Une danseuse à la villa Capwell

 Par B.C., Beautiful, 1992

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Margarita Cordova, qui dans Santa Barbara joue le rôle de Rosa Andrade, la domestique de la puissante dynastie de C.C., est une virtuose du flamenco. «Mais j'ai aussi un diplôme d'infirmière», déclare-t-elle fièrement.

Elle est la seule actrice qui reste du casting original de Santa Barbara, mais même si elle partait, Margarita Cordova, la Rosa Andrade du soap-opera, pourrait, par choix, redevenir danseuse de flamenco ou... infirmière. «Exactement», confirme-t-elle en riant. «Je suis également infirmière diplômée, un métier que j'exerçais avant de danser le flamenco dans les discothèques de Tijuana.» Oui, Tijuana, la ville mexicaine à la frontière avec la Californie où a eu lieu la rencontre avec Marlon Brandon, l'événement qui a changé la vie de Margarita Cordova.

«Dans l’attente de trouver une place dans un hôpital, je gagnais ma vie en dansant dans les boîtes de nuit de Tijuana», se souvient l'actrice. «En 1958, j'étais jeune et désireuse d'aider ma mère qui restait seule. Marlon Brando recherchait une danseuse de flamenco pour le film qu'il tournait, Les Deux Visages de la Vengeance, et qu'il réalisait. Ils ont filmé une de mes performances puis ils la lui ont montrée : ainsi, de manière inattendue, j'ai commencé ma carrière d'actrice.»

Ce petit rôle du film de Brando lui a ouvert les portes d'Hollywood et, surtout, lui a permis de franchir cette frontière tant attendue, cette ligne de démarcation qui sépare la vie misérable des "Chicanos" des splendeurs des consommateurs "Gringos". «Le destin a voulu que mon premier rôle dans une série télévisée soit celui d'une infirmière», poursuit Margarita. «C'était dans Docteur Marcus Welby. Naturellement, depuis lors, j'ai toujours été utilisée comme actrice de ce type de personnage : l'immigrée mexicaine aux États-Unis et employée dans des professions modestes. Mais ça me va quand même...» Même dans Santa Barbara, dans le rôle de Rosa Andrade, Cordova est reléguée à un rôle secondaire : celui de cuisinière et de servante. «Je suis dans la cuisine depuis le premier épisode du soap et je ne l'ai jamais quittée», dit-elle en riant joyeusement. «Je me considère très chanceuse par rapport à beaucoup d'autres personnes, notamment à mes compatriotes, qui vivent dans des conditions misérables. Le destin a été clément avec moi et je veux aider ceux qui en ont besoin, surtout les plus faibles : les enfants et les personnes âgées, abandonnées.»

Danser dans une discothèque de Tijuana n’est pas le summum de la vie. Mais alors qu'elle était jeune fille, Margarita Cordova dansait du flamenco devant des clients plus attentifs aux bouteilles de bière qu'aux mouvements improbables de l'infirmière-danseuse. Margarita n'aurait jamais imaginé que peu de temps après, le grand Marlon Brando lui baiserait la main sur le tournage d'un studio hollywoodien. Le futur Parrain, en effet, cherchait quelqu'un qui lui ressemble : des traits marqués, des mouvements approximatifs mais sensuels, pour un rôle dans le film dans lequel il jouait et qu'il réalisait : Les Deux Visages de la Vengeance. Los Angeles n'est pas très loin de Tijuana, mais seuls quelques "Chicanos", comme les Américains appellent les Mexicains, parviennent à y accéder légalement. Elle, Margarita, l'a fait. Elle qui n'avait jamais rêvé de devenir actrice...