Santa Barbara, Acte 2 | ||||||
Chapitre 37 : Finir contre toi... |
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Et
avec la participation exceptionnelle de Joan Collins dans le rôle d'Alexis Morell Carrington Colby Dexter Rowan et de Patrick Duffy dans le rôle de Bobby Ewing |
Je
ne te dirai jamais
Où mes désirs m'emportent
Combien mon corps me hait
Quand je ferme ta porte
Et que tu frôles sans cesse
Sans vraiment le sentir
Qui souffre de l'ivresse
Des mots à ne pas dire
Si tu savais
Contre quoi je me bats
Ce parfum que tu laisses
Chaque fois
Le combat
Que je mène pour ne pas
Finir contre toi
Bureau du Santa Barbara Chronicles.
-
Warren, tu es certain que tu n'as pas plus d'informations sur le faux accident
de Channing ? Je suis certaine qu'il y a quelque chose derrière. Je
connais trop bien les Capwell pour savoir que lorsqu'ils sont acculés, ils sont
prêts à tout.
-
Maman, je t'ai déjà dit que j'ai promis à Ted de ne rien dire.
-
Warren chéri, je ne te parle pas de l'écrire dans ta feuille de chou, mais d'en
parler à ta mère.
-
Hum Hum...
Augusta
était venue prendre le petit-déjeuner en compagnie de son fils dans son bureau
au Santa
Barbara Chronicles. Augusta n'osait pas se l'avouer, mais elle s'ennuyait
un peu dans cette grande villa, en l'absence de Lionel ou de Minx. Alors, régulièrement,
elle se faisait offrir café et croissant par son fils, qui lui aussi devait
faire face à l'absence de sa femme, partie faire un reportage en Amérique
Latine.
-
Je donnerai une petite fortune pour savoir...
-
Maman ! Tiens, regarde plutôt les dernières photos du nouveau photographe
que j'ai engagé. Il travaillait auparavant pour le San
Francisco
Globe.
Tout
en écoutant son fils, Augusta songea à sa dernière découverte : un
inconnu avait pénétré à l'intérieur de la villa pour voler la mallette de métal
qu'elle avait dérobée des mains du squelette de Franco Parisi.
-
Il a un petit truc de particulier. Il donne toujours une autre vision de la
photo. Un jour, il m'a expliqué que dans une photo, au-delà du modèle, c'est
le ressenti de la personne derrière l'objectif qui est essentiel.
-
Warren, tu es un génie !
Sans
autre explication, Augusta posa tasse et croissant pour reprendre sa veste et
son sac.
-
Chéri, il faut que je rentre, un détail urgent à régler !!
-
Tu n'as même pas bu ta tasse !
-
Garde-la moi au chaud, je repasserai peut-être.
Warren
regarda sa mère partir sans se poser plus de questions, tant il était habitué
au caractère si particulier de sa mère.
Cette dernière s'engouffra dans sa voiture, qui jusque là stationnait devant le journal.
Le bar de la plage.
Kelly
Perkins Capwell étirait ses longues jambes le long de la barrière du bar de la
plage. Elle venait de courir pendant une bonne demi-heure, heureuse d'avoir
retrouvé des paysages familiers. Tout au long de sa course, elle n'avait eu de
cesse de penser à Tyler. Hier soir, ils avaient passé une excellente soirée
au Club 71. Le naturel des moments partagés ensemble, la simplicité de leurs
rapports, la facilité avec laquelle ils évoquaient leur intimité,
intriguaient grandement Kelly. D'ailleurs, les dernières paroles de Tyler
restaient gravées dans sa mémoire et dans son coeur : «Il
est peut-être temps, Kelly, que vous me posiez la bonne question, vous ne
croyez pas ?».
Kelly
s'était presque enfuie après cette question, laissant Tyler seul à leur
table. Depuis, elle n'avait pas cessé de songer et resonger à cette soirée et
plus précisément à cette question.
Kelly
sortit son téléphone portable pour vérifier que Tyler ne lui avait pas laissé
de message. Elle n'était pas encore certaine d'avoir, avec certitude, la réponse
à la question.
Soudain,
son regard se porta au-delà de la plage et Kelly reconnut sans le moindre doute
la silhouette de Tyler sur la jetée. Aussitôt, dans sa poitrine, son coeur se
mit à battre la chamade, comme au temps de ses 17 ans; lentement, mais avec une
force insoupçonnée, son coeur retrouvait les sentiments du passé.
A
présent sure d'elle, Kelly prit son téléphone et composa le numéro de
Marisa. Elle tomba sur la messagerie et parla au répondeur :
-
Marisa, je vous fais suivre un billet d'avion pour Santa Barbara. Il y a une
personne que j'aimerais bien vous faire rencontrer. Rappelez-moi, je vous en
prie.
Heureuse d'avoir enfin osé s'avouer la réalité de ses sentiments, Kelly prit la décision d'annoncer son retour en ville à ses parents, et d'annoncer à son père qu'elle voulait reprendre une galerie ici. Sereine, Kelly s'en retourna d'un pas léger à son appartement.
Le pavillon des invités, villa Capwell.
De
la terrasse privée du pavillon des invités de la villa Capwell, Gina observait
en continu Channing et Sophia qui prenaient leur petit-déjeuner sous le belvédère.
De là où elle se trouvait, Gina ne pouvait pas entendre leur discussion;
cependant, à les voir, Gina était certaine qu'ils n'étaient pas encore réconciliés.
- Si je pouvais les entendre... Je suis certaine que Pamela payerait cher les informations que je pourrais obtenir. Channing, où es-tu parti au cours de ces quelques jours ?...
Sous
le feuillage du belvédère, Sophia se posait exactement la même question. Elle
avait accepté l'invitation de son ex-mari à prendre le petit-déjeuner afin d'obtenir
de sa part des réponses aux nombreuses questions qu'elle se posait.
-
Channing, es-tu certain que nous ne pouvons rien faire contre Pamela ? Elle
a vraiment pris la direction des Entreprises Capwell ?
-
Oui, Sophia. Il n'y a plus d'Entreprises Capwell pour le moment. Mais ce n'est
pas la priorité. L'important, c'est Eden. Il faut, et le plus vite possible,
lui faire retrouver la raison. Il faut libérer Eden des griffes de Kirk et de
cette sorcière de Pamela.
-
Je suis tout à fait d'accord avec toi, Channing. Mais...
-
Sophia, il ne peut y avoir de mais. Nous parlons de nos enfants... Nous parlons
d'Eden.
Sophia
se leva et partit s'appuyer contre l'un des montants du belvédère.
-
Channing, je te connais mieux que quiconque, et je sais que tu veux que je me
concentre sur Eden, parce que tu me caches quelque chose... Channing, où étais-tu
ces derniers jours ?
-
Sophia... Sophia, tu sais que je t'aime, que tu es très importante pour moi...
Sophia, je suis resté ici, en ville. Je voulais rester seul, pour réfléchir.
Channing
s'approcha de son ex-femme, la serra dans ses bras.
-
Sophia, je t'aime. Je te jure que je ne te cache rien. Moi aussi j'ai à coeur
de reprendre le contrôle des Entreprises Capwell, d'ailleurs, Mason a fait de
son mieux pour en sauver l'essentiel... Mais, en cette seconde, je peux te jurer
que toute mon attention est tournée vers Eden.
Sophia se laissa aller contre le torse de Channing. Elle avait tant besoin de se sentir rassurée.
Souterrain reliant les villas Capwell et Lockridge.
Assise
sur un tas de pierres au milieu du souterrain, Eden / Lisa observait avec la
plus grande concentration les photos qu'elle avait dérobées dans la chambre d'Augusta
Lockridge. Eden / Lisa scrutait attentivement chacun des visages des personnes
présentes sur les photos. Elle reconnut sans la moindre difficulté, même avec
les années, son père, le puissant Channing Creighton Capwell. Grâce aux
coupures de journaux qu'elle avait pu lire depuis son retour en ville, Eden /
Lisa reconnut la silhouette de Franco Parisi, qui était présent sur toutes les
photos. Pour les autres, en dépit de tous ses efforts, elle ne parvenait pas à
mettre un nom sur les visages.
