Santa Barbara, Acte 2

Chapitre 41 : Seras-tu là ?

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Et avec la participation exceptionnelle
de
Joan Collins dans le rôle d'Alexis Morell Carrington Colby Dexter Rowan
et de Patrick Duffy dans le rôle de Bobby Ewing

Chaque mot qu'on garde
Chaque geste qu'on a fait,
Sont autant de larmes,
Qui invitent au regret

"Si j'avais su" est trop tard,
Mâchoire d'une pierre tombale
Le "j'aurais dû", dérisoire
Sans voix, et là... j'ai un peu froid...
A chaque fois je sens l'émoi

Si j'avais la foi du monde
En cette seconde,
Serais-tu là ?
Si j'avais renoncé au monde
Et que rien ne compte
Serais-tu là ?
Si j'avais le choix : mourir
Pour t'entendre vivre,
Serais-tu là ?
Si j'avais le choix : souffrir
Sans même te le dire,
Serais-tu là ?
Je serai là
Et toi en moi

Plate-forme pétrolière au large de Santa Barbara.

L'hélicoptère de Pamela Conrad se posa lentement sur l'une des extrémités de la plate-forme. Avant d'en descendre, elle jeta un regard à sa montre, consciente qu'elle venait d'enchaîner les fuseaux horaires.

Kirk Cranston l'accueillit et l'escorta jusqu'à son bureau.

- Alors comment s'est passé le voyage ?

- Froid et neigeux...

- Neigeux ? Il n'y a pourtant pas de neige à Washington en ce moment...

Sans plus d'explications, Pamela ouvrit son ordinateur portable et consulta sa messagerie, laissant Kirk Cranston perplexe.

 

Quelques part au dessus des montagnes de l'Utah.

Eden observait avec attention le paysage qui défilait devant ses yeux. Dans quelques minutes, son avion se poserait sur la piste d'un petit aéroport. De là, elle louerait un 4x4 pour rejoindre la vallée où Cain avait construit son chalet.

Elle s'obligea non sans violence à repousser les images du passé, le sombre souvenir d'Elena Nikolas et de sa paralysie, de sa séparation d'avec Cruz. Depuis qu'elle avait retrouvé la mémoire, Eden ne s'était accordé aucune seconde de répit. Pourtant, elle savait qu'il lui faudrait impérativement laisser s'écouler la tension de ces derniers mois. Mais pour l'heure, il lui fallait encore affronter le froid pour monter jusqu'au chalet de Cain.

Eden referma la pochette posée sur ses genoux, pochette qui contenait toutes les coupures de presse relatives à la chute des Entreprises Capwell. Bien qu'elle se sentait terriblement affectée, elle n'ignorait pas la force et la détermination dont pouvait être capable son père. Au-delà de cette histoire, le coeur d'Eden tremblait pour la santé de Julia... Sa douce amie Julia auprès de qui, elle et Cruz avaient traversé tempêtes et joies.

Eden s'était constitué un épais dossier pour une étude approfondie : de la création de Pacific Sud au retour de Pamela, du départ de Cruz au Mexique au mariage de Warren, elle avait emmagasiné des dizaines et des dizaines de documents afin de remonter le fil du temps et de se forger une place au sein de cette famille qu'elle avait volontairement quittée des mois plus tôt.

Le combat de son père pour user de son droit à retrouver pleinement le contrôle et le nom des Entreprises Capwell avait réveillé en Eden le désir de retrouver sa place au sein de la famille. Aujourd'hui, elle se sentait suffisamment forte pour faire taire les voix de Lisa et de Channing Junior. Elle était prête à redevenir l'héritière Capwell, celle qui avait su gérer la chaîne d'hôtels, créer de toutes pièces le restaurant l'Orient Express, tenir tête à Mason, et aimer Cruz, comme jamais elle n'avait aimé, envers et contre le monde entier. A nouveaux, ses yeux se remplirent de larmes et son corps la fit souffrir du manque et de l'absence.

- Oh, Cruz, seras-tu là pour moi ? Moi, je reviens vers toi...

 

Hôpital de Santa Barbara.

