Jack est de retour !

 Par Mimi Torchin, Soap Opera Weekly, 1991

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Jack Wagner est d'humeur bavarde. D'habitude timide face à la presse et grandement pudique, il est aujourd'hui loquace et ouvert, rempli de l'énergie et du charme sincère qui ont fait de lui l'une des richesses les plus sexys des daytime soaps. Peut-être est-ce l'excitation d'un nouveau rôle dans un soap différent qui a entraîné cet état d'esprit positif. Wagner a incarné le populaire détective chantant Frisco Jones dans Alliances & Trahisons / Hôpital Central sur ABC de 1983 (avec quelques mois de liberté pour bonne conduite entre 1988 et 1989) jusqu'à il y a quelques mois. Ce mois de juillet, il a fait une réorientation surprise vers Santa Barbara sur NBC, une série aux audiences basses mais avec une réputation de créativité iconoclaste.

Aucun doute que les patrons de Santa Barbara espèrent que la présence hautement électrique de Wagner dans le rôle du mâcheur de cigares, journaliste et aventurier à la Hemingway, Warren Lockridge - un rafraîchissant retour en arrière vers des personnages issus des films sophistiqués des années 30 et 40 - et le suivi de ses fans acharnés vont leur donner le remontant en nombre dont la série a tant désespérément besoin. Quant à Wagner, sa motivation pour le changement pour tout aussi directe.

«J'ai vu beaucoup de choses écrites à ce sujet, mais voici ce qu'il s'est réellement passé», certifie Wagner pour mémoire. «Mon contrat (avec Alliances & Trahisons / Hôpital Central) s'est terminé en mai. Ca a été un peu frustrant pour moi parce que je n'avais pas grand-chose à faire depuis quelques temps, et je ne savais pas dans quelle direction Gloria (Monty, productrice exécutive d'Alliances & Trahisons / Hôpital Central) allait avec le personnage (Frisco) ou ses relations. Et il avait plus ou moins régressé à mon avis, en redevenant un agent de police. C'est très frustrant quand votre personnage commence à faire machine arrière. Je ne savais vraiment pas ce qui se passait et je n'étais pas en position de commencer à remettre en question les décisions de Gloria.»

Quand Monty s'est concentrée sur de nouveaux personnages et a conduit Frisco à se retrouver livré à lui-même, la chaîne au paon a avancé d'un pas. «NBC m'a approché, et Jackie Smith (alors chef des programmes de journée de NBC) et moi nous sommes rencontrés et avons commencé à discuter», continue Wagner. «Et ils étaient très positifs là-bas. Le personnage (Warren), la façon dont je le voyais dans ma tête – la vision d'ensemble de ce que ce gars allait devenir - était si excitante pour moi. Et...», ajoute-t-il, la voix mêlée à un humour grinçant, «...ils m'ont offert une superbe offre. Ca a été aussi simple que ça. Ca n'a rien eu à voir avec le fait que je déteste Gloria ou Tony (Geary, Bill) ou Tristan (Rogers, Robert). Nous nous entendons tous bien», nous assure-t-il. «Ca a juste été une affaire d'opportunité pour moi de passer à une autre chaîne, de commencer pleinement avec un nouveau personnage et une nouvelle série. Et il y a eu quelques incitations financières qu'ABC ne m'a jamais offertes en terme de rôles en soirée et de téléfilms.»

Le dernier point, mentionné presque comme une pensée après coup, semble être le coeur du problème. Wagner le confirme : «Mon contrat avec ABC allait être quasiment le même genre de contrat que j'avais eu auparavant. Le salaire allait toujours être très bon, mais il n'y avait rien d'autre à attendre, et c'est vraiment important quand vous êtes dans un daytime soap comme celui-ci, d'être en mesure d'attendre un pilote en prime-time ou un film quelque part à l'horizon.»

