Santa Barbara, Acte 2 | ||||||
Chapitre 28 : Explosions... |
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Je
veux la foudre et l'éclair
L'odeur de poudre, le tonnerre
Je veux la fête et les rires
Je veux la foule en délire
Il suffira d'une étincelle
D'un rien, d'un contact
Il suffira d'une étincelle
D'un peu de jour
Pour
Allumer
le feu
Allumer le feu
Et faire danser les diables et les dieux
Allumer le feu
Allumer le feu
Et voir grandir la flamme dans vos yeux
Cafétéria du poste de police.
Devant
une tasse de café fumante, Connor McCabe feuilletait le journal du jour.
Localement, la presse ne semblait s'intéresser qu'aux problèmes des Capwell,
entre le procès et le projet Pacific Sud. Un peu désabusé, Connor regrettait
qu'aucun journaliste ne parle des problèmes des minorités et des gangs de rues
confrontés à la violence et à la drogue. Car c'était cela son quotidien; c'était
sa vie et la vie de la majorité des habitants de Santa Barbara. Les Capwell, il
les avait fréquentés un peu de près du temps de sa relation avec Kelly, et il
n'était pas certain, au fond, que ce monde-là lui aurait plu.
D'autres policiers, en uniforme comme lui, arrivaient pour prendre un bref moment de détente. Et bien entendu, les affaires en cours continuaient de les poursuivre, même en ce lieu. D'ailleurs, une jeune policière s'approcha de Connor.
-
Bonjour Lieutenant, puis-je vous montrer quelque chose ? Cela peut, je
pense, vous intéresser.
La
jeune femme lui présenta diverses photos. Il s'agissait de clichés pris lors
de la grande fête à l'Oasis, organisée par Augusta Lockridge. Elles avaient
été prises peu de temps avant les coups de feu sur le Général Michael
Bradford. Connor les regardait sans grand intérêt. Elle lui présenta alors
des clichés pris par la caméra de surveillance de l'Oasis. Et là, l'oeil de
lynx de Connor remarqua le détail qui avait intrigué la jeune femme.
-
Si cela vous intéresse, je peux vous faire apporter la cassette vidéo.
-
Je veux bien, merci.
Le
cerveau de Connor fonctionnait à plein régime. Il venait de mettre la main sur
un début de piste... Car, dès le début, il avait senti le mensonge dans toute
cette histoire. Cela ne tenait pas la route; il y avait bien trop de zones d'ombres.
-
Ainsi, elle nous aurait menti... Venez avec moi, nous allons voir l'intégralité
de cet enregistrement.
-
Merci.
D'un pas rapide, Connor et la jeune femme quittèrent la cafétéria.
Route menant à la Villa Capwell.
La
Mercedes de collection de Channing Capwell remontait la route en direction de sa
propriété. Il rentrait du site de Pacific Sud où, avec Augusta Lockridge, ils
venaient de prendre possession de leurs bureaux. Les travaux avançaient à un
rythme soutenu, en dépit de la menace du jugement. A ses yeux, c'était là un
moyen non négligeable de faire pression sur l'opinion publique. Et Augusta
allait dans son sens. D'ailleurs, chaque jour, elle le surprenait davantage en
ne négligeant pas ses efforts pour faire de ce projet une réussite.
Alors
qu'il approchait, son téléphone portable se mit à sonner. C.C décrocha,
surpris d'entendre la voix familière de Rosa Andrade, son ancienne gouvernante.
Passées
les civilités d'usage, elle lui avoua rapidement la raison de son appel.
-
Monsieur Capwell, il faut que vous fassiez quelque chose. Gina vient de porter
plainte contre ma Santana, pour enlèvement. Elle aurait kidnappé et emmené au
Mexique son fils Brandon.
L'autre
réalité rattrapait Channing. Depuis que Gina, un jour de septembre après le décès
de Stockman, était venue s'installer à Santa Barbara, il n'y avait eu que des
problèmes entre ces deux femmes. Elles se battaient l'amour et l'affection du
petit Brandon, comme deux chiens pour un os. Il se jura intérieurement qu'il
fallait que cela cesse. Car les connaissant, il savait parfaitement de quoi l'une
et l'autre étaient capables. A plusieurs reprises, il s'était même fait attraper
par leurs langues de vipères.
-
Rosa, je vous promets que je vais voir ce que je peux faire...
C.C.
raccrocha très vite. Son cerveau essayait de trouver une alternative à ce délicat
problème; car plus que tout, il voulait protéger son petit-fils.
-
Gina, je sais qu'avec pas mal d'argent, je pourrai venir à bout de son instinct
maternel... C'est avec Santana que cela risque d'être difficile. Je sais que
dans la vie tout a un prix, il ne me reste plus qu'à trouver le sien...
Arrivé
devant l'entrée de sa villa, Channing arrêta sa voiture et composa le numéro
de téléphone du bureau du procureur, où il avait encore de nombreux contacts.
-
Dans un premier temps, il faut bloquer sa plainte...
Et en échange de soutien politique et d'argent, Channing réussit à éloigner le spectre de la justice de Santana Andrade, sans que Gina en soit bien entendu prévenue.
Tribunal de Santa Barbara.
Sous
les arcades du palais de justice, le visage masqué derrière un large chapeau,
Gina DeMott attendait l'arrivée de son tout nouvel associé : Kirk
Cranston. Tel un serpent, il se glissa jusqu'à elle, sans qu'elle ne le voit
arriver.
-
Alors, Gina, ce témoin de dernière minute, il est où ?
-
Patience, Kirk... Je ne voudrais pas faire lâcher à nouveau votre petit coeur
Capwell ! !
Tout
en lui parlant, Gina glissa ses doigts sur sa poitrine.
-
Pas de cela avec moi. Vous savez ce qui arrive à ceux qui me trahissent...
Gina
releva la tête, car bien qu'elle avait connu de pénibles moments à cause de
Kirk, elle lui avait toujours survécu.
-
Je ne la conduirai à la barre que lorsque j'aurai mes titres de propriété,
Kirk.
-
Les voilà, Gina. Il y en a quatre. Je ne vois pas pourquoi vous vous intéressez
tant à ces bouts de terrains, d'autant qu'ils ne valent rien... Si vous comptez
faire pousser des cailloux, c'est l'endroit idéal.
-
Non, des tuyaux !