Après
être restée un long moment, elle recacha les documents et décida de quitter
les lieux, en passant par la villa Capwell. Une infime partie de son être
voulait voir l'endroit où elle avait grandi. En sortant du souterrain par
le bureau de C.C., Eden se dirigea vers la bibliothèque. Alors qu'elle marchait
dans le couloir, son regard fut comme happé par un tableau sur un mur.
Eden
/ Lisa s'arrêta net. La villa tout autour d'elle se mit à trembler, et des
voix se mirent à parler dans sa tête.
-
Barr Industrie n'est
que vitrine...
Et Channing ne doit pas être au courant. Nous savons ce qu'il
en coûte de doubler Channing. Grant non plus ne doit pas être au courant. Il
est primordial, si on veut que notre plan réussisse,
de garder le silence.
L'écho
des voix de Channing et de Sophia la fit sortir de sa paralysie. Il ne fallait
surtout pas que Channing et Sophia découvrent sa présence. D'ailleurs, elle
devait retourner au plus vite à
Chambre d'Augusta Lockridge.
Confortablement
assisse sur son lit, Augusta regardait les scans des documents contenus dans la mallette
de Franco Parisi. A l'aide de son ordinateur portable, Augusta scrutait le
moindre détail sur les photos.
-
Warren, Warren tu es vraiment un génie. Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt ?
L'important n'est pas de savoir qui se trouve sur ces photos, mais qui les a
prises ! Alors, commençons la liste. On peut déjà effacer Channing. Qui,
à cette époque, tournait autour de lui, en plus de Grant, de Franco Parisi, de
Pamela... Hal Clark...
Augusta
leva les yeux et toute son attention s'évada par la fenêtre grande ouverte. Sa
mémoire remontait le temps à grande vitesse. En ce temps-là, elle passait son
temps à écouter Minx ressasser les vieux souvenirs de la vieille guerre entre
Capwell et Lockridge.
-
Channing avait parlé de Las Sirenas. D'un projet qui parlait d'extraction de l'uranium...
Je ne pense pas que les ouvriers et autres petites gens aient à voir dans la
mort de Franco... Il faut chercher dans l'entourage proche des Capwell.
Tandis
qu'elle réfléchissait au pensé, Deana Kincaid présentait un reportage sur la
fabuleuse vente aux enchères qui se tiendrait dans les murs du musée. A ses côtés,
Kirk Cranston affichait un sourire de publicité.
-
Ma pauvre Augusta, parfois je me dis que tu ne saurais pas reconnaître un
diamant dans un tas de charbon... Qui pouvait être plus prêt de Channing et de
ses pairs que son avocat... Jack Stanfield Lee... D'ailleurs, si je me souviens
bien, en plus d'être avocat, à l'époque, il rêvait de politique, de se
frotter au sein des seins, à Washington. Et Channing devait en redemander, lui
qui espérait
Augusta
referma son ordinateur. Elle savait qu'elle approchait de la vérité.
- Channing, il va falloir que nous ayons une petite discussion...
Capwell Tower, Santa Barbara.
Mason
s'engagea dans l'ascenseur. Mentalement, il se remémorait toutes les
fois où il s'était rendu dans le bureau au sommet de cette tour, dans le
bureau de son père, l'ancien bureau d'Emmett Capwell. Aujourd'hui, presque
comme toujours, il avait reçu l'ordre de se rendre dans ce lieu, non pas à la
demande de son père, mais à la demande de sa mère.
-
Quelque soient tes rêves, je crains que je ne pourrai pas en faire partie. Ton
départ, ton absence, m'ont contraint de choisir un camp... le tien. Aujourd'hui,
en dépit de tout ce que tu penses, je reste neutre, mon coeur ne peut pencher
ni de ton côté, ni du côté de Channing...
L'ascenseur
s'arrêta au dernier étage. Les portes s'ouvrirent et Mason gagna lentement le
bureau de son père. La porte était grande ouverte, et Mason put voir Pamela
assise à même le meuble, buvant un verre de vin blanc et, face à elle, la
silhouette de Kirk Cranston. Mason marqua une pause. Des années plus tôt, il
avait détesté Kirk parce qu'il représentait un rival potentiel. Aujourd'hui,
il le haïssait encore plus car, indirectement, il prenait sa place dans le coeur
de Pamela Conrad.
Mason
toisa Kirk du regard, le méprisant ouvertement.
Pamela
lui ouvrit grand les bras.
-
Je t'avais promis, le jour de mon départ, que je reviendrais. Et qu'un jour, l'empire
de Channing serait à nous.
-
Je ne garde aucun souvenir de ces moments. Dans ma mémoire, tu as quitté la
villa sans même un seul mot pour ton fils.
-
Mason, comment aurais-je pu t'abandonner sans la moindre parole...
-
De la même façon, que tu as quitté la villa après la mort de Ben Clark. De
la même façon que tu as tout fait pour je crois en ton suicide.
Pamela
se détacha des bras de son fils. Qu'importe ce que pouvait bien penser son
fils, cela n'avait guère d'importance puisqu'elle avait intimement la
conviction que Mason, puis Jeffrey, se rangeraient bientôt à ses côtés. N'était-elle
pas maître en ce jour des Entreprises Capwell ?
-
J'ai été déçue, Mason chérie, te voir que tu t'étais rangé du côté de
C.C..
-
Pouvait-on en attendre autrement de la part d'un habitué à la traîtrise ?!
-
Kirk ! Il s'agit de mon fils.
-
Ce n'est pas grave, mère. Kirk a toujours été insignifiant aux yeux des
Capwell. Tout comme son père. Un moment, il a cru s'approcher des étoiles, en
épousant Eden... Mais personne n'a été dupe.
Kirk
se redressa vite, mais le regard glacial de Pamela l'empêcha de poursuivre.
-
D'ailleurs, mère, pourrais-je savoir où se trouve ma soeur ?
-
Demi-soeur... Eden, Eden... Elle doit être encore en train de traîner dans les
ruines de sa vie, à la recherche de ce qu'elle croit être elle. Mais ne
parlons pas de cette moins que rien, Mason. Mon fils chéri, nous sommes ici
pour parler de ton avenir. De notre avenir. Regarde, Mason, tout cela est à
nous... A nous, à toi, à moi et à Jeffrey ! En dépit des documents que
tu as faits pour Channing, je ne t'en veux pas. A condition que tu rejoignes mon
camp, et que tu jures devant la cour suprême de Californie s'il le faut, que
tous ces documents sont faux. Mason, il est temps pour toi de rejoindre mes
rangs !
-
Tes rangs... Mère, je suis dans l'impossibilité de le faire. Comment choisir
entre le jour et la nuit ?
Pamela
s'approcha de la baie vitrée.
-
Je te parle, Mason, de tout cela. Songe à cet empire qui s'étend au-delà de
Santa Barbara. Songe à l'argent et au pouvoir que je tiens dans mes mains.
Mason, tout cela est à nous, et je peux te promettre bien plus encore. Kirk m'aide
à faire en sorte de rayer à tout jamais les Entreprises Capwell de la surface
de
La
sonnerie du téléphone mit un terme à la tirade de Pamela.
-
Vous êtes sûr, vous n'avez pas de nouvelles de Jeffrey ? Aucune piste
depuis son départ vers l'Australie... Je vous ordonne de faire tout ce qui est
possible pour le retrouver et le ramener ici. Je veux mes fils à mes côtés
pour la vente aux enchères. Je veux qu'ils assistent à ma victoire !
Mason
regarda un moment sa mère; l'éclat qui brillait dans ses yeux, Mason en était
certain, ne concernait ni Jeffrey, ni lui-même. Pamela Capwell Conrad ne vivait
que pour sa vengeance.
