Santa Barbara, Acte 2

Chapitre 23 : Si la Saint Nicolas m'était contée...

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Et avec la participation exceptionnelle
de Jane Wyman dans le rôle d'Angela Gioberti Channing Erikson Stavros Agretti

et de William Devane dans le rôle de Gregory Sumner

Chambre de Mason Capwell à la Villa Capwell.

Les rayons du soleil levant eurent bientôt raison du sommeil de Julia. Machinalement, elle remonta le drap sur elle, puis, comme les souvenirs de sa nuit d'amour avec Mason affluaient, elle sourit et rechercha de la main, la présence de son mari. Ses doigts ne rencontrèrent que le contact froid du lit; Mason avait déserté le lit près de deux heures plus tôt. Julia fut rapidement replongée dans la réalité : Mason venait encore de se moquer d'elle, et elle, elle venait de se prendre dans ses filets.

Julia se redressa, à présent totalement réveillée. Et le souvenir de sa nuit d'amour se dissipait rapidement, chassé par la réalité.

- C'est tout à fait toi, Mason... Une parenthèse dans ma vie. Une parenthèse agréable, mais une parenthèse. Et toi, ma pauvre Julia, à chaque fois tu te fais avoir.

Julia se leva, en colère, et alors qu'elle attrapait le peignoir de Mason, elle renversa le plateau préparé des heures plus tôt par Mason.

- Et si tu penses te rattraper avec le petit-déjeuner, ce n'est pas la peine d'y songer...

Julia gagna la salle de bains, ignorant que café et jus d'orange imprégnaient le mot que Mason lui avait laissé pour justifier son brusque départ. Et tandis qu'elle se lavait, le papier absorbait les liquides effaçant, entre autres, la déclaration d'amour de Mason.

 

Chambre de Mason Capwell (2 heures plus tôt).

Appuyé sur son coude, Mason regardait dormir Julia. Cette nuit, ils s'étaient retrouvés, il en était certain. Bien qu'il restait encore des zones de silence entre eux, il avait senti frémir à nouveau bien plus le corps de sa femme. Il l'aimait profondément : il l'aimait pour ce qu'elle était, pour ce qu'elle apportait à sa vie... Il aurait aimé trouvé les mots pour lui expliquer les transformations qu'elle avait imposées à sa vie : de si douces transformations. Mais au-delà de toutes choses, elle lui avait offert la possibilité d'être, d'exister vraiment... bien au-delà du fait d'être le mouton noir de la famille Capwell. Auprès de Julia, il se sentait vivre, et depuis la mort de Mary, de sa chère et tendre Mary, il n'avait plus jamais ressenti cette étrange et si agréable sensation.

De plus loin que remontaient ses souvenirs, il n'y avait peut-être qu'auprès de Ted, son plus jeune frère, qu'il se sentait humain. Et puis, il y eut aussi Brandon. Bien avant de connaître sa filiation, Mason s'était senti proche de cet enfant, comme s'il avait su lire les mêmes carences, les mêmes souffrances dans le regard du jeune garçon.

Mason se leva lentement, sans bruit. Il avait tout préparé : un petit-déjeuner, une rose et un mot qui expliquait les raisons de son départ. Il venait de recevoir un nouvel SMS de la part de Brandon : ce dernier réclamait son aide. Il se trouvait au Mexique, avec sa mère biologique Santana, et celle-ci montrait des signes de souffrance psychologique. Et parce qu'il gardait peut-être aussi une certaine tendresse à l'égard de la mexicaine, Mason avait sauté dans le premier avion pour porter secours à Brandon.

 

Oasis Club.

Augusta remonta l'allée principale, ornée d'un tapis rouge, et gagna le coeur du complexe de l'Oasis Club. L'imposante fontaine espagnole venait d'être entièrement décorée : des centaines d'arums, de lys et d'orchidées ornaient chacun des bassins, l'eau ruisselait en cascades sur les différents pétales. Une douce odeur se propageait tout autour des nombreuses tables.

Alors qu'elle terminait son inspection, un serveur s'approcha d'elle et lui signala qu'un homme demandait à la voir. D'un geste du menton, il lui indiqua l'homme. Il était sale et mal rasé. Augusta néanmoins s'approcha de lui. Ce n'est qu'au dernier moment qu'elle reconnut Craig Hunt.

- Où est mon fils ? Vous n'avez pas l'audace d'être revenu sans lui !

- Il n'est pas avec moi.

- Vous êtes pitoyable... Doublé d'un incapable... Pourtant on ne peut pas dire que je ne le savais pas. Vous n'aurez rien, pas le moindre dollar...

- Augusta, laissez-moi...

- Madame Lockridge, pour vous.

- Madame Lockridge, votre fils n'est plus prisonnier en Irak.

- Et où est-il ?

- Sur notre sol. Il est libre.

- Et j'en conclut que ce n'est pas grâce à vous !

- Non. C'est grâce à une intervention de Capwell...

- Channing a fait libéré mon fils !

Augusta regarda les préparatifs de sa soirée : de mieux en mieux... Et que va-t-il me demander en échange... Tout en songeant, Augusta serra contre elle les documents volés chez les Capwell, qu'elle ne quittait plus.

- Allez-vous en Craig. Avant que je ne prévienne les autorités de votre retour.

- Et pour mon argent...

- Allez le demander à C.C., puisque c'est lui que je dois remercier pour la libération de mon fils !

Augusta s'en retourna, laissant seul, au milieu de la fête, l'ombre de Craig Hunt. Celui-ci au passage se servit quand même une coupe de champagne et un canapé au saumon.

Puis Augusta se pressa de rejoindre l'organisateur de la soirée, Nicolas, un jeune créateur venu spécialement de France, pour offrir la French Touch à sa soirée blanche, comme madame Lockridge, la nommait. Nicolas semblait connaître tout le passé, toutes les histoires de coeur, tous les liens qui unissaient Capwell et Lockridge. C'est cela qui avait fasciné Augusta.

Nicolas montra les dernières modifications. Augusta était enchantée... Elle allait enfin devenir la reine de Santa Barbara. Dès ce soir, elle tournerait définitivement la page de la longue traversé du désert des Lockridge.

 

Bureau d'Armonti's.

Venise ferma le dossier du jour et clôtura, par la même occasion, la réunion du jour. Sa ligne de vêtements pour hommes allait être complétée par une ligne de soins, qui serait uniquement vendue dans les SPA Armonti's. Les premiers chiffres des essais réalisés dans les SPA de Californie étaient plus que prometteurs. D'ailleurs George, le fidèle allié de Sophia, avait voté pour ce projet. Il l'avait même félicitée. Venise sentait le pouvoir Armonti courir dans ses veines. Plus rien ne l'empêcherait d'atteindre les objectifs qu'elle s'était fixés : encore quelques jours et la société serait pleinement à elle. En se levant, elle lança un regard de défi au portrait de Sophia qui ornait la salle de réunion.

- Ton règne ne va pas tarder à cesser, Sophia... Encore un peu de temps, et je retrouverai le titre qui me revient de droit...

A l'autre bout de la salle, Marcello observait Venise. Au fond de lui, il se souciait très peu du combat de la jeune femme. Marcello avait d'autres projets pour Sophia et pour tous les autres Capwell.

