La sacrée carrière de Meg Bennett

 Par Rita Keith Richards, Daily TV, 1985

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Meg Bennett ne tarit pas d'éloges sur sa propriété montagneuse sur les collines de Westwood. Les rayons du soleil affluent par les fenêtres orientées vers l'ouest et plein-sud, prouvant l'assurance de la dame. N'importe qui de moins confiant sur son apparence draperait les fenêtres. C'est un appartement unique, elle en convient, juste comme l'est sa carrière. Elle est, après tout, la seule actrice en ville qui écrit également un scénario par semaine pour sa propre série.

Elle caresse ses genoux revêtus de collants noirs parfaitement ajustés pendant qu'elle s'assied sur un divan gris-perle. Ses yeux sont immenses sur un tout petit visage. Ses cheveux sont en bataille - elle en fait reposer la cause sur la météo. Les grands vents de Santa Ana ont soufflé pendant des jours, causant de l'électricité statique. Les femmes en général ne peuvent pas faire grand chose avec leurs cheveux dans ces conditions climatiques.

«Voyons, cela fait trois ans qu'ils ont sorti mon personnage, Julia Newman, du feuilleton. Julia allait abandonner Victor et Bill Bell (le créateur toujours en charge des Feux de l'Amour) a appelé et a demandé si j'avais un intérêt quelconque pour l'écriture, parce qu'il ne voulait pas que je quitte la série.» Elle n'avait pas d'intérêt pour l'écriture, n'en avait jamais eu, mais elle s'est également rappelée les auditions, l'attente des coups de téléphone pour dire si elle avait obtenu ou non le travail. L'écriture a semblé une alternative intéressante. «Ce n'est pas que mes parents aient mis des barrières dans mon choix de vouloir être une actrice,» se rappelle-t-elle, «mais ils ont suggéré que j'essaie pour mettre un salaire de côté, juste au cas où.» Elle a débuté sa voie alternative juste au cas où, comme il le fallait. Elle est allée à Chicago où Bill et son épouse, Lee, vivent, ayant en premier lieu écrit un manuscrit test. Elle a été invitée à suivre une formation pendant six semaines. «J'ai du talent pour ça,» sait-elle maintenant. «Mon agent en tant qu'actrice m'a dit que je devrais le faire aussi.»

Elle est restée dans un appartement à trois pâtés de maison du domicile des Bell et a commencé par écrire des scènes pour Lorie et Leslie. «Je pouvais réellement entendre le dialogue dans ma tête. Et Bill m'a fait ses critiques. Il m'a dit comment construire des scènes. Il est très accessible, très encourageant. Il est également très anti-Hollywood,» ajoute-elle d'un ton élogieux «J'avais joué dans la série pendant presque deux années quand ceci s'est produit, donc je connaissais les personnages.» Il a été convenu dès le début que Meg n'écrirait jamais pour Julia, son personnage. Cela aurait trop donné l'image qu'elle se servait elle-même. Elle écrit en moyenne un scénario par semaine, bien que quand elle prend un congé, ce qui s'est produit plus tôt cette année, elle écrit deux épisodes par semaine. «Je pense que j'en ai écrit environ 150 en tout,» estime-t-elle. «Ils formaient des piles si hautes que j'ai dû les stocker. Il n'y avait pas de pièce rien que pour eux ici.»