-
Mason, je te laisse jusqu'à la vente aux enchères. C'est Channing ou moi, et
tu ne peux pas avoir les deux.
Mason quitta le bureau, le coeur lourd, rempli de solitude et du vide de l'absence.
Sénat des Etats Unis, Washington.
-
J'ai l'impression de revivre le passé. Messieurs, je peux vous assurer que vos
décisions n'apporteront nulle aide aux hommes de Khareef. Peu importe les
sanctions que vous prendrez contre Channing Capwell ou les contre les
Entreprises Capwell, cela ne modifiera en rien la pollution dans le Golfe.
-
Sénateur Ewing, vous parlez comme un pétrolier... Votre coeur et votre raison
semblent soutenir Capwell.
-
Voyons, Sénateur Bateman, vous savez que ce n'est pas vrai. Il me semble que je
suis la personne de cette commission à être ni pour Capwell, ni contre
Capwell, contrairement à vous...
Tous
les regards de la commission se portèrent sur Bobby Ewing.
-
Sénateur Ewing, vous semblez mal interpréter nos convictions. Seules les conséquences
sur l'environnement nous importent. De Capwell, nous n'en avons rien à faire. C'est
pour cela que nous acceptons à l'unanimité les différentes sanctions.
-
A l'unanimité... Non, je veux rester en dehors de cela.
-
Soit. Nous sommes tous d'accord pour annoncer les sanctions lors de la vente aux
enchères. Bientôt, il ne restera plus aucune miette en ce qui concerne les
Entreprises Capwell.
Bobby
Ewing se leva pour passer un coup de fil. Avant qu'il ne puisse prévenir Julia
Wainwright Capwell des décisions prises, il fut stoppé dans son geste par le Sénateur
Paul Burke.
- A votre place, je ne passerais pas ce coup de fil. Aux yeux du monde, nous devons être unis. Les Capwell apprendront bien assez tôt le funeste sort qui les attend !
Bureau de C.C. Capwell, Pacific Sud.
Augusta
s'arrêta un instant sur le seuil de la porte du bureau de son associé.
Channing débordait d'activité : de nombreux documents s'étalaient sur
son bureau, certains même de taille plus importante avaient été délicatement
posés à même le sol. Channing se préparait à partir en guerre, elle en était
certaine.
-
Ainsi, c'est donc vrai, le preux chevalier Capwell est revenu d'entre les morts,
pour rendre justice et reprendre ce que la méchante sorcière Pamela lui a
sournoisement volé !
C'est
à peine si Channing leva les yeux.
-
Augusta, si vous le permettez, je voudrais être seul. Comme vous le voyez, j'ai
besoin d'être seul.
Le
ton était sans appel.
Comme
à son habitude, Augusta fit celle qui était offusquée, et s'installa dans un
fauteuil face lui.
-
Channing, d'ordinaire je me serais sentie insultée par de tels propos, mais
aujourd'hui, je me sens d'humeur très agréable. Et avec un verre de gin, j'en
oublierais presque votre air bougon. Car, Channing, j'ai à vous parler. Vous
savez, moi, je n'ai que faire de vos pseudo-morts et pseudo-résurrections...
Cela peut plaire à Sophia, mais moi, je ne sais pas, cela m'indiffère.
-
Augusta, par pitié, je n'ai pas le temps.
-
Je sais, Channing, vous avez un empire à reconquérir, une fille à sauver, et
une ex-femme à regagner. D'ailleurs, je me demande bien laquelle des trois vous
allez choisir : Pamela, Sophia ou Gina... A moins que vous nous en sortiez
une de dessous votre chapeau.
Channing
leva les yeux de son travail.
-
Augusta, je n'ai vraiment pas le temps de jouer à chien et chat avec vous.
-
Hum... Dommage, le vilain que vous êtes aurait pu mordre la tigresse que je
suis ! Enfin, j'étais venue pour vous aider, mais si vous le prenez ainsi,
je ne vous parlerai pas du passé et de Pamela...
Channing
s'arrêta. Augusta venait de capter son intérêt : il connaissait Augusta
par coeur, et jamais, il le savait, elle ne levait un coin du voile sans détenir
de sérieuses informations.
-
Très bien, Augusta, j'écoute.
-
Tenez, Channing. Voici une vieille photo extraite de ma collection privée.
-
Les photos des Lockridge...
Il
s'agissait d'un vieux cliché en noir et blanc, une vieille photo d'un petit
groupe d'individus installé sur la terrasse de la villa Capwell, à l'ombre des
arcades.
-
J'ai reconnu à peu près tout le monde, à l'exception de cette femme, assise
aux côtés de Channing Junior.
Channing
prit la photo et la regarda attentivement.
-
Il s'agit de Rebecca. Rebecca Barr...
-
Rebecca Barr ? Je ne comprends pas.
Tout
en observant la photo, le cerveau de Channing essayait de réunir les vieux éléments
du passé.
- Venez, Augusta, il faut que nous allions à la villa. Je préviens Mason et Julia pour qu'ils nous y retrouvent.
Bureau de C.C. Capwell, villa Capwell.
C.C.
gara sa voiture juste devant l'entrée de sa villa. Pour rentrer de Pacific Sud,
Channing et Augusta avaient pris des chemins de terre, afin d'éviter les
nombreux journalistes qui campaient devant l'entrée principale de la propriété.
-
Venez, Augusta. Dépêchez-vous !
Ils
s'engouffrèrent dans la villa, puis gagnèrent presque au pas de course le
bureau du maître des lieux. Mason et Julia, ainsi que Daniel, les attendaient,
installés dans les fauteuils de cuir.
-
J'ai besoin de vous trois. Il faut que vous me retrouviez tous les documents
relatifs à la création de Barr Industries. Je suis certain que la clé du mystère
se trouve dans ces vieux papiers.
Tout
en parlant, Channing prit place contre la bibliothèque, derrière son bureau.
-
Je pense qu'il faudra que l'un d'entre vous se rende à Las Sirenas. Il se peut
que d'autres éléments de réponse se trouvent dans l'ancienne propriété de
Franco.
-
Et que devons-nous chercher, Channing ?
-
Je n'en sais pas plus que vous, Julia. Mais une chose est certaine, il s'agit
sans nul doute de documents parlant de l'avenir de Barr Industries... Documents
rédigés entre Pamela et Franco...
-
Monsieur Capwell, nous avons déjà tout cherché, tout lu et relu en ce qui
concerne la création, les statuts de Barr Industries. Et nous n'avons rien
trouvé.
-
Et bien, cherchez encore, Daniel ! Je ne sais pas, mais faites un effort...
Il en va de ma société, de ma famille, de ma vie, que diable ! Je ne vais
pas me contenter d'un simple : «On a essayé... ». Daniel, vous êtes
à mon service et j'attends de vous que vous travailliez sur ce dossier jour et
nuit....
Julia
posa sa main sur l'avant-bras de Daniel, en geste de soutien et de réconfort.
Spectatrice,
Augusta se délectait de la scène : le vrai visage de Channing Capwell
remontait à la surface...
-
S'il le faut, je veux que vous pénétriez à l'intérieur des bureaux des
Entreprises Capwell pour lire la moindre note, le moindre mémo présent dans
les archives. Je veux tout ce qui concerne Barr Industries jusqu'à aujourd'hui.
La
colère montait aux joues de Channing. Visiblement, il ne paraissait pas
concevoir que son avocat puisse avoir d'autres priorités dans la vie que la
survie des Entreprises Capwell.
-
Vous savez, Daniel, peu m'importe les rapports que vous entretenez avec l'un de
mes enfants. Vous êtes à mon service, ne l'oubliez jamais...
Augusta
Lockridge s'écarta pour laisser passer Daniel qui quittait la pièce, obéissant
aux ordres du seigneur des lieux.
Avant
même que Julia ne fasse la moindre objection, Channing lui lança un regard des
plus sombres, lui ordonnant l'ordre de se taire.