Cela semblerait un bon moment pour nous de laisser Alliances & Trahisons / Hôpital Central dans le passé et de se diriger vers cette nouvelle vie dans Santa Barbara. Mais il y a une dernière question qui nous taraude encore. Wagner a été accueilli dans Alliances & Trahisons / Hôpital Central par Monty et tous deux sont censés avoir eu des relations de travail très proches. Donc comment se sent-il à propos de l'avalanche de critiques qui ont menacé d'enterrer son ancienne mentor ? Est-ce justifié ? Il se montre pensif avant de répondre. «Aussi loin que c'est justifié, qui est là pour juger ? Ma vision de la situation est que Gloria est revenue avec tellement de battage, et a ramené Tony avec tellement de battage, que cela a conduit les choses à aller dans la direction opposée, créé une sorte de réaction violente. Cela me fait penser à une ou deux choses. Premièrement, quand on retourne en arrière quand la série était dans cette grande poussée en avant et est devenue n°1 et que l'histoire de Luke et Laura était si incroyablement populaire... Ca dit que c'était une grande idée, une grande combinaison d'histoire et d'acteurs, combien brillants, et pourquoi cela ne peut-il plus arriver à nouveau ? Mais cela dit aussi que peut-être c'était juste le bon moment et l'alchimie entre Tony et Genie (Francis, qui jouait Laura). Peut-être que le temps a passé... nous parlons de choses arrivées il y a 10 ans... et les choses ont trop changé, et peut-être que Gloria a besoin de changer avec l'époque. Plutôt que d'écouter les critiques, je pense qu'il est temps pour Gloria de regarder la série avec un esprit ouvert et de voir ce qui marche et aussi ce qui ne marche pas actuellement, et de trouver comment avancer.»

Il soupire, clairement désireux d'en finir avec le sujet, mais tout en offrant un avis final sur l'esprit de coopération. «C'est une situation difficile. Qui aurait jamais pensé que la série perdrait tant de points d'audience ? Vous ne pouvez pas blâmer une personne, mais on dirait que tout le monde attaque Gloria quand même. Mais vous savez», dit-il, et nous savons que la fin de ce sujet est arrivée, «je suis vraiment en dehors de tout ça. Quand j'ai quitté la série, je m'en suis lavé les mains. Ca a été un bon moment et je quitte beaucoup d'amis, mais c'est terminé.»

Une appréciation courtoise et maintenant, allons vers le présent. Warren Lockridge n'est peut-être pas un nouveau personnage dans Santa Barbara - il a été précédemment joué par John Allen Nelson (1984-1986) et Scott Jenkins (1986-1987) - mais tel qu'incarné par Wagner, Warren est un nouvel homme. L'ancien Warren était fade et peu mémorable, un personnage puéril qui a commencé son existence dans la série en tant que sauveteur en mer sur la plage. C'est à des années-lumière de ce que le mâture et militant Wagner et les scénaristes ont apporté dans un éclat de créativité conjointe. Ce sont les scénaristes, bien sûr, qui sont venus avec les mots et les intrigues de Warren, mais c'est Wagner qui a développé son apparence et sa flamboyance téméraire. Warren embrasse pleinement les inspirations créatives de Wagner.

«Je le trouve très stimulant. L'écriture sur cette série est très sophistiquée et ce personnage est totalement nouveau pour moi. Je recherche cette opportunité... J'aime prendre de l'altitude. C'est comme ça que je suis dans les tournois de golf. Si vous n'avez jamais vu aucune histoire des tournois que j'ai remportés, j'arrive toujours par l'arrière. J'aime ça; ça vous fait travailler plus dur. Vous pouvez devenir un peu paresseux quand vous conservez la première place, et tout d'un coup quelqu'un se faufile et s'empare de ça, et vous découvrez que vous n'êtes pas assez vif pour la récupérer. Je crois en cela - sans complaisance aucune - pour toutes les choses dans la vie. Les gens ont dit au sujet de ma venue dans cette série : "Comment peux-tu ? (Alliances & Trahisons / Hôpital Central) était si stable et ils allaient te payer beaucoup d'argent, etc etc..." et j'ai dit : "Je ne veux pas vivre ma vie de cette façon".»

