Santa Barbara, une leçon de choses : les faibles audiences ne peuvent pas refroidir l'esprit de cette série

 Par Donna Hoke Kahwaty, Soap Opera Digest, 1992

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Santa Barbara est un mystère. La série a remporté plus d'une poignée d'Emmy awards dans des catégories remarquables comme meilleure série et meilleur scénario. Elle possède des talents de poids comme A Martinez, Nancy Grahn, Gordon Thomson et Jack Wagner. Les dialogues sont spirituels, vifs et adultes. Mais malgré cela, la série s'accroche à sa dixième place dans les audiences (des programmes de la journée) et vit sous la menace constante de l'annulation. Pourquoi ?

Il y a certainement des choses qui ne vont pas avec cette série. Cela peut paraître une évidence; la manie du rôle duel de Santa Barbara a atteint le pic du plus risible avec le départ d'Eden et ses multiples personnalités. Santa Barbara n'a pas eu plus d'une famille prépondérante depuis trop longtemps - la domination des Capwell offre trop d'histoires à trop peu de personnages. Et la série n'est pas multi-générationnelle, comme le sont les soaps classiques. Plus de la moitié de la distribution est dans la moyenne d'âge des trentenaires, et ceux qui ne le sont pas jouent comme s'ils y étaient. Un exemple : C.C. et Sophia sont les parents d'enfants trentenaires, mais ils agissent eux-mêmes comme des gamins. Les personnages dans la vingtaine comme Lily et Katrina ont des problèmes d'adultes. Il manque des jeunes personnages vifs qui pourraient créer du suspens à savoir qui demandera à qui de sortir avec lui le lendemain (La Force du Destin a déjà excellé dans cette classe d'âge).

Cela pourrait être le signe d'un plus gros problème : dans un certain sens, Santa Barbara n'est pas très efficace pour représenter la vraie vie. Au lieu de tenter de le faire, la série a eu tendance à éviter de le faire, enchaînant les situations délirantes. Cela a été une stratégie qui a souvent fonctionné à l'apogée de la série il y a quelques années, mais la perte de certains personnages rend cette tactique moins viable aujourd'hui. Sans le Keith de Justin Deas (ou même le travesti Bunny de Joe Marinelli), le petit théâtre de Gina semble déséquilibré. Les névroses de Julia peuvent devenir bancales sans les commentaires d'Augusta (Louise Sorel) les accompagnant, et alors que Gordon Thomson est devenu un magnifique Mason, sans l'esprit sardonique de Lane Davies, il y a un élément de légèreté qui manque dans la relation angoissée de Julia et Mason. En fait, Santa Barbara semble avoir tout abandonné à part le type de sens de l'humour de Mason pour lequel la série était connue dans son âge d'or.

Peut-être que l'un des problèmes de Santa Barbara est qu'il n'a plus de romance de contes de fées à la Eden et Cruz, et chaque série en a besoin d'une, le public en réclame, tuerait pour en avoir une. Cruz et Eden ont touché le public adolescent - même si les acteurs n'étaient pas des adolescents - parce que leur romance maudite était comme fantastique, et les incomparables A Martinez et Marcy Walker avaient plus d'alchimie qu'aucun autre couple de récente mémoire. Aucun autre couple n'a autant égalé leur stature.

De plus, le fait que Santa Barbara a la plus petite distribution de toutes les séries de journée d'une heure n'aide pas les choses. Il n'y a pas de distribution secondaire dans Santa Barbara; les personnages évoluent comme dans une compagnie théâtrale. Quand une intrigue se termine ou ne fonctionne pas, les personnages non-principaux impliqués sont jetés comme du linge sale au lieu de s'attarder pour entrer plus en profondeur dans la série, ou jusqu'à ce qu'il y ait une histoire qui soit bonne pour eux. Le problème est que trop souvent, Santa Barbara jette le bébé avec l'eau du bain.

Parce que Dash Nichols (le charmant Timothy Gibbs) ne fonctionnait pas avec Katrina, Santa Barbara l'a envoyé trouver du boulot à Saint-Louis; Flame (la bouillonnante Roberta Bizeau) et Michael (le sexy Frank Runyeon) ont aussi été évacués de la ville. Si ces personnages avaient d'une manière ou d'une autre été reliés à des familles capitales, comme Cassie (Karen Moncrieff) et Katrina (Maria Ellingsen) le sont, cela aurait été facile de les garder. De la manière dont les choses se font, Santa Barbara ne s'offre pas l'opportunité, comme le font d'autres séries, de laisser différents acteurs travailler ensemble pour tester leur compatibilité. Cela donne des couples faiblards, et les téléspectateurs finissent pas sentir la force se tarir. Qui plus est, faire avorter trop d'histoires laisse les fans se plaindre que la série manque d'engagement sur des histoires à long terme qui donne à une série une longévité et empêche les téléspectateurs de désespérer davantage. Qu'est-il arrivé au mystère de la mort de Marilyn ? Ou à la relation de David avec Julia ? Tous les deux ont été jetés comme des patates chaudes, et les personnages impliqués ont soit été abandonnés ou jetés dans de nouvelles relations. Des bourdes comme elles-ci ne passent pas très bien auprès des fans.