Greg Hugues arpentait avec rage les couloirs de l'hôpital. Sans cesse, il consultait sa montre. Depuis la tragédie survenue lors de la vente aux enchères, il sentait défiler le cours du temps, comme des aiguilles qui s'enfonçaient plus profondément dans sa chair. Combien de temps s'était écoulé depuis ? Combien de nuits sans sommeil ? Greg ne pouvait le dire. Lui qui avait déjà été confronté à la perte d'un être cher ne pouvait s'empêcher de songer au pire. Daniel lui manquait. Le corps de Daniel lui manquait. Le contact de sa main dans la sienne, et plus que tout, son rire, ce rire franc et généreux qui l'avait séduit...

Arpentant les couloirs de l'hôpital, il s'abandonnait à supplier les dieux de sauver Daniel, son Daniel. Quelques heures plus tôt, au milieu de la nuit, il avait accepté de signer les papiers pour l'opération de la dernière chance. Arthur Donnelly, en ce moment au bloc, tentait l'impossible : retirer les éclats de balle et diminuer la compression cérébrale qui maintenait Daniel dans le coma.

Il s'arrêta un moment dans le couloir. Julia Capwell, devant lui, effectuait quelques pas au bras de Bobby Ewing. Longtemps, il les fixa, le regard empli de colère de haine.

«Pourquoi s'en est-elle sortie ? Elle est pourtant plus coupable que mon Daniel. Elle appartient à ce clan...»

Il ne pouvait détourner sa colère des Capwell, de cette famille dont il partageait le sang.

«Daniel, je te promets qu'à ton réveil, nous quitterons Santa Barbara pour un ailleurs. Je n'en peux plus de les voir vivre, survivre, alors que nous...» Des sanglots l'arrêtèrent.

- Que Dieu nous vienne en aide... Que nous puissions retrouver notre vie d'avant... Oh, Daniel, je te promets d'être là pour toi.

 

Hôpital de Santa Barbara.

Le visage recouvert d'une barbe de plusieurs jours, la chemise froissée et tachée, mais un bouquet de fleurs à la main, Mason Capwell traversa le hall d'entrée de l'hôpital. D'un pas décidé, il avançait, le coeur languissant de retrouver Julia. Sa Julia. Sa douce et tendre Julia. Bien que leur couple ait connu plusieurs ruptures, celle-ci avait bien failli être définitive. Julia avait frôlé de peu la mort. Et Mason, mieux que n'importe quel Capwell, savait que Dieu aimait jouer avec la vie des humains. Son corps portait, telle une croix, les cicatrices de la mort de sa douce et tendre Mary.

Alors qu'il avançait, Mason se répétait ses excuses. Il voulait tant que Julia comprenne qu'il n'était pour rien dans la folie de sa mère, et que surtout il n'avait pas eu d'autre choix que de suivre C.C. à Washington.

Son pas ralentissait à mesure qu'il s'approchait de la chambre de sa femme. Son coeur au contraire accélérait le rythme, et quelque part dans les sombres recoins de son âme, le besoin d'alcool se fit sentir.

Bien avant de la voir, il entendit son rire résonner le long des murs. Julia était là, bien vivante... Et alors qu'il approchait, il la vit. Le texan la tenait dans ses bras. Elle riait. Elle s'agrippait à son bras. L'homme la retint des deux mains et, un instant, leurs regards se croisèrent.

Mason s'arrêta net. Son coeur se brisa. Et pourtant il ne semblait nullement surpris. Il déposa son bouquet dans un sac de linge sale, et quitta l'hôpital, sans un regard derrière lui. Il se savait fautif, porteur d'une si lourde culpabilité...

 

Julia manqua de peu de tomber. Heureusement, Bobby Ewing gardait de bons réflexes et la rattrapa in extremis. Leurs regards se croisèrent. Julia se mit à rire, se moquant d'elle-même. Toutefois, elle remarqua bien dans les yeux sombres du texan, l'éclat du désir.

- Eh bien, heureusement que vous étiez là...

- Je n'y peux rien. J'aurais pu être l'homme qui tombe à pic... Ou bien l'homme de Santa Barbara...

- En tout cas merci.

- Vous savez, Julia, je crois qu'il suffirait de peu pour que je sois toujours présent pour vous. Quelque chose en vous, comment dire, éveille en moi le même besoin de protection qu'une femme que j'ai terriblement aimée. Vous êtes si semblable l'une comme l'autre. Et en même temps si différentes...

Un bref instant, les yeux de Bobby Ewing se voilèrent, tant le souvenir de Pamela restait vivant en lui.

