«Il faudra que j'abandonne Eden.»

 Télé 7 Jours, 1989

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Eden est au paradis... à Paris. En congés très provisoire de Santa Barbara, Marcy Walker tourne un épisode de Perry Mason, mais fête aussi la millième du feuilleton vedette de TF1. Sur le gâteau, cinq bougies, une par année de tournage mais, sur la part qu'elle a découpée pour nous, elle n'en a mis qu'une. Elle a une pensée émue pour Taylor, qui aura un an le 3 février prochain, et qui ne les a pas accompagnés à Paris, elle et l'homme de sa vie, Stephen Collins. Là-bas, elle le voit un peu, tournage oblige. D'où les rumeurs de son départ du feuilleton.

Vous allez quitter Santa Barbara ?

Mon contrat se termine août 1990. Je dois me remettre en question, de même que A Martinez, qui joue l'un des rôles principaux, et qui vient de tourner dans un film avec Meryl Streep. Nous jouons les mêmes personnages depuis cinq ans déjà (exactement juillet 1984). Ils sont devenus comme une sœur ou un frère pour nous, et même plus, une sorte de double que tantôt nous adorons, tantôt nous détestons. C'est une sorte de maladie, qui touche tous les acteurs de feuilleton qui jouent longtemps le même personnage et que les téléspectateurs identifient à lui.

Santa Barbara vous a permis d'être connue dans le monde entier...

Toutes les lettres et les témoignages d'amitié que nous recevons - et beaucoup viennent de France - nous font hésiter, mais les tournages sont très éprouvants. Je pars de la maison à 6h du matin, je reviens à 8h, et je dois apprendre le texte du lendemain. Il y a des jours où c'est difficile, surtout quand je lis la déception sur le visage de Taylor - malgré son âge il est très expressif. Mais lorsque je retrouve l'ambiance du studio, je me dis qu'il sera temps de prendre une décision deux mois avant de renouveler mon contrat.

Il y a un véritable climat d'amitié dans l'équipe de Santa Barbara.

Tous les comédiens, et même ceux qui ont des rôles moins importants, sont très proches les uns des autres. Avec A Martinez, cela va encore plus loin. Il est désemparé quand il tourne avec une autre comédienne que moi. Il n'y a là aucune ambiguïté. Notre amitié - et ce n'est que de l'amitié - est très bien acceptée par la femme de A Martinez, aussi bien que par Stephen. Nous envisageons même, l'année prochaine, de partir en vacances ensemble.

A Martinez est de votre génération. A Paris, vous avez tourné avec Raymond Burr qui, lui, est un "monstre sacré" de la télévision.

Le jour où l'on m'a proposé ce rôle, j'ai failli refuser, intimidée de me retrouver face à celui que j'ai si souvent regardé à la télévision dans L'Homme de Fer et Perry Mason. Et puis, après en avoir discuté avec les producteurs de Santa Barbara et avec Stephen, j'ai accepté. Je ne le regrette pas. J'ai l'impression d'avoir en face de moi Orson Welles, John Wayne ou l'un des acteurs de la légende d'Hollywood. Sans Santa Barbara, je n'en serais pas arrivée là.

Vous aimez Paris ?

J'y ai passé de merveilleux moments. J'aime votre haute-couture, vos restaurants. J'évite de trop me laisser tenter, car j'ai réussi depuis plusieurs mois à perdre mes kilos en trop et votre cuisine est très riche en calories. Chez moi, et pendant les tournages, je me contente de crudités et de viande grillée, sans jamais de vin. Le meilleur moyen de ne pas entrer dans un des temples de votre cuisine, c'est Santa Barbara. On reconnaît, en effet, Eden et on me demande des autographes. Alors, je rentre à l'hôtel !

Vous serez aux Etats-Unis pour Noël ?

Oui. Mon rôle dans Perry Mason ne m'a pris que quelques jours. Nous avons tourné vite et bien ! Je pense déjà au premier Noël de Taylor. Avec mon père, ingénieur en aéronautique, nous avons eu des Noëls différents, selon les endroits où nous nous trouvions, que ce soit en Suisse, à Paris ou à Téhéran. Après son divorce, mon père s'est remarié et, quand j'ai eu 8 ans, je partageais les joies de Noël avec mes deux demi-frères. Noël, c'est un moment magique dans la vie d'un enfant. Je me souviens avec émotion de mes premiers Noëls avec ma grand-mère, dans le Kentucky, même si je n'arrive plus à me souvenirs des détails. Taylor a de la chance. Noël est vite suivi de son anniversaire.