Figure
paternaliste à la prison de Saint Quentin, il n'en reste pas moins le
directeur. Et pourtant, il lui arrive parfois de s'attacher à certains
de ses prisonniers. Et c'est le cas avec le détenu Perkins. Car même
s'il ne le dit pas clairement, il doute de sa culpabilité. Il trouve en
Joe un petit je ne sais quoi que n'ont pas les autres détenus... Et à
l'inverse du policier qui l'accompagne, il sent parfaitement cette différence
entre lui et les autres prisonniers : l'innocence peut- être.
Ce
n'est pas sans soulagement qu'il vient annoncer à Joe en personne, et
pas dans son bureau puisqu'il le retrouve au milieu des autres détenus,
dans la cour de la prison en train de faire de la musculation, qu'il est
libéré aujourd'hui pour bonne conduite : sa libération sur
parole vient d'être acceptée. Ses propres mots à l'égard du
prisonnier sont pourtant simples et remplis d'une certaine affection :
«Tu sors petit. Tu ne restes pas avec nous. Ta libération sur parole
vient d'être acceptée. Tu sors, c'est gagné. Tu es libre. Tu es
libre mon vieux.» Alors qu'il est en train de faire des exercices
physiques, Joe ne réalise pas tout de suite la bonne nouvelle. Ce n'est
que lorsque les autres prisonniers le félicitent que Joe commence à réaliser
ce qui est en train de se produire. Spontanément, le directeur lui
serre chaleureusement la main.
Ensuite,
il rejoint Joe Perkins dans sa cellule, alors que ce dernier est en
train de terminer son sac. Et, parce qu'il craint pour son avenir, il
lui conseille de ne pas retourner à Santa Barbara : «Perkins,
tu dois te contrôler, tu ne dois surtout pas retourner là- bas. T'approche
pas de Santa Barbara, on ne va pas te faire de cadeaux. On n'a pas oublié,
bien au contraire, et la liberté et la libération sur parole peut être
annulée en deux secondes.» Et lorsque Joe lui explique qu'il va y
retourner pour chercher l'assassin de Channing Capwell Junior, pour
trouver celui qui aurait dû passer ces cinq années en prison, il ne
peut accepter de se résigner. C'est pourquoi il tente encore de lui
faire changer d'avis : «Tu ne comprends donc pas. Tu peux revenir
ici pour deux fois rien, pour n'importe quel problème. Une
contravention peut suffire, n'importe quoi. Si quelqu'un n'aime pas ta
façon de te coiffer, il peut faire un scandale et alors... Enfin, Joe,
tu comprends. Tu reviendras moisir ici, et tu ne pourras plus en sortir.»
Il espère qu'il choisira de partir pour une autre destination, peu
importe laquelle - les Etats-Unis sont vastes - pour commencer une
nouvelle vie, même si pendant ce temps, Joe continue de ranger ses
affaires, et de vérifier une dernière fois la présence de ses lettres
pour Kelly.
Et
parce qu'il sait que ses conseils ne serviront à rien, avant de le voir
partir de Saint Quentin, il lui souhaite bonne chance pour l'avenir : «Bon,
à toi de jouer Joe. Il faut te débrouiller seul. N'oublie pas, il y a
de la place pour tout le monde dehors. Alors où tu décides de partir ?»
Il
regarde Joe partir de la prison, sous les regards de tous les autres détenus,
en écoutant les dernières paroles de Joe en réponse à sa question :
chez nous. Chez nous...
Personnage
d'un seul épisode, le directeur de la prison permet de présenter la
droiture de Joe : ce ne sont pas tous les détenus de Saint Quentin
qui ont droit au même traitement. Il nous permet aussi et surtout, pour
la suite, de se ranger du côté de Joe, plutôt que de celui de son père,
John, quand celui-ci lui refusera le toit familial et lui retirera sa
confiance. Quelque part, le directeur de la prison place en Joe la
confiance que son père n'a pas voulu lui donner...
Portrait
écrit pour ce site par Lilian
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