Perd toujours la mémoire
Boucle sans fin
Toujours la même refrain
Absolution un peu trop facile
Que faut-il pour qu'en fin
L'on soit futiles
Ça m'dérange
Quand on dit qu'on se venge
Ça m'dérange
Les hommes, les femmes, les anges
Aucun animal
Ne tue pour le mal
48 heures...
48 heures...
48 heures...
Le délai imposé par
Pamela ne cessait de résonner dans sa tête.
48 heures...
Et le temps avait déjà
commencé à couler. Combien de temps venait-il de perdre à vérifier les
paroles de Pamela ? Deux heures. Trois heures... Il avait déjà joint sa
banque, la California Star Bank, pour mesurer l'emprise de Pamela sur son
empire. Si tout ce qu'elle avait annoncé était vrai, alors il risquait de tout
perdre. De tout perdre. Véritablement tout. C.C. trembla presque, car depuis la
prise de contrôle de Robert Barr, personne n'avait osé s'en prendre
directement aux Entreprises Capwell.
Son esprit calculait
à grande vitesse, élaborant des plans les uns à la suite des autres. Car tout
problème possédait sa solution; il ne lui restait plus qu'à trouver un
stratagème qui lui permettrait d'écarter Pamela définitivement de sa vie.
Dans son bureau, C.C.
s'appuya contre la baie vitrée et observa la ville. Puis, la colère explosa et
il lui laissa libre cours. C.C. renversa tous les objets et tous les documents.
- Tu vas me le payer, Pamela... Tu vas me le payer, sois en certaine !
Capwell Tower.
De l'autre côté de
la cloison, assise sur son tout nouveau bureau, Pamela profitait pleinement de
ces moments. Elle savourait sa victoire sur C.C. Capwell, une coupe de champagne
à la main.
- Allez, Ted,
montrez-moi la suite de ce que vous avez préparé. Je suis tout ouie.
- Tout d'abord, je
peux vous assurer, Pamela, que Capwell est aux abois. Il ne peut pas faire appel
à ses fonds propres.
- Je suis d'accord
avec vous, Ted, pour les fonds à la California Star Bank, mais je connais C.C.
et il n'a pas déposé tous ses capitaux dans la même banque.
- C'est sûr... Mais
avec la faillite de Lehman Brothers, de nombreuses banques n'ont plus les mêmes
capacités à débloquer les fonds propres des plus gros actionnaires.
- Et pour ses amis...
Pour ceux susceptibles de lui apporter l'argent nécessaire à un rachat massif
d'actions ?
- Pamela, nous
parlons de plusieurs millions de dollars.
- Peut-être, mais
des personnes comme Alexis Colby ont suffisamment de capitaux pour aider C.C..
- Ne vous en faites
pas pour Alexis... La Colby Co va connaître des révélations qui vont occuper
Alexis à plein temps. Faites-moi confiance. Je vous ai laissé des documents à
ce sujet.
- Et pour Sophia ?
- Les fonds d'Armonti's
sont en train de changer de main. Cette fois-ci, Sophia ne pourra pas voler au
secours de Capwell. Encore quelques heures, et le monde entier va apprende la
chute de la maison Armonti's.
- Parfait. Et pour
les autres ?
- N'ayez crainte,
Pamela, je me suis occupé aussi de ses associés. Regardez la liste des noms.
Ceux qui sont soulignés correspondent à ceux qui ont la possibilité de l'aider.
Il n'y a rien à craindre de ce côté-là.
- Et pour les autres...
Je pense à Greg Sumner, par exemple.
- Gregory Sumner...
Personnellement, j'aimerais bien que ce vieux requin s'engage dans la bataille...
Mais je sais qu'il ne le fera pas. Voici une seconde liste de différents
investisseurs possibles : j'ai rayé la plus grande partie des noms... Ceux
dont je reste persuadé qu'ils ne répondront pas à l'appel de détresse de
Capwell. Pour les autres, je ne sais pas encore. Il reste entre autres Gregory
Sharpe, Roland Saunders, Stephanie Harper... Les Ewing de Dallas...
- Roland Sanders ?
J'en fais mon affaire... Occupez-vous des autres. Et pour la presse ?
- Je vous laisse le
plaisir de regarder le journal ce soir : la situation à Khareef va encore
évoluer. C.C. va se retrouver pris dans une spirale infernale.
- Très bien. Je vous
fais confiance, Ted. Et n'oubliez pas, je veux que l'on suive C.C. tout le
temps, et je veux être avertie en temps réel du moindre de ces déplacements.
Au même moment, un
homme en costume sombre pénétra dans le bureau.
- C.C. Capwell vient
de quitter les bureaux, après avoir passé plusieurs coups de fil à ses
contacts à la California Star Bank. Il est parti à bord de sa voiture
personnelle. Nous avons trois équipes qui le suivent.
- Merci, John. Vous
voyez, Pamela, tout est sous contrôle.
Pamela ferma les yeux :
effectivement tout était sous contrôle. Sous son contrôle. Un frisson la
parcourut, délivrant une onde de plaisir dans la moindre parcelle de sa chair.
- C.C., tu vas enfin payer pour tout le mal que tu m'as fait. Tu vas payer pour Mason. Pour Elena. Pour m'avoir mis à la porte de la villa, et avoir laissé ma place à cette actrice de seconde zone.
Quelque part au milieu de l'océan.
Kelly se laissait
tomber dans les profondeurs de l'océan. Son corps et son esprit ne réagissaient
plus. Trop meurtrie dans sa chair, elle ne pouvait plus se battre. Elle se
sentait comme attirée, aspirée par ce monde sombre qui ouvrait les portes
devant elle. Une sourde obscurité enrobait son être d'un épais voile : déjà
le souvenir de ces dernières heures s'estompait. L'image de Paolo devenait de
plus en plus lointaine. Kelly ne se souvenait plus qu'elle s'était battue
contre lui pour sa survie, qu'elle l'avait blessé en lui tirant dessus à l'aide
d'un fusil de plongée.
Dans les eaux sombres
de l'océan, le corps de Kelly dérivait, glissant de secondes en secondes dans
les profondeurs de l'eau. Eparpillés autour d'elle, vestiges de sombres heures,
des oeillets blancs se retrouvaient avalés eux aussi par cette bouche immense,
toujours avide de nouvelles proies. Le courant emporta des oeillets blancs tout
contre Kelly, et comme si leur souvenir était ancré trop profondément en
elle, Kelly frissonna. Kelly frissonna de peur et de rage.
Kelly voulut bouger,
mais toutes forces avaient quitté son être. Seul son esprit conservait encore
un semblant de vie. Devant ses yeux défilait le visage sombre de certains des
hommes qui avaient traversé sa vie : bien sûr, il y a avait Peter et son
terrible frère. Mais aussi Dylan et Craig... Elle sentait presque leurs mains
qui l'attrapaient et essayaient de l'attirer vers le fond de l'océan.
Un froid glacial la pénétra
et la paralysa encore davantage.
Lentement, Kelly
abandonnait. Lentement, Kelly s'abandonnait.
Soudain, une voix
emplit l'océan et l'eau même se fit plus bleue, plus claire, plus douce.