- Venise, il faut te préparer pour la soirée...

- Tu as enfin accepté de m'accompagner...

- Oui.

Venise sourit. Au bras de son oncle, elle ne risquerait rien. Et avec les informations fournies par T.J., elle se sentait prête à charmer C.C. Capwell.

Elle gagna son bureau au pas de course et, avec l'aide de sa secrétaire, enfila une création Armonti's. Il s'agissait d'une longue robe blanche, échancrée dans le dos, ornée de perles de culture noires. Venise ensuite se parfuma légèrement les avants-bras et le cou, avec La Vie, le parfum préféré de Sophia. Et avant de quitter son bureau pour rejoindre la limousine, elle s'enveloppa les épaules d'un léger voile de dentelle blanche.

- Sophia, ce soir, je vais même te voler d'un seul et grand amour... En guise de lot de consolation, je te rendrai T.J.. Ah ah ah ! ! ! Une fois que j'aurais C.C., je n'aurais plus besoin de lui...

 

Villa Capwell.

Revenus quelques temps plus tôt de leur périple à Antigua, C.C. et sa toute nouvelle épouse venaient de se réfugier dans la chambre à coucher du maître des lieux, dans le plus grand secret. Tout le monde à la villa ignorait leur retour en ville. Gina avait voulu réserver le grand moment des révélations lors de la soirée organisée par Augusta : là, elle pourrait apprendre à la presse entière son nouveau statut de femme mariée, ainsi que sa nouvelle fonction de co-directrice de Pacific Sud.

- Chéri, il me tarde de voir la tête de ma nouvelle associée... Et celle de cette pauvre Sophia !

Dans la salle de bains, Channing préférait ne pas répondre.

- Tu ne dis rien, chéri ! Et cette fois-ci pas question de la laisser habiter dans la maison d'invités... Penses-tu qu'elle va retourner vers Lionel ou vers T.J. ? J'aurais bien proposé Ken, mais...

- Tu vas la fermer un peu, Gina ? Je jure que je ne pourrais supporter cela plus longtemps.

- Tatatatata, Channing. Tu oublies à qui tu parles... Je suis ta femme...

- Pour le pire et encore le pire, je le sais... Allez termine de te préparer, qu'on puisse en finir avec cette comédie.

Gina enfila une robe qu'on avait spécialement livrée pour elle : une splendide robe déshabillée toute en mousseline et dentelles, d'un jeune créateur.

 

Bureau de la Villa Capwell.

Sophia se résolut à signer un chèque d'un million de dollars du compte des Entreprises Capwell vers son compte personnel. Elle savait que Channing validerait ce transfert de fonds sans le moindre problème. A présent, elle était capable d'honorer l'achat de parts de la société Armonti's détenue par plusieurs petits porteurs.

Une nouvelle excitation la gagnait : elle ne ressemblait pas à celle qu'elle avait connu lorsque le réalisateur criait moteur sur les plateaux de cinéma, mais elle s'en apparentait.

- Avec l'achat de ces actions, je reprendrai le contrôle de ma compagnie...

Puis, elle décrocha le téléphone et elle avertit George de signer la transaction. Elle lui rappela une dernière fois que le nom de l'acheteur était Adriana Wayne. Sophia désirait garder secret le plus longtemps possible le rachat d'actions.

Alors qu'elle s'apprêtait à quitter les lieux, une employée de la villa lui remit une lettre. Elle était adressée à Madame Sophia Armonti. Troublée, Sophia s'empressa de l'ouvrir. Il s'agissait d'un simple mot, en provenance de Marcello. Il l'invitait à boire un verre ensemble à la grande fête d'Augusta, en souvenir du passé. Marcello avait aussi glissé une carte de l'asile d'Anchorage.

- Pourquoi veut-il me parler ? Et pourquoi maintenant ?

Sophia ramassa ses affaires et quitta la villa. Une chose à présent était certaine : Marcello savait qu'elle s'était rendue à Anchorage, à la recherche de nouvelles informations sur son passé. Tout en roulant, Sophia essaya de composer le numéro de l'infirmière qu'elle avait retrouvée là-bas. Bien sûr, le numéro n'avait plus d'abonné.

- Je ne sais pas à quel jeu tu joues, Marcello, mais je promets de le découvrir vite...

 

Oasis Club.

Sur le parvis de l'Oasis Club, l'excitation était à son comble. De nombreux journalistes et photographes venus de tout le pays attendaient l'arrivée des invités. On parlait du gouverneur et de plusieurs sénateurs. Des bruits courraient sur une annonce concernant le projet de Pacific Sud. Certains allaient même jusqu'à prétendre l'annulation du procès des Entreprises Capwell...

A l'écart, cachée derrière un lourd rideau blanc, Augusta terminait de fumer sa cigarette. Elle enrageait. Elle avait téléphoné près d'une centaine de fois à Channing Capwell, et elle n'avait toujours pas obtenu la moindre réponse. Son répondeur devait déborder de ses messages.

Soudain, Deana Kincaid, qui couvrait l'événement pour The Santa Barbara Chronicles, apparut en haut des marches.

- Mesdames, Messieurs, bonsoir. Non, vous ne vous êtes pas trompés, nous sommes bien à Santa Barbara, devant l'Oasis Club, où va se tenir la fête de l'année, voire de la décennie. Tout a été organisé par Augusta Lockridge afin de célébrer comme il se doit l'ouverture prochaine de Pacifc Sud. J'ai à mes pieds des dizaines de journalistes qui attendent l'arrivée des plus célèbres invités. Sachez qu'il s'agit d'une soirée blanche et que, par conséquent, tous les invités porteront robe et smoking blancs. Mais, je vois descendre d'une voiture le sénateur Charles Bateman, accompagné par la plus jeune de ses filles, qui se laisse photographier avec plaisir. Je peux aussi vous apprendre que de nombreux invités sont déjà présents dans la salle : Julia Capwell, Daniel McBride, Greg Hughes Capwell, Bridget et Jerome Dobson, l'industriel Peter Mark Richman, les hommes d'affaires Lloyd Bochner et Paul Burke, plusieurs directeurs de chaînes du câble, des actionnaires des Entreprises Capwell... Mais il manque pour l'heure l'autre organisateur de cette soirée, à savoir le puissant Channing Creighton Capwell...

Alors que de nouveaux invités pénétraient dans l'enceinte de l'Oasis Club, la journaliste Deana Kincaid poursuivait de commenter cette folle soirée. Les invités pénétraient à l'intérieur de l'Oasis Club, se prêtant volontiers à une petite séance photos, telles les stars sur les escaliers du festival de Cannes.

 

A l'intérieur, Augusta se chargeait de l'accueil des invités. Elle parvenait plutôt mal à cacher le trouble qui l'habitait. Et tandis qu'elle serrait des mains, elle ne cessait de se poser une question : où était Channing ?

Ses yeux parcouraient inlassablement l'entrée à la recherche de son associé.  Elle ne le voyait nulle part; déjà à plusieurs reprises elle avait questionné Sophia. D'une table à l'écart, Julia lui fit signe qu'elle n'avait pas de nouvelles. Anxieuse, elle regarda sa montre : dans moins d'une demi heure, elle devrait ouvrir la soirée et présenter les améliorations du projet Pacific Sud.