Augusta
s'approcha et prit place sur le bureau.
-
Maintenant que nous sommes en famille, on va pouvoir parler d'un autre détail.
Mason, vous souvenez-vous de Rebecca Barr ?
-
Rebecca Barr ? Je ne me souviens pas de grand-chose à son sujet. A l'époque,
je faisais mon droit à Harvard.
-
Mason, fais un effort, je t'en prie. Aujourd'hui, je ne pourrais pas te signer
de chèque pour payer tes petites informations. C'est de ta famille aussi que
nous parlons, à moins que tu aies choisi de changer de camp et de rejoindre les
rangs de ta mère. Ce qui ne m'étonnerait pas !
Les
vieilles rancoeurs entre le père et le fils remontaient à la surface. Depuis
la naissance de Channing Junior, ni Mason, ni Channing Senior ne pouvaient dépasser
le fait que Mason, bien que fils aîné, ne soit pas le fils de Sophia.
-
Channing, je ne pense pas que cela soit le lieu et le moment de parler du passé.
-
Laisse, chérie.
Mason
dévisageait son père.
-
Cela ne fait rien. Aux yeux de Channing, je serai toujours un traître... Que je
le trahisse ou pas, cela n'a pas d'importance. Je suis le fils de Pamela. Et
toute ma vie, j'aurai à payer cette erreur. Erreur dont il est lui-même à l'origine,
car si je ne m'abuse, ne serait-ce pas toi, père, qui a volé Pamela à Ben
puis, à Grant, à ton propre frère ! ! Et j'oubliais Alex Nikolas...
-
Arrête, Mason...
-
Tu vois, dès qu'on parle de la vérité et non pas de la tienne, il faut se
taire. Ne surtout jamais dire à C.C. ce qui peut lui déplaire...
-
Mason, je te jure que si jamais je découvre que tu es l'allié de Pamela dans
cette vendetta, je...
-
Tu quoi ? Tu me déshériteras ? Tu l'as déjà fait tant de fois. Au
profit de Brandon. D'Eden. De Kelly... Tu crois vraiment c'est cela que j'attends
de mon père...
Soudain,
la porte du bureau s'ouvrit et Sophia entra.
-
Qu'est ce qui se passe ?
-
Rien.
-
Voyons, Channing, je vous ai entendus de l'autre bout de la villa.
-
Rien.
Visiblement
heureuse de la scène, Augusta se délectait de sa présence ici.
-
Et bien, cela doit être quelque chose de vivre ici. Moi, qui croyais que vous
vous ennuyiez.
Personne
ne releva sa remarque.
-
Channing, je peux te voir un moment ? En privé.
-
Sophia, là tout de suite, ce n'est pas le moment. Nous avons à parler,
ensemble.
-
Avec... Augusta ?
-
Oui.
-
Channing, c'est important.
Channing
regarda Sophia, puis Augusta, qui ne cessait de sourire.
-
Sophia, nous avons à parler des Entreprises Capwell. J'arrive dès que j'en
aurai terminé.
Visiblement
très fatiguée, Sophia s'effaça. Elle connaissait trop bien Channing pour
savoir toute l'importance qu'il accordait aux entreprises Capwell. Résignée,
elle gagna l'atrium de la villa.
-
Channing, j'espère que tu me pardonneras. Nous avons toi et moi un choix à
faire.
Sophia
finit de rédiger un mot à l'attention de Channing.
Chéri,
Je suis du côté de la famille,
de ton côté. Je l'ai toujours été et je le serai
toujours.
Je te regarde te battre pour
sauvegarder l'héritage Capwell, et je sais que
tu as parfaitement raison. Nous avons tous les deux le même rêve, la même espérance... Un but unique, mais des méthodes
différentes pour y parvenir. Je te souhaite de réussir. De tout mon coeur. De la même façon,
souhaite-moi bonne chance. Je vais poursuivre mon combat : au nom de mes
enfants. Pour Eden... Ted, Kelly, Mason... Je ne peux pas les abandonner. Je
t'en supplie, Channing. Ne cesse jamais de leur dire combien je les ai aimés... Combien nous nous sommes aimés. Où que j'aille, Channing, j'emporterai ton amour bien vivant
avec moi. Je t'implore de me croire : je t'aime. Je t'aime au-delà de toutes mesures, de toutes dimensions. Il n'y a jamais eu que toi dans mon être.
Et il n'y aura jamais que toi.
Je t'aime.
Sophia.
En
refermant la lourde porte derrière elle, Sophia savait très certainement qu'elle
ne remettrait plus jamais les pieds ici. D'autres moments remontèrent à la
surface, en particulier cette terrible nuit où Cruz était venu l'arrêter au
cimetière pour le meurtre de son fils tant aimé. Elle conservait encore sur
elle l'empreinte de cette souffrance, de cette sourde douleur.
- Adieu, mes chéris, j'espère que vous comprendrez. Et que vous me pardonnerez...
Dans
le bureau, Mason empoignait son père et le maintenait plaqué contre la cheminée.
Augusta maintenait Julia pour l'empêcher d'intervenir.
-
Vas-y, frappe-moi. Ne te gène pas... Regarde-toi, Mason... C'est cela que tu es !
Le
sang, la colère et des années de frustration se libéraient en Mason, tout à
coup. Il les sentait bouillir en lui, dans son corps, dans ses mains, dans ses poings.
Des insultes, des remarques, résonnaient avec fracas dans ses oreilles.
-
Voilà ce que tu es, Mason... Voilà l'image que tu veux offrir à Julia !
Mason
arma son poing, prêt à frapper. Et pourtant, il l'arrêta à quelques centimètres
du visage de son père. Mason venait de découvrir un moyen de blesser son père,
bien au-delà de ce simple coup de poing.
Il
lâcha son père qui retrouvait lentement son souffle.
Julia
voulut s'approcher de Mason, mais ce dernier s'en écarta. Il voulait en
terminer aujourd'hui de ce combat, qui perdurait depuis tant d'années
-
Tu veux que je te parle de Rebecca Barr...
Yeux
dans les yeux avec son fils, C.C. acquiesça d'un hochement de tête.
-
Rebecca Barr... Visiblement, ta mémoire reste toujours sélective en ce qui
concerne Channing Junior.
-
Channing Junior ! Je ne comprends pas, Mason...
Mason
se préparait à prendre un certain plaisir à dire ce qui allait suivre.
-
Il y a des années de cela, Channing Junior, lors de ses études, nous a présenté
une amie : Rebecca Barr... Une jeune femme brune, intelligente, brillante...
Il l'a tout de suite fait participer à votre nouveau projet... Celui que tu
montais en secret avec Franco et vos associés. Et aujourd'hui, nous savons tous
que Pamela en faisait partie. C'est Channing Junior et Jack Lee qui ont exigé
que la nouvelle société porte le nom de sa petite-amie.
Alors
que Mason redonnait vie au passé, dans l'esprit de Channing Capwell, le
brouillard se dissipait. Les exigences de Channing Junior. Le soutien de Jack
Lee...
-
Et oui, le fils chéri, le fils tant aimé, avec les années, s'avère peut-être
un traître.. Un traître qui, trahison des trahisons, a comploté avec la plus
terrible des sorcières, ma mère, Pamela Pepperidge !
-
Mason, arrête !
Channing
au supplice, Mason ne pouvait pas s'arrêter.
-
Quelle douleur immense... N'est-ce pas, papa, s'apercevoir qu'en plus de savoir
que ce fils parfait, ce quasi Dieu, ce parfait Capwell, n'est pas de son sang, n'est
pas le fruit de sa chair, est certainement un traître, un traître à l'origine
de la destruction de l'Empire Capwell...
-
Mason !
Julia
s'approcha de son époux. Elle réussit à le calmer et à lui faire quitter le
bureau.
C.C.
resta seul avec Augusta. Cette dernière ne cessait de le dévisageait tout en
jouant avec ses bracelets.