Kirk
la regarda. Visiblement, il ne la comprenait pas. Et ce n'était pas la première
fois.
Gina
détailla lentement les différents titres de propriété que Kirk avait fait
tous mettre à son nom.
-
Et bien sûr, c'est Channing qui va
payer...
-
Ils iront réclamer leur dû dès la fin de la semaine. Gina, mon témoin !
-
Ne vous en faites pas. Il est là. Il témoignera, je peux vous l'assurer. Et
après son témoignage, personne ne regardera C.C. de la même façon. Vous
comprenez que je veuille le conduire moi-même à la barre...
Gina
arrangea son chapeau et s'éloigna vers les jardins qui entouraient le palais de
justice. Elle s'approcha d'un banc où personne attendait.
- N'ayez aucune crainte. Vous n'aurez qu'à dire tout ce que C.C. vous a fait...
Salle d'audience du tribunal de Santa Barbara.
-
Merci d'être venu, Channing.
-
Si c'est important....
-
Cela l'est. Aujourd'hui, nous allons présenter les différents témoins. Et aux
yeux des médias, c'est important qu'ils vous voient, qu'ils sentent que vous
vous impliquez.
Au
même moment, Augusta vint prendre place aux côtés de Channing.
-
Je m'ennuyais dans mon nouveau bureau, alors je viens un peu me détendre.
Fou
de rage, C.C. préféra lui tourner la tête.
De
l'autre côté de l'allée, Gina prit place aussi dans la salle, un large
sourire sur les lèvres.
Toute
la salle se leva lorsque se présenta l'honorable juge David Raymond.
Un
des avocats des parties civiles fut le premier à prendre la parole.
-
Je remercie le juge David Raymond d'avoir bien voulu accepter notre requête,
bien qu'inhabituelle, et accepter de modifier le cours de ce procès, afin que
nous puissions entendre un témoin capital dans la description de la moralité
de monsieur Channing Capwell, ici présent.
Bien
entendu, Daniel et Julia émirent plusieurs objections, mais David Raymond leur
fit clairement comprendre qu'il était le juge de ce procès, et qu'il comptait
le diriger comme il l'entendait.
-
J'appelle donc notre témoin, Madame Gillis. Maggie Gillis.
Channing
pâlit légèrement. Les souvenirs d'un autre procès lui revinrent en mémoire...
Et il sentit son monde vaciller.
-
Julia, Daniel, il faut empêcher cela !
David
jubilait, alors qu'une femme escortée par Gina s'approchait de la barre.
-
Elle n'a rien à voir avec l'affaire. Vous, faites très attention à ce que
vous allez dire, n'oubliez pas ce que j'ai fait pour vous à l'époque, pour Ben
et pour vous.
-
Monsieur Capwell, vous n'avez pas le droit de parler au témoin.
-
Mais elle n'est témoin de rien !
-
Elle est là pour expliquer votre façon de faire face, en situation de crise...
-
Vous allez bientôt voir comment je gère la crise ! !
La
tension montait dans la salle d'audience. Julia et Daniel eurent toutes les
peines du monde à calmer C.C., alors que tout les regards se portaient sur l'officier
de police Maggie Gillis. Seuls Augusta Lockridge, Gina Capwell et tous les
spectateurs semblaient prendre plaisir à la scène.
A
nouveau, lorsque Maggie Gillis se présenta, C.C. s'emporta.
-
Maîtres Capwell et McBride, merci de faire comprendre à votre client qu'il
doit se calmer. Il se trouve ici dans un tribunal, et nous n'avons pas à subir
ses accès d'humeur. J'ai accepté ce témoignage, car il est important que nous
puissions nous faire une idée de la moralité de Monsieur Capwell. Veuillez
poursuivre, je vous prie.
La
tension était à son comble et tout le monde attendait l'explosion finale
-
J'ai été directement confrontée à Monsieur Capwell, lorsque avec les
conseils de mon avocat, j'ai décidé de porter plainte contre les Entreprises
Capwell suite à l'accident qu'avait subi mon époux sur une plate-forme. A l'époque,
Monsieur Capwell ne voulait pas d'un procès. Quand mon avocat et moi-même lui
avons présenté suffisamment de preuves pour gagner un éventuel procès, il préféra
régler cet incident par un accord amiable entre lui et moi.
-
Vous confirmez donc que Monsieur Capwell a préféré vous acheter plutôt que d'affronter
la justice pour ses actes...
-
Effectivement.
-
Qui était votre avocat à l'époque ?
-
Mason Capwell.
-
Pouvez-vous parler plus fort, s'il vous plait ?
-
Mason Capwell !
-
Le propre fils de Channing Capwell... Intéressant...
C'en
était trop pour Channing Capwell qui se leva et commença à interpeller le témoin.
Il est vrai que cette histoire sortie de son passé ne le plaçait pas à son
avantage. A l'époque, Maggie Gillis, conseillée par Warren Lockridge et Mason
Capwell, avait faillit mettre à mal l'image des Entreprises Capwell. Et voilà
que cette histoire, près de vingt ans plus tard, remontait à la surface.
Malgré toute la force de l'intervention de Julia et de Daniel, C.C. étalait au yeux du tribunal et aux yeux de la presse, sa rage et sa colère. Et c'est avec grande difficulté qu'il fut contraint et forcé de subir en silence le résumé de l'histoire de son affrontement avec Maggie Gillis. Par moment, il pouvait presque revivre la scène : ils étaient à la villa, il y avait Warren, Mason, qui avait osé passer de l'autre côté, et Jack Lee...
Pacific Sud.
-
Vous avez bien vérifié toutes les explosifs ?
-
Oui, Monsieur Cranston. Tout a bien été fait comme vous nous l'avez demandé.
-
Très bien
Kirk termina d'inspecter tous les points fixés par Pamela Capwell comme étant stratégiques. Chacun de ces points était à présent localisé par une lourde charge d'explosifs. Curieusement, Pamela n'avait pas voulu en mettre autour du bâtiment principal de Pacific Sud, celui qui renfermait les bureaux de C.C. et d'Augusta.
Gina
souriait : elle tenait sa revanche sur Channing et sur Augusta...
Avant
de quitter les lieux, elle remit tous les documents en place. Serrant son téléphone
contre elle, Gina rayonnait. Elle se voyait déjà affrontant C.C. et marquant
les points de la victoire finale.
-
Et si je l'obligeais à se remarier avec moi ? On pourrait peut-être
battre les records de mariage et de divorce ! !