Augusta continuait de s'activer et glissait une amabilité aux invités, jusqu'à ce qu'elle croisa la route du juge David Raymond.

- Il ne me semble pas vous avoir mis sur la liste des invités...

- Augusta Wainwright, c'est toujours un réel plaisir de vous voir.

David lui tendit une main molle, qu'Augusta se refusa de serrer.

- Lockridge... Augusta Lockridge.

- Très chère, si vous pensez que cette petite fête va empêcher le procès et la ruine des Entreprises Capwell, vous vous trompez. Pacific Sud ne verra jamais le jour, je peux vous le promettre... J'ai tellement d'éléments pour faire tomber Channing...

Augusta poussa David dans un recoin à l'abri des regards, derrière une lourde plante verte. Augusta ne parlait pas, elle sifflait sa colère.

- Mon cher David... A vous voir comme cela, on pourrait imaginer que vous avez pouvoir et autorité... Mais, je sais que c'est loin d'être le cas. Je me souviens des menaces que vous avez proférées à l'encontre d'Angela, votre épouse, pour ne pas qu'elle parte... Et qu'est-ce qu'elle a fait.. Il ne me semble pas qu'elle vous ait obéit.

- Faites attention...

- A quoi ? A vous ? Vous n'êtes qu'un minable frustré parce qu'aucune femme avec de la classe ne veut de vous... Ce qui fut le cas avec ma jeune soeur, non ? Profitez bien de ma fête, David, prenez même des notes, car je peux vous jurer que votre moment de gloire va toucher à sa fin. Après le procès, plus personne ne s'intéressera à vous : vous resterez un petit juge qui a essayé de s'attaquer aux puissants.

Revigorée par cette altercation, Augusta repartit de plus belle pour accueillir tous ses invités, cherchant toujours Channing Capwell du regard.

 

A une table sous la pergola, près d'une vieille fontaine toute ornée de fleurs blanches et rouges, Julia, Daniel et Greg prenaient un verre.

- Je trouve cela un peu malsain, à être là, à faire la fête, alors que Pilar est morte depuis... si peu de temps.

- Daniel, c'est que vous ne connaissez pas bien ma soeur... Elle est comme ça.

Et comme pour excuser le caractère si particuliers de sa soeur, Julia leur conta l'histoire de sa fausse cécité. La sonnerie de son téléphone portable l'interrompit. Julia s'éloigna, laissant en couple Daniel et Greg.

Passé le moment de surprise, Julia finit par reconnaître la voix de Dash. Il ne lui laissa pas le temps de parler; il connaissait bien Julia, avec elle il valait mieux éviter de la laisser parler. Il l'appelait de La Nouvelle Orléans et lui proposait son aide dans le procès que la presse nommait «le procès de Pacific Sud».

- J'ai réussi à obtenir des informations de la part d'anciens amis qui s'occupent toujours d'écologie. Et j'ai appris qu'une association écologiste avait été contactée pour étudier un projet de contamination qui ressemble à celui que connaît le site de Pacific Sud.

Oubliant le passé, Julia et Dash poursuivirent leur conversation. Julia sentait bien que là, elle tenait une piste sérieuse, ainsi qu'une aide des plus utiles.

 

Daniel et Greg s'écartèrent et prirent place à la table que leur avait réservée Augusta. Le patio de l'Oasis Club était bondé de monde entre les invités et les serveurs. La décoration révélait toutes les nuances du blanc : le décorateur français Nicolas avait littéralement fait des merveilles. Du coin de l'oeil, ils échangèrent un regard complice; eux qui ne pouvaient pas profiter pleinement de cette fête, se languissaient de se retrouver ce soir dans l'intimité de l'appartement de Daniel.

Soudain, Greg remarqua un homme vêtu de sombre qui s'approchait d'eux. D'un subtil coup de coude, il l'indiqua à Daniel. L'homme vint s'asseoir à leur table face à eux, et Daniel blêmit.

- Alors, les amoureux... Pas trop dur de devoir se cacher ?

Daniel déglutit avec peine, tandis que Greg restait impassible.

- J'aimerais bien voir la tête de votre patron, Daniel, lorsqu'il saura que son avocat se tape son fils... Ah Ah ! !

- Et bien, il ne faut pas se gêner, monsieur...

- Cranston. Kirk Cranston Lee, votre ancien beau-frère...

Greg ravala sa salive. Il avait déjà entendu des bruits sur cet homme, le premier mari d'Eden et ancien avocat des Capwell. Toutefois, il prit sur lui et affronta le fléau de sa famille.

- Il n'y a aucun souci, Kirk, puisque comme nous avons été de la même famille, on peut s'appeler par nos prénoms. Dès que je verrai C.C., je vous l'enverrai... Il sera ravi d'apprendre la nouvelle.

Kirk encaissa le coup. Il était surpris que le jeune blanc bec de Capwell-Hughes lui réponde.

- Profitez de cette belle soirée dans le grand monde, car lorsque j'en aurai fini avec les Capwell, c'est tout ce qui vous restera des souvenirs... Car j'imagine que c'est ce qui reste après... Enfin, il faudrait demander à Pilar... Avec le futur projet de Pacific Sud, elle participe elle aussi à la fête.

Daniel se leva, prêt à fondre sur Kirk. Mais Augusta l'en empêcha.

- Kirk, un mot de plus et je vous égorge...

Kirk se retourna vers Augusta.

- Allez-vous en.

- Je ne sais pas, la fête me parait sympa.

La colère monta aux joues d'Augusta, d'autant plus qu'autour d'eux, les invités les dévisageaient.

- Kirk, je n'ai qu'un mot à dire pour qu'on vous mette à la porte de la soirée, de la ville...

- Cela m'étonnerait, Augusta chérie !

- N'en doutez pas.

Augusta s'approcha de lui, et lui glissa à l'oreille :

- Ne vous en déplaise, votre père s'est déjà cassé les dents sur les femmes Wainwright, espérez pour vous qu'il ne vous arrive pas la même chose.

Kirk attrapa le poignet d'Augusta.

- Vous ne me faites pas peur...

- Mais j'y compte bien. Seuls les imbéciles ont peur... Le plus souvent, on a peur de ce qui n'existe pas : le noir, les monstres... Moi, je suis bien réelle, Kirk. Et auprès d'Anthony, j'ai appris à ne pas menacer dans le vent. Ce que je dis, je le fais.

Elle se dégagea de son étreinte, s'éloigna. Kirk jeta un regard autour de lui et il sentit le mépris dans les yeux de toute cette foule, ces âmes de la haute société qui continuaient à le traiter comme un moins que rien. Intérieurement, Kirk se murmurait : Allez-y, méprisez-moi. Mais bientôt cela va changer. Cela va changer. Bientôt, lorsque j'aurai mis genoux à terre à Channing Capwell, vous viendrez tous manger dans ma main...

 

Augusta rejoignit Julia et Sophia, qui venait d'arriver. Elles parlèrent un moment de Brick et de Lionel. Et de Channing aussi. Personne ne l'avait encore vu de la soirée.

- S'il ne vient pas, je jure que je le tue...