-
Je commence à comprendre...
-
Très bien, Channing. Ne pensez-vous pas qu'il est peut-être temps de m'expliquer ?
Le
front appuyé contre le bois de la bibliothèque, Channing songeait au passé,
au retour de Pamela, à l'étrange marché qu'elle était venue lui proposer, à
Franco et à leurs projets pour l'île de Las Sirenas.
-
A l'époque, les lois internationales étaient totalement différentes. Mon
avocat Jack Lee était venu pour me parler d'une petite île qu'il allait mettre
en vente. Selon lui, l'endroit regorgeait de richesses qui ne demandaient qu'à
être exploitées. La seule condition imposée par les autorités locales ne
concernaient que la domiciliation des fonds; c'est pour cette raison que nous
avons créé de toutes pièces Barr Industries. Il ne fallait en aucun cas que
le nom Capwell apparaisse sur les statuts de la société. Nous devions tous cogérer
la société puis, de fil en aiguille, Franco a pris totalement le contrôle
tout en respectant les accords qui nous reliaient les uns aux autres.
Et
tandis que Channing soulevait le voile du passé, des possibilités de mobile se
dessinaient.
-
Channing, êtes-vous certain qu'Eden soit à l'origine du coup ? Cela ne
serait pas la première fois que vous vous tromperiez sur de telles conclusions.
Si je m'abuse, Joe Perkins...
Le
regard glacial de C.C. la stoppa net.
-
Je le voudrais bien, Augusta. Mais pas cette fois. Tout de suite après la détonation,
je me suis précipité dans la cave; Eden se tenait juste devant le corps de
Franco, une arme à la main. Et elle ne cessait de répéter qu'elle venait de
le tuer. Je n'ai croisé personne en chemin. Il n'y a aucun doute possible.
Channing
baissa les yeux.
- Je n'ai pas d'autres choix que de me battre pour éviter la prison à Eden...
Kelly
avait été contrainte d'user de son nom et de l'argent des Capwell pour réserver
pour elle seule le restaurant mexicain :
Ce
soir, elle occupait avec Marisa Perkins et Tyler McCandless une table sous une
arche, comme des années plus tôt.
L'ambiance
était très vite devenue chaleureuse entre Tyler et les deux femmes. Tyler
McCandless osait évoquer pour la première fois le passé et la douleur de l'absence.
Marisa le détaillait attentivement, cherchant à trouver l'âme qui habitait l'enveloppe
charnelle face à ses yeux.
Kelly
se sentait plonger dans une agréable spirale qui la ramenait avec douceur dans
les années 1983, 1984. Dans son coeur, une fenêtre venait de s'ouvrir qui
balayait d'un simple revers de la main tous les doutes de son esprit. Cet
homme-là ne pouvait être que Joe, que son Joe. D'ailleurs, en ce moment, il
osait soulever le voile sur son passé pour raconter ce qu'il s'était passé au
sortir de la maison des Perkins.
-
Quand j'ai été conduit à l'hôpital, j'ai prié pour qu'ils puissent me
sauver. Je savais que plus rien n'empêcherait notre amour de vivre, de grandir.
J'avais tant d'espoir qui dansait devant mes yeux. Nous avions la vie pour nous.
Soudain,
la musique mexicaine s'arrêta et les voix de Jeffrey Osborne et Joyce Kennedy
prirent le relais. Les premières notes de The
Last Time I Made Love emplirent la salle de restaurant. De fines larmes
scintillaient au coin des yeux de Kelly.
-
Te souviens-tu de cette chanson, Kelly ?
-
Bien sûr. J'étais avec Joe, tout le monde le croyait mort, disparu dans l'océan...
Et nous nous sommes retrouvés dans la suite présidentielle de l'Hôtel Capwell...
Sous
la table, la main de Tyler étreignit fermement celle de Kelly.
-
Ne plus vous voir fut une véritable torture, mais je n'avais pas d'autres
choix. Les médecins ne m'avaient laissé aucun espoir. Je ne pouvais pas t'imposer
ce fardeau, ni à toi, ni à ma famille. Vous n'aviez déjà que trop eu à
verser de larmes après la mort de Channing. Je ne pouvais pas à nouveau exiger
de vous ce choix... Alors, je l'ai fait pour vous... Les médecins m'ont aidé.
Ils m'ont injecté une substance qui mimerait ma mort. Après, ils m'ont fait
quitter la ville pour
-
Pourquoi, Joe... Pourquoi ? Nous t'aimions tous. Je t'aimais... Je t'aurais
suivi sur n'importe quelle route, tu sais...
A
présent que les barrières de l'impossible venaient de s'effondrer, Kelly
nageait en plein bonheur. L'inimaginable devenait réel. Les miracles en ce
monde étaient possibles. D'ailleurs, n'avait-elle pas retrouvé Joe à
plusieurs reprises ? Son coeur tout entier n'envisageait même pas la
possibilité du doute. Joe lui était revenu. C'était la réalité. Et depuis
tant d'années, elle ne survivait que dans l'attente de ces retrouvailles. Les
hommes qui avaient traversé sa vie, depuis 1985, n'avaient que pour but de
combler le vide de l'absence laissé par son Joe.
Joe
poursuivait son récit, ponctuant de faits et d'anecdotes que seul lui pouvait
connaître. Lentement, les années de vide se comblaient, et l'amour explosait
dans le coeur de Kelly. En femme aimante, elle pardonnait ces années de silence
et de souffrance; car seuls comptaient les secondes, les heures, les mois qui
allaient s'offrir à eux.
-
Joe, je suis si heureuse....
Les
larmes ruisselaient sur ses joues. Elle s'appuya un moment contre son épaule,
heureuse de sentir physiquement sa présence à ses côtés. Joe était revenu.
Son Joe était revenu. Le monde pouvait s'effondrer, cela n'aurait aucune
importance.
-
Longtemps, j'ai hésité avant de revenir. J'avais tant de peurs et de doute...
Je ne savais pas comment envisager notre rencontre. Je ne pouvais revenir dans
vos vies, du jour au lendemain. C'est en lisant une biographie sur C.C., qui
traitait de la résurrection de Sophia, que je me suis décidé. Je suis parti
pour New York et c'est là, dans une galerie, que ma route a à nouveau croisé
la tienne...
La
suite, Kelly la connaissait, Joe n'avait pas besoin de la lui raconter.
Il
se détourna alors vers sa mère et la questionna avec frénésie sur les autres
membres de sa famille. S'il posa des questions sur Jade et sur la mort d'Amy, à
aucun moment, il ne posa de questions sur le petit Johnny, son neveu. Il
ignorait une partie des événements survenus au cours de son absence et,
curieusement, il pouvait en parler de certains, comme s'ils les avaient réellement
vécus.
La
soirée s'étira lentement. Les heures passaient sous le signe des
retrouvailles. Tyler / Joe finit par se lever le premier.
-
Il est temps pour moi de partir.
Kelly
blêmit.
-
Je dois vous donner du temps. Je le sais. Non, Kelly, ne dit rien, ne fait rien.
Je sais parfaitement ce que te dicte ton coeur. Je le connais, je sais le lire...
Mais il faut que le temps passe, un peu, pour que la raison et le coeur se
rejoignent... Il m'a fallu longtemps avant de franchir le pas et de revenir vers
vous. Il est normal que je vous laisse tout le temps qu'il faudra. Je sais qu'on
se retrouvera. Je le sais... C'est ancré au plus profond de moi.
Kelly,
silencieuse, le regarda s'approcher de Marisa.
-
Comme à l'habitude, je te demande de prendre bien soin d'elle. Et de continuer
à veiller sur la famille. Nous n'existons que grâce à toi. Tu as toujours été
la force et l'amour qui cimente les Perkins entre eux.
Marisa
chercha à capter le regard de l'homme au devant elle, tandis qu'il lui déposa
un baiser sur le front.