«Ici» est peut-être un des appartements les plus enviables de la ville. L'appartement de Meg occupe le tiers et le dernier étage du bâtiment. L'architecte l'a façonné pour lui-même. Elle a une intimité totale parce qu'il n'y a aucun autre bâtiment de trois étages dans le secteur. A l'extérieur de la salle de séjour se trouve un grand patio où elle déjeune (thé et yaourt) les beaux matins. Un petit couloir depuis la salle de séjour ouvre sur sa chambre à coucher-bureau. La moitié de la salle est occupée par son bureau blanc, sa machine à écrire, avec une couverture blanche fabriquée à la main créée par un ami décorateur de plateau, et sur une marche se trouve son immense lit. Il y a des placards incrustés sur un mur, d'autres dans la grande salle de bains tapissée en bleu. «J'ai de la chance dans cet endroit,» explique Meg. «J'avais été cambriolée dans l'immeuble où je vivais, et je cherchais donc un endroit où déménager. Quand je travaillais sur les Jeux Paralympiques ici à l'UCLA l'été dernier, j'ai vu une annonce dans le journal. L'endroit disponible était dans ce bâtiment, et j'ai pensé combien ce serait formidable de marcher jusqu'aux Jeux Paralympiques. Quand je suis arrivée ici, quelqu'un venait juste de renoncer à cet appartement. Il avait été disponible pendant environ cinq minutes,» rit-elle. «Je pense c'était ma récompense pour travailler avec les enfants (sur les Jeux Olympiques).» Ainsi elle a finalement connu le bonheur, admettant : «Ma vie est plus équilibrée maintenant. J'avais le sentiment de courir sur place. Une bonne thérapie aide bien,» dit-elle avec honnêteté. «J'ai grandi comme une super-active.»

Elle a récemment pris un congé de trois mois du soap, afin de pouvoir mettre quelques projets d'écriture à l'étude. Il y a un roman sur lequel elle veut mettre une option et produire sous forme de mini-série. Et elle écrit un scénario. «Je ne suis pas sûre de ce qui est le plus gratifiant - écrire ou jouer et heureusement je n'ai pas à prendre de décision pour opter pour l'un ou l'autre. Je me demande si faire juste l'un ou l'autre serait suffisant. Je l'admets, jouer me rend un peu folle parfois : vous attendez pour auditionner. Vous attendez pour le rôle. Quand vous écrivez, vous avez le contrôle. Je peux lancer des choses de mon propre chef quand j'écris. Quand j'ai commencé mon congé, j'ai décidé d'écrire un journal, et j'en ai rempli un en trois semaines. Je pense que cela signifie qu'il y a beaucoup en moi qui ne demande qu'à sortir,» dit-elle en grimaçant pendant qu'elle boit dans un verre en cristal - merci Hollywood - de l'eau avec de la glace.

C'est difficile de croire qu'elle a beaucoup changé depuis ce qu'elle décrit comme ce bourreau de travail qu'elle était il y a deux ans. Elle avance toujours à toute vitesse. Elle possède sa propre compagnie de production, qu'elle a bizarrement baptisé Thidwick Productions. Qu'est-ce que cela signifie ? «C'est un livre du Dr. Seuss,» dit-elle, «The Big Headed Moose. C'était mon livre préféré quand j'étais enfant, parce qu'il l'avait dédicacé ainsi : "With Extra Moose Moss for Helen." Helen est mon vrai prénom, et j'ai cru qu'il avait écrit le livre juste pour moi,» a-t-elle fantasmé même en grandissant. Elle n'a jamais rencontré le Dr. Seuss, mais un contact est en cours pour lui obtenir son adresse, ainsi elle pourra lui écrire et lui faire savoir quelle influence profonde il a eu dans sa vie.

Elle a dû changer son nom de Helen en Meg, parce qu'il y avait une autre Helen Bennett à Hollywood. «Elle était un mannequin chez Vogue qui n'a jamais percé en tant qu'actrice, mais elle était enregistrée sous ce nom dans la Screen Actors Guild. Il ne pouvait y en avoir deux comme nous. Et Margaret Bennett est le nom de ma mère, c'est ainsi que je suis devenue Meg,» explique-t-elle. Tout ceci s'est produit après son diplôme de Northwestern, où Shelley Long était une de ses camarades de classe et Peter Strauss était deux ans en avance sur elle. Elle est apparue dans Godspell, a été Marty pour deux ans et demi dans Grease sur Broadway et auditionnée avec Morgan Fairchild pour le rôle de Jennifer sur C'est Déjà Demain. «Morgan a eu le rôle, parce qu'elle faisait plus garce, mais ils m'ont appelée trois mois plus tard pour le rôle de Liza.» Il n'y avait et n'y a toujours aucune rancune envers Morgan. Toutes deux ne se sont pas vues depuis quelques temps, mais Meg la considère toujours comme une amie proche. «Elle m'a tellement appris au sujet du maquillage,» confie-t-elle. «J'utilise toujours le mascara d'Elizabeth Arden, parce que Morgan dit que c'est le meilleur existant. Et elle sait toutes ces choses.»

