Le coup de coeur des séducteurs de Santa Barbara | |||||
Par Gérard Neves, Ciné Télé Revue, 1987 |
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Dans la mémoire de Richard Eden et de Todd McKee sont désormais gravés des souvenirs inoubliables. Et Paris, la France, les Français occuperont à jamais auprès d'eux une place privilégiée. «Ils sont magnifiques !», s'enthousiasme Todd McKee. «Grâce à Ciné Télé Revue, je savais que Santa Barbara était un énorme succès en France. Mais nous avons trouvé ici une chaleur, un enthousiasme qui existe nulle part ailleurs. Je crois que je viendrai chercher ma fiancée dans votre pays !» Ted comme Brick, qui reçoivent constamment plusieurs milliers de demandes en mariage et des photos de filles en bikini qui s'offrent littéralement à eux, n'ont pas pu faire trois pas dans Paris sans être reconnus par leurs admiratrices. Le phénomène Santa Barbara dépasse vraiment toute imagination : alors que des acteurs américains, à l'affiche dans les cinémas des Champs-Elysées, font du shopping sans être reconnus, les héros du soap-opera sont constamment interpellés par des fans. Même au troisième étage de la Tour Eiffel. C'est peut-être cela, le miracle de la télévision... «Il n'y a rien de plus beau que d'entrer chaque soir chez les gens par le canal du petit écran», commente Richard Eden. «Au début de ma carrière, on m'a dit qu'un tel rôle me permettrait de faire partie de leur famille. Je ne voulais pas le croire, mais c'est vrai !» On ne piège pourtant pas des séducteurs comme Ted Capwell et Brick Wallace... Todd McKee, par exemple, s'est amusé à apprendre de mémoire des phrases-type du genre «Mademoiselle, vous avez de beaux yeux», pour mieux faire connaissance avec ses admiratrices... Pourtant, entre le français et eux, c'est encore une histoire d'amour un peu tourmentée. Richard Eden comprend très bien notre langue mais il la parle peu. Dans leur chambre d'hôtel, les deux jeunes acteurs ont pris ainsi beaucoup de plaisir à suivre un épisode de Santa Barbara sur TF1 et à s'entendre parler français. Incorrigible séducteur, Todd McKee commente : «C'est une langue difficile mais passionnante. Il y a trente-six façons de faire comprendre à une fille qu'elle vous plaît !» Beaucoup d'admirateurs de Ted Capwell s'inquiètent d'ailleurs de savoir s'il parviendra un jour à passer une nuit avec Laken (incarnée par Julie Ronnie), son actuelle petite amie dans le feuilleton. «Je ne peux pas vous dire quand cela se passera», explique-t-il, «parce qu'en France, Santa Barbara est diffusé par épisodes d'une demi-heure et, en Amérique, par épisodes d'une heure. Mais oui, cela arrivera finalement dans le feuilleton !» Richard Eden ne suivra plus directement la vie amoureuse de son collègue et ami : depuis le 28 septembre dernier, il a arrêté le tournage de Santa Barbara. Brick Wallace ne fait plus partie de la nouvelle saison américaine du feuilleton parce que les scénaristes voulaient resserrer l'intrigue autour de quelques personnages comme Cruz et Eden Capwell. Comme son rôle n'était pas assez important, Richard Eden a préféré s'en aller. Mais on le reverra sous peu dans d'autres productions. «J'hésite actuellement entre de nombreuses propositions», avoue-t-il. «On m'a proposé de tourner un film à Rome. Le cinéma est toujours un rêve pour un acteur de télévision. Regardez KeIly qui vient de tourner Princess Bride. Je lui souhaite de réussir dans cette voie parce qu'elle le mérite ! Mais on me propose aussi un rôle dans un autre soap opera, On ne Vit qu'une Fois (et une jolie somme d'argent pour l'accepter). Enfin, le théâtre me fait aussi les yeux doux...» Grand professionnel, Richard Eden, au cours de visite à Paris, a voulu se rendre au Musée d'Orsay pour voir les toiles de Modigliani : on lui offre en effet d'interpréter le rôle du grand peintre sur les planches new-yorkaises. A moins qu'il ne soit revenu entre-temps dans Santa Barbara ! «On ne quitte jamais un tel feuilleton de gaieté de coeur», avoue-t-il. «Quand, pour la dernière fois, je suis venu jouer mon rôle sur le plateau, j'avais l'estomac noué. J'avais l'impression de perdre un ami, un frère ! Quand j'ai vidé mon armoire où chaque acteur dépose ses affaires personnelles, les larmes me sont venues aux yeux... Quand je vois combien nos personnages sont aimés en France, j'ai quelques regrets. Mais on peut me comprendre : je voulais défendre l'avenir de Brick !» L'avenir décidera… Il est vrai que la pression exercée sur les acteurs de soap operas en Amérique est très forte : il n'est pas rare pour eux de se lever vers cinq heures du matin alors qu'ils se sont couchés tard avec leur personnage. «Nous travaillons plus de douze heures par jour sur le plateau», acquiesce Todd McKee. «Le tournage est difficile parce qu'on nous donne soixante pages de texte à apprendre par jour et que, souvent, ce n'est qu'au dernier moment, avant que ne tournent les caméras, qu'on l'assimile complètement. C'est un travail éprouvant pour les nerfs. A Martinez (qui incarne Cruz) est actuellement très fatigué parce que l'intrigue est centrée sur lui. Il doit tourner à un rythme d'enfer !» Heureusement, chaque acteur a ses petits secrets pour échapper au stress quotidien. Richard Eden, par exemple, adore le camping et la pêche. Pour lui, rien ne vaut le retour à la nature pour oublier les soucis ! «Il m'est souvent arrivé de partir avec seulement un sac à dos pour me plonger dans un monde où personne ne me parlerait de Brick Wallace», dit-il. «Les jeunes Américains ont besoin de sains divertissements. Et quand je dois rester dans ma maison située dans les Hollywood Hills, je dialogue avec mes six chats...» Il sourit puis ajoute : «Le problème, c'est que le plus jeune s'appelle Brick !» En découvrant les berges de la Seine, Richard Eden a regretté de ne pas avoir emmené ses cannes à pêche avec lui... Todd McKee, lui, préfère la planche à voile. «Dommage que vous n'ayez pas d'océan comme chez nous», dit-il. «Rien n'est plus dépaysant que de faire du windsurfing sur le Pacifique tout en se dorant les épaules au soleil !» Todd McKee rêve cependant de s'acheter une propriété dans les collines de Hollywood qu'il transformera à son goût : c'est un grand bricoleur. Il est d'ailleurs très fier d'une petite jeep électronique qu'il a fabriquée de ses mains. Peut-être ramènera-t-il une petite voiture française au pays ? «Quand je vois une ville comme Paris, je me dis que les collèges américains devraient offrir à chaque étudiant un voyage en France», dit-il. «Il y a tant de richesses ici, tant de choses à découvrir, Paris est la plus belle ville au monde !» Des admiratrices l'interpellent encore. Il prend le stylo qu'on lui tend pour signer une photo et ajoute : «Quand je serai de retour sur le plateau de Santa Barbara, je penserai à toutes ces marques d'affection. C'est elles, et rien d'autre, qui vous donnent envie de faire ce merveilleux métier qu'est le nôtre...» |