Telle une petite souris, Gina repoussa la bibliothèque et repartit par le même chemin.
Ruines Maya de Tulum, Mexique.
Santana Andrade leva les yeux et elle reconnut Mason qui venait vers elle sur sa droite. A l'opposé, elle entendit la voix de Warren Lockridge qui lui hurlait de ne pas bouger. Son regard passa rapidement et à plusieurs reprises sur les deux hommes, que Brandon aussi venait de remarquer. Et alors qu'ils débutaient, chacun de leur côté, l'ascension du temple où elle avait pris place avec son fils, Santana empoigna Brandon par le bras et se dirigea vers l'intérieur du temple. Tout en marchant, elle murmurait des paroles incompréhensibles, où elle promettait que ni Mason, ni Channing ne pourrait les séparer. Bien sûr, à plusieurs reprises, Brandon essaya de se dégager, mais les doigts de Santana, tels des serres puissantes, le maintenaient fermement.
Santana
et Brandon pénétrèrent dans les entrailles du temple. Santana ne cessait d'inspecter
les lieux à la recherche d'une issue, mais les lieux habitués à recevoir des
touristes ne possédaient aucune issue de secours. Au plus profond de sa chair,
la jeune femme ressentit à nouveau la souffrance de la séparation; elle savait
qu'on allait bientôt lui reprendre son fils. Elle pouvait presque entendre les
pas et les cris des deux hommes qui s'approchaient.
Soudain,
Santana remarqua un rai de lumière qui donnait à l'intérieur du temple. Afin
de mélanger les pistes, elle laissa leur sac à dos à proximité d'un éboulis
de rochers et entraîna Brandon par la fente qu'elle venait de découvrir. Il s'agissait
en réalité d'un morceau de mur qui s'était effondré et qui permit à Santana
et à Brandon de gagner le toit du temple. Malgré le fait que Brandon la
suppliait d'abandonner sa course, que Mason était là pour les aider, Santana,
comme prise de folie, ne semblait rien entendre.
Son
coeur battait la chamade. Et la crainte qu'on lui reprenne Brandon avait anéanti
toutes les barrières de la raison. Lentement, ils parvenaient à descendre du
temple. Arrivé de peu, ils manquèrent de tomber sur Ted qui surveillait l'autre
versant du temple.
Santana
poussa alors Brandon dans une autre direction : ils quittèrent le sentier
pour s'engouffrer dans les restes de végétation. Santana croyait ainsi échapper
à ses poursuivants. Mais Ted, qui était de bonne condition physique, se
rapprochait. N'ayant d'autres solutions, Santana, traînant toujours Brandon
derrière elle, poussa une barrière de sécurité et s'engouffra dans ce qui
paraissait être une grotte taillée à même la roche. Bientôt le noir les
engloutit. Ted s'arrêta un moment à l'entrée, hurla à Mason et Warren la
direction qu'il venait de prendre et, afin de les aider, marqua le chemin de son
t-shirt qu'il enleva.
Poussé
par sa folie, Santana avançait toujours. Brandon, qui avait réussi à se libérer,
la suivait pour le moment, sans rien dire. Le noir, la crainte de perdre
Santana, le liaient à elle. Soudain, Brandon s'arrêta; il n'en pouvait plus de
cette fuite en avant.
-
Santana, on doit s'arrêter, cela ne nous mènera à rien.
-
Non. Jamais je ne t'abandonnerai.
-
Je suis fatigué.
-
Brandon ! ! !
La
voix de Ted tout proche se fit entendre. Et une faible lumière en provenance de
son téléphone portable le guidait. Il n'était plus qu'à quelques mètres d'eux.
-
Jamais, Brandon, je permettrai qu'on te reprenne à moi. Je suis ta mère. Et
personne ne pourra te reprendre. Tu es à moi.
Les
serres se refermèrent autour du poignet de Brandon.
-
Santana, Brandon, c'est Ted. On est venu vous chercher. Warren est avec moi.
-
Allez-vous en. Nous n'avons besoin d'aucun Capwell ! !
-
Santana...
Acculée
face à ses pires démons, l'arrivée des membres de la famille Capwell, Santana
attira Brandon vers elle dans un premier temps, puis elle le fit passer derrière
elle. Elle lui offrirait en ultime recours son corps en rempart.
Au
loin, la voix de Mason et de Warren se fit entendre. Comme à leur habitude les
deux hommes se disputaient.
Santana
vit naître dans sa tête le spectre de son ancienne souffrance : Brandon
arraché de ses entrailles, son coeur mis à nu, en train de battre, dans la
main de Channing qui venait de lui l'arracher. Santana ne put que pousser un
long hurlement, qui n'avait presque plus rien d'humain : nnoooonnnn ! ! !
Et
elle poussa Brandon au loin, loin d'elle, loin de Ted, loin de Mason et Warren
qui accouraient vers elle. Et soudain, un autre cri retentit. :
Aaaaaahhhhhhhhh ! ! !
Il s'agissait de Brandon.
Terrasse du Club 71.
Gina
prit place face à Deana Kincaid. Les deux femmes s'étaient déjà rencontrées
à plusieurs reprises, et curieusement l'une comme l'autre s'enviaient
mutuellement le pouvoir qu'elle détenaient. Gina s'empressa de commander un
succulent cocktail de fruits avec une bouteille de champagne. Elle raffolait de
ces situations où elle pouvait consommer à loisir, sans avoir à payer. Deana,
quant à elle, se contenta d'un café. Elle voulait simplement rester éveillée
pour cette entrevue qu'elle aurait bien aimé éviter. Elle connaissait bien
Gina, et elle la sentait un peu sur la touche. Deana restait lucide, elle savait
parfaitement que Gina DeMott Capwell allait se servir d'elle pour essayer de
faire son come-back. Deana, qui avait toujours une oreille qui traînait un peu
partout, avait bien sûr été mise au courant du coup d'éclat d'Augusta
Lockridge : grâce à l'aide d'Elias DeMott, elle avait littéralement anéanti
Gina.
-
Bien. Gina, si vous le voulez bien, nous allons passer les civilités et
commencer directement par me dire la ou les raisons de cet entretien.