Elle est revenue à Hollywood - Pasadena, tout proche, est sa ville natale - parce qu'elle a aspiré à faire des programmes de télévision de soirée. Le destin, sous la forme d'un cas grave d'hépatite, est intervenu, et elle n'a pas pu travailler pendant presque deux années. Elle est mince maintenant, 49 kilos pour 1,75 mètre, mais quand elle a récupéré de la maladie, elle était tombée à 44 kilos. C'est alors qu'elle a reçu l'appel du producteur John Conboy, lui disant que Les Feux de l'Amour allait  passer à une durée d'une heure et lui demandant si elle aimerait venir travail pour lui. Un travail est un travail, et elle travaille dans les daytime soap-operas depuis.

Prisonnière ? Etiquetée ? Dans une ornière ? Si elle le ressent de cette façon, et c'est le cas de beaucoup de salariés de daytime soap-operas, elle ne l'admettra pas. C'est une façon de vivre. Une bonne. Et dans une profession où ses membres sont plus au chômage qu'en activité, quelques ornières sont bienvenues. Mais il y a peu de temps pour une vie privée. Il n'y a pas d'homme particulier dans sa vie. L'espace disponible sur les étagères de sa salle de séjour est consacré à son bébé de nièce. De belles photos, dont certaines ont été prises par Meg elle-même. Elle voudrait se marier et avoir des enfants, a-t-elle dit, mais évidemment il n'y a aucune perspective immédiate.

A coup sûr, elle ne veut pas connaître le style de vie que connaît son personnage de soap-opera, Julia. Au cas où vous n'y aviez pas prêté attention, elle est retournée à Paris avec son bébé, à sa boutique et sa vie de designer. «Elle veut être une mère célibataire,» indique Meg. «Moi-même, je préférerais plutôt avoir le père autour de moi. Oui, c'est difficile de jouer le même personnage année après année - Julia et Liza dans C'est Déjà Demain sont assez semblables, avec des personnalités comme la mienne. La frustration vient de certaines intrigues des autres acteurs. C'est pourquoi écrire est appréciable.» «J'adore écrire ces choses osées que Jill dit à Mme Chancellor, ce n'est pas autant d'amusement d'écrire pour Ashley; elle est tellement comme Julia. Lauren Fenmore est amusante à écrire, et aussi Beth Maitland. J'ai plaisir à parler du coeur. C'est l'une des raisons pour lesquelles je ne fais pas partie de la vie agitée d'Hollywood. Je n'aime pas les grands rassemblements et les fêtes. L'intelligence est en très haute position sur ma liste quand on en vient aux hommes,» est tout ce qu'elle dira au sujet des acteurs.

Le seul regret qu'elle a dans sa vie jusqu'ici est qu'elle s'est vue offrir la possibilité d'étudier à la Royal Academy of Dramatic Art de Londres. Ses parents ont eu le dernier mot pour l'envoyer à Northwestern à la place, pendant au moins les deux premières années. Au lieu de cela, elle est restée sur place, et n'a jamais été à Londres. «Je me demande souvent comment ma vie aurait changé si j'y avais été,» dit-elle pensive. Le sentiment dure quelques secondes, jusqu'à ce que la sonnerie continue du téléphone la rappelle. Peut-être n'y a-t-il pas d'homme particulier mais il y a certainement beaucoup d'hommes au bout du fil.