Eternels beaux mecs

 Par Michael Logan, TV Guide, 2016

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Ils ont combattu des supers méchants et des jumeaux diaboliques, ont été traqués et kidnappés par des femmes assoiffées de sexe et enterrés sous les décombres d'innombrables immeubles effondrés. Mais ils sont aussi venus à bout de deux choses bien plus effrayantes : l'ombre et le chômage ! Nous avons rassemblé six des plus chauds et sexys stars de daytime soaps des années 80 - Kin Shriner (Scotty Baldwin, Alliances & Trahisons / Hôpital Central), Stephen Nichols ("Patch" Johnson, Des Jours et des Vies), A Martinez (Cruz Castillo, Santa Barbara), Doug Davidson (Paul Williams, Les Feux de l'Amour), Don Diamont (Brad Carlton, Les Feux de l'Amour) et Michael E. Knight (Tad "the Cad" Martin, La Force du Destin) - et les avons fait s'assoir pour une discussion-séance photos franche sur la célébrité et la survie. Tous sont encore dans la partie : Nichols, Shriner et Davidson poursuivent les rôles qui les ont menés au firmament, tandis que Martinez est à présent Eduardo Hernandez dans Des Jours et des Vies, Diamont est Dollar Bill Spencer dans Amour, Gloire et Beauté / Top Models et Knight est le Dr Simon Neville dans Les Feux de l'Amour. OK, peut-être n'ont-ils pas exactement des noms de ménagères, mais ces gars sont restés pleins de vitalité, excitants à l'écran et se vantent d'être suivis par des fans constamment fidèles. Combien de grandes stars de prime-time depuis 30 ans peuvent en dire autant ?

Les années 80 font fureur actuellement. Pourquoi cela à votre avis ?

Stephen Nichols : Je pense que c'est parce que nous y étions ! (Rires) Les gens étaient tellement plus excités par les soaps durant cette décennie. Tout était géant - les audiences, les budgets, les super-couples. A travers toute l'Amérique, des villes entières prenaient leur pause-déjeuner pour regarder Des Jours et des Vies.

Michael E. Knight : Le business des soaps n'a jamais été plus au top. Nous sommes arrivés juste au bon moment.

A Martinez : Ca a été un genre de miracle, vraiment. Bien entendu, ça a aidé qu'il n'y ait pas un millier de chaînes à l'époque. Il n'y avait pas Internet. C'était nous.

Kin Shriner : Je ne pense pas qu'il y ait un acteur qui ait été dans les soaps à cette époque qui ne regarde pas en arrière avec tendresse. On l'avait à la bonne. Mais, heureusement, la garde-robe n'est pas de retour. A propos des coiffures. Si je portais encore les cheveux longs, ça ne le ferait pas.

Doug Davidson : Mon ancienne coupe mulet me hante encore !

 

 

Jusqu'où les fans étaient-ils fous ?

Shriner : C'était le Far West. Nous étions tous jeunes et adorions ça. Et les filles ne s'arrêtaient jamais. Elles m'ont poussé une fois moi et Tony Geary en dehors de la scène lors d'une soirée avec les fans où 10 000 femmes étaient en train de hurler nos noms, mais nous n'avons pas pu agir. Quand les hurlements se sont tus, nous nous sommes retrouvés coincés là, «Euh, et on fait quoi maintenant ?».

Don Diamont : C'était la folie. Nous avions réellement besoin de service de sécurité quand nous nous déplacions. C'était une période assez grisante.

Davidson : J'ai reçu quelques petites culottes par courrier. J'ai reçu des photos obscènes. Et c'était avant les selfies. Vous deviez avoir quelqu'un pour prendre les photos, puis vous aviez à les faire développer. (Rires) Ca, c'était de la dévotion de fan !

 

Y avait-il un inconvénient à la célébrité des années 80 ?

Knight : C'était la période des excès. On prenait l'attitude "tout va bien" des années 70 à laquelle on ajoutait de l'argent.