Arriver dans la série sous les feux de la presse et de spéculations - pourquoi il a quitté Alliances & Trahisons / Hôpital Central, quel impact peut-il avoir sur Santa Barbara - a pu causer de l'agitation et du ressentiment de la part de ses nouveaux partenaires de jeu. Mais le professionnalisme et l'enthousiasme de Wagner semblent avoir dissipé toutes les inquiétudes qu'ils ont pu avoir.

Karen Moncrieff, qui joue l'ancien - et probablement futur - intérêt amoureux de Warren, Cassandra, ne savait pas vraiment quoi attendre de Wagner. «Notre première scène ensemble a été assez étrange», admet-elle, «parce qu'honnêtement j'avais entendu beaucoup de choses à son sujet. Mais il a été vraiment merveilleux. De plus, la scène était brillamment écrite et ça a été très amusant à faire.» Cette scène n'était-elle pas un flash-back qui comprenait un baiser passionné ? Moncrieff rit : «Oh, vous voulez des détails croustillants...» Non, juste les faits, madame. Elle s'exécute : «Je pense qu'avoir à embrasser Jack, qui était vraiment un étranger, a rendu cette première scène facile, ça a cassé la glace. A un pareil moment, vous ne pouvez qu'en rire parce que c'est à l'évidence malaisant. Donc nous avons eu, eh bien, à entrer en connexion d'une manière qui normalement prend des semaines pour se faire.»

Ce qui a le plus surpris Moncrieff a été l'approche de Wagner du personnage de Warren. «Quand j'ai lu la scène au départ, je l'ai vue différemment, et ce qu'il y a apporté a été si rafraîchissant. Il me surprend constamment en tant qu'acteur, et c'est amusant. Il me fait me maintenir sur mes gardes.» Pense-t-elle que c'est une approche qui restera "amusante" ?

Appréciera-t-elle de jouer avec Wagner sur le long terme ? «Je ne sais pas», rétorque Moncrieff avec une surprenante sincérité. «Nous sommes très différents, mais cela peut rendre les choses très intéressantes. Quand vous êtes trop confortable, vous pouvez devenir un genre de "Maman et Papa", et je ne pense pas que cela arrivera jamais avec Jack. Il y a incontestablement une étincelle. Est-ce de l'alchimie ? Je ne sais pas. Mais il y a sans aucun doute quelque chose qui se passe.»

«Jack nous en a mis plein la gu**le dès le départ», dit A Martinez (Cruz), le premier rôle masculin le plus aimé de Santa Barbara et la personne la plus amène d'avoir eu le droit de se sentir un peu méfiant de l'invasion de Wagner sur son territoire. Mais Martinez, un vrai gentleman qui est en sécurité question talent et popularité, apprécie ces mêmes qualités chez son nouveau partenaire de jeu. «Une fois que vous avez été dans ce jeu assez longtemps, vous commencez à avoir le sens de vos forces et faiblesses et ce dont vous avez besoin est de faire fonctionner les choses pour vous.» Au crédit de Jack, et ça n'est pas une surprise, il s'est assuré que les choses dans la scène (leur première ensemble) fonctionne. Il fait du très bon travail», dit Martinez, «Et il a déjà commencé à établir une version plus précise de la relation entre Cruz et Warren. C'est un pro.»

Wagner est le premier à admettre que Martinez puisse s'être senti menacé par son embauche. «Qui ne le serait pas ?» demande-t-il de manière rhétorique. «Il est là depuis tellement longtemps; on prend vraiment soin de lui, et il s'est construit une bonne réputation. Je respecte vraiment cela. Je ne suis pas venu pour dire : "Hé, je suis là pour te passer devant." Ca n'a rien eu de cela. Au contraire, c'était plutôt : "Je suis là pour faire partie de l'équipe, pour aider la série et les audiences si je le peux. Donc allons-y." C'est la manière avec laquelle j'ai conduit mon approche et je pense qu'il l'a senti comme ça. Nous nous entendons très bien.»

