Cruz en partance de Santa Barbara

 Par Janet Di Lauro, Soap Opera Weekly, 1992

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«C'est toujours comme si j'étais en train de me pincer», dit A Martinez, en décrivant sa réaction à se voir offrir - et signer - un rôle dans la série de prime-time ovationnée La Loi de Los Angeles pour la saison 1992-1993. «C'était complètement du genre "le ciel s'ouvre et la foudre tombe sur vous". C'est un rappel de ce qui est si magique et mystique dans ce métier et de pourquoi c'est un tel privilège de faire ce genre de travail.» Dans une interview avec Soap Opera Weekly, Martinez a partagé ses sentiments - parfois amers - au sujet de ce tournant important de sa carrière. Bien que ravi de s'embarquer sur le challenge d'un nouveau rôle, l'acteur ne peut cacher ses regrets à abandonner son interprétation de Cruz Castillo dans Santa Barbara, un rôle qu'il a joué pendant huit années, jusqu'à la fin de l'été.

Comment est arrivé votre rôle dans La Loi de Los Angeles ?

J'ai reçu un message pour parler à Rick Wallace, qui est le producteur exécutif de la série. Il avait réalisé l'épisode de La Loi de Los Angeles que j'avais fait il y a deux ou trois ans. J'avais joué un assassin condamné à mourir, qui essayait de trouver une porte de sortie à la dernière minute mais n'y arrivait pas. C'était un rôle très dramatique et une expérience très positive pour moi. (Wallace) a semblé partager le souvenir de tout ceci. J'ai également rencontré (le créateur de La Loi de Los Angeles) Steven Bochco tout au long de pas mal d'années. Je n'ai jamais fait de secret sur le fait que j'ai toujours voulu travailler avec lui. Je ne suis pas sûr exactement de qui a lancé l'idée. Pour tout ce que je sais ça doit avoir été mes agents.

Que s'est-il passé pendant la rencontre ?

En gros, (Wallace) m'a demandé ce que ça me ferait de jouer dans la série. J'ai dit : «Plutôt sacrément du bien.» (Il rit.) Ils n'ont pas spécifié grand chose au sujet du personnage. Ils ont juste dit qu'il serait avocat. Au moment où je passais l'entretien, ils en étaient encore à quatre ou cinq épisodes de la fin de la saison (1991-1992). J'ai pensé qu'ils ne s'attaqueraient pas à l'écriture (de mon personnage) avant la pause estivale.

Avez-vous révisé votre droit ?

Ouais, c'est ça ! J'essaye de parler en faisant des phrases complètes. (Il rit.) Je me sens vraiment à l'aise avec ça. Ce faisait partie de la question que (Wallace) a voulu aborder - ce que je penserais de l'attitude contrôlée qui est nécessaire dans une salle de tribunal. Je pense que ce sera un bon changement de rythme. J'ai joué un assistant juridique dans un cabinet de droit dans The Storefront Lawyers en 1971. C'était la première série télévisée que j'ai jamais faite.

Quelles ont été vos premières réactions à l'offre de La Loi de Los Angeles ?

La première chose que j'ai faite a été d'en parler avec Les (l'épouse de Martinez). Elle s'est endormie avec cette idée et le lendemain matin elle s'est réveillée et a dit : «Je pense que c'est une idée fabuleuse.» Cela a certainement aidé à clarifier les choses. Je veux dire, ce n'est pas vraiment une décision si compliquée. C'est juste que la vie est faite de changements. Si vous vous asseyiez et sélectionniez ce que vous voudriez faire à la télévision en prime-time, presque n'importe quel acteur aurait La Loi de Los Angeles en haut de sa liste. Et voilà que c'est dans votre manche.

Cependant ça n'a pas été une décision facile et tranchée pour vous, n'est-ce pas ?

La chose qui rend ceci difficile - et ce n'est pas vraiment une raison de rester, pourtant ça doit être reconnu - est que Santa Barbara, au-delà d'être un énorme événement dans ma carrière, a été également un détonateur pour me transformer en un être meilleur. Comment pouvez-vous mesurer la valeur de cela et l'honorer comme il se doit ? Je pense que je suis un homme bien meilleur, et un mari et un père bien meilleurs, que j'aurais été si je n'avais pas eu l'expérience d'incarner Cruz 1600 fois.

Il semble fortement que vous appréciez vos récents scénarios.

Pendant un moment j'avançais essentiellement en essayant de rester digne tandis qu'Eden (Marcy Walker) devenait plusieurs personnes et disparaissait. Puis pendant une autre année c'était juste comme si je m'accrochais pour trouver quelque chose à faire ! Je n'ai vraiment jamais pensé que j'apprécierais de travail sur Santa Barbara encore autant que je l'apprécie maintenant.

Les rumeurs au sujet de l'annulation possible de Santa Barbara en janvier 1993 ont-elles facilité votre décision ?