Julia baissa les yeux. Elle voulait couper tout lien avec l'infini bonté qui émanait de cet homme. Bobby était comme un aimant qui vous attirait. Depuis que leur chemin s'était croisé, il s'était montré si bienveillant avec elle, l'entourant de tendresse : le chevalier servant qu'espérait toute jeune fille en s'endormant...

 

Reportage de Deana Kincaid.

Les véhicules apportant le matériel pour le reportage s'arrêtèrent devant le portail de la villa Capwell. Dans quelques heures, en début de soirée précisément, C.C. Capwell allait tenir une conférence de presse. De nombreuses caméra de télévision se trouvaient déjà sur les lieux. Deana remarqua tout de suite l'absence de journalistes du Santa Barbara Chronicles, et en particulier celle de Warren Lockridge.

- Pourrait-il déjà savoir ce que va nous annoncer Capwell ?

Bureau d'Augusta Lockridge, Pacific Sud.

- N'oubliez pas, je veux avoir ce dossier en fin de journée. Il est impératif que je parte avec...

- Bien, Madame Lockridge.

Augusta fusilla du regard sa secrétaire, qui faisait de son mieux pour disparaître derrière l'écran de son ordinateur. Soudain, elle réalisa qu'un homme attendait Augusta dans son bureau et qu'elle ne l'avait pas prévenue. Trop tard. Elle devait se préparer à une nouvelle agression de la part de sa patronne.

Augusta poussa la porte de son bureau, heureuse de retrouver un peu de calme après la réunion houleuse qu'elle venait d'avoir avec investisseurs et publicitaires. Suite aux scandales liés aux Capwell, plusieurs groupes et associations écologistes cherchaient à retirer leur image du projet Pacific Sud. Mais Augusta Lockridge n'était pas femme à céder le moindre pouce de terrain : qu'importe les Capwell, Pacific Sud restait son bébé, à elle.

- M'dame Lockridge...

Augusta sursauta en entendant une voix étrangère dans son bureau. Ses yeux fusillèrent l'individu, avant de le scanner littéralement. La voix, dans un premier temps, lui avait semblé familière, comme revenue d'un lointain passé.

Les deux jeunes hommes, debout devant elle, portaient l'un comme l'autre un jean et un blouson sombre. Ils pouvaient s'agir de deux ouvriers du site ou de deux livreurs.

L'un des deux s'avança vers elle pour lui serrer la main. Augusta l'ignora superbement pour se placer derrière son bureau.

- Je suis Danny. Danny Andrade. Il y a des années, j'étais à l'école avec votre fille Laken.

Augusta, qui venait de faire le lien, le coupa sèchement.

- Je sais qui était ma fille... Si vous venez pour du travail, je vais voir ce que je peux faire.

- Je ne suis pas ici pour du travail. Enfin, pas directement. J'ai plusieurs associés et nous voudrions passer un accord avec vous, car Pacific Sud possède des particularités qui nous intéressent.

- Je suis navrée. Mais pour le moment, je n'ai pas de temps à accorder, et je n'ai pas besoin d'autres associés. Je ne vous raccompagne pas.

Augusta prit place derrière son bureau et se concentra sur son écran d'ordinateur, l'entretien était terminé. Du coin de l'oeil, elle les regarda sortir de son bureau, tout en maudissant sa secrétaire.

- Que peut bien chercher Danny ? Un coup tordu de C.C.. Je le vois bien se servir de ces bouseux pour atteindre ses fins.

 

Danny Andrade, accompagné de l'autre homme, traversa l'immense hall de verre et de bois du bâtiment principal de Pacific Sud, totalement indifférent à la beauté de la structure qui alliait parfaitement nouvelles technologies et écologie.

- Je t'avais dit qu'elle ne nous écouterait pas. Je connais bien Augusta Lockridge. C'est une vipère, une vipère de la pire espèce... Capable de manger les siens pour s'en sortir.

- Eh bien, nous allons passer à la phase 2. Rendez-vous ce soir à La Mesa.

 

Ecuries, villa Capwell.

C.C. et Alexis en terminaient d'une longue ballade à cheval. Ils descendirent de cheval et laissèrent leur monture aux palefreniers.

- C'est vraiment une propriété magnifique, Triple C. Certes moins grande que la mienne à Denver, mais très jolie tout de même. Ce qui lui donne du charme, ce sont les falaises au bord de l'océan... Même si, soyons honnêtes, je préfère admirer les hauts sommets enneigés du Colorado.

- J'étais certain, Alexis, que cette ballade nous ferait du bien...

