De Santa Barbara à Robocop | |||||
Par Alena Prime, Télé Star, 1995 |
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Que Robocop triomphe en France, n’est pas pour l'étonner. Richard Eden sait que, dans les pays diffusant la série dont il est le héros, c'est la même "Robocopmania". A tel point qu'il est invité partout, même si les tournages de nouveaux épisodes l'empêchent de voyager. La France pourtant, il n'aurait rien contre : «C'est le pays que je préfère, après les Etats-Unis. J'y ai vécu les plus belles années de ma jeunesse. J'allais, sac au dos, de ville en ville. Je n'ai plus de famille là-bas, chez vous, mais c'était le pays de ma mère.»
Richard avoue avoir beaucoup souffert du divorce de ses parents, alors qu'il n'avait que 11 ans : «Ça m'a laissé un côté solitaire, ne voulant m'encombrer de rien. J'ai longtemps hésité avant de me marier. Je me disais qu'une femme me trouverait trop vagabond. Heureusement, Shannon a su me convaincre. C'est une femme vraiment merveilleuse.»
Marié depuis le 5 septembre 1993, Richard Eden a 36 ans : «Il m'arrive encore, quand je suis à la maison, de vouloir être seul. Je me mets dans un coin avec mes chats - que j’adore - ou alors, je sors dans la rue et je regarde les passants. Je les étudie, leurs expressions, leurs gestes. Quand je rentre, je m'assois dans un fauteuil et je les imite. Ma femme m'appelle le "caméléon", mais on pourrait appeler ainsi tous les acteurs.»
Revenons à Robocop, véritable caméléon : «Il a bouleversé ma vie. Ce personnage me fascine. Je souhaite que cette aventure dure longtemps. Je sais que devenir moitié homme, moitié machine, beaucoup d'acteurs en rêvaient.» Richard Eden a été choisi parmi deux cents candidats, dont certains prêts à bien des sacrifices financiers pour obtenir le rôle, sachant que la série, venant après le succès des films au cinéma, risquait de connaître le même sort. Pour mieux se préparer, Richard l'a «joué fin» : «J'ai regardé les cassettes vidéo des deux Robocop pendant toute une nuit. A la fin, j'avais l'impression de connaître chaque plan, chaque image, aussi bien que le réalisateur. C’est comme cela que je me suis aperçu que j'allais enfin plaire aux jeunes !» Richard Eden le dit avec humour. Une allusion au précédent rôle qui lui a permis de franchir, déjà, les portes de la célébrité. Mais qui était réservé à un public plus généraliste : Brick Wallace, dans Santa Barbara : «Je J'ai joué de 1984 à 1987, et j'ai été nommé pour un Emmy en 1987. J'étais le fils illégitime de Lionel Lockridge et de Sophia Capwell, une sorte de mouton noir qui obsède toute la famille, quelqu'un d'un peu fou, il faut bien le dire !»
Natif de Hartsdale, dans l'État de New York, d'un père anglais et d'une mère française installée aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, Richard Eden a étudié l’art dramatique dans un conservatoire, ce qui l’a mené vers le théâtre: «Je suis devenu en même temps agent de change, ce qui m'assurait des revenus au cas où le métier de comédien ne me nourrirait pas. Je voulais même m'installer à New York où la Bourse fonctionne bien.» Et puis, il a suffi d'un rôle dans une série St Elsewhere, et un autre dans un téléfilm, Summer Fantasy (diffusé aussi sous les titres California Girls ou encore Vacances Californiennes), pour qu'une directrice de casting le convoque pour Santa Barbara. Heureusement. Sinon, il n'aurait jamais rencontré, ensuite, Robocop !
Plusieurs éditeurs canadiens ont déjà demandé à Richard Eden d'écrire un livre de souvenirs sur les tournages de la série, notamment pour raconter ses impressions, qu'il qualifie lui-même d'impressionnantes et d'étouffantes. Au début, Richard vivait à l'hôtel, à Vancouver. Depuis que la série est reconduite, il a loué un appartement, ce qui lui permet, malgré son goût de la solitude, d'inviter sa femme à le rejoindre, surtout les longs week-ends : «Je suis si fatigué que je n'ai pas le goût de découvrir les environs et nous restons bien au chaud devant la télévision.»
Richard Eden est un «boulimique de lecture», qui ne se déplace jamais sans une valise pleine à craquer de romans et surtout de biographies historiques. Il rêve d'ailleurs un jour de jouer des rôles historiques et apprécie beaucoup comme d'autres en France les exploits de Scott Bakula dans Code Quantum qui, par la force de scénarios étonnants, a pu se déplacer dans le temps. «J'aimerais me réincarner, pour la télévision seulement, en Vercingétorix.» On est loin de Robocop !