Augusta n'en pouvait plus. Il osait lui faire un tel affront à elle, qui finançait en grande partie le projet, qui participait à sauver les Entreprises Capwell de la ruine, elle qui, pour la première fois, voyait s'ouvrir devant elle toutes les plus grandes et plus respectables familles de la ville et de l'Etat.

 

Les yeux grands ouverts pleins de rêves, Gracie profitait pleinement de la soirée. Elle et ses amies n'en revenaient pas : elles assistaient à la plus grande soirée de Santa Barbara. Seule Gracie par moment affichait un air inquiet et s'absentait quelques instants sous le couvert de mauvaises excuses. Ses amies s'imaginaient qu'elle stressait de se retrouver auprès de la famille de sa patronne.

 

Alors qu'elle angoissait derrière le lourd rideau de velours blanc, Augusta reçut une étrange visite. Elle reconnut tout de suite Angela Channing, la propriétaire de Falcon Crest, au bras de son chevalier servant Nick Agretti. Augusta sentit le regard d'Angela qui la pénétrait : décidément, cette femme l'impressionnait et la mettait mal à l'aise.

- Quelle jolie petite fête... Peut-être un peu trop bruyante pour une femme de la campagne comme moi.

Augusta se sentit jaugée et jugée comme un cheval de course. Elle ne savait pas trop quoi répondre.

- Je tenais à vous remercier personnellement... Grâce à vous, j'ai pu reprendre le contrôle de Falcon Crest... Et pour vous montrer que je sais tenir ma parole, voici un petit dossier sur ce qui s'est vraiment passé sur les terres de Pacific Sud. Si j'étais à votre place, je me méfierais de Kirk Cranston.. Bien que je doute sincèrement qu'il soit le cerveau de l'opération...

- Merci.

Augusta prit le dossier des mains, et resta bêtement immobile alors qu'Angela Channing quittait la soirée.

 

Pendant ce temps, à l'entrée de l'Oasis Club, la tension montait d'un cran. Une impressionnante limousine blanche se gara au centre des journalistes. Deana Kincaid, seule journaliste autorisée à pénétrer dans la zone de l'entrée, s'avança et commenta non sans surprise l'arrivée de Gina DeMott Capwell Timmons Capwell Lockridge. Elle resplendissait dans sa tenue mi-robe mi-déshabillé. Gina, telle la reine de la soirée, se prêtait parfaitement au jeu des journalistes.

Lentement, C.C. Capwell, l'air en colère, finit par sortir lui aussi de la limousine. Gina se rua sur lui et l'empoigna par le bras, tout en clignant langoureusement des yeux...

Deana n'en revenait pas et commenta longuement les retrouvailles des pires ennemis de la ville : après les Lockridge, voici que Capwell refaisait la paix avec celle qu'il surnommait sans la moindre gêne, la vipère de Santa Barbara.

 

Alors que Gina et C.C entraient dans l'Oasis, ils croisèrent Gracie, qui quittait avec précipitation les lieux. Ses pas la menèrent une énième fois vers le parking. Elle se précipita les joues en feu vers sa voiture.

Elle ne s'absenta que quelques minutes et lorsqu'elle rentra dans le club, rejoignit ses copines et but deux verres d'alcool, sous leur regard plein de surprise.

- Après tout, nous sommes là pour faire la fête, non ?...

Et Gracie, sous les yeux de ses amies, se précipita sur la piste de danse, plus insouciante que jamais.

 

Alors qu'il montait les marches au bras de sa toute nouvelle femme, C.C. remarqua un homme, dans l'ombre, appuyé sur une barrière de sécurité. Il lâcha aussitôt le bras de Gina et se précipita vers Gregory Sumner.

Les deux hommes marchèrent en silence jusqu'à une voiture garée là. Gregory Sumner sortit un cigare de sa veste et sans se préoccuper de C.C., l'alluma. Le temps qui s'écoulait, le silence, trahissaient les souvenirs d'une ancienne relation.

- Je rentre d'une mission plus qu'exceptionnelle... Officiellement, je n'ai rien fait. Officiellement, Channing, je n'attends rien. Je suis juste venu t'annoncer que je vais reprendre le projet Empire Valley et que, cette fois-ci, je veux croire que toutes les cartes sont entre mes mains.

Channing comprit l'allusion : indirectement, il avait participé à l'arrêt du projet Sumner en retirant capitaux et soutien auprès d'un groupe militaire.

Bien que Channing ne prononça pas le moindre mot, l'un et l'autre signèrent là un pacte des plus importants. Au bout d'un moment, Gregory ouvrit la porte arrière de la voiture et Ted Capwell, avec Warren Lockridge, en sortirent. Père et fils tombèrent dans les bras l'un de l'autre. Et fidèle à l'éducation Capwell, c'est à peine si C.C. laissait voir son soulagement.

Ted et Warren portaient encore sur leur visage et leurs corps les stigmates de leur captivité en Irak.

- Tout va bien, papa... Nous sommes justes un peu fatigués.

- D'accord... D'accord...

Le cerveau de Channing fonctionnait à plein régime. Il réfléchissait à ce qui se préparait dans l'enceinte de l'Oasis : Gina allait annoncer leur remariage, Augusta aspirait à prendre le plein contrôle de Pacific Sud, le procès en toile de fond, et Sophia qui s'en était retournée vers Lionel.

- Ted, installez-vous tous les deux à la villa et attendez-moi. Faites en sorte que personne ne découvre votre retour. Warren, j'annoncerai moi-même la nouvelle à Augusta. Pour le moment, elle vit plus à la villa Capwell que chez elle... J'ai besoin de temps... Un tout petit peu de temps.

- C'est bon, je les conduit.

- Merci Gregory...

Les deux hommes se serrèrent la main longuement.

 

Dans le parc de l'Oasis Club, Sophia se promenait avec Samantha. Elle était lasse, ce soir, de ces fêtes, et puis elle angoissait à l'idée de son entrevue avec Marcello. Elle craignait un peu de ne pas avoir suffisamment de force pour se libérer de son emprise. Car entre son impression et ses dernières découvertes, Sophia avait fini par comprendre qu'une des clés de sa vie se matérialisait dans les souvenirs de Marcello Armonti. De plus, elle cherchait à éviter Venise qu'elle avait vu arriver au bras de T.J. Daniels.

Sophia regarda à nouveau son téléphone portable : elle n'avait toujours pas eu de nouvelles de Channing.

 

C.C. pénétrait dans l'enceinte de l'Oasis Club, par une entrée située face à la plage. Un moment son regard se perdit dans l'immensité de l'océan. Le faste de la fête se reflétait dans le bleu de l'eau. Et Channing s'offrit un rare instant de paix pour profiter du spectacle. Il lui fallait gagner du temps pour affronter Gina, pour affronter Augusta, pour affronter Sophia...

- Toutes ces femmes, maudites soient-elles.... Voilà ce qui arrive quand elles veulent se mesurer aux hommes...

Alors qu'il profitait pleinement de ce moment, une silhouette s'approcha furtivement de lui. Il ne reconnut pas tout de suite la femme, mais la première impression qui se dégagea de son coeur fut celle de retrouver l'amour de sa vie; c'était comme si Sophia était là, près de lui. Non pas la femme indépendante qu'elle était devenue, mais la frêle actrice qu'il avait croisée il y a des années lors d'une réception... La nostalgie de ce moment refit surface. En même temps, le même parfum éveillait tous ses sens.