Joueuse avec les hommes, comme à son habitude, Alexis attrapa C.C. par sa cravate et l'attira contre elle. Leurs lèvres ne se trouvaient qu'à quelques centimètres. Les yeux d'Alexis semblaient dévorer celles de C.C.. Puis, elle détourna la tête et lui glissa à l'oreille : «Vous savez très bien, Triple C, ce qui vraiment me ferait du bien...»

Le rouge au visage, C.C. ferma les yeux, préférant ne pas poursuivre sur ce chemin escarpé. Depuis le temps qu'il connaissait Alexis, curieusement il ne parvenait pas à rester insensible à elle, rougissant comme un adolescent timide.

Après avoir laissé leurs chevaux, ils marchèrent en direction du belvédère.

- Alors, tu es certaine de vouloir regagner dès aujourd'hui tes montagnes ?

- Certaine... Je ne te vois pas m'offrir une possibilité pour rester. Je ne me sens pas d'humeur à rivaliser avec Sophia... La victoire serait trop facile... Elle est si fade, désolée, mais je la trouve quelconque... S'il fallait lutter contre Pamela, je resterais, mais Sophia... J'imagine qu'elle est confortable, comme de vieilles pantoufles...

C.C. s'appuya et fixa les murs de sa villa.

- C'est un peu vrai... Mais de toutes les femmes de ma vie, c'est la seule qui ose m'affronter et qui parvient à me faire changer d'avis... Tu es certaine, Alexis, de ne pas vouloir assister à la conférence de presse de ce soir ?

- Certaine. Triple C, je me suis follement amusée à battre Pamela, à te rendre ta société... Si jamais tu as encore besoin de moi, je reviendrai... Et cette fois-ci, tu  sauras comment rembourser ta dette...

La main d'Alexis caressa langoureusement le dos de C.C. Capwell.

- J'espère pour toi que tu as fait le bon choix... Tu as choisi de perdre une partie de toi. L'idée est bonne, mais je conserve de sérieux doutes quant à sa conclusion. Je me souviens de la dispute de Pamela avec Grant, il y a des années, de la folie dans son regard... Et je peux t'assurer qu'au musée, elle avait le même regard. Pamela ne va pas s'arrêter là. Prépare-toi à te battre, Triple C.

C.C. ferma les yeux. Des images de Pamela, du temps de leur jeunesse, retrouvaient le chemin de sa mémoire. Il se souvenait de leur mariage dans les jardins de la villa, de leur voyage en France, de la naissance de Mason, de ses disputes à propos d'Emmett. Puis, de plus récentes rejaillirent : de son retour en ville, d'Elena, leur fille, de cette sourde haine qu'elle portait en elle.

- Je sais, Alexis, qu'elle va revenir. Mais qu'importe ses armes, je suis de taille à la détruire définitivement cette fois-ci : les vestiges d'un ancien amour ne retiendront plus mon bras.

 

Yacht Capwell.

- Capitaine Joe, les amarres sont larguées. Les voiles sont dehors...

Tyler / Joe regarda la silhouette de Kelly qui se découpait dans le soleil. Elle était si belle. Il comprenait que son frère en soit follement tombé amoureux. Il ferma un instant les yeux, repoussant les sentiments qui naissaient en lui, pour se concentrer sur sa colère et sa vengeance. Elle avait tué son frère. Elle avait tué Peter. Il devait s'en souvenir à chaque seconde. Il avait quitté Miami et sa petite vie facile pour se venger d'elle.

- Cool ! Dans un moment, nous serons perdus, seuls au monde. Tu es certaine que ton père a gardé sa maison sur l'île d'Anacapa ?

- Certaine.

- Tant mieux, il me semble que nous aurons des souvenirs à retrouver.

Kelly souriait à Joe, pleinement heureuse d'avoir retrouvé l'amour de sa vie, le seul et unique amour de sa vie. En cette seconde, elle comprenait parfaitement l'essence-même que partageaient Eden et Cruz. Pourtant, une petite voix au fond de l'esprit de Kelly murmurait, petite voix que Kelly se refusait à entendre : «Mais tu n'es jamais allée sur l'île d'Anacapa avec Joe. Seulement avec Jeffrey. Avec Jeffrey. Jeffrey Conrad et... Et... Et Peter. Peter Flint.»

Kelly repoussa ses cheveux blonds vers l'arrière et s'approcha de Joe. Elle lui passa les mains sous sa chemise. Le contact de sa peau la fit tressaillir.

