Bulletin
de notes de Santa Barbara : d'où il vient et où il va |
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Par Ellen Byron, Soap Opera Digest, 1985 |
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Il y a une petite année, annoncée par tout un battage médiatique que l'on n'avait pas vu à la télévision depuis le mariage du Prince Charles et la Princesse Lady Di, NBC a dévoilé sa nouvelle entrée glamour dans le monde des soaps, Santa Barbara. Programmé dans une tranche horaire qui avait déjà sonné le glas de nombreuses séries, dont Texas, le nouveau venu enthousiaste était confronté à un défi de taille : pourrait-elle être la série qui sauverait la programmation de journée en difficulté de NBC ? Pourrait-il voler de précieux téléspectateurs à ses deux redoutables adversaires, Alliances & Trahisons / Hôpital Central et Les Vertiges de la Passion / Haine et Passions ? Est-ce qu'il pourrait peut-être même faire tomber Alliances & Trahison / Hôpital Central de son perchoir de numéro un ? La tension était digne d'un meilleur cliffhanger de daytime soap !
Même aujourd'hui, il est trop tôt pour prédire l'issue finale de la guerre entre Alliances & Trahison / Hôpital Central-Les Vertiges de la Passion / Haine et Passions-Santa Barbara, mais une chose semble certaine. Santa Barbara a survécu au chaos et à la folie qui accompagnent le lancement d'un nouveau daytime soap, et a peut-être même déjà ouvert une dans son créneau horaire.
«Je pense que nous sommes passés d'une série qui cherchait à se forger une identité en tant que série différente, à une série qui a atteint cet objectif», déclare Brian Frons, directeur des programmes de journée de NBC. Pourtant, même lui admet que la série a commencé sur un terrain fragile. «Nous avons tous sous-estimé les problèmes pratiques et physiques liés au lancement d'une série d'une heure», partage-t-il, «les problèmes de recrutement d'une grande équipe de scénaristes, d'acteurs et d'équipes de production, et de trouver des personnes de qualité pour remplir ces rôles. Lorsque nous avons commencé, je ne pense pas que nous ayons vraiment atteint nos objectifs.»
Pour n'importe quel soap, la première année est toujours la plus difficile. Premièrement, les téléspectateurs d'autres séries doivent être incités à goûter au nouveau venu. Ensuite, ils doivent devenir accros à la série pour devenir des fans fidèles. Frons évalue honnêtement la plus grande crise à laquelle Santa Barbara a été confrontée. «Le plus gros problème au début, c'était que la série n'était pas bonne», déclare-t-il. «Si j'avais l'occasion de le refaire, je ne l'aurais pas diffusée pendant plusieurs mois, et je l'aurais réajustée hors écran.»
L'acteur A Martinez (Cruz Castillo) rappelle avec vivacité le stress des débuts de Santa Barbara. «Au début, nous étions confrontés à une tâche presque impossible», soupire-t-il. «Nous avions été tellement excités que cela impliquait que ce serait une série incroyable dès le début. Vous ne pouvez pas demander aux êtres humains de partir de zéro et d'atteindre une telle vitesse aussi rapidement. La pression était ridicule. Vous pouviez entrer dans ce bâtiment et couper (la tension) avec un couteau. C'était tellement intense qu'il était très difficile de faire le genre de travail qu'on aurait aimé faire, parce qu'on ne parvenait pas à se détendre suffisamment.»
Santa Barbara a également dû faire face à plusieurs calamités en matière de casting. Le désastre a frappé pour la première fois quelques jours seulement après le début de la production de la série. Lloyd Bochner (ex-Cecil Colby dans Dynastie), le premier C.C. Capwell, a été victime d'une crise cardiaque et a dû être remplacé immédiatement. Peter Mark Richman l'a remplacé temporairement pendant que les producteurs essayaient désespérément de trouver leur C.C. idéal. L'acteur Paul Burke a remplacé Richman, mais il n'était pas à l'aise avec les contraintes des daytime soaps, alors les producteurs l'ont laissé partir et ont finalement opté pour une star vétéran de soaps, Charles Batman. «C'était parfois tendu, avec trois papas différents», se souvient Robin Wright, qui incarne la ravissante jeune fille de C.C., Kelly. «C'était difficile de se faire à quelqu'un d'autre du jour au lendemain. Mais nous sommes accueillants et nous acceptons tout le monde. Il s'agit plutôt de voir les autres s'habituer à nous.»