Channing finit par reconnaître Venise Armonti : celle-ci avait lâché le bras de son chevalier servant pour jeter son dévolu sur le maître Capwell. Pour l'occasion, elle portait La Vie, le parfum préféré de Sophia, et la robe qu'elle portait lors de sa toute première rencontre avec Channing Creighton Capwell.

- Bonsoir, Channing...

- Bonsoir...

Un trouble se lisait sur le visage de Channing.

Lentement, Venise prit place auprès de Channing, et elle lui confia son amour de la mer. Elle lui expliqua les nombreuses raisons qui l'obligeaient à ne jamais quitter longtemps la vue de l'eau.

Lentement, Channing se laissait prendre aux charmes de Venise, pris au piège des souvenirs du passé.

Contre le puissant homme d'affaire, Venise se fit petite, fragile.

Caché derrière un palmier, T.J. prenait des photos de toute la scène. Bien qu'il savait que le but final de cette manoeuvre était de blesser plus intimement Sophia, il n'avait pas eu d'autres choix que d'obéir aux ordres de Venise. T.J. se savait lâche et, plus que tout, il savait qu'il le resterait, surtout face au pouvoir des femmes.

Et Venise donnait l'impression de savoir parfaitement y faire avec les hommes : Channing paraissait visiblement attiré et troublé par cette femme qui dégageait une légère impression de Sophia.

Cependant, il finit par être rattrapé par la réalité, et c'est au bras de Venise qu'il s'approcha du coeur de l'Oasis Club. Parfaite dans son rôle, elle le laissa juste à l'endroit où la musique se faisait plus présente, non sans lui avoir arraché la promesse d'un rendez-vous.

- Ah, enfin... Le grand Channing Capwell daigne enfin apparaître...

- Augusta...

Discrètement, mais fermement, Augusta empoigna Channing par la veste et le conduisit à l'écart, sur la scène où elle allait officiellement ouvrir la soirée. Là, caché derrière le rideau blanc, Augusta attendait une explication. Et contrairement à ce qu'elle espérait, Channing restait silencieux.

- C'est encore à cause de cette maudite Sophia... Qu'est-ce que vous avez tous à lui courir après ? Bon, ce n'est pas grave, le principal c'est que nous allons enfin pouvoir ouvrir le bal.

Augusta s'écarta quelques secondes pour avertir qu'elle était prête, puis elle retourna auprès de C.C.. Elle en profita pour lui parler des invités, de la présence de Kirk Cranston. Tandis qu'elle lui parlait, elle ne remarqua pas la silhouette qui se faufila sur la scène.

 

Soudain la musique cessa de l'autre côté du rideau. Tous les invités se présentèrent devant la scène. Julia, Greg et Daniel quittèrent leur table pour se rapprocher. De l'ombre surgit lentement le Général Michael Bradford, impatient de connaître la contre-attaque de Capwell. Il était quasi certain que de la victoire des Entreprises Capwell dépendait son possible retour en grâce. Kirk prit place près du bar principal, un verre de whisky à la main : il attendait lui aussi de voir ce que Capwell et Lockridge avaient préparé de plus pour défendre le projet de Pacific Sud. Confortablement installé à une table d'honneur, David Raymond continuait d'observer Julia : il la trouvait si belle, si engagée... Depuis son divorce d'avec Angela, il n'avait pu oublier le caractère de l'avocate. David se gardait bien de réagir : quoique Channing Capwell et Augusta Lockridge entreprendraient avec Pacific Sud, il restait assuré de sa victoire. Lui seul détenait les preuves de l'innocence des Entreprises Capwell. Au bon moment, il saurait abattre cette carte. Un court instant, son regard croisa celui de Julia. David, gêné, s'empressa de regarder la scène et de reprendre sa discussion avec ses voisins de table : le maire de la ville, le procureur général et d'autres hauts représentants de la ville de Santa Barbara.

La tension allait crescendo. Seule, Sophia semblait ne pas réagir : elle était restée à l'écart, assise près de l'entrée du mini golf de l'Oasis Club. Sophia, patiemment, attendait sa rencontre avec Marcello Armonti. Elle venait juste de raccrocher avec Jane. L'état de Brick restait stationnaire. Lionel et Jane se partageaient les gardes autour de son lit. Jane l'avait remerciée avec de tant de justesse de lui avoir rendu à elle et à Brick le petit Johnny, que Sophia en avait laissé couler quelques larmes.

Juste au devant de la scène se présentèrent quelques journalistes triés sur le volet : évidemment, Augusta avait réservé l'exclusivité au journal de son fils, le Santa Barbara Conscience.

Le rideau s'écarta et Augusta Lockridge se tenait au centre de la scène, au bras de Channing Capwell. Augusta souriait, profitant pleinement de son heure de gloire. Durant un bref moment, elle songea à tous les moments de déception qu'elle avait connus; alors que les Lockridge se trouvaient au creux de la vague, combien de portes s'étaient fermées au devant d'eux. A présent, elle détenait le pouvoir et bientôt la respectabilité. Augusta s'avança d'un pas et commença son discours.

- Mes bien chers amis, habitants de la ville de Santa Barbara...

A ses côtés, Channing fuyait les invités du regard. Ses pensées s'envolaient vers Sophia, sa tendre et douce Sophia. Comment va-t-elle réagir ? Il se souvenait de leurs retrouvailles quelques mois plus tôt, lors du mariage de Warren et de B.J.. Il songea au mal qu'ils s'étaient fait depuis son retour en 1984, il songea aux promesses qu'il lui avaient faites, promesses qu'il ne tiendrait jamais.

- Avant de vous présenter la globalité de Pacific Sud, je voudrais, en cette belle soirée, avoir une tendre pensée pour ma belle-mère Minx Lockridge. Je ne vous cacherai pas qu'en raison de son sale caractère, nos rapports étaient assez conflictuels... Mais, je crois qu'elle avait en elle le charme, la grandeur, la force, et la noblesse de l'âge d'or... Ces mêmes qualités que l'on peut trouver à chaque coin de rue de notre belle ville. Et c'est à cela que nous avons pensé Channing et moi, en élaborant le projet de Pacific Sud. Nous voudrions conserver et défendre cette aspect, peut-être un peu cliché de Santa Barbara, mais qui rend les moments si riches, si particuliers... Ainsi, je dédie donc cette soirée à Minx Lockridge !

Soudain, au dos de la scène, un écran géant descendit, et des images commencèrent à apparaître. Au fil des images, Augusta expliquait le projet de Pacific Sud. Sous les conseils de Julia, elle avait parfaitement appris son texte, rendant vivant son attachement à la baie, à la ville, à Pacific Sud. Elle leur détailla le centre de conférences qui serait très bientôt opérationnel, des laboratoires de recherche sur l'environnement qui ouvriraient avant la fin de l'année prochaine, des projets écologiques qui mèneraient Santa Barbara vers une nouvelle destinée...

Tour à tour, les invités prenaient réellement conscience de l'ampleur du projet. Des laboratoires, des industries, des associations occuperaient bientôt le site, avec pour seul but de défendre l'environnement.

