Sydney Penny pour relancer Santa Barbara | |||||
Par Isabelle Caron, Télé 7 Jours, 1992 |
|
Santa Barbara, c'est fini. Voilà le titre que vous avez bien failli lire cette semaine dans Télé 7 Jours. Quand A Martinez a annoncé qu'il quittait le feuilleton en juillet et que rien, pas même un "contrat en or", ne changerait sa décision, les producteurs ont décidé, avec la chaîne NBC, l'une des plus importantes aux Etats-Unis, de laisser là les Capwell et les Lockridge. Déjà, le départ de Marcy Walker, venant après d'autres, avait provoqué une chute d'audience aussi spectaculaire que les rebondissements de Santa Barbara.
L’un des responsables du feuilleton avait même suggéré que le 10 juin, jour du 2000e épisode, pourrait être choisi pour le mot fin. Et puis la direction de la chaîne NBC a soudain annoncé que, dès septembre, Santa Barbara continuerait, du lundi au vendredi de 11h à midi, prolongeant ainsi une aventure née le 30 juillet 1984. Une jeune fille de 20 ans, bien connue des téléspectateurs, est à l'origine de ce retournement de situation, Sydney Penny, la petite Meggie des Oiseaux se Cachent Pour Mourir.
A elle de relancer Santa Barbara dans le rôle, nouveau, de B.J. Walker, fille de Jodie Walker, une ancienne amie de Cruz (A Martinez). Les scénaristes ont imaginé qu'elle tombait follement amoureuse de son prof de journalisme, qui n'est autre que Warren Lockridge, joué actuellement aux Etats-Unis par Jack Wagner, par ailleurs chanteur à succès. Pour donner encore plus de piquant à son arrivée dans le feuilleton, Sydney Penny n'apparaît pas dans tout l'éclat de sa beauté et de sa fraîcheur : «On m'a demandé de me déguiser en garçon pour laisser croire que j'étais le mystérieux Troy. Au bout d'un mois d'épisodes, ma mère dans le feuilleton, Kim Zimmer, qui était Reva Shayne Lewis dans Haine et Passions, découvre la supercherie et, enfin, je redeviens une femme.»
Sydney s'est beaucoup amusée à se déguiser ainsi en homme : «Comme tout s'est passé très vite, j'ai eu peu de temps pour me préparer. Je me suis baladée dans les grandes surfaces pour étudier la démarche des garçons de mon âge, leurs gestes, leur voix. J'ai aussi pensé à mon enfance. J'étais un vrai garçon manqué. J'ai bien changé depuis. Pendant ma période garçon de Santa Barbara, j'étais si frustrée, que j'attendais le week-end avec impatience pour mettre enfin mes plus belles robes.»
Sydney Penny (dans sa famille, c'est un prénom féminin qu’ont porté sa grand-mère et son arrière-grand-mère) n'en est pas à une transformation près. «Quand j'ai ouvert les yeux, j'ai vu des comédiens. Mes parents, Hank et Shari, appartenaient à une troupe de théâtre ambulant (elle chantait, il jouait de la guitare). Il a fallu arrêter une pièce, devant le public qui ne comprenait pas, pour vite emmener maman accoucher à l'hôpital. A un mois, je traversais déjà les États-Unis avec eux. A 3 ans, je faisais partie de la troupe. A 5 ans, j'apparaissais dans ma première pub, pour la poupée Dancerella, avant d'en tourner quinze autres pour les célèbres jouets Mattel.»
Hollywood n'a pas tardé à la remarquer. A 10 ans, elle tutoyait Richard Chamberlain, devenu le père Ralph de Bricassart : «Nous sommes restés très amis. On s'écrit souvent. Il m'appelle "sa petite fille". Burt Reynolds aussi m'avait alors envoyé une lettre après m'avoir vue dans Les Oiseaux se Cachent pour Mourir. Il disait que j'étais "la plus belle enfant qu'il ait jamais vue à la télévision". Quand je la relis, je suis très émue.»
Depuis, elle a été une inoubliable Bernadette (dans deux films) sous la direction de Jean Delannoy. Mais on l'a vue aussi dans Pale Rider, le film de Clint Eastwood, et dans d'autres rôles. Sydney parle le français avec une pointe d'accent américain. Elle a pu ainsi, sans trop de difficulté, tourner Bernadette en deux versions, française et américaine, bien qu'elle ait été finalement doublée dans le film sorti en France. Son rêve : «Jouer dans un feuilleton français». Qu'attend AB Productions pour l'engager, pour TF1 toujours, dans Premiers Baisers ou Hélène et les Garçons ?