- Ma douce et tendre Kelly. Mon doux amour... Mon merveilleux et tendre amour... Il ne s'est passé une heure, une seconde, pas le moindre instant sans que je pense à toi, sans que tout mon être aspire à te revoir. Plus que tout, je rêve de te prendre dans mes bras. Et sentir ton corps contre le mien. Te toucher... Te caresser... Te sentir vivante, tout contre moi. Me sentir vivant... Oh, Kelly, je donnerais bien plus que ma vie, et tu le sais, pour pouvoir à nouveau être avec toi. Que le diable se présente à moi, et j'endurerais les pires fléaux pour seulement sentir ton odeur... Pouvoir laisser courir ma main dans tes cheveux blonds... Je serais prêt à tout pour une seule seconde avec toi. Pouvoir te dire que je t'aime. Te le murmurer encore et encore. Et te l'entendre me le dire. Oh, Kelly, plaise à Dieu qu'un jour il puisse entendre mes prières... Mais ce n'est pas ainsi que je veux que cela se passe. Ce n'est pas ainsi que cela doit se passer. Je sais que tu as encore d'autres moments à vivre. Ce n'est pas ton heure. Il te reste encore à aimer... Du temps pour vivre et aimer... N'aie crainte, nos âmes sont puissamment liées l'une avec l'autre... Nul ne pourra nous séparer. Nos coeurs se sont unis, lors d'un coucher de soleil sur la plage de Santa Barbara, cette toute première fois, où tu m'as dit je t'aime. N'aie crainte, ce serment d'amour ne peut être brisé. Ton père a essayé et il n'a pu défaire ce que nos coeurs sont su construire. Channing Junior a tout tenté, en vain. Peter, à plusieurs reprises, a voulu séparer nos êtres, mais au bout du compte, il n'a fait que renforcer l'amour que nous éprouvons l'un pour l'autre. Je t'aime, Kelly, de tout mon être. Je t'aime de toutes les cellules de mon corps. Les dieux, les diables ne pourront jamais aller à l'encontre de cette évidence... Et au-delà de tous, au-delà de tout, je sais qu'un jour nous finirons par nous retrouver. Que ce soit dans cette vie ou dans celle d'après. Nous n'avons pas encore fini de nous aimer... De nous aimer encore et toujours. Encore et toujours. Comme au premier jour de nos vies. Comme au premier jour de l'humanité. Nous sommes l'un et l'autre... Et je t'attendrai... Je t'attendrai... Et je t'aimerai...
Quelque part au milieu de l'océan.
Les eaux, soudain, se firent plus claires. Une force puissante l'arrachait aux griffes de Peter, de Paolo ou de Dylan, tandis que la voix de Joe ne cessait de lui insuffler de sa force. Lentement, Kelly se sentait revenir à la vie, comme une seconde naissance. La force de l'amour de Joe lui insufflait bien plus que de la force, mais le désir de survivre, de remonter vers la surface, vers cette source claire qui irradiait à la surface de l'eau. Kelly se laissait guider vers la lumière. Les mains cédaient et se détachaient de ses chevilles : son corps perdait les entraves qui jusqu'alors la maintenaient dans ce monde de non vie. Au fur et à mesure des serments d'amour de Joe, son sang se propageait dans chacune de ses cellules, apportant avec lui la plus grande des forces : de l'espoir. Une nouvelle espérance la gagnait : la certitude de retrouvailles avec son seul et unique amour. Déjà la lumière se faisait plus vive, l'eau plus chaude.
A bord du bateau, Courtney surveillait la surface de l'océan. Pearl avait plongé une fraction de seconde après l'explosion du voilier Capwell. Il ne lui avait fallu que quelques secondes pour enlever ses chaussures et sa traditionnelle chemise hawaïenne. Courtney ne doutait pas que Pearl allait réussit à sauver Kelly : ses cartes l'avaient prédit et elles ne se trompaient jamais. Ce que craignait Courtney, c'était l'après... Car, depuis que Pearl avait plongé pour chercher Kelly, elle avait tiré à maintes reprises les cartes. Et lorsqu'elle essayait d'entrevoir ce qui viendrait après, à chaque fois les cartes lui donnaient la même réponse : la roue de la fortune, le pendu et la force... Les présages n'étaient pas forcément mauvais, mais ils pouvaient laisser présager un avenir sombre. Courtney était certaine : la Kelly qui remonterait de l'océan ne serait pas la même. Il ne pouvait en être autrement. Elle se trouvait à un carrefour et à elle de saisir la force pour faire changer la roue du destin. Ce n'était qu'au plus profond d'elle-même que Kelly pourrait trouver la force. Il lui faudrait puiser au plus profond de sa chair pour se découvrir, vraiment.
Quelque part au milieu de l'océan.
Pearl se refusait à
concevoir l'idée même d'abandonner ses recherches. Il avait trop peur des conséquences.
Tant qu'il espérait, il savait qu'une toute petite chance persistait. L'absence
d'air lui brûlait les poumons. Pearl n'y prêtait pas attention. De ses années
passées en Asie, son esprit conservait le souvenir de ces méthodes pour
soulager les douleurs. Pearl utilisait les mêmes techniques dont il s'était
servi lors de son internement dans l'asile du Dr Rawlings.
L'obscurité se fit
plus pesante quand, soudain, le regard de Pearl se focalisa sur les tâches
blanches, vagues empreintes flottantes au milieu des eaux. Une de ces empreintes
dériva près de Pearl : il s'agissait d'un oeillet blanc. Pearl ferma les
yeux une seconde pour repousser loin de lui toutes les mauvaises pensées.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, Pearl remarqua aussitôt le corps de Kelly qui dérivait.
Aussitôt, Pearl
retrouva toutes ses facultés. Il s'empressa de nager jusqu'au corps de Kelly
Capwell, il l'agrippa et la serra tout contre son corps. Puis, très vite, il
battit des jambes pour remonter le plus rapidement possible vers la surface.
Plus Pearl avançait, plus il sentait ses forces se décupler : la survie
de Kelly dépendait de lui.
Ils refirent surface
à plusieurs dizaines de mètres de leur bateau. Pearl s'offrit un moment pour
reprendre son souffle. Puis, il repartit de plus belle en direction de Courtney :
Pearl ne doutait pas que Courtney surveillait l'horizon, dans l'attente de les
revoir.
Ils finirent par
arriver à proximité du bateau.
- Courtney, vite, une
corde...
Dans le temps qui s'écoula,
Pearl et Courtney réussirent à faire remonter le corps de Kelly à bord du
bateau, à alerter les garde-côtes, à faire monter Kelly dans l'hélicoptère
qui volait en direction de l'hôpital de Santa Barbara.
A bord, Pearl tenait
fermement la main de Kelly, alors que l'équipe médicale lui donnait les
premiers soins : Kelly n'avait toujours pas repris conscience.
- Vous savez, son coeur
n'a pas lâché, c'est bon signe !
- Merci.
- Allez, Bob, plus vite, préviens la régulation que nous allons arriver d'ici 5 minutes !
Bureau de Pamela Conrad, Capwell Tower.
La secrétaire intérimaire
qui s'occupait du bureau de Pamela avait beau crier, elle ne parvint pas à
retenir la femme d'entrer dans le bureau de la nouvelle maîtresse des lieux.
- Je suis désolée,
Madame Conrad...
Pamela leva les yeux
et afficha une grande surprise en découvrant Gina DeMott devant elle.
Curieusement, l'image de Gina la découvrant vivante en 1987 et poussant la
porte de sa chambre dans un sordide motel de la ville, se superposa à l'image
qu'elle avait devant elle.