Non, parce que je veux désespérément que Santa Barbara réussisse. Je pense que c'est si parfait maintenant, et que ça suit le chemin pour s'épanouir. C'est la façon dont les choses devraient marcher, non ? Ca me rend vraiment dingue que nous ayons dû attendre aussi longtemps pour retomber sur nos pieds. J'espère vraiment que les personnes qui ont abandonné Santa Barbara retrouveront le chemin pour nous regarder quelques jours et voient la différence que Pam Long (la chef scénariste actuelle de Santa Barbara) a fait.

Visiblement, vous êtes un admirateur du travail de Pam Long...

C'est une ancienne actrice qui a une compréhension implicite de ce qui motive (les acteurs) et de ce qui ne les motive pas. Elle vous offre simplement sur un plateau la matière qui vous motive. C'est stupéfiant quelle différence il y a d'aller vers votre travail quand vous avez le type d'écriture qui vous enthousiasme constamment page après page, par opposition à vous forcer à aller chercher quelque chose à interpréter. Actuellement, quand les scénarios arrivent, les gens sautent dessus.

Il a été dit que vous pourriez faire les deux projets - Santa Barbara et La Loi de Los Angeles - pendant un moment.

Je pense que cela va arriver pour quelques temps. Je commence à tourner La Loi de Los Angeles en août. Donc il y aura probablement trois ou quatre semaines à faire double emploi. Paul Rauch (le producteur exécutif de Santa Barbara) m'a dit qu'il pense que j'apparaîtrai dans le rôle de Cruz jusqu'en septembre. C'est la manière dont cela a été présenté en théorie pour le moment. Cela sera un peu ardu, mais je suis pour tout ce qui peut aider la transition. L'intrigue que Pam a écrite pour Kim Zimmer (Jodie), Forry Smith (Reese), Eileen Davidson (Kelly) et moi a été programmée pour durer pendant deux années. C'est une chose terrible de demander à un scénariste, peu importe combien il est bon, de compresser quelque chose qui est prévu pour ce nombre d'heures en quelque chose de tellement plus court.

Le lien entre chacun d'entre vous s'est développé tellement naturellement...

Eileen et moi avons commencé en premier et travaillons dur. Nous avons défini un point que nous voulions atteindre dans la durée. Nous avons travaillé dur pour y arriver. Maintenant je pense que nous jouons régulièrement dans cette zone. Puis il y a Kim et Forry. Forry pense que ça a beaucoup à voir avec le fait d'avoir commencé notre premier épisode ensemble avec les retrouvailles (pour les 20 ans de lycée). Nous dansions ensemble avant de nous connaître. Vous pouvez certainement faire un cas de ce rythme rock - cela accélère le mécanisme des prises de contact entre les gens. Et cette scène que j'ai faite sous la douche avec Kim était la première fois que nous tournions quelque chose ensemble, et ça dépotait vraiment.

Qu'attendez-vous de La Loi de Los Angeles avec intérêt ?

J'aime Steven Bochco. Il est de retour. Il est l'un des meilleurs scénaristes qui soit à la télévision. Et j'ai eu la chance de travailler avec Michael Tucker à Toronto l'année dernière alors que je tournais In the Nick of Time. C'est un type génial et un grand atout, le genre de type qui est à la fois acteur et professeur. En outre, vue la façon dont la série est tournée c'est possible et probable que je ne travaille pas autant que je le fais maintenant. Je pourrais certainement en tirer partie. Après huit ans au rythme que j'ai vécu avec Santa Barbara, ça vous laisse incontestablement avec un certain appétit pour un peu plus de temps pour vous-même.

Que vous manquera-t-il de Santa Barbara ?

Il me manquera le frisson. Pendant que j'y étais j'ai été béni par un lien en direct avec mon coeur en tant qu'acteur. D'une façon ou d'une autre, au cours des années - et c'est sûrement l'expérience d'atteindre cette intimité avec Marcy Walker - quelque chose s'est produit. Il n'y a probablement rien de plus satisfaisant pour moi en tant qu'acteur d'atteindre un niveau d'émotion, particulièrement quand les enjeux sont élevés. Dans Santa Barbara c'est devenu la norme plus que l'exception. J'espère que je ne perdrai jamais le contact avec ce merveilleux sens du frisson et de l'énergie quand vous y êtes émotionnellement… quand vous rentrez vraiment dans le coeur d'un personnage.

Les milieux spécialisés disent que Santa Barbara ne peut pas survivre à la perte d'A Martinez. Qu'en pensez-vous ?

Je pense que Santa Barbara est une excellente série indépendamment que je sois là ou pas. Relisez de haut en bas la liste de ses acteurs; vérifiez la qualité de l'écriture. La série continue à avoir l'air aussi géniale qu'elle a toujours été, et est habitée par la même merveilleuse musique. Que peut-on ne pas aimer ?