- Bien sûr, tout ceci ne pourrait pas se faire sans l'aide de plusieurs politiques, de plusieurs investisseurs... C'est pourquoi, je vous demande d'applaudir le sénateur Charles Bateman, Paul Burke de Burke Industries, Peter Mark Richman de PM Environnement, Lloyd Bochner de B&B Enterprise qui ont été les tous premiers à croire en notre projet. Et pour finir, je voudrais aussi remercier, mon ennemi de toujours, un homme d'affaires avisé et particulièrement soucieux de l'image de notre ville, mon voisin et désormais associé Channing Capwell !

La salle entière se leva et applaudit. Tous les invités songeaient au prestige de la ville, au travail qu'un tel projet allait générer pour les habitants, aux retombées économiques...

Channing prit un moment la parole, puis il laissa le mot de la fin à Augusta.

- Merci de votre attention... Merci aussi de remercier le juge David Raymond, l'homme qui cherche à empêcher ce doux rêve de devenir réalité...

Un éclair de haine traversa les yeux d'Augusta.

- Pacific Sud se fera, je vous en fais la promesse. Bonne soirée et encore merci de votre présence et de votre soutien...

Pliant sous les regards des invités, David Raymond fuit la lumière. Kirk, qui l'observait, ne put s'empêcher de murmurer : quel lâche...

C'est alors que une femme rejoignit Channing et Augusta, et glissa quelques mots à l'oreille de Channing. Augusta pâlit en reconnaissant la sombre vipère : Gina DeMott. Elle s'apprêtait à la virer, lorsque Channing prit à nouveau la parole.

- Avant de vous laisser profiter de cette belle soirée organisée par Augusta...

Channing marqua une longue pause. Gina tenait le bras de Channing, Augusta la fusillait du regard, et Gina la narguait telle une petite fille.

- Je voudrais profiter de cet instant pour vous annoncer une grande nouvelle, et aussi faire une surprise à... Augusta.

- Je... Je voudrais vous faire part de mon remariage avec Gina DeMott, et aussi vous dire et dire à Augusta qu'en cadeau de mariage, je lui ai offert un siège à la direction de Pacific Sud.

- Ce n'est pas possible....

Gina s'avança sous les projecteurs, ravie d'être devenue en une fraction de seconde la toute nouvelle vedette de la soirée. Déjà des journalistes s'approchaient d'elle, impatients de poser des questions à la toute nouvelle madame Capwell.

Sur la scène, Augusta suivit Channing qui cherchait au contraire à fuir la presse. En bas des escaliers, elle l'empoigna par le bras, l'obligeant à lui faire face.

- Channing, je veux des réponses, et il faut qu'elles soient bonnes.

- Je...

- Tu restes tellement lâche et faible face aux femmes. De Pamela à Sophia, en passant par Gina, tu restes tellement faible. Qu'est-ce qu'elle t'a proposé cette fois-ci ?

Channing lui montra le sceau des Capwell et écouta chacune de ces fausses excuses. Il n'y avait là rien de nouveau : il lui fallait sauver l'honneur de sa famille, l'honneur de son nom.

- Channing, je te plains sincèrement... Et plus que tout, je commence à éprouver de la sympathie pour cette pauvre Sophia... Trahie, trompée, une nouvelle fois... Enfin, elle devrait commencer à être habituée... Lorsque tu lui annonceras la grande nouvelle, dis-lui aussi que je ne l'autorise pas pour autant à toucher à Lionel....

Folle de colère, Augusta s'éloigna pour se préparer au combat :

- Gina, cela va être un combat à mort.

 

A l'opposé du parc de l'Oasis, à proximité de la plage, Sophia attendait toujours Marcello. Le regard ancré dans l'océan, elle songeait à cette terrible journée du 3 mai 1969, où elle avait basculé par-dessus bord du yacht des Lockridge. Ce jour-là, sa vie avait basculé... Elle le savait à présent.

- En trompant Channing, j'ai détruit notre famille, sur chacun de nos enfants, j'ai...

Marcello s'approchait d'elle, sur son fauteuil roulant. Sophia le rejoignit et prit place sur un mur de pierre.

- J'espère qu'à Anchorage, tu as trouvé les réponses à tes questions...

Prise au dépourvu par la brutalité de la question, Sophia se replia sur elle-même, perdant les forces qu'elle s'était juré d'avoir afin d'affronter son passé. Et puis ce regard froid, glacial, posé sur elle, pénétrait sa chair au plus profond de son être.

- Marcello, parle-moi d'Anchorage... Parle-moi des mois avant l'Italie. J'ai besoin de savoir...

- Sophia, je ne sais pas ce que tu cherches, mais je suis certain que tu ne vas pas sur la bonne route. Je te connais depuis si longtemps, et la femme que je vois n'est pas celle que j'ai connue en Italie. Tu n'es pas cette femme chétive, craintive, repliée dans l'ombre d'un homme... Je t'ai connue forte, solide...

Longuement, avec sa voix fatiguée, usé par la maladie, il lui parla de l'Italie, du soleil de Toscane, du temps où elle régnait sur l'Empire Armonti. Il lui conta leur longue discussion sur le poids de l'absence.

- Oh, Sophia, si tu savais ce que je donnerais pour que jamais, oui, pour que jamais tu ne sois revenue à Santa Barbara... Je te préférais languir, espérer de revoir tes enfants qu'à présent... Qu'as-tu gagné au final ? Kelly est partie. Eden n'en finit pas de souffrir de mille maux. Ted n'a pas encore trouvé sa place...

Les paroles de Marcello sonnaient si vraies, si justes, que Sophia laissa couler quelques larmes.

- Et puis, il reste Channing Junior ! Il me semble que tu n'y penses plus avec le temps...

- Channing !

Marcello tendit une main tremblante vers celle de Sophia, la prit et, contrairement aux apparences, la serra avec force.

- Repars, Sophia. Retourne en Italie, où tu pourras trouver la paix, la paix...

Sophia ferma longuement les yeux, et d'autres paroles se mélangèrent aux paroles de Marcello. Par bribes, les souvenirs remontaient à la surface. Et Sophia se dégagea de l'étreinte de son ex-beau-fils.

- Je me souviens d'autres paroles, Marcello. A l'époque, tu ne parlais pas de paix, mais de vengeance...

Marcello chercha du regard les yeux de Sophia. Il essaya de l'hypnotiser et de la forcer à oublier. Mais, Sophia était devenue une autre femme, prête à tout pour accéder à la vérité.

- Je garde le souvenir de tes conseils...

- C'est ce que tu es allée chercher à Anchorage ! Tu crois te souvenir... Mais tu te trompes, Sophia. Tu te cherches des excuses pour excuser tes crimes, comme avant. Des excuses pour ta liaison avec Lionel. Des excuses pour avoir abandonné tes enfants. Des excuses pour avoir menti à tout le monde. Des excuses pour avoir tiré sur ton fils chéri...

Blessée par la violence des mots, Sophia se leva et se tourna.

Marcello poursuivait. Il lui parla de chacune de ses erreurs, de ses fautes.

- Je suis ta conscience, Sophia, je l'ai toujours été...

Perdue, Sophia se sentait aspirée dans une spirale infernale : le présent, le passé. Le passé et le présent. Tout se mélangeait dans son esprit. Et d'anciennes paroles, d'anciens moments qu'elle ignoraient, trouvèrent la porte de sa mémoire.