- Bonjour, Gina... Je
suis très occupée, vous savez. Prenez un rendez-vous avec ma secrétaire et...
Non mieux que cela. Je nous réserve une table ce soir au Club 71. Nous aurons
tout le temps de discuter...
Gina n'était pas
dupe du sourire de Pamela. Elle aussi se souvenait de cette voilée qui était
miraculeusement revenue à la vie, un jour de l'année 87, alors que sa propre
fille avait choisi de mettre fin à ses jours.
- Vous croyez quoi,
Pamela, que je n'ai rien à faire de mon côté ? J'ai un gala de charité
à organiser, et ce soir...
Bien. Je vous accorde
cinq minutes.
Gina prit place sur l'un
des confortables fauteuils en cuir crème du nouveau bureau de Pamela.
- Pamela, il est évident
que vous n'êtes plus la femme craintive que j'ai retrouvée en 1987, dans un
sordide motel de la ville. Cette femme-là s'est littéralement transformée.
Mais je crains que la nouvelle Pamela ait peut-être un peu trop tendance à
oublier bien trop vite ses amis du passé. N'oubliez pas que c'est grâce à moi
que vous avez pu, à l'époque, revenir dans la vie de Mason et de Jeffrey. Que
c'est grâce à moi que cette partie de votre vie est devenue possible. Sans mon
intervention, vous seriez restée cette femme craintive, dévisagée, qui se
cachait derrière un voile noir.
- Je le sais très
bien, Gina. Et je vous en suis éternellement reconnaissante. Vous le savez
bien.
- Alors, il serait
peut-être temps de le prouver. Faites-moi prendre part à votre plan pour détruire
C.C.. Car c'est là notre but à vous et à moi : lui faire payer le mal qu'il
nous a fait.
- Gina, vous savez...
- Non, justement, je
ne sais pas. Je ne suis pas si bête que cela, Pamela. Vous voilà associée à
C.C., vous voilà à la tête des Entreprises Capwell... Je me rends
parfaitement compte que votre plan va au-delà.
- C'est vrai, mais...
Pamela n'en pouvait déjà
plus des éternelles lamentations et supplications de cette femme.
- Que voulez-vous,
Gina ?
- Je veux 15% des
parts de Capwell's Inc et surtout, je veux la garde complète et définitive de
Brandon, de mon petit garçon.
- Pour Brandon, je
pense que je pourrais vous obtenir gain de cause, je n'ai pas d'intérêt à
vous séparer de votre fils. Pour le reste, je ne sais pas si cela est vraiment
possible...
- Pamela, je suis
votre alliée. Ne l'oubliez pas...
L'arrivée de Ted
dans le bureau de Pamela mit fin à la conversation entre les deux femmes.
- Vous devriez
regarder les informations. Je suis certain que cela va vous intéresser.
Pamela alluma l'écran
blanc disposé dans la partie détente de son bureau.
«Nous sommes à Khareef, en plein coeur du Moyen Orient, où la situation s'accélère. Suite à l'explosion des puits et de la raffinerie appartenant aux Entreprises Capwell, le gouvernement de ce petit Etat a demandé à ses alliés dans la région de nationaliser tous les intérêts Capwell dans la région. Cette décision va bien au-delà des nombreux intérêts pétroliers présents dans la région, puisque cette décision politique s'impose aussi aux sept grands hôtels de la région, y compris le Capwell Excelsior d'Abou Dhabi...»
Gina dévisagea
Pamela : la joie qu'elle lu sur le visage de la toute première Madame C.C.
Capwell la conforta dans ses convictions. La vengeance de Pamela n'aurait pas de
limite. Et bien entendu, elle ne lui ferait pas prendre part à cette vendetta.
Pamela voulait le pouvoir pour elle seule.
En quittant les
bureaux de Capwell's Inc, Gina s'arrêta devant la secrétaire de C.C..
- Pouvez-vous
transmettre un message extrêmement urgent à C.C. Capwell ?
- Oui. Pour le
moment, il n'est pas ici. Vous comprendrez que...
- Dites-lui
simplement que s'il veut garder son pouvoir, il va falloir qu'il s'associe
à Gina. Et que le prix à payer sera Brandon et une partie de sa compagnie...
- Bien, Madame
Capwell.
- Maintenant appelez-moi un taxi pour Montecito. Et vite...
Cabinet d'avocats de Julia Capwell.
C.C. stoppa sa
voiture sur le parking quasi désert, réservé au cabinet d'avocats de Julia et
de Mason. Il prit le temps de suivre du regard le 4x4 noir qui le suivait. Il n'était
pas dupe de Pamela.
- Rassure-toi, Pamela...
Tu ne sauras pas encore ce que je te prépare...
D'un pas vif et assuré,
il pénétra dans le bâtiment et, sans la moindre hésitation, il entra dans le
bureau de Julia. Celle-ci leva les yeux au ciel en découvrant le regard de
C.C..
Tout de suite, C.C. l'apostropha.
- Je suis navrée,
C.C., mais Mason est absent. Il est allé au couvent Saint Ann pour voir Greg.
- Je reconnais bien là
mon fils. Cet incapable, il ne s'est jamais rendu compte de l'endroit où se
situait ses intérêts. Pourquoi aurait-il fallu que cela change aujourd'hui ?
Mason est vraiment un bon à rien.
- C.C....
- Oh, cessez de le défendre
et de me faire ces yeux de veuve éplorée... Mason est un pleutre... Voilà ce
qu'il est...
Tout en criant, C.C.
griffonna quelques mots sur un post-it qu'il finit par tendre à Julia.
- Si jamais Mason
passe par ici, ce n'est même pas la peine de lui faire part de ma visite... J'ai
compris son petit jeu, Julia. Entre sa mère et moi, je crois qu'il vient enfin
de choisir son camp.
Et bien avant que
Julia ne puisse ajouter autre chose, C.C. Capwell quitta le bureau. Julia resta
la main en l'air, le bout de papier à la main.
Venez seule ce soir à la villa. Prenez soin d'entrer par le souterrain reliant la villa à celle des Lockridge. N'en parlez à personne. Surtout pas à Mason.
Julia froissa le
papier, tout en réfléchissant à l'étrangeté de la situation.
En quittant les lieux, C.C. s'assura de la présence d'un homme en costume noir, le visage caché derrière des épaisses lunettes de soleil.
Pacific Sud.
Assise derrière son
bureau, Augusta n'en pouvait plus d'entendre les interrogations de son fils.
- Warren, je te l'ai
déjà dit... Je ne comprends pas ce que cherche à faire Danny.
- Maman, cela me
semble évident. Il veut se servir du réseau d'eau potable entre Pacific Sud et
Las Vegas pour faire acheminer de la drogue et des faux jetons de casino.
- Peut-être... Et même
si c'est le cas, qu'y pouvons nous, Warren chéri ? L'important, c'est que
B.J. soit saine et sauve. C'est pour elle que nous lui avons permis d'accéder
à notre marina.
- Je sais, maman, et
nous t'en remercions, mais...
B.J. observait la scène
de loin. Elle ne voulait pas intervenir : elle ne s'en sentait pas la
force. Les longues heures de captivité restaient encore profondément ancrées
en elle, et B.J. ne souhaitait pas revenir sur le devant de la scène. Après le
petit-déjeuner offert par Ted, elle avait essayé de noter sur son ordinateur
les premiers souvenirs de sa captivité. B.J. n'avait pu écrire la moindre
ligne.