- Si tu savais comme je t'aime. Si tu savais comme je suis heureuse en cette seconde. Je voudrais ne jamais revenir. Je voudrais rester comme cela pour l'éternité...

Joe se détourna, plongea son regard dans le bleu des yeux de Kelly. Il la dévisagea longuement. Et tandis qu'il la fixait, qu'il approchait ses lèvres des siennes, qu'ils échangeaient leur souffle, les paroles de Peter remontaient à la surface de son esprit : «Kelly, c'est un démon... Un démon avec un visage d'ange. Elle jure qu'elle t'aime de tout son coeur. Mais elle ment... Elle ment. Je le sais quand on la connaît comme moi. Tout son être hurle le contraire. Elle n'en a que pour Joe. Joe... Joe... Depuis son retour de prison, j'ai du Joe Perkins à toutes les sauces...»

Kelly s'abandonna complètement à la passion qui la submergeait. Ses mains courraient sur le tout le corps de Joe, avides de s'assurer qu'il était bien là, et bien vivant.

Le voilier faisait route vers l'île d'Anacapa.

 

Vieille hacienda, Mexique.

La porte s'ouvrit à nouveau, et cette fois-ci, personne n'entra. Elle restait cependant, immobile, repliée sur elle-même. Lorsque ses yeux se furent habitués, B.J. se leva lentement. Des bruits de moteur lui parvenaient de l'extérieur. Soudain, des hommes en treillis pénétrèrent dans la pièce.

- Toi, là, tu viens avec nous. Et pas d'histoires, je t'ai à l'oeil.

B.J. remarqua tout de suite la mitraillette qu'il tenait à la main.

Elle s'avança doucement, blessée par la lumière et la chaleur du soleil.

- Où va-t-on ?

- Cela ne te regarde pas. Avance et monte...

B.J. rejoignit le groupe d'hommes assis à l'arrière d'un camion, vers une destination inconnue.

 

Chambre d'hôpital de Julia Capwell.

Augusta débarqua dans la chambre avec Samantha sous un bras et de l'autre un énorme ours en peluche qui retenait par l'une de ses pattes de nombreux ballons de couleur.

Samantha se précipita dans les bras de sa mère. Augusta remarqua à peine la présence de Bobby Ewing dans la pièce.

- Je suis passée voir ton mari, mais comme à son habitude, il se cache ! Jamais là quand on a besoin de lui, celui-là... Je me demande pourquoi cela m'étonne encore, après tout, c'est un Capwell...

- Augusta... Je connais tous tes dictons sur les Capwell...

- Oui, peut-être, mais alors pourquoi en avoir épousé un... Pourquoi ne pas t'être contentée d'un avocat de seconde zone... Je suis certaine que tu serais plus heureuse aujourd'hui. Enfin... Je suis contente que tu sortes aujourd'hui, je ne supporte pas les hôpitaux... Sais-tu combien cela m'a coûté de venir ici tous les jours, pour te voir ? Oh, je sais, personne ne se soucie trop de ce que peut ressentir cette pauvre Augusta...

Personne n'écoutait la longue tirade d'Augusta; Julia concentrait toute son attention à sa fille. De son côté, Bobby aidait une infirmière à emballer les affaires de Julia Capwell.

 

Restaurant le Johnny's.

Pearl finissait de lire le dossier médical qu'il avait réussi à obtenir de l'établissement où Tyler / Joe aurait été soigné. Il ne comprenait pas tous les détails médicaux, se concentrait sur les dates. Pour l'heure, il n'avait pas encore réussi à mettre en évidence de faille dans la théorie du retour de Joe.

- Je suis certain qu'il y a quelque chose, c'est là sous mes yeux...

Toute son attention se concentrait sur la chronologie des événements. En étalant les documents, Pearl renversa sa tasse de café. Et alors qu'il se levait pour éponger le café, une femme s'approcha et déposa un vieux jeu de tarot sur la table.

Lorsque Pearl se retourna, il s'arrêta net, surpris de reconnaître la personne en face de lui.

- Toi, ici... Je ne m'attendais pas à te revoir... Je croyais que tu avais quitté la ville, le pays...

- Il a fallu que je revienne... Les morts sont revenus hanter mes nuits. Je te propose quelque chose...

Courtney Capwell prit place à la table et repoussa les nombreux papiers de Pearl.

