L'étoile qui monte de Santa Barbara

 Par Alena Prime, Télé Star, 1990

 Accueil   This page in English  

La famille de Gina Gallego est d'origine mexicaine, mais elle est installée en Californie depuis trois générations, et c'est à l'école que Gina, qui incarne Santana dans Santa Barbara a dû apprendre l'espagnol. Ses parents, George et Maria, s'étaient mariés très jeunes et à la naissance de Gina, sa mère n'avait que dix-huit ans. Quatre autres enfants suivirent, et comme seul George pouvait travailler (Maria s'occupant des enfants) ce n'était pas la richesse : «On vivait en appartement dans un des quartiers surpeuplés de Los Angeles, dit Gina. Je me souviens que la première fois où nous sommes partis en vacances j'avais dix ans et je me suis dit : "Comme c'est étrange d'être dans un endroit où il n'y a pas de béton !..." Après, j'ai insisté pour aller à la plage tous les dimanches...»

Par la suite, les choses se sont arrangées pour les Gallego. Le père est devenu paysagiste, un métier qui rapportait. Il dessinait les jardins des stars et, quelquefois, il emmenait son aînée avec lui. Fasciné par tout ce qui touchait au cinéma, il disait à sa fille : «Un jour, toi aussi, tu seras une star !» En attendant, la fillette allait sagement à l'école où elle était l'une des meilleures élèves de sa classe. Ses études terminées, elle travailla chez un marchand d'appareils photographiques. Un jour, sur le Hollywood Boulevard, un homme assez élégant l'arrêta et lui dit : «Ma femme est imprésario et elle cherche une comédienne de type latin. Voici sa carte. Passez-lui un coup de fil.» «On dit toujours qu'il n'y a qu'à Hollywood que ces choses-là arrivent. Mais voyez, c'est la vérité», constate Gina. Elle a donc téléphoné à la dame qui la trouva intéressante et lui obtint rapidement sa carte au Syndicat des acteurs. Gina Gallego commença à tourner quelques silhouettes, mais en 1984, il y eut, en même temps, des auditions pour Ligne de Chance et Santa Barbara. Elle se présenta à chacune et les deux productions retinrent sa candidature. «Mais Santa Barbara voulait que je fasse un bout d'essai, se souvient-elle, alors que Ligne de Chance me prenait sans. Tout naturellement, j'ai donc choisi Ligne de Chance...» En fait, ce choix n'était guère judicieux car, un an plus tard, le feuilleton était interrompu. Sans se démonter, Gina appela alors la production de Santa Barbara, où l'on fut heureux d'apprendre qu'elle était libre et elle fut aussitôt engagée.

Mais ce début de carrière devait être assorti d'un incident imprévu. Un matin qu'elle était en retard pour aller au studio, Gina oublia de prendre sa pilule et tomba enceinte. Deux ans plus tôt, elle était allé consulter une voyante qui lui avait prédit qu'elle aurait un enfant vers le milieu de 1988. Comme à l'époque elle n'était pas mariée, elle trouva cela drôle et n'y pensa plus. Cependant, en un rien de temps, les choses se précipitèrent. Gina rencontra Joel Bailey, un acteur qui est également producteur et scénariste et qui lui demanda de l'épouser. Elle accepta. Les deux jeunes gens mirent leurs économies en commun et s'achetèrent une maison non loin de celle des parents de Gina. Papa Gallego vint planter des arbres et redessiner le jardin. Le jeune couple se mit à la tâche : à eux deux, Gina et Joel refirent les parquets, la peinture et la décoration intérieure. Gina tourna sans problème dans Santa Barbara, jusqu'au sixième mois de sa grossesse. «Puis d'un seul coup, dit-elle, je pris quatre kilos en une semaine. Et là, bien entendu, je dus m'arrêter...»

En juillet dernier, Gina a mis au monde un superbe garçon, Brendan. Depuis, elle n'a pas beaucoup travaillé. «Avant sa naissance, reconnaît-elle, la chose la plus importante de ma vie était ma carrière. Mais maintenant je me rends compte que mon fils passe avant tout. Il y a un peu plus d'un mois, on m'a proposé un film, mais les extérieurs devaient se tourner aux Philippines pendant cinq semaines. J'ai beaucoup réfléchi et j'en ai déduit que Brendan était encore trop petit pour que je l'emmène avec moi ou que je le laisse tout seul ici. Alors, j'ai refusé. Ma salle de séjour est devenue un vaste parc à enfants, continue Gina. On a enlevé quelques meubles pour que mon fils soit plus à l'aise pour marcher à quatre pattes. Nous les adultes, sommes relégués dans la family room (la pièce qui est un peu bibliothèque, un peu fumoir, bien que personne ne fume).» C'est une pièce qui ouvre directement sur la piscine et dont toutes les portes sont fermées d'une serrure spéciale qu'un enfant ne peut ouvrir. «Je ne veux pas, dit Gina, que lorsque Brendan commencera à marcher, il puisse aller tout seul jusqu'à la piscine.»