- A bientôt. Je l'espère...
Ancien appartement de Kelly, 200 Anapamu, apt. 7.
Kelly
et Marisa, après leur soirée à
Elles
partageaient aujourd'hui une proximité, une intimité, qu'elles n'avaient pas réellement
partagé des années plus tôt, alors que Kelly et Joe étaient mari et femme.
Cette fois-ci, elles savaient pleinement qu'elles partageaient non pas un
avenir, mais un fragment
de vie.
Tout
en buvant son café, contrairement à Kelly, Marisa songeait à l'avenir. Son
regard se portait vers le futur, vers le petit Johnny qui aurait, plus tard, à
affronter non pas des erreurs, mais toute une suite de circonstances qui ne lui
faciliterait pas la vie. Et comment se construire une vie quand sa mère s'en était
allée, au loin... Et comment lui faire comprendre, si vraiment Joe était
revenu, que sa maman, elle, ne reviendrait pas.
Kelly
ferma les yeux et se replongea dans le passé. Le souvenir des baisers de Joe
sur les lèvres, de son corps contre le sien après avoir fait l'amour... Tant
de sentiments et de sensations qui se réveillaient en elle, après des années
de silence. Kelly pouvait comparer cette renaissance à la fin de sa paralysie,
alors que son coeur hésitait entre Robert et Quinn. Curieusement, aujourd'hui,
son coeur n'hésitait pas; Joe est revenu. Rien qu'à l'idée d'espérer à la
vie qui s'ouvrait à elle, son corps frémit de désir et d'envie. Elle avait
besoin de lui, besoin de Joe, de le sentir au plus près d'elle.
-
J'ai tellement prié, Marisa, pour que ce jour arrive. Et aujourd'hui, j'ai
comme la certitude que cela devait arriver. Je ne suis pas plus étonnée que
cela de cette nouvelle résurrection, comme si je le savais depuis toujours et
que je m'étais refusée à cette idée. Vous vous rendez compte, Marisa :
Joe est revenu ! Il nous est revenu... Nous allons pouvoir reprendre le
cours de nos vies, là où nous l'avions laissé...
Marisa
se détourna vers Kelly. Elle songea une fraction de seconde à tous les morts
qui avaient ponctué sa vie : John, Amy, Channing Junior... Joe aussi...
-
Cela me semble trop beau pour y croire...
Kelly,
d'un seul coup, vint s'agenouiller devant Marisa et lui prit les mains dans les
siennes.
-
Marisa, n'est-ce pas vous qui vous êtes dit, lorsqu'il y a une éternité de
cela, après sa disparition dans l'océan, qu'il était bel et bien vivant ?
A cette époque, il m'a fallut longtemps pour vous convaincre. Vous saviez dans
votre coeur de mère qu'il était vivant. Tout comme vous saviez qu'il était
innocent du meurtre de mon frère.
-
Peut-être, mais...
-
Je ne vois pas en quoi cette fois-ci cela est différent. D'accord,
physiquement, il a changé... Mais je sens en moi, là dans mon coeur, qu'il est
vivant. Et que cet homme qui s'est présenté à nous est bien Joe Perkins.
Notre Joe.
Tout
en lui parlant, Kelly posa une main de Marisa sur son coeur.
Kelly
lui parla de sa vie à New York, de cette présence qu'elle avait sentie renaître
en elle, aujourd'hui, elle était en certaine :
-
C'est la force de notre amour qui reprenait vie en moi. Mon coeur savait qu'il
était toujours vivant. Il me disait qu'il n'en pouvait plus de le chercher auprès
d'autres hommes... Il m'ordonnait de retourner vers Joe.
Marisa
restait silencieuse. Son coeur oscillait entre la joie et la colère.
Contrairement à Kelly, elle ne pouvait se laisser complètement envahir par la
certitude de la renaissance de son fils. D'infimes petits détails ne
correspondaient pas avec son Joe... Les mains d'abord. La voix aussi... Et puis,
ce silence sur une partie du passé, comme s'il l'ignorait...
- Kelly, je crois qu'il est temps de dormir. Demain, vous devriez aller voir votre famille, leur annoncer votre retour. Je sais qu'ils vont avoir besoin de vous.
Capwell Tower, Santa Barbara.
Mason
entendait depuis près d'une heure l'arrivée de sa mère. Il était capital qu'elle
et lui puissent avoir une conversation privée, sans Kirk, sans Julia. Pour le
bien de tous, ils devaient mettre le passé sur la table.
-
Si elle veut vraiment que je prenne sa défense, elle doit me dire la vérité.
Je dois savoir pourquoi elle n'a pas voulu me prendre avec elle, lorsque
Channing l'a mise à la porte de la villa.
Mason
enrageait, le temps passait, et il ne voyait pas arriver Pamela.
Soudain,
il vit sa silhouette qui s'approchait des ascenseurs. Il surgit derrière elle,
sans qu'elle ait le temps de le remarquer. Il lui bloqua la porte.
-
Bonjour, Maman. Il faut que nous parlions.
Ils
prirent tous les deux place dans l'ascenseur, puis Mason le stoppa entre deux étages.
Passée
la surprise, Pamela se construisit un masque et se sentit prête à croiser le
fer avec son fils.
-
Parce que tu crois réellement que j'avais le choix ? Channing m'a ordonné
de partir, seule. Je n'avais pas d'autre possibilité.
-
Je ne te crois plus. Il y a d'autres choses. Pendant longtemps, j'ai cru à
cette histoire... que tu n'étais pas assez forte pour te défendre... Mais
quand je vois la femme que tu es devenue, je reste intimement persuadé qu'il y
a autre chose... Pourquoi ne pas m'avoir repris et m'avoir confié à Alex
Nikolas, comme Elena... Pourquoi ne pas m'avoir repris lorsque tu es revenue
pour affaires avec C.C. et Franco ?
-
Je ne pouvais pas... Channing ne voulait pas. Il me l'interdisait.
-
Non, il n'y a pas que cela. Si vraiment tu m'avais aimé, tu te serais battue
pour me reprendre, comme tu te bats avec tant de forces pour détruire l'Empire
Capwell...
-
Mason, je te jure de me croire, je n'avais pas d'autre choix !
-
Arrête. Dis-moi la vérité...
Pamela
se poussa contre l'angle.
-
Maman, j'arriverai un jour à savoir pourquoi. Ne penses-tu pas qu'il vaut mieux
que je l'apprenne de ta bouche...
-
Mais, Mason chéri, il n'y a rien à apprendre. Je te dis la vérité.
-
Je ne te crois pas. Et je peux te promettre que je finirai pas savoir pourquoi...
Je te jure que je me battrai avec force pour savoir... Et, à partir d'aujourd'hui,
je t'interdis de voir Samantha. Tant que tu ne m'auras pas tout dit sur le passé,
il est hors de question que je te laisse approcher ma fille.
-
Mason, non ! C'est ma famille... C'est ma petite-fille... J'ai déjà perdu
une fille, je t'ai déjà abandonné une fois, pourquoi me torturer ainsi...
-
Alors, parle ! Je veux savoir ce que tu me caches.
Pamela
resta silencieuse. Puis, elle déverrouilla le bouton et ils reprirent leur ascension.
-
Mason, je t'aime. Il faut me croire. Je t'ai toujours aimé. Ni plus ni
moins qu'Elena ou Jeffrey. Vous êtes tous les trois mes bébés...
Elle
tendit une main vers la joue de Mason; ce dernier l'arrêta.
-
Prouve-le moi !
-
Mason, si tu t'obstines à ne pas rejoindre mon camp, je serais contrainte de te
faire du mal. Et cela, je ne le veux pas.
-
Ce que tu ne comprends pas, c'est que je ne fais partie d'aucun camp... Channing
et toi vous n'avez eu de cesse de me mentir... Si je veux m'en sortir, je ne
peux vous faire confiance. Et je ne peux choisir... A moins que tu me dises la vérité.