-
Très bien, Deana. Avant, je voulais juste vous dire que j'ai a-do-ré votre
article sur Channing Capwell. Et là, ce que j'ai à vous proposer, c'est un
cran au-dessus. Je suis ab-so-lu-ment certaine que le juge David Raymond
vendrait son âme, s'il en avait une, au diable pour obtenir les informations
que je vais vous livrer.
Deana
acquiesça de la tête.
-
Mais avant tout, je vous donne ceci (Gina lui glissa une photo d'elle), au cas où,
comme je l'espère, votre article fera la une de la prochaine édition. Je vous
assure, Deana, que ce je vais vous confier aura l'effet d'une bombe, une véritable
explosion dans le petit monde Capwell. Tenez.
Et
Gina sortit de son sac à main plusieurs feuilles de papier roulées entre
elles.
-
Channing Capwell a bien tout orchestré : de l'incendie de ses terres jusqu'à
l'élaboration du projet de Pacific Sud. En voici la preuve. Son objectif final
est de faire arriver soit du pétrole ou du gaz à Pacific Sud. Il a même acheté
en mon nom, alors que nous étions encore mariés, plusieurs parcelles de terres
pour faire passer les tuyaux. Regardez, tout est là. Je suis certaine que c'est
un moyen beaucoup plus économique pour lui de faire transporter le pétrole ou
le gaz, extrait de ses trois plate-formes en mer.
Deana,
dont l'esprit venait de s'éveiller, lisait attentivement chacun des documents
que venait de lui fournir Gina.
-
Vous avez raison, cela aura l'effet d'une bombe. Channing Capwell n'a d'autres
objectifs que de poursuivre la pollution de la baie.
Deana
prit tous les documents.
-
Merci, Gina. Je peux vous assurer que le fruit de cette merveilleuse rencontre
fera la une du journal.
Gina
regarda Deana s'éloigner. Elle profita de ce moment de calme pour siroter son
cocktail. Toutefois, elle ne put s'empêcher de songer à ses pires ennemis :
Channing Capwell et Augusta Lockridge.
- Vous avez l'un comme l'autre cherché à me détruire. Vous allez apprendre qu'on ne défie pas Gina impunément. Je vais avoir ma vengeance...
Villa Capwell.
Channing
explosa de colère devant le compte-rendu du procès du journal télévisé.
-
Ce n'est pas possible, vous avez vu pour quoi ils me font passer !
Suite
à l'intervention de Maggie Gillis, la situation était devenue encore bien plus
complexe qu'elle ne l'était. Face à lui, Julia, Daniel et Greg subissaient les
assauts de sa rage et de sa frustration.
-
J'ai essayé de joindre le gouverneur, et vous savez ce qu'il m'a dit : qu'il
était désolé, mais qu'en raison de la campagne électorale il ne pouvait pas
intervenir. Daniel, faites-moi penser à lui couper les fonds à celui-là. S'il
veut être réélu, cela sera sans moi !
Depuis
plusieurs heures, C.C. ne cessait de hurler. Sa colère s'était accentuée
quand il avait appris que Ted était parti avec l'avion de la compagnie et
Warren Lockridge pour le Mexique, rejoindre Mason.
-
Et vous, Julia, vous ne pouvez pas faire rentrer Mason ? J'aurais bien
besoin de lui. Comme à son habitude, il n'est jamais là quand on a besoin de
lui... Indigne d'être un Capwell !
Julia
ne préféra pas répliquer. Elle sentait parfaitement l'extrême tension qui régnait
à la villa. Elle savait aussi que Channing avait appris par la presse le retour
de Sophia et de Lionel : ils avaient demandé le transfert de Brick, leur
fils, entre Vancouver et Santa Barbara. Et lorsque Channing les avait vus dans
les bras l'un de l'autre, il n'avait pu empêcher les craintes et les rancoeurs
du passé de remonter à la surface.
-
Et qu'avez-vous à me proposer... Quelque chose de plus pertinent que ce que
vous avez fait jusqu'à maintenant ? Car au prix où je vous paye, je ne
vois rien venir...
Daniel
expliqua brièvement une nouvelle stratégie. Elle fut aussitôt mise en pièce
et rejetée par Channing.
-
Daniel, vous pensez vraiment que je pourrais accepter cela ? Je suis un
Capwell. De tout ce que vous m'avez dit, je crois que là, c'est le bouquet... Même
quand il a fallu affronter Robert Barr, on me m'a jamais proposé de telles
inepties !
-
Papa, calme-toi, cela ne sert à rien...
-
Greg, reste en dehors de tout cela. Ce sont les affaires... Ce n'est pas vos...
qui vont m'empêcher de dire ce que je pense. Daniel est mon avocat. Ce n'est
pas comme s'il faisait partie de la famille.
Greg
vit rouge.
-
Peut-être de la tienne, non, mais il fait partie de la mienne. Et quand je
regarde autour de toi pour voir ta famille, je ne suis pas étonné de voir qu'il
n'y a plus personne !
-
Arrête, Greg, ce n'est pas grave.
-
Si c'est grave, Daniel. Et je n'arrêterai pas. Regarde-toi, Channing. Tu es
seul. Eden disparue. Kelly partie. Ted envolé. Et Mason absent. Il n'y a
personne autour de toi. Et tu viens de faire disparaître les derniers qui
restaient là, à te soutenir. Même Sophia, ta chère et tendre bien aimée
Sophia, n'est plus à tes côtés; elle s'est lassée de toi...
Réalisant,
comme toujours, trop tard l'énormité de ses propos, C.C. tenta un
rapprochement vers Greg. Mais ce dernier ne lui en laissa pas la possibilité.
-
Non, je ne veux pas d'excuse. C'est à Daniel que tu devrais en faire...
Soudain,
une ombre traversa l'atrium. Vêtue d'une robe fourreau noire, elle se glissa au
coeur de l'arène.
- J'ai toujours rêvé de voir à quoi ressemblait la vie Capwell, c'est fascinant... Cela a tout d'un documentaire animalier ou d'un soap des années 80.
Certaine
que tous les regards restaient rivés sur elle, Augusta se servit un verre de
bourbon. Elle ne s'était jamais sentie aussi vivante que depuis que Minx lui
avait laissé des armes pour se battre, qu'elle avait rencontré Angela Gioberti
Channing, et qu'elle rêvait de diriger Pacific Sud.
-
Channing, vous allez finir par m'adorer. Ne dites pas non. Je le sais. Après
vous avoir débarrassé de Gina, je vais vous aider à gagner ce procès. En échange,
bien sûr, je veux devenir Madame Capwell...