Pour l'instant, dans son petit royaume, Brendan paraît tout à fait heureux d'avoir tant d'espace. «Ma mère vient souvent le garder quand je travaille ou que je vais aux auditions, explique Gina. Il ne me déplairait pas de reprendre une série et même de revenir à Santa Barbara, mais pas avant que Brendan ait un an. Bien sûr, à Santa Barbara, je connais tout le monde et ce serait comme retourner en famille. L'autre jour, un des producteurs m'a appelée pour évoquer avec moi quelques souvenirs de tournage. Il m'a rappelé une scène de violence, pendant laquelle je devais tirer sur quelqu'un. Chaque fois que l'on me mettait le revolver en main, je tremblais comme une feuille. J'ai une peur maladive des armes à feu. Pendant les répétitions, on utilisait un pistolet en bois, mais lors du tournage, il fallut bien prendre le vrai. L'accessoiriste l'ouvrit, me fit voir que c'était bien des balles à blanc que le chargeur contenait et que je n'avais rien à craindre. Malgré tout, il fallut refaire la scène plusieurs fois avant que je puisse montrer un peu d'assurance. En fin de compte, la scène a été excellente...»

Monsieur Gallego père, le jardinier, a toujours encouragé sa fille à devenir comédienne. «Lorsque j'étais petite, se souvient-elle, il me répétait : "N'oublie pas de te laver les dents matin et soir. C'est ce qui donne aux vedettes leurs dents éclatantes." La passion de mon père était l'art dramatique, suivi de près par la musique. C'était une chose étrange, car il était assez dur d'oreille. Alors, il passait ses disques à plein volume, à tel point que les murs de la maison en tremblaient. Son enregistrement préféré était la célèbre opérette No No Nanette qu'il chantait en même temps qu'il l'écoutait, en l'écorchant affreusement. Quand j'entends cette opérette aujourd'hui, elle me rappelle tant de souvenirs que les larmes me montent aux yeux !...» Quand sa carrière a vraiment débuté, Gina Gallego a pris des leçons de chant, de peur d'avoir hérité la voix de fausset de son père.

Malgré ses multiples talents, Gina s'est trouvée plusieurs fois au bord du chômage : «Il est très déprimant de rester des mois entiers sans rien faire, dit-elle. Mais dans ce métier, c'est fréquent...» En revanche, il y eut des périodes où elle eut trop de travail. Pendant les dix-huit mois où elle a travaillé dans Santa Barbara, elle a trouvé le moyen de tourner deux films pour le cinéma : «Les extérieurs de l'un d'eux se trouvaient à New York, dit-elle. Pendant trois semaines entières, j'ai dû faire les aller et retour entre la Côte Ouest et la Côte Est : cinq mille kilomètres dans les deux sens. J'étais épuisée. Mais je suis le genre de personne qui a besoin d'être occupée tout le temps. Travailler six jours par semaine, dix heures par jour, ne me déplaît pas, au contraire. C'est pour cela que j'aime tourner des séries, où l'on passe au studio de dix à douze heures par jour...». La famille du mari de Gina habite à Orlando, en Floride, et la maman de Joel est fort déçue que son fils ne soit pas devenu fermier. Fin mai, Gina, Joel et Brendan sont partis pour Orlando et ont cherché une propriété à acheter. «L'industrie du cinéma est en train de se développer à une vitesse incroyable en Floride, dit Gina, et c'est le moment d'acheter quelque chose avant que tout devienne inabordable. MGM et Disney se sont associés pour ouvrir de très grands studios en Floride. Donc il va y avoir du travail là-bas, ce qui sera bien pour nous qui avons le sens de la famille. Nous aimerions acquérir une propriété un peu vieillotte avec beaucoup de terrain autour, et nous adorons refaire les intérieurs nous-mêmes. Je trouve qu'il est important de donner à sa maison un cachet personnel...»

Pour l'instant Joel travaille à une série de documentaires dont il est le coproducteur. Comme acteur, il a interprété Lindsay Smith dans Santa Barbara : un personnage, disons, assez équivoque, qui était amoureux de Channing, dont Santana était également amoureuse. Mais à l'époque Santana était jouée par Margaret Michaels : «Dommage que je sois arrivée après. Autrement Joel et moi aurions été amoureux du même homme,» conclut Gina en riant.