- Non, Warren. Il n'est
pas question que j'aille porter plainte contre Danny. Ni même que j'aille leur
parler de nos suppositions. Car pour l'heure il ne s'agit que de suppositions.
Je ne veux pas donner à Pacific Sud ce genre de publicité. La situation est suffisamment
délicate pour éviter d'en rajouter.
- Maman... Mais c'est
notre devoir de...
B.J., discrètement,
quitta le bureau d'Augusta Lockridge pour gagner le point central du bâtiment.
Elle regarda l'environnement par les larges baies vitrées.
Son esprit venait de l'alerter : quelque chose sonnait faux dans cette histoire. Elle ne parvenait pas encore à vraiment préciser les sensations qu'elle éprouvait.
Quelques minutes plus
tard, Warren vint la rejoindre et la prit tendrement dans ses bras. Depuis son
retour, il éprouvait toujours un vif sentiment de vide dès que B.J. sortait de
son champ de vision. Bien qu'il savait parfaitement qu'il n'y pouvait rien,
Warren ne pouvait s'empêcher de se sentir en partie responsable du kidnapping
de son épouse. Il aurait dû l'empêcher de partir. Il aurait dû partir avec
elle. Il aurait dû la protéger.
Il ne pouvait se défaire
de ce sentiment qui le rongeait de l'intérieur. Depuis des années, ce
sentiment l'habitait : était-il lié avec la séparation de ses parents,
de son implication dans le vol des galions d'or Capwell, de sa petite guerre
avec Channing Junior, de la perte de Summer Blake, de sa passion obsessionnelle
pour le jeu...?
Warren resserra son
étreinte.
- Viens, si elle ne
veut pas venir, nous allons quand même aller au poste de police pour porter
plainte.
- Je ne sais pas...
Je ne me sens pas prête à revivre cela.
- Je serai avec toi.
Tu n'es plus toute seule...
B.J. finit par céder et tous deux partirent pour le centre-ville.
Country-club.
Installé au bar,
bien à la vue de tout le monde, C.C. Capwell conversait avec Charles, son ami
banquier, l'un des directeurs de la California Star Bank, tout en buvant un
verre.
- Je suis vraiment désolé,
C.C., mais en raison de la situation économique, la banque se devait de protéger
ses intérêts...
- Je comprends
parfaitement, Charles. Je sais que vous m'êtes resté fidèle. Et c'est au nom
de notre vieille amitié que j'ai encore un dernier service à vous demander. Je
voudrais que vous essayiez de démarcher d'autres banques privées dans tous le
pays pour essayer de me souscrire un prêt de plusieurs millions de dollars.
- Mais personne ne
vous prêtera une telle somme aujourd'hui...
- Je le sais bien.
Mais je veux que le monde entier croit que je suis aux abois. Surtout, faites
semblant d'être le plus discret possible. Mais, je veux que Pamela croit que je
suis pris dans son filet.
- Mais, C.C., vos
comptes sont bloqués, vous avez perdu de nombreux avoirs au Moyen-Orient, et le
Sénat risque de vous imposer une amende de plusieurs millions de dollars.
- Voyons, Charles,
vous me connaissez suffisamment pour savoir que je n'ai pas mis tous mes oeufs
dans le même panier... J'ai simplement besoin que vous démarchiez les banques
pour moi. Le ferez-vous, Charles ?
- Bien sûr, C.C..
- Merci.
C.C. se leva et remercia d'une main amicale l'aide de Charles, son banquier depuis de longues années.
Pacific Sud.
Dès que B.J. et
Warren quittèrent les lieux, Augusta referma la porte de son bureau et composa
un numéro de téléphone à partir de son portable.
- Je voudrais parler
à Salazar. Je me moque qu'il ne soit pas là ! Non je n'ai pas de message...
Augusta raccrocha, le
visage rouge de colère.
De rage, elle lança
son téléphone contre le mur.
- Cela ne va pas se passer comme cela !
Grand Palais, Paris, France.
Le défilé haute couture de la nouvelle collection d'Armonti's se
terminait. La jeune mannequin d'origine croate se présentait sur le podium, vêtue
de la robe de marié tout en soie et plumes. Les notes de musique du morceau
final emplirent le bâtiment et résonnèrent le long de la verrière. Sophia
Capwell Armonti fixait le logo de la société qu'elle avait réussie à protéger
des attaques de Venise. La jeune italienne, à quelques mètres d'elle, s'activait
auprès des journalistes. Sophia, en dépit de ses attaques, n'avait pu se résoudre
à éloigner de la société la seule véritable Armonti. Sophia éprouvait un
curieux mélange de pitié et d'affection pour la fille de la soeur du comte, à
qui on avait retiré le droit sur son héritage en raison des erreurs de sa mère.
Le speaker annonçait
la clôture du défilé. Et c'est le passage de l'ensemble des mannequins qui
ramena Sophia à la réalité. Venise s'approcha d'elle et la guida vers les
premières marches pour monter sur le podium.
- C'est vraiment une
belle collection, Sophia. Une très belle collection...
- Merci, Venise...
Les deux femmes montèrent
sur le podium et gagnèrent le centre de la scène, entourées de tous les
mannequins. Sophia appréciait tout particulièrement ces moments qui lui
rappelaient ses heures de gloire, du temps où elle était actrice.
Tout autour d'elle,
les flashes crépitaient.
Sophia rayonnait,
toujours très heureuse d'avoir réussi à diriger cette société toute seule.
A chaque fois, elle ressentait ce sentiment de fierté : elle dirigeait sa
société sans l'aide de personne, sans l'aide de C.C..
Les journalistes s'approchèrent
de l'estrade. Et au milieu du tumulte, Venise fit signe à l'un d'entre eux de
poser les premières questions.
- Madame Armonti, que
ressentez-vous à l'idée qu'il s'agit là de votre tout dernier défilé ?
Sophia regarda l'homme,
puis Vensie, croyant que la question lui était destinée.
- Madame Armonti,
pouvez-vous nous dire dans quelles conditions s'est fait le rachat d'Armonti's
par Pamela Conrad Capwell ?
Sophia ne comprenait
pas et cela se lisait sur ses traits. Très vite, elle s'écarta du podium et se
dirigea vers les coulisses. Là, elle rejoignit George, son véritable allié
dans cette société.
- George, je ne
comprends pas : la société aurait été rachetée par Pamela ?
- Je ne sais pas, je
ne suis pas plus au courant que vous, Sophia.
Venise,
accompagnée du journaliste, pénétra elle aussi dans les coulisses.
- Vous n'avez
toujours pas répondu à ma question. A moins que vous ignorez que Pamela Conrad
a pris les rênes de votre société, tout comme elle est en train de prendre le
contrôle de Capwell's Inc.
Sophia pâlit :
cela ne pouvait pas être possible. Soudain, elle comprit le motif du coup de
fil de C.C.. Une nouvelle fois, il voulait faire appel aux fonds d'Armonti's
pour ne pas perdre sa société.
- Ce n'est pas
possible... Ce n'est pas possible...
Venise s'avança.
- Tiens, tu devrais
lire cela, Sophia.
Sophia consulta le
dossier remis par Venise. Au fur et à mesure de sa lecture, Sophia se décomposait
et toute force la quittait. Le journaliste revint à la charge.
