La Cendrillon de Santa Barbara

 PaJoan Mac Trevor, Ciné Télé Revue, 1990

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Avec son doux sourire et ses yeux noisette, qui s'allument dès qu'on lui parle de Santa Barbara, elle enflamme tous les coeurs. Même le beau Todd McKee n'a pu lui résister. En France, Hayley et Ted, leurs personnages respectifs, vivent une romance tourmentée dans le feuilleton mais, aux Etats-Unis, la petite fille romantique a déjà connu bon nombre d'aventures, certaines étant même franchement dramatiques. Stacy Edwards est l'actrice de Santa Barbara dont l'ascension a été la plus fulgurante. Une vraie Cendrillon héroïne d'un conte de fées. Il y a quatre ans, elle était encore complètement inconnue. Quand elle a tourné son premier épisode de Santa Barbara, elle n'avait même jamais joué devant une caméra ! «Mon engagement fut le résultat d'un incroyable concours de circonstances», raconte-t-elle. «Le genre d'histoire qui s'arrête au petit matin quand vous vous réveillez et qu'un peu triste, vous vous dites que ce n'était qu'un rêve.»

Pour Stacy, tout est parti de son amour pour la danse. Le coup de foudre illumine ses treize ans. Et, après avoir décroché son diplôme d'études à Helena dans le Montana, elle s'en va, à dix-sept ans et demi, faire un stage d'été à Chicago. Là, elle décide de ne pas rentrer chez ses parents. «Ce fut probablement le coup de téléphone le plus angoissant de toute ma vie», dit-elle. «Entre mes parents et moi, les relations ont toujours été au beau fixe et, brusquement, j'annonçais que je les abandonnais ! Je ne les remercierai jamais assez d'avoir accepté mon choix même si, au fond d'eux-mêmes, ils étaient morts d'inquiétude.» C'était d'ailleurs la première fois que Stacy Edwards partait en voyage sans eux. Cette expérience va lui permettre de couper définitivement le cordon ombilical. «J'ai toujours été dans les jupes de ma mère», reconnaît-elle. «Je suis une fille tellement vulnérable que je m'étonne encore d'avoir pris cette décision. Je me retrouvais brutalement avec une vie comme on en voit au cinéma : une petite fille perdue dans une grande ville. Mes parents m'avaient envoyé un peu d'argent en me faisant promettre de revenir si l'aventure tournait mal. Ils me faisaient totalement confiance et c'était une marque d'amour immense !»

Pendant trois ans, Stacy va subvenir à ses besoins en travaillant comme serveuse dans un restaurant hongrois. Elle suit en même temps des cours de comédie et s'est inscrite dans une petite troupe d'amateurs baptisée Center Theater avec laquelle elle joue quelques pièces. Une fée décide alors d'intervenir avec sa baguette magique. Au mois de janvier 1986, l'un des chercheurs de talents de la chaîne de télévision NBC est de passage à Chicago et déambule dans les rues à la recherche d'un visage frais et neuf pour jouer Hayley Benson, une petite fille romantique, dans Santa Barbara. Par hasard, il s'arrête devant la salle où se produit le Center Theatre et décide d'entrer. Dix minutes plus tard, il en ressort avec, en poche, le contrat signé par sa nouvelle ingénue. «Tout a été tellement vite», raconte Stacy. «Ce monsieur m'avait donné un billet d'avion pour Los Angeles. Quand je suis arrivée sur le plateau, j'étais terrorisée, morte de trouille. Heureusement, Robin Mattson (Gina) et Joseph Bottoms (Kirk) m'ont prise sous leur aile protectrice. J'étais complètement naïve. Quand j'ai dû embrasser mon partenaire pour la première fois, je ne savais même pas comment faire !»

La jeune actrice reconnaît que, dans ce domaine, elle a toujours été inexpérimentée et même souvent aveugle ! Précédemment, au sein de sa troupe de comédiens amateurs, elle fut la dernière à découvrir que l'un de ses partenaires était tombé follement amoureux d'elle alors que cela crevait les yeux. Et quand les producteurs de Santa Barbara lui ont demandé de passer sous les couvertures avec Todd McKee, elle a failli s'évanouir ! «J'aurais tout donné pour ne pas être là», avoue-t-elle, «d'autant plus que Todd est très beau et que je savais qu'il n'en était pas à sa première conquête de ce genre ! Mais il a fait preuve de beaucoup de tendresse et m'a dit en souriant : "Tu sais, c'est  toujours comme cela la première fois !" Puis, Todd s'est tourné vers les techniciens en leur disant : "Allons, vous savez bien que là-dessous (sous les couvertures), on garde notre short et nos chaussures de tennis !"»

Grâce à Santa Barbara, Stacy Edwards allait d'ailleurs apprendre très vite son métier, surtout dans le domaine des scènes d'amour et de violence. Quelques mois à peine après son engagement, les scénaristes écrivaient pour elle... l'histoire d'un viol. «Heureusement, je n'ai pas été avertie la veille du tournage», explique-t-elle. «Pas une femme ne pourrait tourner cela sans être préparée à une telle violence. Pour m'y préparer, j'ai suivi un stage dans un centre S.O.S. viol. Ils m'ont donné beaucoup de livres à lire, j'ai pu rencontrer des femmes qui avaient subi un tel traumatisme. J'avais surtout très peur que cette scène ne provoque un choc en moi. Pendant plusieurs jours, j'en ai été bouleversée. Je m'enfermais, je refusais que l'on me touche. J'étais déjà investie de mon personnage.» Les efforts de Stacy furent couronnés de succès. Le lendemain de la diffusion de l'épisode, elle fut appelée par plusieurs producteurs qui lui proposaient de passer dans leur feuilleton : la petite débutante était devenue une vraie comédienne. Ses conditions de vie ont aussi changé. Quatre ans après ses débuts, Stacy n'est plus la petite étudiante inexpérimentée. «J'ai habité dans des appartements où j'avais juste une table et un lit», dit-elle. «Je devais prendre la voiture qu'on me louait pour pouvoir écouter la radio. A Los Angeles, je me suis perdue des dizaines de fois, j'étais incapable de retrouver ma rue ! Mais je passais toujours par Sunset Boulevard, un nom synonyme de stars et de paillettes. Pour moi, le rêve continuait...»

Le pays préféré de Stacy Edwards, c'est la Belgique ! « J'y ai passé les plus belles années de ma vie», raconte-t-elle. «Mon père est militaire de carrière et, durant toute mon enfance, avec mon frère John, nous avons vécu de garnison en garnison. Quand il a été affecté au siège de l'OTAN à Bruxelles, nous avons vainement cherché sur la carte du monde où se trouvait cette ville. Le pays est si petit ! Mais les gens y sont d'une chaleur incomparable. Là-bas, nous avons immédiatement été adoptés par nos voisins qui nous ont beaucoup facilité la vie. Au début, pendant un an, j'ai suivi des cours dans une école anglophone puis, comme je commençais à parler français avec mes petits voisins, je suis passée dans une école canadienne, mi-anglaise, mi-française. Pendant trois ans, j'ai pu ainsi apprendre votre langue. Hélas, quand j'ai eu seize ans, mon père a dû rentrer au pays et, à contrecoeur, nous avons suivi. Mais je n'oublierai jamais ces années-là.»