- Doucement, ces papiers sont importants !

Pearl les ramassa rapidement.

- Pearl, il faut que tu regardes les cartes. A chaque fois, elles me laissent le même message : l'usurpateur est parmi nous.

- Courtney, je ne comprends pas.

- Regarde par toi-même...

Alors qu'elle lui parlait, elle tira cinq cartes du vieux jeu de tarot : le roi de coeur, la roue du destin, le sablier du temps, la mort et le fou.

- Regarde, Pearl, c'est clair... L'usurpateur est là. Les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent être.

Pearl dévisagea la jeune femme : il ne comprenait toujours pas.

 

A la porte du restaurant, Marisa Perkins assistait à toute la scène. Elle gagna la table de Pearl et l'avertit qu'elle venait d'apprendre que Joe et Kelly avaient pris le voilier pour une destination inconnue.

- Pearl, je crains le pire. Je ne sais pas où ils sont allés. Kelly est seule avec lui...

 

Tandis que Pearl et Marisa parlaient, Courtney fixait les taches de café sur la table. Soudain, elle se mit à crier. Tout le restaurant se mit à la dévisager. Pearl et Marisa la firent sortir, tout en la questionnant. Courtney se mit à pleurer.

- Il faut agir... J'ai vu l'usurpateur... Il va nous détruire... Pearl, écoute moi, il va nous détruire...

- Qui ? Qui va nous détruire ?

A leurs côtés, Marisa tremblait : est-il possible que l'esprit torturé de Courtney semblait deviner la vérité, avant que celle-ci ne les frappe ?

- Pearl, il faut être là pour nous sauver.

 

Maison de Mason et Julia Capwell.

Julia, au bras de Bobby Ewing, traversa le jardin de sa maison. Un moment, elle se détourna, cherchant du regard l'ombre de Mason. Ses yeux embrassaient tous les côtés. Mais elle ne le vit nulle part. Son coeur se resserra : elle espérait tant qu'il serait là. Chez eux. A l'attendre.

Alors qu'elle se réveillait lentement de sa sieste sous la pergola de leur maison, Julia devina la présence de son mari, assis face à elle. Elle se redressa sur le canapé.

- Mason, je ne t'attendais plus...

Mason la fixait sans rien dire, les yeux gonflés par les larmes versées.

- Tu as bu ?

Mason ne bougeait toujours pas.

- Oh, Julia... Moi-même, je ne m'attendais plus. Oh, Julia, j'ai failli me perdre tant de fois au cours de ma vie...

- Mason, je suis contente de te revoir. Je viens juste de...

- Chut, Julia. Il faut que je te parle... Je crois que j'ai été trop absent, depuis si longtemps. Absent, bien avant que tout ce drame ne survienne...

Mason détourna son regard; il cherchait ses mots, et ses mains trahissaient son appréhension. Tellement de pensées se bousculaient dans son esprit et, curieusement, il ne parvenait pas à leur donner une cohérence.

- Julia, je ne sais que dire...

- Simplement ce qui t'a fait partir et revenir...

- Oh, Julia, même cela je ne le sais pas... Je voudrais juste te dire que je suis désolé, mais ce n'est pas suffisant. Je le sais. Mais, je veux que tu saches que ma famille est ce que j'ai de plus important au monde. Et ma famille, c'est toi et Samantha. Peu m'importe, vraiment, C.C. et Pamela. Peu m'importe la guerre qu'ils se livrent... Cela ne m'affecte plus.

Lentement, Mason tendit une main hésitante vers sa femme. Julia la pris dans la sienne et la serra fortement.

- Je suis d'accord avec toi. Peu importe leur guerre, c'est notre famille qui compte...

 

Bobby posa le plateau qu'il avait dans les mains sur la desserte à côté de lui. Depuis le tout début de la scène, il observait les retrouvailles entre Julia et Mason. Un partie de son être se serra, conscient qu'il venait de perdre une chance de se sentir à nouveau vivant. Certain qu'il devait quitter les lieux, Bobby laissa un petit mot à l'attention de Julia et, en refermant la porte, son esprit s'envola vers le souvenir d'une autre femme, sa femme Pamela.

 

Yacht des Capwell.

Kelly attacha ses cheveux et regarda l'horizon. L'océan s'étendait à perte de vue. Ils étaient seuls au monde. Kelly ferma les yeux, espérant maintenir ce moment dans son esprit et dans son coeur pour l'éternité.