La série a rencontré des problèmes avec deux autres rôles principaux, Santana Andrade et Joe Perkins. «Dans le cas de Santana et Joe, nous avions simplement l'impression que les personnages ne sortaient pas de l'écran comme l'avaient initialement imaginé les Dobson (créateurs de Santa Barbara)», explique le patron Frons. Santana a été envoyée en dehors de la ville pendant que les producteurs cherchaient une nouvelle actrice pour reprendre le rôle. Mark Arnold, une ancienne coqueluche d'Edge of Night, a remplacé Dane Witherspoon dans le rôle de Joe Perkins. La romance entre Joe Perkins / Kelly Capwell devait être l'intrigue la plus chaude de la série et la refonte du rôle, suivie de la disparition du personnage, a été un choc pour les téléspectateurs. Selon Frons, la mort de Joe n'avait rien à voir avec la qualité du travail de Mark Arnold. Le problème était que l'acteur n'avait accepté qu'un contrat à court terme. Comme l'explique Mary Ellis Bunim, productrice exécutive de Santa Barbara, «lorsque Mark a décidé d'exercer son option (et de quitter la série), nous avons décidé de mettre fin au personnage et d'ouvrir Kelly à de nouvelles histoires et de nouvelles romances.»
Le flux constant de changements de personnel, tant au niveau des acteurs que de l'équipe, a eu des répercussions sur les autres habitués de Santa Barbara. «Je me retrouve à vivre d'énormes changements émotionnels lorsqu'il y a des changements de personnages et de direction», commente Louise Sorel, qui incarne la délicieuse Augusta Lockridge depuis les débuts de la série. «Tout cela a un effet énorme, parce que vous venez d'apprendre quelque chose et soudain, cela vous devient étranger. Et vous devez faire des ajustements très rapidement. Vous essayez de vous concentrer sur une chose alors qu'il se passe vingt choses différentes. Cela était très chaotique. C'est comme s'il y avait une explosion, et ensuite la poussière retombe et vous devez récupérer.»
Heureusement, au début de cette année, la poussière à Santa Barbara a finalement commencer à retomber. La première priorité de la série a été d'embaucher un producteur expérimenté qui pourrait apporter le genre d'expertise dans les daytime soaps dont il avait désespérément besoin. «Il n'y a pas une longue liste de producteurs prêts à abandonner leur emploi dans une autre série pour venir tenter leur chance dans une série d'une heure dans une période très difficile», souligne Brian Frons avec ironie. «Rappelez-vous, NBC avait lancé trois ou quatre séries au cours de la même période et elles ont échoué. Nous avons finalement eu de la chance car le contrat de Mary Ellis Bunim était terminé sur As The World Turns. La courageuse Bunim, qui était par ailleurs à la tête de C'est Déjà Demain, a sauté sur le défi. Avec son arrivée, les choses dans le magnifique nouveau Studio 11 de 1 700 mètres carrés de NBC, construit spécialement pour Santa Barbara, ont immédiatement commencé à s'améliorer. Non seulement Bunim s'est montrée une pro accomplie, mais son ajout à l'équipe a également réuni une équipe extrêmement gagnante. «Les Dobson et elle ont probablement fait certains de leurs meilleurs boulots sur As the World Turns lorsque j'étais là-bas chez CBS en tant que directeur des programmes», déclare Brian Frons.
Sous l'oeil vigilant de Bunim, Santa Barbara a trouvé son propre style. «Nous avons opté pour un look californien très glamour et moderne», déclare Frons. Les décors sont épurés et somptueux, l'ambiance de l'ensemble de la série est élégante et sophistiquée. Les Dobson ont enfin réussi à attirer de formidables scénaristes dans l'écurie de Santa Barbara, et maintenant de nombreuses scènes crépitent d'émotion et d'esprit, une qualité qu'on trouve rarement dans les daytime soaps. La productrice Bunim dit «Je pense que ce qui distingue cette série, et ce sur quoi nous essayons de capitaliser, c'est une "contemporanéité" que les autres séries n'ont pas, ou ont dans une moindre mesure. Ceux sont les fans, l'esprit, l'irrévérence - mélangés, bien sûr, aux principes de base d'une bonne et solide narration émotionnelle. C'est un mélange intéressant de romance très chaude, de situations émotionnelles et d'interactions de relations amour-haine. Le plaisir et la folie de Lionel et Augusta, le plaisir et la folie de Mason. C'est une série imprévisible.»