Mais malgré ses erreurs, Santa Barbara est toujours l'une des meilleures séries d'une heure de la télévision. Des gens talentueux à l'apparence réaliste parlent littérature devant de magnifiques décors. Après juste quelques épisodes, les téléspectateurs s'attachent aux personnages qu'ils sont en train de regarder. Et certains de ces personnages sont très fascinants. Jack Wagner est un exemple brillant de comment une série peut embaucher un nom célèbre, quelqu'un qui est en train de jouer un personnage préféré dans une série concurrente, et l'utiliser pour créer (ou recréer dans son cas) un personnage plus intrigant que celui qu'il interprétait précédemment. Wagner valait certainement ce qu'il a coûté à Santa Barbara pour l'avoir. L'honnêteté de Nancy Grahn (Julia) est une illumination dans ses scènes d'émotion - Julia est quelqu'un que vous voudriez avoir comme meilleure amie. Et on n'en dira jamais assez au sujet d'A Martinez (Cruz), dont l'extraordinaire talent donne de la crédibilité à la scène la plus étrange. Quand Nicolas Coster (Lionel) fait son retour triomphant dans Santa Barbara, c'est toujours un plaisir de comédie. Attendant en coulisses, Michael Brainard (Ted), dont le talent pour les prestations humoristiques est toujours inexploité. Les scènes de Santa Barbara explosent avec de talentueux interprètes.

Avec ces éléments-clé déjà en place, les chefs scénaristes successeurs de Bridget et Jerome Dobson ont leur boulot taillé sur pièce : laisser faire le talent. Garder les dialogues aiguisés. Seules des histoire sur le long terme ont besoin d'être travaillées. Santa Barbara est déjà l'une des meilleurs séries d'une heure de la journée, et il a encore à atteindre son apogée.


Pam Long et Susan Lee discourent sur l'avenir de Santa Barbara

Pamela Long«Les audiences de Santa Barbara ont besoin d'augmenter afin que nous investissions dans la série dans l'avenir», dit Susan Lee, la vice-présidente des programmes de la journée de NBC. «Nous devons axer Santa Barbara dans une positon pour faire pour du profit, et nous avons dit aux (chaînes) affiliées que nous devrons prendre une décision en 1992.» En particulier, Santa Barbara se verra notifié en juillet si il a été retenu (par les chaînes affiliées qui retransmettent les programmes de NBC sur l'ensemble du territoire américain).

NBC aimerait surtout voir une augmentation dans les audiences de la population jeune - la classe d'âge 18-49 ans, dit Lee. «Nous nous débrouillons pas mal sur cette classe d'âge, mais NBC fait vraiment de l'argent avec la publicité pour les femmes entre 18 et 49 ans», pointe-t-elle. «Nous aimerions voir l'ensemble des audiences augmenter tout autant. Dans les six ou sept dernières années, Santa Barbara a monté jusqu'à seize ou dix-sept; maintenant il stagne à onze. C'est une baisse assez importante.»

Le changement d'horaire de diffusion de Santa Barbara n'est pas responsable de la chute des audiences de la série, d'après Lee. Le problème, dit-elle, a été les bouleversements constants de la série en coulisses. «N'importe quel soap connaît des hauts et des bas; parfois vous avez des histoires moteur et, très souvent, il y a des accalmies», dit-elle. «Sur Santa Barbara, il y a eu beaucoup de changements politiques - producteurs, chefs scénaristes, exécutifs. Quand cela arrive, de nouvelles personnes regardent à la série et disent : "Dirigeons-la dans cette direction." Et un an plus tard, quelqu'un d'autre dit : "Dirigeons-la dans cette direction." Quand vous commencez à tout chambouler, le public ne sait plus quoi faire.»

«Si vous faisiez un schéma sur les audiences et les changements de cette série, vous verriez que quand les audiences commencent à monter, un changement important a lieu. Ils reprennent leur souffle, les audiences commencent à monter, et un autre changement a lieu», observe Lee. «Dans mon coeur, je sens que Santa Barbara a été le victime de nombreux séismes, et ils n'ont pas aidé à construire la série. Les séries à succès ont une vision (à long terme).»

Depuis janvier, Santa Barbara est un produit de la vision de Pam Long, l'ex-chef scénariste de Les Vertiges de la Passion / Haine et Passions. Avec son travail qui parle pour elle, Long dit que les fondations pour Santa Barbara sont déjà en place. «Toutes les bonnes choses ont simplement besoin d'être déposées dans un fertilisateur et versées sur l'ensemble du champ », explique-t-elle. «Je veux Santa Barbara, mais je veux de l'hyper-Santa Barbara

Long reconnaît, cependant, que la série a besoin d'intrigues plus jeunes et de chercher à les développer. «Vous regardez Santa Barbara et vous avez ces merveilleuses familles telles que les Capwell, les Lockridge et les Castillo. Mason, Warren et Cruz sont des points d'ancrage, mais ils ont grandi et doivent être dans la trentaine. Lily, qui n'a que dix-neuf ans, est un bon endroit pour commencer.» Lily sera mise en commun avec plusieurs nouveaux jeunes personnages, dont le demi-frère de Cruz, Rafe.

Telle une règle à respecter, Long dit qu'elle envisage d'écrire de la façon dont elle l'a toujours fait et espère que cela sera une réussite. «Ce que je fais est de raconter des histoires d'amour avec du sang et des tripes, passionnées, sincères, émotionnellement courageuses. Qu'elles soient entre un homme et une femme, une femme et une femme, ou un homme et un homme, c'est toujours au coeur de tout cela», observe Long. «Des personnes m'ont dit que je ne suis pas une scénariste de daytime soaps typique, que je prends des risques, donc ça sonne comme si j'étais arrivée au bon endroit pour exercer mon métier.»