Channing
s'étrangla, s'étouffa, risqua l'arrêt cardiaque.
-
Rassurez-vous, Channing, c'est une blague. En échange des documents que je
tiens là, je veux toutes vos actions de la Petrolux Corporation.
Augusta
s'assit sur un des fauteuils d'osier et leur présenta à tous les documents
transmis par Angela Channing.
-
Vous voyez, il y a toutes les preuves pour faire accuser Kirk Cranston de l'incendie
et de la pollution. Vu la violence des attaques qu'il porte aujourd'hui contre
les Entreprises Capwell, personne ne pourra parler d'entente entre les deux
parties. Channing, vous devriez mieux traiter vos avocats, sinon un jour, c'est
cet Apollon de Daniel qui cherchera à se venger de vous !
Channing
pris des mains d'Augusta le porte-documents de cuir frappé au blason de Falcon
Crest, et se mit à le consulter.
-
Très bien...
Effectivement,
le dossier apporté par Augusta renfermait toutes les solutions à tous les
problèmes du procès. Grâce à ce document, il pourrait même se passer de l'accord
avec l'armée, puisque de nombreux documents et analyses faisaient référence
à l'armée. Le dossier détaillait depuis plusieurs années des analyses du
sol, de l'air, bref tout ce qui avait été réalisé par Falcon Crest pour s'assurer
que le raisin produit à proximité des terres Capwell soit de qualité.
- C'est une véritable bombe que vous nous livrez là, Augusta. Et je vous en remercie... Grâce à ces documents, on va pouvoir changer la donne du procès et faire taire David Raymond...
Terrasse de l'Orient Express.
Venise
Armonti étudiait attentivement les derniers chiffres d'Armonti's. La situation,
malgré la crise actuelle, était bonne. Les dernières idées qu'elle avait
mises en place, la création de la ligne hommes avec T.J. Daniels en mannequin
vedette, avaient relancé l'activité de la société. Armonti's représentait
maintenant une grande marque avec en prime l'image de l'élégance et du charme
italien.
Son
regard ensuite se perdit sur l'océan. Elle ne put s'empêcher de songer à la
villa Armonti sur les hauteurs de Venise. De la terrasse, elle pouvait à loisir
contempler la ville des amoureux, ainsi que la mer qui s'étendait à perte de
vue.
-
Je suis désolé, maman, mais à cause de Marcello, je ne pourrai pas reprendre
ce qui me revient de droit.
L'amertume,
le regret et les remords emplirent rapidement les yeux noirs de Venise. Elle
avait échoué et ce n'était pas de sa faute. Elle était, elle le savait, à
deux doigts de prendre le contrôle de la société, de sa société. Elle avait
déjà réussi à éjecter Sophia du fauteuil directorial. Elle n'avait pu mener
sa vengeance à son terme à cause de Marcello.
-
Pourquoi m'as-tu trahie... Moi qui t'aies toujours fait confiance...
Venise
ne remarqua pas tout de suite la présence de Gianni qui était venu s'installer
à sa table. Lorsqu'elle le vit, elle le terrassa de son plus sombre regard.
Tout comme Marcello, elle les haïssait. Ces deux hommes l'avaient empêchée de
se venger : il n'existe pas pire trahison pour une italienne.
-
Va-t'en. Nous n'avons plus rien à nous dire. Tu l'as aidé lui... Tu l'as aidé
à me trahir.
-
Non ! Et tu le sais parfaitement.
Bien qu'elle ne souhaitait pas entendre ses explications ou ses excuses, Venise ne bougea pas et écouta longuement Gianni qui lui parlait. Et elle accepta même de le suivre dans la suite présidentielle de l'Hôtel Capwell. Tout le long du chemin, ils n'échangèrent pas la moindre parole. Gianni lui avait parlé d'une surprise, une véritable explosion.
Ruines Maya de Tulum, Mexique.
Un
autre cri poussé par Brandon retentit et se répandit le long des murs de
pierres. Santana sentit son sang se glacer. Ted dirigea la luminosité de son téléphone
portable vers l'endroit qu'il croyait être la source de ce cri. Dans leur
course folle, Mason et Warren s'arrêtèrent une fraction de seconde, avant de
se remettre à courir.
Ils
arrivèrent bientôt aux côtés de Santana et de Ted. Santana restait comme figée
sur place, littéralement statufiée. Ted, lui, à l'aide de son téléphone,
avait trouvé un large trou creusé à même le sol. Il s'agissait d'un cénote,
un puits sacrificiel construit par les mayas. C'est dans ces puits qu'ils
poussaient leurs victimes vivantes, telles des offrandes aux dieux du monde inférieur.
-
Brandon... Brandon...
A
l'arrivée de Mason et Warren, Santana se jeta dans les bras de Warren et elle s'effondra.
Ted expliqua rapidement à Mason ce qu'il venait de se passer. Tout en parlant,
Ted retira ses chaussures et son jeans.
-
Tu ne vas pas plonger, Ted ? Nous allons....
-
Mason, au bruit de la chute, je suis certain qu'il y a de l'eau en-dessous, et
que le trou n'est pas très profond. Eclaire-moi à l'aide de la lampe. Je te
parlerai le plus souvent.
Ted se faufila par l'entrée du cénote et serra furtivement la main de son frère, avant de se laisser emporter par la bouche sombre, ouvrant vers un autre monde.
Suite présidentielle de l'Hôtel Capwell.
Venise
entra la première dans la suite. La pièce laissait entrer lumière et douceur
de l'océan. Lentement, Venise se détendit; elle retrouvait là une sensation
de bien-être.
Elle
patienta un moment avant que Marcello n'apparaisse en provenance de l'autre pièce.
Assis sur son fauteuil roulant, il paraissait si las, si fragile, mais Venise ne
voulait pas se faire avoir une fois de plus. Elle lui laissa prendre la parole,
la petite fille fragile qu'il avait connue et manipulée venait de laisser place
à une femme beaucoup plus forte.
Marcello
commença par essayer de lui expliquer les raisons de son comportement. Avec
aisance, il trouvait un justificatif à chacune de ses actions : de la
vente des actions à la dilapidation des fonds, à l'utilisation des biens
Armonti, Marcello justifiait tout par sa haine envers C.C. et les Capwell. D'ailleurs,
comme il l'expliquait si bien, atteindre C.C. c'était aussi se venger de
Sophia. Tout en lui parlant, Marcello fixait intensément les yeux de Venise, et
en modifiant le ton et la sonorité de sa voix, il réussit (comme à l'ordinaire)
à atteindre son subconscient. Et Venise finit par se laisser convaincre.