Imprévisible c'est vrai. Qui aurait cru que Lionel et Augusta, le duo le plus hautain de Santa Barbara, deviendraient aussi attachants ? Ou que Mason Capwell se transformerait en un méchant sexy, plein d'esprit et irrésistible ? Cette série nouvellement arrivée se révèle être un leader dans la mise en place de personnages et es relations inhabituels sur le devant de la scène, et s'engage à prendre des risques audacieux en matière de scénario. Lorsqu'une Sophia Capwell disparue depuis longtemps a refait surface, elle était déguisée en homme. Kelly Capwell, toujours meurtrie par la mort de son mari trouve peu à peu un nouvel amour avec Nick Hartley, un vétéran du Vietnam vulnérable et plus âgé, Nick Hartley. Une nouvelle famille d'ouvriers a émergé, les DuVall, et la vulgaire, malicieuse et cependant abusée Christie a accusé un Ted Capwell innocent de viol. Brick Wallace a aidé à résoudre le mystère de l'échange de bébé avec Amy Perkins. Mais qu'en est-il du scénario américano-mexicain sur lequel la chaîne a fait tant de bruit lors des débuts de la série ? Bien que cela soit resté en veille pendant plusieurs mois, le sujet gagne en importance avec le retour en ville de Santana et sa bataille pour la garde de son fils Brandon, et l'importance croissante de la romance entre Cruz Castillo et Eden Capwell. A Martinez dit fermement : «De mon point de vue, ils ont pris un personnage hispanique et l'ont placé à une position extrêmement importante dans la série. Pour moi, c'est plus important que de raconter une histoire sur combien une famille mexicaine est différente. Je pense que leur engagement ne fait aucun doute.»
L'ambiance sur le plateau de Santa Barbara reflète le succès grandissant de la série. Les acteurs, les membres de l'équipe et de l'administration s'embrassent affectueusement en passant dans les couloirs. «Tout le monde s'entend si bien. C'est comme une grande famille», rapporte Robin Wright Il y a des fêtes et des rencontres fréquentes avec le casting. À mesure que les audiences grimpent et que le courrier des fans augmente, l'enthousiasme de toutes les personnes impliquées dans la série augmente également. Marcy Walker, qui a quitté la populaire série La Force du Destin pour incarner l'héroïne Eden Capwell, raconte : «Quand j'ai commencé, c'était vraiment difficile à gérer. On s'habitue à ce que les choses fonctionnent d'une certaine manière. Sur La Force du Destin, au maximum, je travaillais trois jours par semaine sur la série, et c'était quand j'avais une intrigue vraiment importante. Ici, nous travaillons de longues heures. Mais ça va mieux. La série a connu beaucoup de changements, mais je pense qu'ils avaient besoin de le faire, ils avaient besoin de faire des erreurs pour trouver ce qu'ils voulaient. C'est à eux de faire en sorte d'aller vers là où en est La Force du Destin à présent. Les choses qui vont mal n'ont pas d'importance tant que des choses vraiment bien vont arriver, comme quand les audiences vont monter, ou quand il y aura une photo de Robin ou A dans un magazine. On sera vraiment excité.»
Alors que de plus en plus de téléspectateurs deviennent accros à Santa Barbara, tous les participants à la série voient leur popularité augmenter. Louise Sorel a une anecdote amusante sur le fait d'avoir été reconnue dans les circonstances les moins probables. «J'achetais des hamburgers chez McDonald's. Il était sept heures du soir et je portais des lunettes de soleil noires et un chapeau. Soudain, un type est venu vers moi et m'a dit : "C'est Augusta Lockridge ! Que faites-vous ici ?!" Il ne pouvait pas s'adapter à l'idée qu'Augusta Lockridge entre chez McDonald's !»
A Martinez est quelque peu décontenancé par l'hystérie que son personnage sexy commence à inspirer. «Des gens ont commencé à crier après moi dans les rues de Westwood», rapporte-t-il avec étonnement. «En fait, maintenant, j'ai un peu peur d'y aller le week-end. C'est étrange de penser que si j'aime faire ça, je devrai peut-être reconsidérer mon choix.» A a découvert auprès de ses amis et de ses fans qu'«il semble y avoir le sentiment que nous sommes (en plein essor) et que nous sommes ceux qu'il faut surveiller. Le pourcentage de personnes qui regardent cette série et en deviennent accros est astronomique, si mes retours du monde réel sont une indication. Il semble que si vous donnez une chance à cette série, elle vous aura.»
Et, bien que NBC ait renoncé aux tentatives précédentes d'inaugurer un nouveau soap-opera, l'avenir de Santa Barbara s'annonce plutôt prometteur. La chaîne semble être derrière la série à 100%. Brian Frons rapporte : «Nous bénéficions du soutien de cette société et y compris, M. Tinker (Grant Tinker, président du conseil d'administration), qui, lors d'une réunion des associés, a clairement indiqué que la chaîne avait un engagement à long terme vis-à-vis de Santa Barbara pour en faire un succès.» Nicolas Coster (Lionel Lockridge), vétéran d'innombrables rôles principaux dans des daytime soaps, notamment dans Another World et On Ne Vit Qu'une Fois, théorise : «Chaque série à laquelle j'ai participé et qui visait vraiment la qualité a abouti quelque part. Si Santa Barbara garde des acteurs et des scénaristes intéressants, je pense que la série progressera graduellement et deviendra l'une des plus grandes séries à la télévision. Alors, je dirais, faîtes attention Alliances & Trahison / Hôpital Central et Les Vertiges de la Passion / Haine et Passions - nous arrivons !»