Wagner raconte cette première rencontre avec Martinez et ce qu'il croit qu'il veut dire par «mis plein la gu**le». «J'avais une incroyable charge de travail au début. J'avais 14 ou 15 scènes par jour, parce que j'ai tourné cinq épisodes dans mes deux premiers jours.» (Wagner avait des engagements antérieurs qui l'ont empêché de commencer plus tôt, et le personnage avait déjà été écrit dans les épisodes une semaine avant son arrivée.) «Je savais vraiment bien ce que j'étais venu faire, et j'étais préparé. Je n'étais pas comme quelqu'un de nouveau dans une série qui ne savait pas ce qu'ils faisaient. Je suis arrivé en riant, en plaisantant et préparé. Et quand j'ai travaillé avec A, on s'est très bien entendus. Nous étions vraiment en mesure de donner à l'autre de l'espace et de se respecter l'un l'autre, et les scènes étaient amusantes.»

Wagner nous raconte avec une certaine délectation comment il a coincé un morceau de papier de verre derrière son oreille pour la scène à l'hôpital, qui fut sa première scène avec A Martinez. «Quand Cruz me demande pourquoi je suis là à l'hôpital, j'ai une cigarette à la bouche, je sors une allumette et je dis : "Je suis juste un bon journaliste..." et je frotte l'allumette derrière mon oreille, j'allume la cigarette avec, et je finis par : "...A la recherche d'une bonne histoire, mec." Je ne l'ai pas dit aux autres acteurs, mais je l'ai dit au réalisateur pour qu'il puisse obtenir une prise de leur réaction. J'ai fait beaucoup de blagues dans ma vie... Dans Alliances & Trahisons / Hôpital Central, j'ai ajouté de la comédie partout où je pouvais. Quand j'ai terminé la scène, A a dit quelque chose comme : "Mon Dieu, je n'ai pas fait de trucs comiques depuis cinq ans." Je pense qu'il a apprécié. Pour moi, à la fois dans ma vie personnelle et mon travail, je dois garder les choses fraîches. Je ne veux pas simplement répéter les mêmes choses.»

Wagner va en effet vers tout à toute vitesse, paternité comprise. Oubliez ces rumeurs que Wagner et son ancienne partenaire d'Alliances & Trahisons / Hôpital Central, Kristina Malandro - petite-amie de longue date et mère de son fils de 11 mois, Peter John - vivent séparément. Le couple est uni et heureux, et bébé Pete a apporté un nouveau sens et une nouvelle direction dans la vie de son papa. «Financièrement, je regarde à tout ce que je fais avec lui à l'esprit. Je pense à son avenir, ses études. C'est drôle», s'amuse-t-il, «quand vous devenez parent, vous vous entendez soudain dire toutes les choses que vos parents disaient. J'ai perdu mon père l'an dernier et j'ai vraiment encore plus perçu ce que je pense de la vie, on la comprend davantage, comment ce cycle se déroule. Puis vos parents vieillissent, vous devenez un parent pour eux...»

Quand on lui demande ce qu'il considère comme sa plus grande réussite, il répond sans hésitation : "Peter John." Son grand regret ? En tant que chanceux, Wagner revendique d'avoir peu de regrets sauf peut-être d'avoir eu son fils plus tôt dans la vie. Il pense que la confiance est son plus grand atout et quant à son pire défaut, il rit et dit : «Je parle peut-être trop aux mauvais moments.» Wagner dit que son père est toujours dans son esprit quand il réussit quelque chose.

Wagner est sans aucun doute en train de réussir quelque chose dans Santa Barbara. Les audiences semblent remonter petit à petit, et les gens parlent à nouveau de la série en termes positifs. Et Wagner, qui s'épanouit dans le défi et les surprises, a trouvé un bonus insoupçonné en interprétant Warren. «C'est un personnage», dit Wagner, «qui m'a montré que "Mon Dieu, je peux jouer." Parce que parfois quand vous jouez l'un de ces "héros", vous jouez des éléments de vous-même et les scènes n'ont pas vraiment de substance. Vous n'avez rien à vraiment aller chercher. Ce personnage m'offre quelque chose sur lequel travailler. Je peux penser en tant que personnage, être un acteur travaillant sur un personnage, à l'opposé de simplement apprendre mes dialogues et penser à des trucs à faire. Je me sens vraiment en vie à l'intérieur de ce personnage.»