- Ce document est
sans équivoque. Pamela Conrad a racheté votre dette auprès de votre banque et
c'est elle qui détient actuellement l'ensemble des capitaux de la société.
Au milieu des
documents, Sophia trouva une enveloppe parfumée au lilas, à son attention.
Sophia n'avait aucun doute sur son expéditeur. Elle s'écarta un peu pour s'isoler.
Un terrible pressentiment s'abattit sur elle.
Ma chère et tendre Sophia...
Il y a près de 30 ans, tu es venue me déposséder du peu que je possédais. Tu n'as pas hésité à me voler mon mari, me séparer de mon fils, me
chasser de ma maison... Je ne savais pas me battre à l'époque. Je me suis laissée terrasser par le chagrin. Il m'a fallu des années pour que je retrouve un semblant d'équilibre. J'ai essayé de vous pardonner, C.C. et toi. Jamais je n'ai pu oublier ce jour où, lorsque j'ai quitté la villa, tu as pris C.C., mon mari, dans tes bras, pour le réconforter... Jamais je n'ai pu oublier ton regard... Ce mépris que tu avais pour moi. Aujourd'hui, je suis bien plus forte que par le passé.
Je suis revenue pour reprendre tout ce que vous m'avez volé, C.C. et toi. Je ne veux que reprendre ce qu'il me revient de droit. Je veux retrouver mon fils, ma place dans la
villa... Et vous faire vivre l'enfer que j'ai vécu.
Sophia, Armonti's est à moi. J'en laisse la direction à Venice, à moins que tu puisses me rembourser
les 7 millions de dollars de dettes dans les 48 heures. Ce n'est pas la peine de consulter C.C., il est financièrement un peu à
court, lui aussi !
Passé ce délai, tu feras tes cartons de MA société, et plus jamais
tu n'y remettras les pieds.
Passé ce délai, tu quitteras la villa pour ne plus jamais y revenir.
Ce n'est qu'à cette condition qu'Eden trouvera la paix. Tu es déjà à l'origine de la mort de l'un de tes enfants, je ne pense pas que tu veuilles commettre exactement
les mêmes erreurs avec Eden. Ta douce Eden... L'enfant chérie de C.C. !
Au
revoir Sophia.
Pamela
Sophia se sentit
lentement glisser, aspirée dans un trou sans fond. Sa chair semblait se décomposer
comme la neige au soleil. Peu lui importait Armonti's... Mais la douleur de la
perte de Channing Junior ne s'était pas atténuée avec le temps. Sophia avait
seulement trouvé un lieu isolé dans son coeur, où permettre à sa peine et à
sa culpabilité aussi, de se cacher du reste du monde. Mais ces sentiments
restaient toujours là, bien vivants.
Elle laissa tomber la
lettre de Pamela et ce n'est qu'à ce moment qu'elle vit la photo d'Eden, attachée
à un lit de bois.
Sophia s'évanouit, alors que le photographe prenait peut-être ses meilleurs clichés.
Poste de police.
Dans le bureau de
Connor McCabe, B.J. et Warren Lockridge relisaient leur déposition, avant de la
signer. Warren avait réussi à convaincre sa femme de porter plainte.
- Es-tu certain que c'est
la bonne solution ? Je ne voudrais pas qu'ils s'en prennent encore à nous.
- C'est le seul moyen
si on veut savoir qui se cache derrière ton enlèvement, et qui commande Danny.
Ted est à côté, et lui aussi il raconte ce qu'il a vu à Pacific Sud. Son témoignage
va corroborer les premières preuves que nous avons.
Alors, sans plus d'hésitations,
B.J. signa sa déposition.
- Si tu veux, on peut
demander à tes parents de venir ?
- Non. Ils voudraient
prendre part à l'enquête. Et la dernière chose que je souhaite, c'est de leur
faire courir des risques inutiles.
- Tenez, Connor,
voici les papiers signés.
- Merci. Et je suis
intimement persuadé que vous avez choisi la bonne solution. C'est à la justice
d'intervenir. Nous allons chercher Danny Andrade et lui poser quelques
questions. Je vous préviendrai personnellement dès que nous aurons plus d'informations.
Connor et Warren échangèrent
une poigné de main, tandis que B.J. quittait déjà les lieux.
- Je pense que d'ici
quelques jours, nous devrions avoir des premiers résultats de l'enquête, peut-être
même que nous aurons retrouvé Danny Andrade...
Alors que les deux
hommes en terminaient de faire le point sur l'enquête, une femme policier en
uniforme pénétra dans le bureau de Connor.
- Je vous laisse le
compte-rendu de l'interrogatoire de Douglas Marshall.
C'est en se
retournant qu'elle remarqua la présence de Warren Lockridge. Elle le reconnut
tout de suite, en dépit des années.
- Mon Dieu, Warren...
Je ne savais pas que tu étais revenu en ville, après tout ce temps !
Warren détailla le
visage de la policière ; il ne parvenait pas à trouver un nom derrière
le visage de cette femme aux cheveux roux, coupés courts.
- Si tu ne me
reconnais pas, c'est que...
- Maggie... Maggie
Gillis... Je suis si surpris de te revoir ! Tu avais quitté la ville en
1984, il me semble...
- Non, en 1985... Il
le fallait, avec Ben...
Connor s'écarta,
leur laissant un peu d'espace pour leurs retrouvailles. Sans que personne ne le
remarque, B.J. assistait à la scène. Lorsque Warren finit par voir sa femme,
il s'empressa de les présenter l'une à l'autre.
- Maggie, permets-moi
de te présenter ma femme, B.J.. B.J., une vieille amie, Maggie Gillis.
B.J. prit une fraction de seconde pour détailler les yeux de Maggie lorsqu'elle les posait sur son mari : il n'agissait visiblement pas d'une simple amie... B.J. sentit comme un vent glacé qui traversait la pièce.
Hôpital de Santa Barbara.
L'hélicoptère se
posa sur le toit de l'hôpital de la ville. Tout de suite, le personnel des
urgences prit en charge le brancard, tandis que d'autres infirmières se détachèrent
et conduirent Pearl et Courtney Capwell vers une autre partie du service des
urgences.
- Non, vous ne pouvez
pas aller avec elle... C'est à nous maintenant de l'aider. Vous avez fait tout
ce que vous pouviez pour elle, il est temps de passer la main.
Pearl regarda Kelly s'éloigner,
escortée par toute une foule d'hommes et de femmes en blouse blanche.
De son côté, Courtney ne pouvait s'empêcher de songer aux cartes qu'elle avait tirées sur le bateau, alors que Pearl ramenait Kelly à la vie : la roue de la fortune, le pendu et la force. Et si le pire restait à venir... Pour eux, et pour Kelly...
Bar de la plage.
Face au soleil
couchant, Ted Capwell, Warren et B.J. Lockridge prenaient un verre et
discutaient de ce qu'ils avaient vécu un peu plus tôt.
- Avant de faire le
moindre article, chéri, je crois qu'il vaut mieux attendre quelques jours, pour
savoir ce que donne l'enquête.
- Warren, je suis d'accord
avec B.J.. Nous ne devons pas faire savoir à Danny que nous enquêtons sur lui.
Comme le dit B.J., il faut le laisser agir : plus il fera de mouvements,
plus nous aurons de chance de le prendre.
- Non, je ne suis pas
d'accord avec vous deux.