Et
bien qu'il savait que sa cause était acquise, il poursuivit dans ses
explications, avec l'aide de Gianni qui les avait rejoints.
-
Venise, nous allons organiser un grand défilé Armonti. Il faut que cela soit
des plus original. Tout est prêt. Nous inviterons Sophia et les Capwell. Tu
auras à ce moment-là ta vengeance, je te le promets. Laisse-moi te montrer le
clou du spectacle.
Gianni
s'écarta et se rendit sur le balcon. Il tira les lourds rideaux de velours pour
assombrir la pièce, puis il gagna la chambre et il revint au bras d'une jeune
femme.
Venise
ne remarqua cette nouvelle présence que plus tard. Pour l'heure, elle s'attardait
sur Marcello qui lui dévoilait la complexité de son nouveau projet : le
grand défilé Armonti's.
Lorsque
les yeux de Venise se posèrent sur Eden / Lisa, Venise manqua de défaillir. L'immense
portrait en pied de la Comtesse Sophia Armonti, vêtue de la robe bleue nuit,
frappée au blason de la famille, et portant la tiare Armonti sur la tête,
venait d'apparaître devant elle. Venise recula.
-
Non, ce n'est pas possible, elle ne peut être là...
Passé
un long moment, Venise comprit le sens au mot explosion que lui avait confié
Gianni.
- Venise, nous avons entre les mains l'incarnation vivante de Sophia. Elle sera notre arme de destruction, je te le promets. Elle atteindra Sophia pour toi, comme jamais tu ne l'as imaginé. Et quant à moi, grâce à sa fille, j'atteindrai le coeur de Channing Capwell. Nous aurons notre vengeance...
Maison de Mason et de Julia Capwell.
Après
sa très mauvaise journée, tant au procès qu'à la réunion de travail à la
villa Capwell, Julia regagna avec envie son appartement. Elle gara sa voiture
devant chez elle et après avoir désorganisé ses cheveux et sa tenue, elle se
dirigea vers son nid douillet, heureuse de retrouver sa fille, puisque de son
mari, elle n'avait plus aucune nouvelle. Une voix surgie de l'obscurité la
surprit. Une seconde, elle crut entendre Mason.
-
Bonsoir, Julia.
-
Oh, Connor ! Dans le noir, je ne vous avais pas vu.
Et
alors, Julia se sentit très lasse. Son instinct lui dit que si Connor était là,
ce n'était pas pour des familiarités.
-
Il est arrivé quelque chose à Mason ?
-
Non, non...
-
Connor, si c'est le cas, vous devez me le dire.
-
Non, c'est... Vous devriez vous asseoir, Julia. C'est comme une véritable bombe
qui va exploser dans votre vie...
Connor
commença lentement à parler. En bonne avocate, Julia comprenait parfaitement
le raisonnement de Connor, elle l'analysait en même temps qu'elle l'entendait
et parvenait à tirer sans difficulté les conclusions qui s'imposaient.
-
Où est-elle ?
Le
sang aux joues, Julia se précipita chez elle et courut dans la chambre de
Samantha. Connor la suivait de près. En poussant la porte, elle n'eut besoin
que d'une fraction de seconde pour choisir son camp. Gracie était là, assise
sur le rocking-chair, tenant sur ses genoux Samantha.
-
Bonsoir maman, Gracie me lit une histoire.
-
Viens, ma chérie. Viens voir maman tout de suite.
En
voyant Connor juste derrière Julia, Gracie comprit.
Connor
attrapa Samantha et descendit, non sans avoir dit à Julia qu'il serait là en
cas de problème. La rage et la force de l'explosion qui ravageait le coeur de
Julia se lisaient sur son visage.
-
Dehors !
-
Je...
-
Dehors, Gracie. Il ne peut y avoir aucune excuse. Rien ne peut justifier cet
acte immonde.
-
Julia, je...
Julia
se dressait, tel un mur indestructible face à Gracie.
-
Connor m'a tout raconté... Bien plus que je ne peux en supporter. C'est un
crime. C'est...
Des
larmes coulaient à flots sur les joues de Gracie.
-
Ce n'est pas de ma faute, c'est...
-
Pas de ta faute ? Gracie tu as tué ton fils. Ton propre fils. Pour... Je
ne veux même pas le savoir. Je ne veux plus jamais te revoir. C'est...
-
Je sais que c'est mal, mais...
-
Tais-toi. Je ne veux rien entendre. Je suis une mère et je ne pourrais jamais
comprendre ce geste. Dieu m'est témoin, il ne peut y avoir de raison...
Pendant
un bref moment, Julia hurla, elle ne pouvait pas comprendre le geste de Gracie
envers son petit Chester.
-
Tu m'as tellement trompée. Tu me dégoûtes... Ton crime, Gracie, me souille...
C'est cela le plus terrible, je me sens en partie coupable, car je me dis qu'en
tant que femme, en tant que mère, j'aurais du comprendre... J'aurais du voir
les signes avant-coureur...
Connor
revint et se glissa entre Julia et Gracie. Il lui lu ses droits, lui passa les
menottes, et emporta Gracie.
Epuisée,
Julia se laissa glisser sur le sol.
-
Mason, reviens-moi...
Très vite, elle se ressaisit et prépara un sac pour Sam et pour elle et partit chez Daniel et Greg.
Hôpital de Santa Barbara.
Sophia
et Lionel quittèrent la chambre de Brick. Sophia avait exigé que Brick soit
transporté de Vancouver à Santa Barbara. Elle voulait l'avoir non seulement
auprès d'elle, mais elle avait ressenti qu'il fallait qu'ils reviennent tous
ici : comme si elle savait que tout allait finir là, puisque tout avait
commencé ici, une nuit où elle s'était donnée à Lionel, un jour où elle
avait confié ses pêchés à un prêtre, un jour où elle avait épousé C.C.
Capwell, un soir où elle avait osé tuer son propre fils.
-
Lionel, je suis certaine qu'il va finir par se réveiller. A présent qu'il est
retourné chez lui, ce n'est qu'une question de temps.