Davidson : C'était comme la chanson des Eagles Life in the Fast Lane.

Knight : Je ne pourrais vraiment plus infliger à mon corps ce que je faisais alors. On sortait toute la nuit, retournait au travail vers 6 heures du matin, prenait une douche et espérait que personne ne remarque que vous portiez des lunettes de soleil pendant les répétitions.

Davidson : Avec un après-rasage au whisky qui transpirait de vos pores !

 

Etiez-vous à l'aise d'être des beaux mecs ?

Martinez : Je ne peux pas m'en plaindre, même si j'ai été décontenancé parfois quand on attendait de moi que je retire ma chemise pour des photos et que je délivre cette allure torride et sexy. Et ensuite cette image figée vous poursuit pendant des années.

Diamont : Je n'avais pas de problème avec l'étiquette beau mec. Ca va avec l'ensemble. Je l'ai adoptée, même quand je jouais le garçon de piscine dans Les Feux de l'Amour et qu'ils ne me faisaient porter rien d'autre que des mini-shorts.

Davidson : Schwarzenegger était en train de modifier la façon dont la société regardait le corps des hommes, et donc nous devions tous avoir des muscles bien dessinés. J'ai vu cela comme une manière d'être assuré d'avoir de bonnes histoires.

Knight : Je passais inaperçu au lycée et puis, tout d'un coup, je suis devenu un séducteur des rues à la télé. J'ai toujours souffert de terrible malformation physique, donc le truc (de devenir) une idole était difficile à appréhender. Je n'ai jamais été bon dans le fait de prétendre que je suis beau.

 

Doug et Don ont été les premiers dans les soaps à montrer leurs fesses à nu - une mode qui s'est terminée aussi vite qu'elle a commencé.

Davidson : J'ai été sidéré quand j'ai appris que Les Feux de l'Amour voulait que je fasse ça. J'ai appelé ma femme et lui ai dit : «J'ai travaillé les mauvais muscles à la gym !». J'ai été le premier à le faire, mais ma scène nu de dos était plutôt normale - une prise de moi en train de sortir du lit. Alors que Don a été dans un urinoir debout à côté de Peter Bergman (Jack).

Diamont : J'ai eu à laisser tomber ma serviette pendant que je rentrais dans la douche afin que l'on voie un bout de fesse humide. (Rires) On a vraiment fait toute une histoire de ce truc-là.

Davidson : Notre patron, Bill Bell, était à la pointe question réalisme, mais il y a eu des plaintes des Etats-Unis - particulièrement de gens qui ne l'avaient pas vu, mais qui étaient offensés par cette simple idée. Je pense que Bill nous aurait laissé faire du porno soft s'ils le lui avaient permis.

 

Est-ce que les intrigues sont déjà devenues trop folles pour vous ?

Martinez : Cruz a été drogué et violé par une femme et l'a mise enceinte, malgré le fait qu'il soit inconscient. J'étais genre : «Est-ce que c'est même simplement possible ?».

Nichols : Ce n'était pas les années 80 si vous n'aviez pas été piégé - dans un ascenseur, un effondrement, une explosion d'immeuble.

Diamont : Brad a été retenu prisonnier dans une cage par son ex-femme. Mais le truc le plus fou s'est passé plusieurs années plus tard quand il a été révélé que Brad, le PDG en costume trois-pièces, était en fait un soldat juif des forces spéciales de la marine baptisé George Kaplan. J'ai joué une scène où George entoure ses jambes autour de la tête d'un méchant et lui casse le cou d'un coup sec. Ca a été la mort par les cuisses. Plus spécifiquement l'intérieur de la cuisse. (Rires) Une autre première !

