New World Television : une spectaculaire réussite !

 Ciné Télé Revue, 1988

 Accueil   This page in English  

Le marché de la télévision est en perpétuel mouvement aux Etats-Unis et ses surprises sont souvent riches en enseignements. En l'espace de quelques années, New World Television, la compagnie qui finance Santa Barbara, est ainsi devenue la troisième compagnie de production la plus importante derrière Universal (qui produit entre autres Deux Flics à Miami) et Lorimar (Dallas). En 1985, ses revenus se chiffraient à 12 millions de dollars. Aujourd'hui, ils dépassent les 100 millions de dollars. La compagnie est aussi à l'origine de quelques très ambitieuses télésuites comme Les Griffes du Destin (avec Joan Collins) et Queenie, la Force d'un Destin (avec Kirk Douglas), et vient de racheter les droits de diffusion sur les chaînes locales des Routes du Paradis, la série avec Michael Landon.

Mais la montée en flèche de New World Television est un phénomène paradoxal qui suscite la curiosité auprès des professionnels. Car, excepté Santa Barbara, rares sont les séries de la compagnie qui sont devenues des "hits" et qui battent des records d'audience : Les Incorruptibles de Chicago piétine sur la NBC, Mister Gun est un flop sur la ABC et Once a Hero a déjà été supprimé sur la même chaîne. Sans oublier la télésuite Monte Carlo battue dans tous les sondages. Comment donc expliquer les bénéfices croissants et spectaculaires ?

En fait, New World Television se distingue des autres par son originalité et son souci de faire des économies là où on peut en faire sans toucher à la qualité d'un feuilleton. L'originalité d'abord : la compagnie est, par exemple, la première à avoir pensé à mettre en chantier une série TV sur la guerre du Viêt-nam. Il n'en fallait pas plus pour faire de L'Enfer du Devoir l'événement de l'année. Même s'il ne marche pas dans les sondages, Mister Gun, sorte de parodie du personnage de l'inspecteur Harry rendu célèbre par Clint Eastwood, a apporté un ton nouveau dans les séries. Et les patrons de New World Television sont persuadés que cette originalité finira par payer quand les téléspectateurs se lasseront des feuilletons traditionnels.

Mais le cheval de bataille de la compagnie, ce sont les économies que ne parviennent pas toujours à imposer les géants de la profession. Il est difficile, du jour au lendemain, de faire admettre à J.R. que ses notes de frais ne pourront plus être totalement remboursées ou que le tournage de Dallas se fera à des endroits moins coûteux. Chez New World Television, en revanche, l'équipe de Santa Barbara a été réduite de 80 à 50 acteurs, les scènes d'action coûteuses ont été éliminées et les tournages se font fréquemment en dehors de Hollywood et même au-delà des frontières des Etats-Unis où la main d'oeuvre est moins chère. Pour réduire les frais, la compagnie n'a pas de département propre à la publicité et engage du personnel affilié à des syndicats moins coûteux.

Enfin, New World Television n'hésite pas à perdre un peu d'argent au départ s'il y a la possibilité d'en gagner beaucoup après. Voici peu, Universal a refusé de tourner Les Incorruptibles de Chicago pour la NBC. New World l'a accepté, sachant très bien que cette série ne lui rapporterait pas un dollar dans les premiers mois, mais qu'elle avait toutes les chances d'être diffusée sur les chaînes locales et d'être vendue à l'étranger. Il faut savoir calculer les risques...

Le procès des créateurs de Santa Barbara

 Télé Star, 1988

 

Cinquante-trois millions de dollars (soit plus de trois cents millions de francs français) ! C'est la somme considérable que réclament Bridget et John Dobson, les créateurs de Santa Barbara, à la société New World et à la chaîne NBC, qu'ils accusent d'avoir engagé une équipe de scénaristes pour les remplacer. Depuis janvier 1989, les créateurs du feuilleton sont exclus des scénarios et n'ont plus aucun pouvoir de contrôle. Ils ont entamé un procès qui fait beaucoup de bruit dans les milieux de la télévision américaine. En attendant, Santa Barbara pourrait connaître quelques problèmes d'imagination pour les prochains épisodes.