- Joe, viens vite, le soleil ne va pas tarder à se coucher.

- J'arrive. Je finis de préparer la table pour le repas.

- Tu es certain que tu ne veux pas que je vienne t'aider ?

- Certain, chérie. C'est une surprise...

A bord du yacht, Tyler / Joe terminait de mettre la table. Il fallait que tout son fin prêt.

- Tu serais fier de moi, Antonio. J'ai tout reproduit à la lettre...  Elle ne se doute de rien... J'espère que tu pourras voir sa tête lorsqu'elle verra la table... Ah ! Ah ! Ah ! Antonio, cette fois-ci, elle ne gagnera pas. Il va falloir qu'elle paye pour tout le mal qu'elle t'a fait. Je suis là, revenu à Santa Barbara, lui faire payer ce crime...

 

La Mesa.

Augusta en terminait avec sa salade mexicaine.

- Voyons, Warren, je te dis juste que dans ton journal, on ne parle pas assez des Capwell. Tu sais ce qui me ferait plaisir, c'est que tu écrives un petit article sur la guerre que C.C. et Pamela sont en train de se livrer...

Warren leva les yeux au ciel. Il connaissait sa mère et savait que dernière cette anodine remarque se cachait une raison plus secrète, qu'il n'arrivait pas encore à deviner.

- Et puis, pourquoi ne pas parler de cette Alexis Colby, surgie de nulle part, dont tout le monde connaît les magouilles à Denver... On peut être certain que C.C. et elle nous préparent quelque chose de louche.

- Hum, hum... C'est certain.

Warren remarqua alors la présence de deux hommes à une table voisine. L'un d'entre eux ne cessait de le dévisager. L'homme, habillé tout de noir, s'approcha de la table. Warren se leva, il venait de reconnaître Danny Andrade.

- Bonjour, Warren.

- Danny.

Occupé à envoyer un SMS, Augusta ne salua même pas des yeux le jeune Andrade.

- Alors, de retour à Santa Barbara, Danny ?

- Oui. Je suis revenu... J'imagine que ta mère t'a parlé de ma visite ce matin, à Pacific Sud.

- Ma mère ?

Danny s'écarta un peu, se logeant dans le renforcement d'une arcade, à l'abri de tous les regards.

- Augusta ne t'a rien dit ?

- Non.

- Warren, je suis passé la voir pour lui demander un service.

- Si c'est un travail, Danny, je peux te prendre au journal.

- Non, non, ce n'est pas un travail... Je suis revenu en ville pour demander un service à Augusta. Et je pense que tu vas pouvoir m'aider à la faire changer d'avis. D'ailleurs, voici ce que je voulais remettre à Augusta. Avant de le regarder, je vais m'éloigner un peu, pour ne pas influencer ta décision...

Danny s'écarta et rejoignit son associé à leur table.

Warren prit la feuille de papier et la retourna. Aussitôt, Warren pâlit. Puis la colère lui monta au visage et il se rua sur Danny. Il voulut l'empoigner mais l'autre homme s'interposa entre eux.

- Je ne pense pas que ce soit la meilleure solution pour l'aider...

Alors que les trois hommes allaient se battre, Augusta porta son regard sur le document : il s'agissait d'une photo de B.J., attachée à un piquet de bois, le visage tuméfié. La photo était prise au coeur de la jungle amazonienne.

- Lockridge, je pense que nous allons devoir parler.

- Comment va-t-elle ?

- Bien, à ce qu'il me semble, lorsque nous avons quitté le campement.

- Danny, je t'assure que s'il arrive quelque chose à B.J., je te le ferai payer...

Parc de la villa Capwell.

Le soir tombait sur la propriété Capwell. Les projecteurs de l'équipe de Deana Kincaid s'allumaient les uns après les autres. Encore quelques minutes et C.C. Capwell viendrait pour sa conférence de presse.

Une nouvelle fois, Deana regarda autour d'elle, à la recherche de Warren.

- Je ne comprends pas pourquoi lui ou un membre de son équipe n'est pas là. Se pourrait-il qu'il soit déjà au courant de ce que va nous annoncer Capwell ? Allez, plus que 10 minutes, je veux que tout soit prêt.

Chalet de Cain Garver.

Eden stoppa le 4x4 juste à côté du lac. La neige avait envahi les lieux : tout était comme dans ses souvenirs. Au loin, au-dessus des sommets, un aigle survolait les lieux, à la recherche sans doute de nouvelles proies.