Dans le silence total, Mason regarda sa mère se diriger vers l'ancien bureau de son père, au sommet de la tour, le coeur vide, empli d'un silence qu'il portait depuis sa naissance...
Villa Capwell.
Surprise
de voir autant de journalistes devant le portail de l'entrée principale de la
villa de son père, Kelly poursuivit sa route. Puis, elle s'engagea sur un
sentier bordant la propriété des Lockridge. Elle laissa sa voiture à l'écart
et partit à pieds en direction de la villa.
Au détour du chemin, elle lui apparut soudain, orangée, dans la lumière du soleil levant. Un flot de souvenirs enveloppa Kelly. Ses pierres conservaient le souvenir de tant de fragments de vie. L'image accueillante de la villa la conforta dans son choix : elle avait eu en fin de compte raison de revenir à Santa Barbara.
Dans
l'atrium, Channing Capwell enrageait à la lecture des nouveaux articles de
Deana Kincaid. Il détestait cette femme pour l'image qu'elle donnait de lui.
-
Quelle menteuse ! Comment ose-t-elle écrire de tels mensonges dans son
torchon ? ! Il n'y a rien de vrai.
En
lançant au loin le journal, Channing renversa sa tasse de café.
-
Dure journée, papa.
Ted
entra par la lourde porte de bois.
-
Ah, Ted. Tu tombes bien. J'ai des documents à transmettre à Mason, et avec
cette horde de journalistes qui campent devant chez moi, je ne veux pas avoir à
sortir...
Les deux hommes gagnèrent le bureau.
Cave à vin, villa Capwell.
Eden
/ Lisa était revenue errer dans la villa Capwell. Une partie d'elle-même
voulait non pas faire remonter à la surface de vieux souvenirs, mais cherchait
à conjurer le sort. Une partie d'elle était comme morte à l'intérieur. L'enveloppe
certes restait vivante, mais au plus profond d'elle-même, Eden / Lisa ne voyait
qu'un champ de ruines. Même les informations qu'elle avait réussies à glaner
ici où là sur sa vie passée ne parvenaient pas à effacer le profond mal-être
qui avait pris possession d'elle.
Ici,
alors que ses doigts erraient sur les étagères supportant les bouteilles de
vin, Eden / Lisa entrevoyait la possibilité d'autres chemins.
Après
avoir longuement forcé sa mémoire, l'image de Franco Parisi se matérialisa
dans son esprit. Puis ce fut celle de Robert Barr, son premier grand amour. Elle
s'obligea à repousser le sourire de Cruz qui s'imposa alors à elle. Robert
Barr. Quinn Armitage... Les différentes époques se mélangeaient dans son
esprit. Puis, un autre nom ressurgit de nulle part : Rebecca Barr...
Eden
/ Lisa s'assit. Rien dans les documents qu'elle avait volés à Augusta
Lockridge ne mentionnait son nom.
- Est-il possible qu'elle soit la clé de l'énigme ?
Atrium, villa Capwell.
Appuyée
contre une colonne de pierre, le regard de Kelly se promenait sur toute l'étendue
de la pièce. Ici, elle avait vécu. Le souvenir d'une chanson lui revint en mémoire.
Ici...
Ici, j'ai
appris à aimer / Même détester / Ici, pouvoir tout recommencer...
Perdue
dans ses souvenirs, elle n'entendit pas son jeune frère qui arrivait.
-
Kelly ! ! Papa, Kelly est de retour ! !
Aussitôt,
ce furent des bras puissants qui la soulevèrent du sol et l'emportèrent dans
un tourbillon.
-
Comme je suis content !
-
Laisse-moi retrouver mon souffle, Ted !
Channing
s'approchait, visiblement très heureux du retour de sa petite fille.
- Ma petite fille chérie... Mon ange ! !
Cave à vin, villa Capwell. Eden
/ Lisa ferma les yeux. - Non, Rebecca n'est rien. J'en suis certaine. La clé est là, tout prêt de moi... Je pourrais presque la frôler... |
Atrium, villa Capwell.
Passées
les retrouvailles et les longues embrassades, Kelly replongea rapidement dans
une autre réalité : celle de la vie Capwell.
Elle
ferma les yeux. Elle se sentait en fin de compte très lasse, et pas préparée
à replonger dans une nouvelle grande bataille. Elle avait appris les déboires
de la société, la vendetta dirigée contre eux, le retour en ville de Pamela,
ainsi que celui d'Eden.
Kelly
ne put s'empêcher de trembler et d'avoir peur lorsque Ted et Channing lui
racontèrent les violents face à face qu'ils avaient eus avec elle.
-
Elle n'est plus elle-même.
Channing
lui confia aussi le lourd secret qu'ils partageaient : sa culpabilité dans
le meurtre de Franco Parisi.
Kelly, sans difficulté, retrouva en elle d'anciennes blessures : sa jalousie envers sa soeur au cours de sa relation avec Robert Barr. Toutefois, Kelly, tout comme Ted, était bien trop jeune pour conserver des souvenirs de Franco.
Villa Capwell.
Alors
qu'elle avait choisi de faire le tour de la villa, inconsciemment, les pas de
Kelly la conduisirent vers la cave à vin. La porte restée entrouverte attira
son attention et, lorsqu'elle s'avança dans la pièce, elle s'arrêta net. Elle
reconnut tout de suite la silhouette de sa soeur.
Cette
dernière, ressentant une présence, se détourna aussitôt.
Les
deux soeurs se dévisagèrent. Le temps s'arrêta, intrigué par cet échange
silence entre ces deux femmes qui s'étaient aimées, qui s'étaient détestées,
qui avaient partagé l'amour des mêmes hommes, et qui se retrouvaient...
Ni
l'une ni l'autre n'osait bouger. Dans chacun des regards, des larmes perlaient.
La lourde présence de souvenirs empoissonnaient presque la pièce, les empêchant
de se libérer et d'accepter ces retrouvailles pour ce qu'elles étaient réellement.
Dans
l'esprit d'Eden / Lisa, un violent duel s'engageait entre les deux personnalités
pour savoir celle qui prendrait le dessus le moment venu. Et alors qu'elle se
focalisait sur cette bataille, libérée de ces chaînes, la mémoire d'Eden
remontait le temps. Son accident en haut de la falaise. La naissance d'Adriana.
Son mariage avec Cruz. Kirk et ses intrigues. Le meurtre de Channing Junior.
Paris et
Soudain,
la voix de C.C. résonna dans la villa.
-
Kelly, viens ! Julia est là, avec Samantha...
Le
délicat fil des souvenirs d'Eden / Lisa se rompit, empêchant Eden de mettre un
son sur cette voix. Cependant, elle venait d'acquérir une certitude : elle
n'était pas seule dans la cave le jour de la mort de Franco. Et Pamela le
savait. Elle en était certaine.
Eden se leva et posa un doigt sur sa bouche, ordonnant ainsi à sa soeur de taire sa présence en ces lieux.
Aéroport de Dubaï.
Dans
un salon privé de l'aéroport de Dubaï, Alexis Colby s'entretenait avec un
puissant cheikh de la région. Après avoir brièvement évoqué le passé, la
conversation se porta très vite sur les affaires.
-
Voici les documents que vous avez à signer.
Alexis
regarda attentivement les documents. Ses yeux scrutaient chacun des mots. Elle
connaissait la réputation de l'homme en face d'elle et, plus que tout, elle
savait qu'il détestait traiter des affaires avec une femme.
-
Très bien. Je ne vois pas de modifications à y apporter. Le transfert de fonds
sera validé et effectué dans la soirée.
Tout
en parlant, Alexis apposa sa signature sur chacune des pages.
-
Je vous remercie, Mme Colby.
D'un
geste discret, il fit signe à un serveur d'apporter des flûtes de champagne.
-
Je bois à votre réussite. Vous voilà à
présent l'actionnaire principale de
-
N'ayez crainte, Excellence... C'est un homme qui sait comment traiter les femmes...