Warren nota mais n'en
dit rien : Ted et B.J. étaient pour une fois dans le même camp.
- Au contraire, il
faut l'obliger à changer ses plans pour qu'il commette des erreurs. Je veux
comprendre...
La sonnerie du téléphone
de Ted l'arrêta.
- C'est peut-être
Rosa qui va nous apprendre où est Danny ?
- Allô ?
Le silence se fit
autour de Ted, tandis que le juke-box passait le dernier hit de Britney Spears.
Ted pâlit.
Warren le questionna
lorsqu'il raccrocha.
- Alors ? Des
nouvelles de Danny ?
- Non. C'est... Kelly...
C'est Kelly, elle a été transportée à l'hôpital... On aurait essayé de la
tuer !
Aussitôt, ils quittèrent tous trois les lieux très vite, en direction de l'hôpital.
Pacific Sud. La lumière du bureau
d'Augusta Lockridge se propageait dans tout le bâtiment, se reflétant
sur les murs de verre, et jouant avec les ombres du monde extérieur. Assise derrière son bureau, Augusta pianotait rapidement, faisant résonner ses ongles vernis sur la plaque de verre. Quelques minutes plus tôt, elle avait eu confirmation de la plainte déposée par Warren et B.J.. Depuis, elle avait essayé de le joindre à plusieurs reprises, mais tous ses appels basculaient automatiquement sur la messagerie. |
Villa Lockridge. Julia gara sa voiture
devant l'entrée de la villa. L'ensemble de la maison était plongée dans
l'obscurité : Lionel était absent et Augusta mangeait dehors. Julia
se sentit revigorée par l'aspect mystérieux et dangereux de la mission.
Cela lui permettait de détacher son esprit des drames des derniers jours.
Seul le silence de Mason la perturbait encore. Depuis qu'il avait quitté
le couvent Saint Ann, en début d'après-midi, Julia n'avait pas eu de
nouvelles de sa part. Elle imaginait qu'il était certainement retourné
au chevet de Greg Hughes. Julia pénétra dans
la villa, et descendit directement au sous-sol. A l'aide de sa lampe de
poche, elle trouva facilement la porte, l'ouvrit et s'engouffra dans l'antre
du tunnel. Avec une infinie précaution, elle avança lentement au milieu
des gravats. De l'autre côté du chemin, Julia savait qu'elle arriverait dans le bureau de C.C. Capwell et, enfin, elle comprendrait l'étrange message qu'il lui avait laissé à son bureau. |
Hôpital de Santa Barbara.
A nouveau, les
membres de la famille Capwell se retrouvaient dans un salon privé du service
des urgences de la ville. Aujourd'hui, ils étaient là pour Kelly : Ted,
Mason, C.C., Courtney, auxquels s'ajoutaient Warren et B.J. Lockridge, et Pearl
Bradford. Encore sous le choc, personne n'osait poser les questions importantes.
Un moment plus tôt, C.C. Capwell s'était laissé aller en remerciant très
chaleureusement Pearl Bradford. Au cours de ces échanges, tout le monde avait
pu ressentir la fatigue extrême qui pesait sur ses épaules.
Pour le moment, il
apparaissait très abattu, assis dans un fauteuil. Pour preuve, il n'avait pas
eu la force de se battre contre Mason lorsqu'il était venu lui parler dès son
arrivée. Il lui avait seulement demandé de ne rien dire pour le moment à
Julia, car elle travaillait en service recommandé pour sauver les Entreprises
Capwell.
Pour le moment, aucun
changement n'était survenu dans l'état de santé de Kelly. Plusieurs médecins
s'affairaient autour d'elle. Son état restait très critique. Plongée dans le
coma, Kelly Capwell n'avait toujours pas donné le moindre signe de vie, pas la
moindre preuve qu'elle avait conscience du monde autour d'elle.
A l'écart, Pearl
racontait à Ted les détails en sa connaissance lorsque arriva Marisa Perkins.
Elle se précipita vers Pearl et fondit en larmes dans ses bras.
- Je le savais...
Malheureusement, je le savais...
Pearl serra Marisa contre lui : ses pires craintes étaient devenues réalité.
Alors que le silence
pesait sur la pièce, C.C. se leva et se dirigea vers Mason.
- Mason, il faut que
je parte. Tu dois me promettre de m'appeler dès le moindre changement dans l'état
de santé de ta soeur.
- Je ne te demande
pas ce qui passe bien avant l'état de santé de tes enfants : Kelly
hospitalisée, Eden on ne sait où...
- Mason, je t'en
prie, ce n'est pas le moment... Je me bats pour sauver la famille et les
Entreprises Capwell... Au cas où tu l'aurais oublié, ta mère essaye de nous
voler tout ce qui nous appartient. Je dois me battre pour sauver la famille...
C.C. quitta l'hôpital et monta dans sa voiture. Deux autres voitures noires démarrèrent aussitôt derrière la sienne.
Souterrain reliant les villas Capwell et Lockridge.
Après plusieurs
minutes à marcher dans le tunnel, Julia arriva à l'extrémité Capwell du
souterrain. Elle tâtonna un moment avant de trouver le moyen de déverrouiller
le dos de la bibliothèque. Ella poussa de toute ses forces un montant de la
bibliothèque, lequel pivota facilement. Le bureau de C.C. Capwell,
contrairement au reste de la villa, n'était pas plongé dans le noir total.
Plusieurs appliques étaient allumées.
En silence, Julia
referma la bibliothèque et se promena un moment dans la pièce. Elle regarda un
instant par la fenêtre et patienta, dans l'attente de l'arrivée du maître des
lieux.
Au bout d'un moment,
elle prit place sur le fauteuil du patriarche Capwell, puis son regard se porta
sur les nombreux documents posés sur le bureau. Au-dessus des différents
porte-documents, un mot écrit de la main de C.C. lui était adressé.
Julia sortit ses
lunettes et se mit à détailler, à prendre des notes, bref à se mettre au
travail, en fonction des directives imposées par C.C.. Très vite, elle plongea
dans le travail, oubliant le temps, l'absence de C.C. Capwell, s'abandonnant
entièrement à la tâche qui lui avait été confiée. Tous les documents dont
elle avait besoin se trouvaient là dans la pièce; Julia avait accès libre à
la totalité de l'Empire Capwell...
Passé un long
moment, elle eut la surprise de voir arriver une employée de la villa avec un
plateau repas et un thermos de café.
- Surtout, si vous
avez besoin d'autre chose, Madame Capwell, n'hésitez pas à me contacter.
Monsieur Capwell a ordonné que l'on vous traite comme la maîtresse de maison.
- Merci...
C'est à peine si Julia leva les yeux des documents et de l'ordinateur qu'elle avait à sa disposition, se concentrant sur l'avenir des Entreprises Capwell...
Country-club.
C.C. Capwell prit
place à sa table attitrée dans le restaurant du Country-club. Assis en
terrasse, C.C. profita de l'air frais. On lui servit tout de suite son repas.
En mangeant, C.C.
consulta son téléphone portable, toujours inquiet concernant l'état de santé
de Kelly : pour le moment, celui-ci restait stationnaire. Il reçu un autre
message l'avertissant de l'arrivée de Julia à la villa, ainsi de la
confirmation qu'elle s'était mise à la tâche.
C.C. sourit, certain
que Julia allait faire de son mieux, et même au-delà.