Knight : Tellement de choses sont arrivées à Tad - amnésie, jumeau diabolique, une épouse qui est décédée des suites de pancakes empoisonnés - qu'ils sont finalement arrivés à court d'idées. Le producteur m'a alors appelé dans son bureau et a dit : «Nous avons une nouvelle intrigue pour toi : Tad refait surface avec sa propre ligne de shampoing !». C'est à ce moment-là que vous savez que vous êtes resté trop longtemps dans la partie.

 

Comment gérez-vous le fait de vieillir ?

Davidson : Je suis OK avec cela parce que, dans ma tête, je suis toujours dans la trentaine. Mais la vérité est que je suis dans Les Feux de l'Amour depuis 38 ans et que je suis à présent le plus ancien des lieux. Et cela inclut les acteurs, l'équipe technique, les responsables de la chaîne, tout le monde. Les gens abusent du mot surréaliste, mais dans mon cas il s'applique indiscutablement.

Martinez : Mon emballage physique est érodé et mon avenir n'est plus aussi grand qu'il l'a été, mais je suis un bien meilleur acteur maintenant. (Rires) On trouve du réconfort dans ça. On peut aussi bien déprimer de vieillir que se regarder dans le miroir et dire : «Hé, ça pourrait être sacrément bien pire !»

Shriner : Quand vous ne faites plus 80 cm de tour de taille, vous devez plus que jamais davantage vous concentrer sur votre jeu. Ces jeunes acteurs de soaps aujourd'hui sont du genre : «C'est notre tour. Dégagez de notre route», donc vous devez vous présenter au studio comme un soldat de fortune qui se place derrière les lignes ennemies. Vous devez exploser dans ces scènes !

 

Les stars de soaps n'obtiennent jamais le respect qu'elles méritent. Cela a-t-il déjà blessé vos egos ?

Nichols : J'ai essayé tellement de fois d'obtenir une audition pour (un rôle) en prime-time et on m'a dit : «On ne verra aucun acteur de soap». Il y a toujours eu cette décision hiérarchique, mais au bout d'un moment vous vous dites : «Je m'en fiche vraiment. Je travaille !».

Knight : Après que La Force du Destin ait été annulé, un de mes boulots a été de jouer un cadavre dans NCIS, et j'ai été content d'obtenir ça. L'énoncé pour le casting disait mot pour mot : «Vous devez être capable de tenir allongé». C'est pour cela que j'ai été aux anges quand Les Feux de l'Amour m'ont offert un rôle. J'étais du genre : «Vous allez vraiment me laisser parler ?».

Shriner : Les acteurs ont besoin d'un endroit auquel se reporter, un endroit où être à leur place. Les daytime soaps nous ont sorti de la m****.

Martinez : Lane Davies (qui jouait Mason dans Santa Barbara) décrivait cela comme "la simple dignité d'avoir quelque part où aller".

 

A l'exception de Selleck et Stamos et de peu d'autres, la plupart des stars de prime-time des années 80 sont aux abonnés absents à présent. Est-ce vous, les gars des soaps, qui riez les derniers ?

Diamont : On les a vus arriver et on les a vus partir… et nous on est (encore) là ! J'ai beaucoup de fierté à l'idée que nous sommes restés en place durant tout ce temps.

Nichols : Seulement 2 à 3% de tous les acteurs avec une carte syndicale ont un boulot, donc on ne peut qu'être reconnaissants. J'ai toujours eu du travail régulièrement, joué des rôles vraiment intéressants et conduit trois gamins jusqu'à la fac. Qui peut se plaindre de ça ?

Shriner : C'est sûr, nous voulions tous jouer dans des films - il ne faut pas se mentir - mais, comme cela s'est avéré, faire des soaps a été la décision la plus intelligente que chacun d'entre nous ait pu faire.

Knight : Nous sommes les fils de p**** les plus chanceux dans ce boulot. Et nous le devons totalement aux fans, Dieu les bénisse. Le fait qu'ils en aient encore à foutre de nous trois décennies plus tard n'est pas seulement merveilleux. Il n'y a pas de mots pour cela !