-
Je veux croire, ma douce, que nous avons fait le bon choix.
Lionel
serra Sophia contre lui. Ils n'avaient pas pu pleurer celui qui aurait dû être
leur fils de sang, alors aujourd'hui, ils s'abandonnaient dans leur soutien à
Brick
- Il faut que je passe voir Channing, lui dire que nous sommes revenus. J'ai entendu des échos du procès et je crains que cela ne nous apporte rien de bon. Je ne saurais dire pourquoi, mais je sais que quelque chose de terrible va arriver.
Baie de Santa Barbara.
Du
haut du pont du bateau qu'elle avait loué, Pamela Capwell observait la baie de
Santa Barbara et plus particulièrement la falaise au sud où se trouvaient les
terres Capwell. A ses côtés, Kirk Cranston attendait. La nuit était tombée
sur la ville. Pamela savourait pleinement ces merveilleuses secondes qui précèdent
la victoire.
-
Tout est prêt, vous êtes sûr ?
-
Certain.
-
Alors, réveillons les morts !
Pamela sortit un téléphone portable, composa un numéro et attendit deux sonneries. Le décompte était lancé. Elle jeta ensuite le téléphone à la mer.
Propriété Capwell.
Bip.
Bip. Bip.
Sur
les terres de Pacific Sud, un signal retentit. La terre trembla. Puis un
champignon de lumière jaillit de l'explosion. Il s'accompagna de trois autres détonations
plus faibles. Un halo lumineux embrasa la baie.
Pamela
se délecta du spectacle qui s'offrait à elle.
En
ville, tous les regards se portèrent sur les terres de Pacific Sud. Pompiers,
policiers, secouristes, journalistes, tout le monde, telle une colonie de
fourmis, prit la route menant à Pacific Sud.
Dans sa villa, la secousse fut violente et C.C. en laissa tomber le verre de scotch qu'il tenait à la main. Greg se leva en une seconde. Daniel, quant à lui, leva à peine les yeux du dossier qu'il consultait.
Channing
ouvrit les fenêtres de la villa et se précipita sur la terrasse. Son regard
fut spontanément attiré par le halo lumineux qui émanait de Pacific Sud.
- Qu'est-ce encore que cela ?
Suite présidentielle de l'Hôtel Capwell.
Eden
/ Lisa laissait courir ses doigts sur le bar en verre de la suite présidentielle.
Son regard errait sur toute la pièce. Etrangement, une partie d'elle semblait déjà
connaître ces lieux; Eden / Lisa avait beau forcer sa mémoire, elle ne
parvenait pas à retrouver l'ébauche du moindre souvenir. Et pourtant, elle était
certaine, cette suite, cet hôtel, cette ville lui semblaient familiers.
Déjà, Eden / Lisa avait éprouvé un violent malaise en sortant des ascenseurs au niveau du restaurant l'Orient Express. Son âme savait, même si son être ne se souvenait pas, que c'était là précisément que Cruz Castillo lui avait demandé la première fois de l'épouser, que c'était en ces murs qu'elle avait faillit le 20 mai 1985, devenir Madame Cruz Castillo... Son mariage avait alors tourné cours suite à l'incendie et à la tentative de meurtre orchestrée par Marcello Armonti. Mais du passé, pour l'heure, elle n'en n'avait point souvenir. Seulement quelques voiles qui, par moments, paraissaient être moins épais et lui laissaient entrevoir les vestiges d'une autre vie.
Pacific Sud.
Suite
à l'explosion qui avait eu lieu en début de nuit, secouristes, policiers,
pompiers, journalistes, une multitude de personnes avaient gagné les terres
Capwell, celles même qui aujourd'hui se transformaient en Pacific Sud. Channing
Capwell se tenait là, seul, immobile au milieu des ruines, l'air complètement
dépassé par les événements. Heureusement, un cordon de sécurité délimitait
le périmètre et empêchait badauds et curieux de s'approcher de près. C.C. ne
comprenait pas tout cet acharnement contre lui, contre les Entreprises Capwell.
Bien sûr, il voyait là, derrière ces colonnes de fumée, la marque de Kirk
Cranston. Cependant, au fond de lui, il sentait que c'était au-delà... Il y
avait autre chose, et ce qui le tracassait le plus, c'est qu'il n'arrivait pas
à mettre un mot, une sensation, sur ce qui se cachait derrière cela.
C.C.
fouillait du regard la moindre parcelle de terre, lorsqu'en furie Augusta
Lockridge, son associée dans le projet, déboula au milieu des décombres. Elle
non plus ne comprenait pas. Et avant qu'elle puisse atteindre C.C., Julia la
stoppa.
-
Alors, que s'est-il passé ?
-
Pour le moment...
Julia
eut la lourde tâche d'expliquer à sa soeur ce qu'elle avait réussi à
apprendre, c'est-à-dire pas grand-chose. De l'autre côté de la parcelle, l'une
comme l'autre pouvait sentir le regard vainqueur de David Raymond.
-
Je le déteste, Julia. Et je parviendrai à lui faire payer...
Çà
et là, des équipes de scientifiques fouillaient les décombres. C.C. leva les
yeux vers les bâtiments de Pacific Sud. Heureusement, ils n'avaient pas
souffert de l'explosion. C'est alors que tout le monde remarqua l'agitation
autour de l'équipe n°3. Cette équipe travaillait sur la plus grosse partie de
l'explosion, là où certainement avait été déposé le maximum de décharge.
Très
vite, Connor et plusieurs policiers rejoignirent les hommes qui travaillaient là.
Channing, lui, regardait sans vraiment voir. Il anticipait déjà la suite du
procès. Et alors que Connor s'avançait vers lui, son téléphone portable se
mit à sonner. Channing lut le texto qui venait de lui arriver : «Te
souviens-tu, il y a plus de 30 ans, tu me jetais à la porte de ta vie et de ta
villa...
Aujourd'hui,
je reviens. Avec notre lot de souvenirs...».
Channing
regarda tout autour de lui. Il savait que la personne à la base de ce texto était
là, tout près, et qu'elle l'épiait.
Connor
s'approcha de C.C.. Au préalable, il avait fait signe à Julia, Daniel et
Augusta de le rejoindre.
-
Monsieur Capwell, nous avons...
-
Pamela... C'est elle . Tout cela, c'est elle.
Tout
le monde regarda Channing, intrigué.