Tandis qu'il mangeait, son regard se porta vers les tables environnantes. Il sentait le regard des autres pesés sur lui. Cela ne le gênait pas, mais cela l'irritait au plus haut point. C.C. détestait être le centre de l'attention du monde autour de lui. Mais sa guerre avec Pamela venait de le ramener, lui et sa famille, sur le devant de la scène, sous les feux des projecteurs. Il avait essayé de voir à l'hôpital avec Warren Lockridge pour ne rien écrire dans son journal sur sa situation et sur celle de sa famille. Warren avait simplement promis de ne pas trop écrire sur Kelly, justifiant que la jeune femme avait besoin de calme autour d'elle.
C.C. ferma les yeux,
se concentrant sur le plan qu'il venait de mettre en marche pour contrecarrer
les projets de Pamela. Mentalement, il refit le point pour vérifier et revérifier
qu'il n'avait rien négligé.
Son attention fut
soudain attirée par des bruits en provenance du bar du Country-club. C.C.
reconnut de suite Gina, qui marchait avec détermination vers lui. C.C. ne cacha
pas son agacement.
- Je pensais que les
serveurs étaient triés sur le volet, avant de servir en salle.
- Ah... C.C., ne me
dis pas que tu m'as pris une employée...
Gina prit place à la
table de C.C. et se servit un verre de vin.
- Je t'en prie, fais
comme chez toi...
- Merci, C.C..
Gina picora un
morceau de gâteau dans l'assiette de C.C..
- Ne fais pas cette tête,
je t'ai connu plus heureux de me voir assis avec toi !
- Je devais être
inconscient à l'époque.
Gina s'approcha de
son ex-mari.
- C.C., je suis là
pour affaires. Je voudrais savoir combien tu es prêt à payer pour être débarrassé
de Pamela, et pour que tu reprennes le contrôle de ta société. Je possède le
moyen de rendre ce rêve possible.
- Un rêve... Quoique
ce soit avec toi, je ne veux rien... Je ne veux plus vivre de cauchemar...
- C.C.... Je sens que
le battement de ton coeur vient de passer trois vitesses au-dessus de la
moyenne. Je vois déjà dans tes yeux une forte lueur... Tu es intéressé ou du
moins surpris...
- Gina, je voudrais
finir de manger en paix... Non, je vais y aller, tu viens de gâcher ma soirée !
C.C. commença à se
lever. Gina l'arrêta en lui posant une main sur le bras.
- Tout doux, tu vas
me faire un arrêt cardiaque. Et puis on nous regarde !
Effectivement, la
quasi-totalité de la salle du restaurant fixait son attention sur ce couple
hors norme qui représentait un univers de glamour, de strass et de débauche
qui faisait fantasmer toute la ville.
Le regard de C.C.
parcourut toute la salle : bien sûr, il remarqua la présence des hommes
qui le suivaient depuis qu'il avait quitté la Capwell Tower, mais il remarqua
aussi Pamela assise à une table avec Ted Melcher.
C.C. lui adressa son
plus joli sourire, tout en sifflant tel un crotale tout le mépris qu'il éprouvait
pour elle.
C.C. se rassit,
appela un serveur, et commanda deux autres cafés gourmands.
- Alors, quel est ce
rêve merveilleux que tu me proposes ?
- Non pas comme cela,
C.C., je te connais trop bien. Combien es-tu prêt à me donner ? Je veux
des parts dans les Entreprises Capwell, un poste au sein du groupe hôtelier, la
garde de Brandon entière et totale, et bien sur la gestion de l'Orient Express.
- Jamais. Il est à
Eden...
- Oui, mais elle n'est
plus là... Et puis, si elle veut un autre restaurant, elle n'aura qu'à en
ouvrir un autre... Bien sûr, elle ne pourra pas l'appeler Orient Express, sauf
si elle me verse des droits....
- Gina, jamais...
Bonne soirée !
- C.C., je
reviendrai, et la prochaine fois, le prix sera plus élevé...
- Jamais... Je sais
que ton vocabulaire est limité, mais jamais ! Tu devrais le comprendre...
C.C., cette fois-ci,
s'écarta et s'éloigna sans pouvoir détacher son regard de celui de Pamela.
Lentement, il s'approcha de la table de son ex-femme et de son nouveau
conseiller.
- Pamela, fin de l'ultimatum,
demain, 10 heures à Pacific Sud.
- Demain, 10 heures...
Et n'oublie pas les clés de la villa !
Alors que C.C. s'éloignait
vers les étages - il avait loué une suite dans le Country-club -, le visage de
Pamela se transforma : un réel bonheur illuminait ses traits.
- Hé... J'ai gagné...
C.C. a capitulé... J'ai gagné. Allez, champagne pour tout le monde !
En entendant ces
mots, Gina fit demi-tour et fut l'une des premières à prendre une des coupes
offertes.
- Pamela, quelle
gentillesse... Et c'est pour quelle occasion ? Je viens de voir C.C., et il
n'a pas l'air de partager votre enthousiasme...
Pamela fit alors
signe à ses gorilles de partir après Capwell.
- Gina, la grande
différence entre vous et moi, c'est que je suis une gagnante et vous, une
perdante...
Gina fixa Pamela et
lui adressa un large sourire.
- Pamy, je bois à
votre défaite... Car si j'ai trouvé un moyen de vous battre, je suis certaine
que C.C. a dû en trouver un, lui aussi. Et si je ne m'abuse, ce n'est pas parce
que vous aurez le pouvoir des Entreprises Capwell que vous aurez l'amour de
Mason. Pendant des années, C.C. dirigeait l'entreprise et je n'ai pas souvenir
que Mason et lui partageaient un grand amour filial !
- Gina, suis-je bête,
j'oublie toujours que comme mère vous êtes parfaite, que vous savez tout bien
mieux que tout le monde... Au fait, des enfants, des vrais à vous, vous en avez
eu combien ?
- Hum !
Gina vacilla légèrement.
- Ma douce Pamy...
Brandon m'aime comme sa mère... Voulez-vous que l'on parle de Mason et d'Elena...
D'ailleurs, si je m'abuse, elle s'est suicidée par manque d'amour. Vous
prendrez bien une autre coupe, Pamy...
Les deux femmes se dévisagèrent,
prêtes à poursuivre le combat.
Pamela fut la première
à s'éloigner sans lancer un regard meurtrier à Gina. Les paroles de Gina l'avaient
piquée au vif : pas les paroles concernant Elena, mais celles sur le plan
qu'elle avait trouvé pour contrecarrer son plan.
- Ted, vous êtes
certain que C.C. ne peut pas me doubler ?
- Certain...
Villa Capwell. Julia finit par s'assoupir
sur l'un des canapés de cuir présents dans le bureau, l'ordinateur allumé
et les dossiers étalés tout autour d'elle. Dans sa tête, les
chiffres, les articles de loi défilaient, se mêlant à des documents
internes à la famille Capwell, des noms et des visages inconnus dansaient
dans son esprit. Son sommeil fut relativement agité, tant la pression du travail à faire était importante. |
Hôpital de Santa Barbara.
- Code bleu en réanimation,
code bleu !
Tous les regards des
personnes présentes dans le salon se tournèrent vers le service. Ted s'approcha
et se dirigea vers le secteur où était soignée sa soeur.
Médecins et infirmières
se ruèrent au côté de Kelly Capwell.