Sophia, tes enfants se sont détournés de toi. Channing t'a oubliée aussi rapidement qu'il t'a aimée. Lionel, plutôt que de faire face à ta mémoire s'est enfuit. Channing ne veut même plus entendre ton nom. Eden, ta douce et tendre Eden, se détourne du souvenir de sa mère. Kelly a rejoint son monde de fées, où les mères n'existent pas vraiment. Ted ne se souvient ni de ta voix, ni de ton visage. Et Channing Junior, qui connaît ton secret, passe le plus clair de son temps, à te maudire, à détruire ton souvenir. Bientôt, il aura réussi, et plus personne à la villa ne se souviendra de l'actrice Sophia Capwell. Car c'est comme cela que ton fils chéri, ton premier né, parle de toi, de la petite starlette...

Tu as certes trompé ton mari, mais tout est de sa faute, Sophia. Tout est de sa faute. S'il ne t'avais pas délaissée, tu n'aurais pas eu à le tromper. Tu n'as agi que par vengeance. C'est par vengeance que tu as couché avec Lionel Lockridge. Pas par amour. Par VENGEANCE...

Il te faut te venger, Sophia. Lionel a essayé de te tuer. La vengeance est la seule possibilité pour toi de retrouver ta famille. Tu dois tuer Lionel. Il faut te VENGER de lui...

Les Capwell donnent une réception le 30 juillet 1979, ce sera le moment de ta vengeance... Tu es prête à présent.

Sophia tremblait, comme si le froid qui la pénétrait soufflait d'un passé vieux de 25 ans.

Marcello vint se placer face à elle.

- Sophia, l'heure est venue pour toi de partir. Si tu restes, ils vont finir par te détruire... Et comme je te connais, je sais comment tu réagiras... Cela se terminera encore dans le sang... Tu as une famille en Italie qui t'attend, une maison, un travail... Quitte Santa Barbara...

- Que crains-tu que je découvre ici, Marcello ? Que crains-tu que j'apprenne ?

- Puisque tu veux vraiment le savoir...

Avec rage, Marcello lui parla de son état avant et tout de suite après avoir tiré sur l'homme qu'elle croyait être Lionel. Il lui parla des mots prononcés lorsqu'elle avait compris qu'il ne s'agissait pas de son ancien amant, mais de son fils.

- Comme cela il ne reste plus de trace de ma faute...

N'en tenant plus, Sophia poussa et renversa le fauteuil, et s'enfuit en courant. Sophia devait s'éloigner de Marcello, car, dans son esprit, le passé se mélangeait au présent et elle n'était plus certaine de le connaître vraiment.

 

Tandis que Sophia partait en direction de la plage, Channing avait gagné un endroit isolé. Un verre de cocktail à la main, il ne cessait de songer aux dernières paroles d'Augusta. Un bref moment, il songea à Sophia et à sa trahison.

- Comment pourra-t-elle me pardonner ?

Très vite, il fut rejoint par Venise qui n'avait eu de cesse de l'observer. Elle prit place à ses côtés, tout en ordonnant discrètement à T.J. de s'occuper de Sophia.

- Toutes mes félicitations... Vous, vous êtes un homme comme nous les aimons, les italiennes... Vous m'avez l'air passionné...

Et bien qu'il n'en ait aucune envie, Channing se laissa entraîner dans une douce conversation avec Venise.

 

Sur la piste de danse, Gracie se déchaînait, alors que ses amies l'observaient de loin. Elles étaient très contentes de retrouver l'ancienne Gracie, celle d'avant la naissance de Chester, mais aussi très inquiètes, car justement, elle semblait redevenir l'ancienne Gracie, une jeune fille insouciante...

 

- Je ne sais pas ce que vous avez promis à Channing, mais une chose est certaine, jamais vous n'aurez un bout de Pacific Sud...

- Voyons, Augusta, vous ne me félicitez pas ?

A l'écart des invités, après deux verres de tequila bus cul sec, Augusta s'était enfin résignée à défier Gina. Les deux femmes, telles deux serpents à sonnette prêts à bondir l'un sur l'autre, se tournaient autour.

- Je ne veux même pas savoir ce qui a obligé Channing à vous reprendre, Gina, mais n'oubliez jamais ceci : Pacific Sud est à moi, et il le restera...

- Oh, Augusta, je suis tellement ravie d'avoir un bureau à côté du vôtre... Le plus grand, bien entendu... Car cela sera votre cadeau de mariage, n'est-ce pas, le bureau principal de Pacific Sud...

Augusta enrageait.

- Je vais me servir du codicille de Minx, et vous traîner devant un tribunal...

- Taratata... Taratata, vous n'en ferez rien. Car j'ai trouvé l'Amanda Lockridge... Et j'ai rendu le sceau Capwell à Channing.

Augusta encaissa le coup. Elle songea au bateau, aux corps, aux conclusions que Gina avait dû en tirer. Heureusement, elle savait le journal d'Amanda en sécurité, et elle savait que l'autre secret ne risquait pas d'être découvert.

- C'est donc cela. Channing s'est marié pour la bague de ses ancêtres...

- Et oui, pour l'héritage Capwell, il est prêt à toutes les folies... Comme un jeune marié, prêt à tout pour rendre sa femme heureuse...

- Qu'importe, vous finirez en prison. Et je me languis de voir sa tête quand il saura que votre mariage avec Stockman est illégal... Oh, Gina, comme je serai heureuse le jour où il vous retirera Brandon...

- Jamais !

Gina s'approcha d'Augusta et l'empoigna par le haut de sa robe.

- Jamais... Car sinon, je sortirai le cadavre du bateau...

- Ah Ah ahah ! Si vous croyez me tenir avec cette vieille histoire. Mais tout le monde s'en fiche de la mort de Nathaniel Capwell. Tout le monde.

- Peut-être, mais pas Channing. Et je suis certaine qu'il reprendra le contrôle de Pacific Sud, lorsqu'il saura qu'un Lockridge a tué son ancêtre...

La joute verbale se poursuivit et puis, très vite, elles usèrent de la force. Gina poussa Augusta, qui manqua de se cogner la tête contre une statue. Augusta répondit à la colère de Gina.

Daniel McBride, qui les avait remarquées, s'empressa de les séparer. Difficilement, il réussit à les maintenir à l'écart l'une de l'autre.

- Si jamais j'attends parler du codicille, je révèle toute la vérité sur Horatio et Nathaniel, à Channing.

- Laissez-là, Augusta. Ne gâchez pas pour elle cette belle soirée, elle n'en vaut pas la peine.

Victorieuse, Gina s'éloigna. Et Augusta, dépitée, regagna la table qu'elle partageait avec Daniel, Greg et Julia.

- Elle va me le payer. Et Channing aussi.

Augusta raconta toute la scène à Julia. Et elle lui parla du codicille laissé par Minx. Elle possédait toutes les preuves pour montrer à Channing que son mariage avec Stockman n'était pas valide. La preuve formelle qu'elle s'était servie de lui pour de l'argent, pour avoir Brandon.

- Dès que Channing sera au courant, il lui reprendra Brandon...