-
Elle est de retour en ville. Tout cela, c'est clair. C'est elle qui est à l'origine
du prêt de ses terres à Michael. C'est elle qui orchestre tout, pas Kirk. Je
comprends tout, à présent. Julia, Daniel, nous n'avons jamais tenu compte de
la main qui commandait tout. Trop longtemps, on a cru que c'était Kirk... Mais
c'est faux, c'est Pamela.
Seule
Augusta osa répondre.
-
Channing, si vous aviez été plus
tendre avec vos épouses, on n'en serait pas là. D'ailleurs, lisez le nouvel
article de Deana : il parait que tout cela, c'est pour construire un
gazoduc. Et bien sûr, qui est sa source ? Gina !
Channing
prit le journal des mains d'Augusta et le lu rapidement. Deana livrait toutes
les informations offertes par Gina, de la réalisation du gazoduc à l'achat des
terrains autour de Pacific Sud. Les plus sombres cauchemars de Channing s'étalaient
en première page du Santa Barbara
Chronicles.
-
Tout cela est faux ! Avec Augusta, on veut juste apporter de l'eau dans la
vallée...
Connor
se rappela à leurs souvenirs.
-
Monsieur Capwell, que ce soit de l'eau ou du gaz que vous voulez transporter, ce
n'est pas là le problème... Le problème, c'est ce que l'explosion a mis à la
lumière...
-
Franco Parisi !
-
Pardon ?
-
Connor, vous allez nous dire que vous venez de trouver un cadavre. Ne cherchez
pas plus, il s'agit de Franco Parisi, le père de Robert Barr...
Channing,
Julia, Daniel, Greg et Connor, accompagnés de plusieurs policiers, prirent
place dans l'atrium Capwell.
-
Pouvez-vous tout nous raconter depuis le début, Monsieur Capwell ?
-
Il n'y a rien à comprendre. Pamela veut nous rejouer l'histoire d'Hal Clark.
Tout est aussi simple que cela. Un cadavre. Un homme. Un coupable. Cette
fois-ci, il s'appelle Franco Parisi, et le coupable est toujours Channing
Capwell. Sauf que ce n'est pas moi qui l'ait tué. Ca, je peux vous le jurer !
-
Et le prouver ?
-
Je ne peux pas, Connor.
- Alors, nous dire qui est le meurtrier...
Bureau de Julia Capwell.
Aidée de Greg et de Daniel, Julia dressait une liste des
derniers événements.
-
Gracie arrêtée pour le meurtre de son fils Chester
-
Mason retenu au Mexique, à la poursuite de Santana et de Brandon
-
Channing s'était remarié avec Gina, pour reprendre l'héritage Capwell
et protéger le nom Capwell, responsable du naufrage de l'Amanda Lockridge
-
Gina expulsée de la vie de C.C. en raison d'Augusta, qui avait découvert
que son mariage avec Stockman n'était pas valide
-
Augusta devenue l'associée de Channing dans le projet Pacific Sud
-
Gina, qui a vendu de fausses informations à Deana : la création d'un
pipeline qui aboutirait à Pacific Sud
-
Augusta, qui avait réussi à trouver la preuve (via Angela Channing) de
l'innocence des Entreprises Capwell dans l'incendie et la pollution
-
Kirk, qui serait à l'origine de l'incendie et de l'explosion ?
-
Sophia et Lionel venant de reconduire à l'hôpital Brick, blessé par
balle
-
Une explosion venant de ravager les terres de Pacific Sud
-
Pamela (sa belle-mère), qui serait à l'origine, selon C.C., de l'explosion
-
Un cadavre, Franco Parisi, qui venait d'être découvert sur les lieux même
de l'explosion
-
Et bien, je crois qu'avec tout cela, nous ne sommes pas plus avancés.
- Vous savez ce qu'on va faire, je vais vendre cette liste au père d'un ami. Il s'appelle David Jacobs, et il pourrait en faire un excellent soap. Tout se passerait dans une grande ville, une famille richissime et un méchant. Il pourrait même l'appeler J.R., du nom de son chien, qui était méchant comme la peste...
Plage de Tulum, Mexique.
A
quelques mètres au nord de l'ancienne cité maya de Tulum, l'océan laissait
libre cours à sa violence. Quelque soit le temps, l'océan se déchaînait
contre les lourds rochers.
Ted
Capwell, qui tenait fermement le corps de Brandon contre lui, continuait de
lutter contre les vagues. Le visage en sang, il essayait malgré le ressac de s'accrocher
aux arêtes d'un rocher. Mais en dépit de tous ses efforts, il ne parvenait pas
à résister à la force de l'eau. Chacun de ses muscles le faisait souffrir.
Tout son être restait tendu, crispé, après les heures qu'il venait de
traverser.
Après
son plongeon dans le puits sacrificiel, Ted n'avait pas eu de difficulté à rattraper
Brandon. Celui-ci avait pu s'accrocher à de vieilles racines. Mais lorsque les
racines cédèrent, Ted et Brandon se retrouvèrent aspirés par un siphon. Ils
durent lutter vaillamment pour pouvoir se rejoindre et, lorsque Ted put vraiment
ancrer Brandon à son bras, ce dernier semblait être inconscient. Puis Ted s'était,
par fatigue, laissé emporter par le courrant et, à présent, il luttait contre
l'océan pour tenter de retrouver la terre ferme.
Plus
loin, à l'entrée du cénote, Santana restait prostrée, isolée dans un autre
monde, prisonnière du temps passé. Son discours incohérent inquiétait Mason
et Warren. Santana ne cessait de hurler sa haine et sa colère contre Channing
Senior, mais aussi contre Channing Junior. L'un comme l'autre l'avaient trahie
au plus profond de sa chair. Warren, à plusieurs reprises, essaya de la
consoler, mais Santana demeurait figée dans sa propre réalité.
Mason
et Warren ne savaient que faire. Ils ne pouvaient laisser Santana seule. Ils ne
pouvaient plonger eux aussi à la recherche de Ted et Brandon.
-
Cela fait combien de temps, maintenant ?
-
Dix minutes de plus que la dernière fois...
Mason
essaya à nouveau de hurler après Ted ou Brandon. Mais seul l'écho contre les
murs lui répondait.
-
Il faut avoir confiance, Ted le retrouvera et le sauvera.
- Oui, il faut lui faire confiance. Je sais qu'il est fort. Il a résisté à la prise d'otages...