Ted hurla et exigea d'avoir
des réponses.
Un jeune interne s'approcha
de lui.
- Monsieur Capwell,
je ne peux rien vous dire. Nous faisons de notre mieux. Votre soeur vient de
faire un arrêt cardiaque...
Ted pâlit et se
sentit lentement glisser. Warren s'approcha de lui et le soutient.
Ted s'accrocha à son
ami : Kelly ne pouvait pas mourir. Pas maintenant, elle était si jeune...
- Pour le moment, Ted, il faut prier... Prier et attendre... Je suis certain que Kelly va se battre et qu'elle va gagner. Après tout c'est une Capwell...
Villa Capwell.
Julia sursauta
lorsque l'employée lui apporta son café et son petit-déjeuner. Elle déposa
le plateau sur une table basse.
- Madame Capwell, c'est
pour vous. J'espère que vous avez pu trouver ce que vous cherchez...
- Désolée pour le désordre,
je rangerai...
- Non, non...
Laissez. Je pense que vous aurez peut-être encore besoin de consulter les
dossiers...
- Avez-vous vu
Monsieur Capwell ce matin ?
- Monsieur Capwell n'est
pas rentré. Il a dit qu'il devait être à Pacific Sud, ce matin.
- Merci.
Julia prit son téléphone et envoya un message à Mason : Rendez-vous à 9h30 à Pacific Sud, avant de dévorer son petit-déjeuner.
Pacific Sud.
La voiture de Pamela,
frappée du logo des Entreprises Capwell, se gara sur les places principales de
Pacific Sud. Pour l'occasion,
Pamela avait pris une copie d'une robe de Lady Diana. Ted Melcher marchait à
son bras.
Lentement, ils gagnèrent
le bâtiment central qu'ils traversèrent. Déjà les médias, avec Deana
Kincaid, avaient pris place sur la place
d'honneur.
Pamela s'approcha
alors que tous les regards se tournèrent vers elle : elle frissonnait de
plaisir. Elle était redevenue le centre de l'attention, de toutes les
attentions.
Du regard, elle
cherchait les membres de la famille Capwell. Elle attendait C.C.. Elle espérait
C.C.. De tout son être, elle espérait le voir, savourer sa victoire, lui
imposer sa volonté, et lui reprendre sa villa. Toute la nuit, elle avait imaginé
ce moment, cet instant où elle le mettrait à la porte de la villa. Combien de
fois avait-elle imaginé cette scène ? Depuis l'instant où elle avait été
obligée de refermer la porte de bois de la villa sur Mason qui pleurait, qui
hurlait, elle n'avait eu de cesse de vivre ce moment. Dans sa main, elle tenait
un document, le même contrat que C.C. lui avait obligé de signer. Dans moins d'une
heure, elle serait la seule au pouvoir, la seule maîtresse à bord : Eden
était sous contrôle, Sophia hospitalisée dans un hôpital parisien, Kelly
entre la vie et la mort, C.C. à deux doigts d'être vaincu... Dans moins d'une
heure, elle prendrait la place qu'elle n'aurait jamais dû quitter. Et Mason
serait à ses côtés. Elle en était certaine.
Elle avait remarqué tout de suite sa présence entre sa femme et Augusta Lockridge. Elle lui adressa son plus tendre sourire. Mason marcherait bientôt à ses côtés. Ses entrailles frémirent. Certes, elle avait été contrainte de le laisser, lui et Elena... Mais c'était pour mieux se retrouver aujourd'hui. Ses pensées s'envolèrent un moment en Angleterre, où elle songea à Jeffrey... Son cher et tendre Jeffrey.
Gina arriva en
courant et se plaça à la droite de Pamela. Elle sortit un petit appareil photo
et se mit à jouer à la journaliste.
- Je vais parier que Warren raffolera de mon reportage. Gina journaliste, comme Lois Lane... Gina Lane...
Julia se serra contre
Mason. Elle venait d'être mise au courant de l'état de santé de Kelly. Depuis
plusieurs heures, ils essayaient tous de joindre C.C., mais leurs appels
restaient vains, basculant directement sur le répondeur. Depuis ce matin,
personne n'avait eu de contact avec C.C. Capwell. Ils n'étaient même pas passés
à l'hôpital pour prendre des nouvelles.
L'étreinte de Mason
se resserra sur elle. L'un comme l'autre en cette seconde ressentaient la force
de leur amour, la magie de sentir ce doux et tendre sentiment d'appartenance à
une famille. A tous trois, ils formaient une famille. Mason. Julia. Samantha.
Ils étaient une famille.
- Julia, je t'aime...
Même si je ne te le montre pas, je t'aime. Je t'aime parce que je t'appartiens.
Je l'ai compris. Même si cela me
fait peur, je le sais... Je ne repousse plus ce sentiment... Je ne crains plus d'être
dépendant... Tu fais partie de moi. Tu est dans ma chair... Là, sous ma peau,
dans chacune de mes cellules... Je t'appartiens.
- Oh, Mason.... J'ai tant besoin de toi...
Soudain, une clameur monta. Une information circulait à travers Pacific Sud : C.C. allait arriver d'un moment à l'autre. Son hélicoptère venait de décoller du Country-club. Il serait là dans quelques minutes. Tout le monde se préparait, journalistes, famille Capwell et Pamela. Elle s'avança, reine de la journée.
Le bruit d'un hélicoptère
approchait. Une tâche noire se devinait dans le ciel. Il passa une fois au
dessus de Pacific Sud. Tout le monde put noter le logo des Entreprises Capwell.
C'était bien Channing Creigthon Capwell. Tout le monde sentit la pression
monter de plusieurs crans.
L'hélicoptère fit un un détour vers l'océan; le pilote cherchait un endroit dégagé pour se poser.
Mason détourna le
regard de l'hélicoptère. Sa chair le faisait souffrir. Son père et sa mère
se livraient une guerre sans pitié. Une guerre où il n'était pas l'enjeu.
Non, il se battait par vengeance, par habitude, mais pas pour lui. La douleur qu'il
avait éprouvée enfant le fit à nouveau souffrir. Au fond de lui, l'ombre de
Sonny Sprockett venait frapper à la porte. Mason ferma les yeux : Sonny
devait rester dans le passé. Dans le passé, et laisser sa chair en paix. Des
images de Sonny flottaient dans sa tête, il se revoyait, courant dans l'atrium
de la villa. Il revoyait Eden et Channing Junior à ses côtés, alors qu'il
devenait...
BOUM ! ! ! !
! ! ! !
Un bruit sourd et violent déchira la clameur.
Julia s'écarta de
son mari et dirigea son regard vers le parking.
Augusta tourna son
regard vers le bâtiment principal.
Mason plongea son
regard dans le passé, fouillant ses souvenirs.
Gina fixa Deana
Kincaid qui, pour une fois, en restait muette; Gina chercha du regard son
appareil qu'elle avait laissé tomber.
Pamela hurla. Une
violente douleur lui déchira les chairs. Ses mains parcoururent son corps, à
la recherche d'une blessure.
- Je suis blessée...
Je suis blessée...
Ted lui lâcha la main. De tous, il fut le premier à lever les yeux au ciel. Puis tout le monde, sans exception, fixa le ciel. Une boule de feu plongea vers l'océan. Il n'y avait plus d'hélicoptère. Il n'y avait plus d'hélicoptère...