Les amours de Gina | |||||
Par Alena Prime, Télé Star, 1992 |
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Cette
Gina Timmons est une garce pur sucre, une ravageuse impitoyable, une chipie
quatre étoiles, tous les fidèles de Santa Barbara en
conviendront. Mais adorable malgré tout, parce que ce n'est pas incompatible,
et parce que son interprète, Robin Mattson, possède une sacrée séduction. Depuis
sept ans qu'elle tient le rôle, Robin en est arrivée à un tel degré
d'intimité avec son personnage qu'elle décrit Gina en lui laissant la parole.
«D'aussi loin que je me souvienne, raconte donc Gina par la bouche de Robin, ma
mère a insisté sur l'importance pour une fille d'épouser un homme plein
aux as. Je lui ai obéi comme j'ai pu, on ne déniche pas des milliardaires à
la commande, mais, enfin, deux de mes quatre maris étaient riches, ce qui
n'est pas une vilaine moyenne !
«Mon
cinquième mari par contre, va combler maman ! Je suis sur le point de me
marier avec Lionel Lockridge ! Et celui-là est authentiquement richissime. Bien
sûr, ces noces ne vont pas faire plaisir à C.C. Capwell, dont j'ai été précédemment
l'épouse… Etre l'ex-femme et la femme de deux ennemis jurés comme Lionel
et C.C. n'est pas absolument de tout repos, mais je trouve ça terriblement
excitant. Pas vous ? D'autant que je ne vais pas manquer de jeter de
l'huile sur le feu. C'est tout de même la meilleure façon de combattre la
monotonie quotidienne.
«J'ai
d'ailleurs toujours lutté contre l'ennui, contre la grisaille. Si bien qu'à
13 ans, je me suis retrouvée enceinte du capitaine de l'équipe de foot de mon
école. A l'époque, j'avoue que j'étais pas mal aguicheuse. Même si, à vrai
dire, cette grossesse aura été le fruit d'un viol. Comme j'étais trop jeune pour m'occuper de l'enfant, ma mère m'a annoncé
qu'il était mort-né. Et comment aurais-je pu savoir qu'elle mentait ! Quelques
années plus tard, j'ai éprouvé le désir d'être mère. C'est alors que
j'ai appris qu'à la suite de complications survenues lors de mon premier
accouchement je ne pouvais plus avoir d'enfant. Avec mon mari, Hank [en fait
Stockman DeMott, NRDL], nous prîmes la décision d'adopter un petit garçon
nommé Brandon. Nous étions loin de nous douter qu'il s'agissait en réalité
du petit-fils illégitime de C.C.. Craignant que celui-ci ne veuille, par la
suite, revendiquer ses droits sur l'enfant, il m'a paru logique d'épouser C.C.… L'ennui, c'est que je lui préférais Mason, son fils. Fatale
attirance, à laquelle nous résistâmes pendant un moment, mais pas trop
longtemps tout de même, avant de succomber. C'est alors que le destin m'a
joué un vilain tour, car, alors que les médecins m'avaient assuré que je ne
pouvais plus avoir d'enfant, je me suis retrouvée enceinte, et en ignorant
absolument si le bébé était du père ou du fils !
«Là-dessus,
je fis une mauvaise chute qui entraîna une fausse couche, ce qui régla le
problème. Dans la foulée, C.C. sombra dans le coma. Ce dont je me félicitais
secrètement. Car, juste avant qu'il ne tombe malade, Sophia, son épouse précédente,
était revenue à Santa Barbara et C.C. avait paru sur le point de retomber
amoureux d'elle. Et je n'avais pas l'intention de céder ma place à cette
intrigante. En fait, j'avais vu juste. A peine remis de son coma, C.C. s'empressa
de divorcer d'avec moi pour convoler avec cette garce de Sophia ! Là-dessus,
Mason était tombé amoureux de Lily... Tout cela, évidemment, est un peu
compliqué, mais ces histoires de famille et de coeur ne sont jamais simples...
Bref, pour reprendre le fil de mon récit, je découvris bientôt que Lily était
ma fille, ce bébé que ma mère avait prétendu être mort-né ! Et elle était
amoureuse de l'homme que je guignais.
«Mais
tout allait s'arranger. Grâce à une vidéo compromettante tombée entre mes
mains, je pus faire chanter C.C. et l'obliger à m'épouser à nouveau. Après
quoi, Mason fut mon prochain mari. Puis Keith Timmons lui succéda. Cette union
fut de courte durée, le temps que je m'aperçoive qu'il était aussi fourbe que
retors, et qu'il n'aimait que les plaies et les bosses. J'avais déjà Ethan en
vue, mais il était marié et pas question de l'amener au divorce. Or, je ne
suis pas le genre à me contenter de cinq à sept extra-conjugaux ! Ensuite, les
malheurs se sont succédé. Ma maison a brûlé, j'ai traversé une période de
cécité. L'arrivée de Lionel seule put ramener un peu de soleil dans ma vie...»
Robin éclate de rire à l'issue de cet invraisemblable imbroglio. «Je dois bien convenir que ma vie privée est infiniment moins mouvementée que celle de Gina. Tout ce que je pourrais ensuite vous dire de moi vous semblerait bien mièvre.» Elle vit actuellement une passion sans nuages qui la transporte de bonheur. Il y a quelques semaines, elle est allée passer plusieurs jours à La Nouvelle-Orléans, sa ville préférée aux Etats-Unis. «Là-bas, l'atmosphère est magique, et la cuisine locale mirifique. L'architecture a un charme extraordinaire, et on continue d'y sentir l'influence Française. J'ai des amis qui y habitent et j'y vais aussi souvent que le travail me le permet.» Un soir, alors qu'elle était dans un club, elle eut la surprise de voir le garçon déposer une bouteille de champagne devant elle. «De la part d'un de vos admirateurs», précisa-t-il en lui désignant un homme assis à une table, un peu plus loin. Elle se leva pour aller le remercier. Ils échangèrent quelques mots et il lui apprit qu'il se prénommait Ed, que, comme elle, il habitait Los Angeles et qu'il repartait le lendemain même. Ils échangèrent leur numéro de téléphone... et ils ne se sont plus quittés depuis. On appelle ça un coup de foudre.
