Le beau geste de Nicolas Coster

 Par Isabelle Caron, Télé 7 Jours, 1991

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Il a fallu presque une demi-heure pour habiller Vic d'un costume de plongée et lui installer la bouteille d'air comprimé. Vic sourit en regardant les eaux bleues du Pacifique ensoleillée au large d'Anacapa, l'une des Channel Islands, proches de Santa Barbara ! Il a 18 ans et, à la suite d'un accident de moto, les jambes paralysées, ne se déplace plus qu'en chaise roulante. Nicolas Coster l'a invité ce samedi, avec sept autres handicapés, à découvrir la plongée sous marine. Le patriarche de la famille Lockridge, dans Santa Barbara, n'a pas la passion égoïste : «Découvrir les fonds marins est pour moi l'une des merveilles du monde. J'ai voulu que ces hommes et ces femmes, souvent très jeunes, puissent aussi en profiter.» Nous sommes sur son bateau qu'il a baptisé "Encore", en clin d'oeil à ses amis et à ses admirateurs français : «Ils me demandent sans cesse  de continuer à jouer dans Santa Barbara. Je reçois tellement de lettres de votre pays.»

Vic est prêt maintenant à plonger. Nicolas le harnache solidement et, avec deux autres plongeurs, le porte jusqu'à l'échelle, le fait descendre dans l'eau, sans le lâcher : «Dans l'eau, tout handicap est réduit à son minimum. Tous les médecins, les spécialistes le savent...» Vic approuve : «Il me semble que je redeviens normal. Je peux même, parfois, mieux me débrouiller que certains de mes amis qui ne sont pas handicapés...»

Les autres invités de cette balade pas comme les autres tiennent le même discours. Brandon, qui a tout juste 18 ans : «Plonger est un exercice mental autant que physique. Sous l'eau, je me sens totalement en sécurité. J'ai confiance en moi, en mes capacités physiques. J'ai aussi toute confiance dans ceux qui m'entourent, et surtout avec Nicolas. Il m'a redonné foi en la vie.»

Michael, handicapé moteur depuis la naissance, considère aussi Nicolas Coster comme un bienfaiteur : «Il me donne une incroyable sensation de liberté. En plus, je peux me livrer à cette activité avec mes amis, et ma femme, sans avoir l'impression d'être pour eux un frein ou un poids mort...» Quand il entend ces mots, Nicolas est le plus heureux : «Je me dois de partager avec eux les privilèges que la vie m'a donné. Regardez Manda, une tétraplégique qui vient de remonter avec moi. Elle me racontait qu'elle avait, pour la première fois, vu des phoques, que c'était un spectacle d'une rare beauté. Elle voudrait déjà y retourner. Je m'en voulais de lui répondre que j'étais fatigué et que j'avais envie de rester là.»

Tous les handicapés qu'accueille Nicolas Coster suivent les mêmes cours que ces autres élèves et il leur délivre à la fin du stage trois diplômes officiels. «J'ai moi-même tous les certificats nécessaires. Si je n'avais pas été comédien, je me serais consacré à la plongée. J'attends avec impatience que mon fils, Ian Russel, dit Willy, enfile sa première combinaison de plongée. Il aura 1 an en juillet. A moins que, comme sa mère, ma femme Beth, il n'ait peur de l'eau !»

Ce n'est pas le cas des deux filles aînées de Nicolas : «Elles ont 23 et 21 ans. Elles aiment bien m'accompagner en mer, mais j'avoue que ces rencontres familiales viennent un peu tard. Je n'ai pas su, peut être parce que j'étais trop occupé, trop jeune aussi, profiter de leur enfance. Je n'ai pas assez joué avec elles, partagé leurs premiers rires, écouter leurs premiers mots. Elles ne m'en veulent pas puisque nous sommes très proches.»

Comme il est très proche de Denise Dowd, une kinésithérapeute spécialisée dans les soins aux handicapés : «Lorsque je l'ai rencontré et qu'elle m'a parlé d'eux, j'ai compris que je devais les aider. J'ai suivi des cours d'instructeur en 1985, puis je me suis perfectionné, pour bien savoir m'occuper des handicapés qui voulaient s'initier à la plongée. Denise m'a beaucoup aidé et maintenant, nous avons trop de candidats. Santa Barbara me laisse trop peu de temps pour organiser ces balades en mer, mais j'adore tourner ce feuilleton et je ne m'en plains pas.» Ni ses nombreux admirateurs.

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