Eden Capwell prit une profonde respiration, ses jambes devenaient plus lourdes... Des souvenirs remontaient à la surface.

Ses pas la conduisirent au devant de la porte qu'elle trouva entrouverte.

- Cain ? Cain ?

Une filet de lumière filtrait par la porte.

Eden la poussa. Ses yeux s'habituèrent à la pénombre. Elle retrouvait les lieux, le souvenir d'une autre vie.

- Cain, je suis revenue...

Eden rentra dans la cabane, à la recherche de son ami.

Soudain, dans un claquement, la porte de la cabane se referma derrière elle. Eden se retourna, surprise de se retrouver face à face avec Caleb Garver.

- B'jour M'dame Capwell. Cain n'est pas là...

 

Kiosque de la villa Capwell.

- Mason, ne soit pas borné et signe ces papiers. Seras-tu là pour prendre ce qui est à toi...

- Non, maman. Je ne veux pas faire partie de ton plan.

- Mason, au diable ton amour propre, ne comprends-tu pas que c'est là le seul moyen que tu te retrouves à la tête des Entreprises Capwell ! C'est l'héritage qui te revient de droit que je t'offre ! Si tu crois que je vais laisser un des enfants de Sophia prendre ce qui te revient de droit, tu te trompes, Mason...

- Maman...

- Signe, Mason... Je vois C.C. qui s'approche des journalistes.

- Je ne peux pas...

Parc de la villa Capwell.

C.C. s'arrêta au devant des journalistes qu'il avait convoqués dans la journée. Leur faisant face, il les regarda attentivement. C.C. conservait encore en tête le souvenir de son arrivée, quelques jours plus tôt, au musée. Son regard s'attarda un moment sur Deana Kincaid, qu'il détestait tout particulièrement.

Et tout comme elle, il chercha Warren Lockridge du regard.

Route au coeur de la forêt mexicaine.

Assisse à l'arrière d'un vieux camion militaire, B.J. scrutait la route derrière elle. Le convoi avait quitté l'hacienda à la fin du jour pour se rendre vers un lieu encore inconnu. Les camions derrière elle transportaient des oeuvres d'art pillées dans les ruines maya, ainsi que des armes et de la drogue. Mentalement, elle se dictait les grandes lignes d'un article qu'elle se promettait d'écrire, à son retour en ville.

Ses pensées finirent par s'en retourner vers Warren. Elle espérait tant qu'il finisse par venir à son secours.

Parc de la villa Capwell.

C.C. s'approcha du micro sous les flashes des journalistes. Il se tenait seul, face à eux, sûr de lui, certain d'en avoir fini de cette guerre contre Pamela.

- Bonsoir, je vous ai convoqués pour faire le point avec vous sur la situation. Comme je n'ai cessé de le clamer, les Entreprises Capwell se sont révélées être innocentes des explosions dans la province de Khareef. Ce drame résulte d'une sombre machination de Pamela Conrad pour prendre le contrôle de ma société. Aujourd'hui, après le terrible drame du musée, je peux vous assurer que cela n'arrivera plus. Bien que le sénat des Etats-Unis ait refusé que je puisse encore utiliser le nom Entreprises Capwell, je peux à présent vous présenter la nouvelle société, Capwell's Inc. Cette société, bâtie sur les fondations des Entreprises Capwell, reprend l'ensemble des activités de mon ancien groupe. Ainsi, tous les emplois, tous vos emplois, sont sauvegardés.

- Bravo Monsieur Capwell, mais pouvez-vous nous en dire plus sur le statut de ce nouveau groupe ?

Tout en interrogeant C.C. Capwell, Deana lisait un texto sur son téléphone portable.

- Les statuts de Capwell's Inc sont à peu près les mêmes que ceux des Entreprises Capwell. Je suis...

- Associés pour moitié avec moi, puisque les statuts ont été rédigés il y a des années. Capwell's Inc est une société à parts également réparties entre C.C. Capwell, Grant Capwell, et moi-même...

- Non...

- Vous voulez dire, Pamela, que vous êtes actionnaires de Capwell's Inc ?

- Effectivement, Deana.

C.C. se précipita sur Pamela, qu'il n'avait pas vu venir.

- Je vais te tuer...

- C'est comme cela, C.C., qu'on accueille sa nouvelle associée ?!

Chapitre 42