Après
avoir bu sa flûte, Alexis Colby reprit la direction de son jet privée qui l'attendait
sur une piste à l'écart. Elle devait maintenant s'envoler pour l'Australie,
dernière étape de son voyage, avant que le jet de
Sénat des Etats Unis, Washington. Bobby
Ewing quitta un moment la table ronde de la commission qui allait statuer
sur la responsabilité des Entreprises Capwell. Tous les autres sénateurs
le dévisagèrent alors qu'il quittait la salle. Dès que Bobby referma la
porte, l'un d'entre eux prit la parole. Pamela Conrad l'avait joint deux
heures plus tôt. - Il est important pour montrer la force de cette commission que les Entreprises Capwell soient condamnées. La peine doit être exemplaire. Il en va de notre reconnaissance et de celle des Etats Unis. Comment le monde pourra t-il croire en la justice, en notre indépendance, si nous ne nous montrons pas sévères ? |
Bureau de la villa Capwell.
Mason
raccrocha. C'était Daniel qui l'avertissait qu'il avait réussi à obtenir un
report dans la vente aux enchères de la collection Capwell. Mason était
certain qu'il s'agissait là de la seule volonté de Pamela. Elle ne pouvait pas
résister au plaisir de voir Channing assister à la vente, de le voir perdre un
à un ses petits trésors.
Mason
essaya à nouveau, en vain, de joindre Pamela. La ligne lui restait interdite.
Samantha
vint le rejoindre.
-
Papa, pourquoi tu es triste ?
-
Triste, ai-je l'air si triste ?
-
Oui. Aussi triste que lorsque maman et toi avaient eu l'accident de voiture.
-
Je vais te le dire, petite fille bien trop curieuse. C'est parce qu'aujourd'hui,
une petite fille que je connais bien n'est pas venue me faire de gros câlins...
-
Une autre fille que moi ?
-
Mais non...
Mason attrapa sa fille dans ses bras et la fit virevolter dans le ciel. Tout en jouant avec elle, il priait : «Que jamais tu ne connaisse l'abandon de tes parents, mon petit ange...»
Poste de police, Santa Barbara.
L'officier
Connor McCabe termina de relire la déclaration qu'il avait sous les yeux.
-
Vous êtes bien certaine que vous voulez aller jusqu'au bout de votre déclaration ?
Vous savez, je doute sincèrement de la véracité de vos aveux. Et je peux vous
assurer qu'il en sera de même lorsqu'ils arriveront sur le bureau du procureur.
Vous pourrez les signer autant de fois que cela sera nécessaire, jamais je ne
pourrai croire que vous avez abattu Franco Parisi. C'est absurde.
Tout
en parlant, Connor fit glisser les feuilles de papier sur la table.
-
Je vous conseille une nouvelle fois de bien réfléchir à ce que vous comptez
faire, Madame Capwell. Vous savez ce qu'il peut en coûter de mentir et de faire
de faux aveux.
Sophia
Capwell releva le regard sur le visage de Connor puis, très vite, elle le
reporta sur les documents qu'elle devait signer : ses aveux concernant le
meurtre de Franco Parisi. Tandis qu'elle fixait les papiers, Sophia songeait à
ce qu'elle avait raconté à Connor : «Lorsque j'ai appris le retour à Santa
Barbara de Pamela Pepperidge, j'ai eu peur pour mes enfants. Je ne voulais pas qu'elle puisse s'approcher d'eux et leur faire du mal. Je
voulais les protéger de cette vipère. Je n'avais pas d'autre solution que de revenir en
ville. Avec l'aide de Marcello, nous avons créé
alors le personnage de Dominic. Un soir, je me suis introduite dans la villa,
par le souterrain. Je voulais me retrouver seule à seule avec Pamela. Je
voulais me débarrasser d'elle. Définitivement. Comme j'entendais Channing Junior qui s'approchait, je me suis réfugiée
dans la cave. Là, j'ai entendu Franco qui complotait avec Pamela, contre Channing. Ils menaçaient
de s'en prendre à mes enfants. Je n'avais alors pas d'autres choix. Pamela s'est absentée un moment. Et Franco m'a découverte alors que je
sortais de la cave pour la suivre. Franco et moi nous sommes disputés. Au cours
de la bagarre, j'ai sorti le revolver que j'avais avec moi. Et un coup est
parti, tuant Franco Parisi sur le coup...»
Sophia
ferma les yeux. Puis, d'un geste très déterminé, elle prit le stylo posé à
côté de ses aveux et signa chacune des pages.
-
Allez-y Connor, faites ce que vous avez à faire...
-
Très Bien. Mais, je vous promets de faire tout ce qu'il sera possible de faire
au cours de l'enquête pour prouver que ce n'est pas vous qui avez tué Franco
Parisi.
-
Connor, je vous en prie...
-
Sophia, aidez-moi, s'il vous plaît. Dites-moi la réalité pour que je puisse
vous aider à protéger avec vous le membre de votre famille qui...
-
Connor, faites ce que vous avez à faire. Il n'y a rien d'autre à dire. J'ai tué
Franco Parisi. J'ai tué Franco Parisi...
Sophia hurla presque, comme si en plus d'en convaincre Connor McCabe, elle cherchait aussi à s'en convaincre.
Musée de Santa Barbara.
Les
lourdes portes du musée de Santa Barbara venaient de se refermer, après avoir
laissé sortir Pamela Conrad au bras de son avocat.
-
Demain soir, il en sera fini des Capwell, il en sera fini de l'Empire Capwell...
Demain, Kirk, vous et moi aurons notre vengeance. Vous avez parfaitement pris la
succession de feu votre père.
-
Merci, Pamela.
-
Il aurait été fier de vous, vous savez. Grâce à vous, nous avons pu mettre
un terme à notre plan, commencé il y a des années !
Kirk
et Pamela s'éloignèrent, alors que Deana Kincaid en terminait avec son
reportage. De plus, elle venait de s'assurer que tout serait fin prêt pour la
couverture de l'événement mondain de ce début d'année : la vente aux
enchères de la collection privée des Capwell.
Alors
qu'elle observait son équipe ranger le matériel, son téléphone portable se
mit à sonner : à l'autre bout du fil, il s'agissait du directeur de l'information.
Après
avoir raccroché, elle pressa son équipe.
-
Alors, on ressort le matériel, j'ai une info de dernière minute, une véritable
bombe ! Dépêchez-vous, nous devons être les premiers à l'annoncer. Tout
est prêt pour le direct ?
-
Oui, Deana, dans 10 secondes. 5, 4, 3, 2, à vous !
-
Bonsoir, mes cher amis, habitants de Santa Barbara. Nous interrompons nos
programmes car je viens de recevoir, à l'instant, une information importante de
Washington. Comme nous vous l'avons annoncé, suite à la catastrophe pétrolière
qui frappe la région de Khareef, une commission extraordinaire de plusieurs sénateurs
des Etats Unis s'est réunie pour prendre des sanctions à l'encontre de
Channing Capwell et des Entreprises Capwell. Aujourd'hui, une nouvelle fois,
notre pays et notre gouvernement vont montrer au monde l'importance que nous
accordons à la justice. La commission extraordinaire vient de déclarer
Channing Creighton Capwell et les Entreprises Capwell responsables du désastre
écologique qui frappe le Moyen Orient. Capwell et ses Entreprises vont devoir
payer la totalité des frais de dépollution. Mais bien plus important encore,
le Sénat des Etats- Unis, suite aux recommandations de cette commission, va déclarer
la dissolution totale et complète des Entreprises Capwell. A partir de demain,
il ne restera plus rien de l'Empire Capwell. La vente aux enchères organisée
par Pamela Conrad sera à l'origine de la dissolution des biens Capwell. Le Sénat,
demain, mettra un terme définitif à l'existence des Entreprises Capwell,
puisque plus jamais ce nom ne pourra être utilisé...