 

Dans sa course, Sophia percuta un serveur qui renversa des coupes de champagne sur elle. Elle n'y prêta pas plus attention. Elle voulait fuir. Elle gagna le parking de l'Oasis et, avant de monter dans sa voiture, elle faillit être renversée par une voiture noire.

Sophia prit place derrière son volant et pleura librement, tandis que la voiture noire acheva sa course folle dans des barrières qui fermaient l'accès au jardin de l'Oasis Club. Une femme aux cheveux sombre en descendit, alors qu'une autre voiture se gara sur le parking dans un crissement de pneus. Pearl en descendit.

- Courtney...

Il suivit en courant les traces de la jeune femme.

Courtney Capwell débarqua donc en plein milieu de la grande fête d'Augusta. Elle avait les cheveux en désordre, le regard hagard comme si elle était sous l'emprise de la drogue ou de l'alcool. Bien qu'elle détonnait, toute de noire vêtue dans la soirée blanche, personne ne prêta vraiment attention à elle. Et un serveur finit par répondre à ses questions et lui indiqua la table du Général Bradford.

Aussitôt devant lui, elle sortit un revolver et le pointa sur lui.

- Vous allez mourir pour tous vos crimes !

Le Général se leva et renversa sa chaise dans le mouvement.

Kirk, qui observait la scène, murmura : elle au moins, elle a du cran. J'espère qu'elle ira jusqu'au bout.

Face à face, Courtney et le Général Bradford s'observaient. Les serveurs maintenaient éloignés les invités, tandis que Connor McCabe s'approchait de la scène.

- Il est temps de payer pour vos crimes. Pour tous le mal que vous avez fait à ma famille...

- Je... Je...

- Avouez vos crimes...

Seules quelques personnes assistaient à la scène. Du jardin s'approcha C.C., et du centre du Club, Pearl observait la scène. Puis, lentement, se plaça à quelques pas de Courtney.

- Baisse cette arme, Courtney, cela ne sert à rien... Tu ne vas pas lui faire du mal...

- Ecoute, Pearl, ma chérie. Baisse cette arme, cela ne servirait à rien.

Pearl et C.C. tentaient l'impossible pour lui faire retrouver la raison. Courtney paraissait ne rien entendre.

- Il doit mourir. Pour ce qu'il a fait à toutes ces femmes, à ma mère et à ma soeur.

- Courtney, je t'en prie, baisse cette arme. Il n'a rien fait à ta mère ou à ta soeur... Je sais pour le reste, mais c'est trop tard, on ne peut pas réparer ce qui a été fait...

- Ne t'approche pas, mon oncle...

Impassible, le Général fixait le canon du revolver qui, malgré la tension qui agitait Courtney, ne quittait pas son corps.

- Je sais toute la vérité...

- Courtney, viens je t'en prie, viens avec moi.

- Non, Pearl, il est trop tard. Je dois venger ma famille, ma mère et ma soeur.

- Courtney, arrête !

Channing s'approchait lentement. Il sentait que la situation allait dégénérer. Il lui fallait empêcher Courtney de tuer le Général, empêcher Courtney de parler des crimes qu'il avait commis avec Grant, empêcher Courtney de souiller le nom des Capwell. Tout cela se réglerait, mais pas ici.

Courtney remarqua que C.C. venait vers elle. Et dans sa tête, elle entendit la voix puissante de Madeline qui lui criait : Venge-moi. Venge-moi. Venge-moi.

- Tu as violé ma soeur. Tu as détruit ma famille !

Et comme C.C. et Pearl échangèrent un coup d'oeil complice, Courtney tira. Elle tira à plusieurs reprises alors que C.C. et Pearl plongèrent sur elle. Le Général s'effondra, les mains rivés sur son torse. Du sang s'échappait de ses doigts.

Après seulement quelques secondes, Courtney, que la colère rendait plus forte, finit par se dégager des corps de Pearl et de C.C.. Elle tenait encore l'arme entre ses mains, des mains tâchées de sang.

Ensuite, Connor se précipita sur elle, et s'empara de l'arme de Courtney. Elle se laissa aller contre le corps du policier.

- Je ne voulais pas le tuer. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Vous comprenez, il avait violé ma soeur... Ma soeur chérie...

Et tandis qu'il l'éloignait de la scène du crime, Courtney parla, parla du passé : des crimes commis par son père et le Général, elle lui confia les vols, les viols...

 

De sa place, Kirk observait la scène : le Général s'était relevé pour s'effondrer à nouveau, dans les bras d'un serveur. Autour des corps de C.C. et de Pearl, des serveurs délimitaient un espace, empêchant Kirk de savoir qui des deux hommes avait été blessé.

 

Très vite après les coups de feu, la soirée s'acheva. Au bout de quelques minutes, toutes les limousines avaient déserté l'Oasis Club. Augusta réfléchissait aux conséquences de l'éventuelle mort du Général Bradford : comment sauver Pacific Sud, sans la présence au procès du seul témoin capable d'innocenter les Entreprises Capwell.

Julia, Daniel et Greg étaient partis avec les ambulances en direction de l'hôpital, pour avoir des nouvelles sur l'état de santé de Channing et de Pearl.

Gina terminait lentement sa coupe de champagne en murmurant : Madame Channing Creighton Capwell... Non peut-être Madame veuve Channing Capwell...

 

A la villa Capwell, Ted et Warren s'étaient retrouvés au bord de la piscine à observer les étoiles. Ni l'un ni l'autre, pour l'heure, ne se sentait libre au point de se séparer.

- Je n'arrive pas à croire que nous avons survécu à cet enfer. Sans toi, Warren, je suis certain que je n'aurais pas supporté ces jours de captivité...

 

Au poste de police, dans le bureau de Connor, Courtney s'effondra littéralement : toutes ses forces venaient de la quitter. Et dans sa tête, la voix de Madeline, pour la première fois depuis très longtemps, venait de se taire.

 

Deana Kincaid, qui commentait l'information, n'avait pas d'autres détails à communiquer :

- Comme trop souvent à Santa Barbara, une fête Capwell se termine dans le sang. Je peux de mémoire vous rappeler la mort de Channing Junior, la mort d'Andrea Bedford, la mort de Raoul Mondragon...

 

Une à une, les lumières de l'Oasis s'éteignirent, laissant Augusta toute seule au milieu de la nuit, ruminant sa vengeance contre Gina.

 

Maison de Mason et de Julia.

Gracie, au retour de la soirée, coucha Chester dans son lit. Elle descendit ensuite se servir une boisson chaude. Elle avait laissé ses affaires dans l'entrée. Il lui tardait d'avoir des nouvelles de Julia. A plusieurs reprises, elle monta dans la chambre de Chester, pour vérifier que tout allait bien. Puis, elle sortit sur la terrasse pour profiter de la fraîcheur de la nuit.

Au bout de longues minutes, elle remonta se coucher.

Au matin, elle se réveilla très tôt. Elle avait passé une très mauvaise nuit. Puis, comme à son habitude, elle gagna la chambre de Chester. Là, elle s'empara de son portable et téléphona à Julia.

- Julia...

Gracie s'effondra en larmes. Elle n'entendait pas les réponses de Julia. Il lui fallut un long moment pour murmurer à Julia...

- Chester est mort... Il est mort dans la nuit...

Gracie s'évanouit...

Chapitre 24