Le
week-end dernier, ils ont passé quarante-huit heures à Palm Springs, à cent
soixante kilomètres de Los Angeles, en plein désert californien, où un nombre
considérable de vedettes possède une propriété. «C'était merveilleux et
tellement romantique ! s'exclame Robin. A quelques kilomètres de la ville, il y
a une formation rocheuse sculptée et polie par les siècles. A l'intérieur,
une vasque naturelle alimentée par une source descend en cascade d'une hauteur
de cinquante mètres. L'eau est claire et limpide et il règne dans cette
grotte à ciel ouvert une fraîcheur délicieuse.» Elle dut cependant mettre un
terme à leur escapade pour rejoindre le studio. D'autant que l'on s'apprêtait
à tourner le mariage de Gina et de Lionel. «Il y avait mille préparatifs à
faire, raconte Robin; choisir la robe de mariée, les accessoires. J'ai
l'impression que les scénaristes vont marier Gina jusqu'à 70 ans !» Ces noces
télévisées n'ont cependant pas donné à Robin le goût du mariage. «Ce
serait prématuré ! Ed et moi sommes parfaitement heureux pour l'instant.
Il n'y a pas de raison de vouloir brûler les étapes.»
Robin
vient de réaménager les deux pièces qui sont pour elle essentielles dans sa
maison : la chambre à coucher et la cuisine. «La chambre parce que c'est
l'endroit le plus douillet, le plus romantique, de la demeure, et la cuisine
parce que je suis un cordon-bleu accompli.» Elle passe des heures au-dessus des fourneaux de sa cuisinière, une
"Viking",
six brûleurs, deux fours, la Rolls des cuisinières. «Et croyez-moi, ce
n'est pas de trop quand je me mets à cuisiner !» Ainsi, la semaine
dernière, elle a invité quelques amis. «J'ai fait venir par avion trente
kilos d'écrevisses de La Nouvelle-Orléans (on n'en trouve pas en Californie).»
Elle a mitonné une sauce thermidor, et l'orgie de crustacés a duré des
heures. Elle possède une bibliothèque remplie de livres de cuisine.
Mme
Mattson mère habite non loin de chez elle. C'est avec elle qu'elle a refait sa
chambre. «Je n'ai pas fait venir un seul ouvrier. J'ai employé une technique
nouvelle. La finition se fait avec une éponge, une vraie, une marine. Le résultat
est surprenant. Cela donne une ambiance très douce.» Elle s'est aussi attaquée
à l'éclairage, aux rideaux, elle a installé des portes vitrées ouvrant sur
le patio qui est, en fait, une sorte de terrasse donnant sur une vue magnifique.
«Je l'ai fait daller avec des carreaux décoratifs venus d'Espagne et j'ai fait
installer une fontaine avec un petit jet d'eau. Elle est surmontée d'une
gargouille achetée à la Nouvelle-Orléans. Je suis très francophile, l'un de
mes rêves est d'aller en France et de voir Paris... Je n'ose penser à tout ce
que je pourrais acheter là-bas. Il me faudrait probablement un avion
particulier pour rapatrier mes emplettes.»
Mais
le travail ne lui laisse guère de loisirs et pas question, en ce qui la
concerne, de quitter un jour Santa Barbara, comme d'autres l'ont
fait. «J'y suis très bien. Le fait que ce soit un feuilleton diffusé dans la
journée ne me dérange absolument pas. Les séries programmées à une heure de
grande écoute ne m'attirent pas. Vous en commencez une, vous êtes aux anges
et, hop, tout est annulé après seulement deux ou trois histoires. C'est aussi
décevant que frustrant. Qui plus
est, il vous est souvent impossible de retrouver votre place dans le feuilleton
parce qu'on vous a déjà remplacé. Non, vraiment, une production comme Santa
Barbara offre une stabilité que j'apprécie énormément.»
Certains comédiens jouent le même personnage depuis plus de vingt ans et, tout comme Robin Mattson, ne s'en plaignent pas. Bien au contraire. Ils vieillissent avec leur personnage, les scénaristes tiennent compte de leur évolution, c'est un peu comme si leur existence se dédoublait, mi-réelle, mi-rêvée. En ce qui la concerne, il y aura sept ans en novembre prochain que Robin incarne Gina. «Et avec un personnage de cet acabit, je n'ai vraiment pas le temps de m'ennuyer parce quelle m'en fait voir de toutes les couleurs... Je lui suis vraiment très attachée.» Robin Mattson n'a rejoint le feuilleton qu'après son démarrage. «Les producteurs m'avaient contactée mais leur offre ne me convenait pas.» Ce fut donc Linda Gibboney qui incarna d'abord Gina. Mais pas pour longtemps. Les producteurs revinrent à la charge auprès de Robin et, cette fois, acceptèrent ses conditions. «Et tout a bien marché depuis.» Si bien marché même qu'il y a de fortes chances que Gina et Lionel deviennent le couple vedette de Santa Barbara. Et rien ne fera plus plaisir à Robin Mattson.