Le feuilleton-star de la télévision
Par Alena Prime, Télé Star, 1990	Accueil   This page in English

Pour se lancer dans l'écriture de Santa Barbara, mieux valait ne pas être un débutant. Jerome et Bridget Dobson, les deux créateurs de la série, n'en étaient pas à leurs débuts, loin de là. Bridget est issue d'une famille de scénaristes, auteurs entre autres de l'un des vétérans parmi les feuilletons américains : Hôpital Central. Démarré en 1963, il dure encore. Dès l'adolescence, elle a participé à l'élaboration de scripts (Aux Etats-Unis, les feuilletons sont la plupart du temps écrits par des équipes très organisées, ce qui n'est que rarement le cas en France.). Aussi, quand Bridget épouse Jerome, lui-même scénariste, ils commencent naturellement à travailler à deux. Ils collaborent à toutes les séries populaires du moment, puis finissent par penser qu'ils pourraient enfin en créer une.

Justement, la chaîne NBC, qui apprécie leur travail, leur a demandé une idée pour les programmes de la journée. «Nous avions eu une semaine particulièrement chargée, et nous avions décidé d'aller passer trois jours à Santa Barbara (une localité située à 180 km au nord de Los Angeles), nous reposer un peu, raconte Bridget. Jerome n'avait pas d'idée précise. Nous étions dans une chambre d'hôtel et nos fenêtres dominaient la ville. Je me souviens m'être approchée pour regarder dans la rue. "Ça y est", me suis-je exclamée. "Que penses-tu d'une série dont l'action se passerait à Santa Barbara, et qui opposerait deux familles puissantes ?"»

De retour à Los Angeles, les Dobson planchent sur une ébauche d'histoire et imaginent les personnages principaux. Accueil favorable de la chaîne qui passe commande de vingt-six épisodes avec une option pour cinq ans en cas de succès. Innovation de Santa Barbara : NBC diffuse des épisodes d'une heure alors que tous les autres feuilletons de la journée ne durent qu'une demi-heure. Fin juillet 1984, la fiction est lancée. «Il ne faut pas croire que la partie était gagnée, rappelle Bridget Dobson. On était programmé en même temps que Hôpital Central et Haine et Passions, deux soaps qui avaient un public fidèle, l'un depuis 1963, l'autre depuis 1952 ! Il est très difficile de "voler" l'audience à des feuilletons qui durent depuis si longtemps.»

Effectivement, la première année de Santa Barbara est loin d'être un succès. Les auteurs sont obligés d'inventer sans cesse de nouvelles péripéties pour attirer le public sans grand résultat. Au bout de six mois, la chaîne décide, en accord avec les auteurs, d'imaginer un tremblement de terre qui ferait disparaître les trois quarts de la distribution. Cette solution radicale pourrait permettre de repartir sur de nouvelles bases. Mais, soudain, le succès est au rendez-vous. Les producteurs reviennent sur leur décision et choisissent de ne faire disparaître qu'un seul des interprètes. Depuis, ils sont quelques-uns parmi les acteurs à avoir fait les frais du scénario. A l'origine, les époux Dobson avaient mis en scène deux familles, les Capwell et les Lockridge. Aujourd'hui, l'histoire s'est considérablement recentrée sur le clan Capwell.

Au mois de juillet dernier, le feuilleton a fêté son sixième anniversaire. Il a, depuis, été racheté par une importante maison de production. Les Dobson n'en sont donc plus partie prenante, mais l'histoire poursuit malgré tout son sacré bonhomme de chemin. Santa Barbara continue d'être régulièrement nominé aux Emmys (les oscars du petit écran) et en a même récolté plusieurs. De la distribution originale ne restent aujourd'hui que Marcy Walker, A Martinez, Nancy Grahn, et Judith McConnell. Louise Sorel et Nicolas Coster en étaient partis; ils ont refait leur apparition. Lane Davis et Todd McKee l'ont définitivement quittée (McKee, pour Amour Gloire et Beauté / Top Models). Certains personnages ont été supprimés; d'autres ont vu leur interprète change plusieurs fois. Kelly, en particulier, a pris trois visages différents depuis le départ de Robin Wright. Toutes ces péripéties ne troublent pas outre mesure les téléspectateurs qui en font leur feuilleton favori. Aux Etats-Unis, il est en passe de devenir le numéro 1.