La fille de personne

 Par Robert Rorke, Soap Opera Digest, 1990

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Une femme qui reste célibataire invite à la curiosité. « Quel est son problème ? » tout le monde se demande. A-t-elle un trouble de la personnalité ? Déteste-t-elle les hommes ou est-elle simplement lesbienne ? Judith McConnell a tout entendu. Indépendante et pleine de vivacité, cette actrice résolument célibataire a été fiancée trois fois, mais a reculé trois fois devant cet engagement final et contraignant. «Les gens disent : "Oh, vous savez, peut-être qu'il y a quelque chose qui cloche avec elle, personne ne l'aime, ou elle est homosexuelle"», rit-elle. «J'aime les hommes et j'aime faire l'amour avec des hommes. Mais tout ce que vous obtenez est une réaction des gens qui disent : "Mais, tu es attirante, donc qu'est-ce qui ne va pas avec toi ?"».

Elle est assise dans sa grande loge, dans les studios de NBC à Burbank, à parler d'hommes, d'amour et de la société. «J'ai connu de très longs et très sérieux engagements et des relations de couple. Je ne suis pas vieux-jeu, mais j'ai cette vieille façon de penser au sujet du divorce», admet-elle. «Je voulais être sûre de moi et quand j'étais dans la vingtaine, il est soudainement devenu acceptable pour un homme et une femme de vivre ensemble sans le bénéfice du mariage. Quand j'étais à l'université, beaucoup de mes amis ressentaient la pression de leurs familles et de la société pour se fiancer et avoir des projets de mariage pour quand ils seraient diplômés. Vous deviez être casée dans votre deuxième année d'études, avoir votre bague de fiançailles dans votre dernière année et ensuite commencer vos projets de mariage. C'était une obligation sociale.

Dix ans auparavant, une femme n'allait pas à l'université. Elle devait alors se marier - et c'était tout. C'est comme une étape de l'évolution; Je m'étais faite à cela. Vous deviez être Mme Quelqu'un. La majorité des femmes n'avait pas de carrière. Puis tout d'un coup il est devenu socialement acceptable d'être avec un homme, de vivre ensemble, dans certains endroits. Quand David et moi avons emménagé ensemble, mes parents étaient atterrés, mais je savais que c'était bon pour nous de passer du temps ensemble. C'est bien plus accepté dans la société d'aujourd'hui d'avoir été mariée et d'avoir divorcé, d'avoir été mariée et d'avoir divorcé trois fois et peut-être d'avoir mis des enfants dans des situations de déchirement, que de ne pas avoir été mariée. C'est intéressant comment les choses ont changé si vite en quinze ou vingt ans. On est parti de "Personne ne divorce" à "Comment ça tu n'as jamais été mariée ?"».

Si les mots «Oui je le veux» ne traversent pas vraiment sur ses lèvres, Judith décrit elle-même un "talent" pour l'amitié. Elle garde le contact, se balade et visite un nombre stupéfiant de personnes, parmi lesquelles des «meilleures amies» du primaire au lycée jusqu'à l'Université Carnegie-Mellon de Pittsburgh, à des amies de ses périodes passées dans quatre différents soap-operas. A Los Angeles, elle fait des «soirées entre filles» avec ses deux meilleures amies toutes les deux semaines. Et peu importe si cela implique conduire 50 km de son domicile de Burbank pour retrouver ses amies de Hancock Park et Mandeville Canyon à un endroit pratique et équidistant ?

Judith McConnell bouge. Quand elle est à New York, elle passe voir ses vieilles amies d'As the World Turns comme Kelly Wood (ex-Mary Ellison), Martina Deignan (ex-Dr Annie Stewart) et Marie Masters (Dr Susan Stewart). Elle termine souvent à son restaurant favori, Iguana. «C'est ici que j'ai le plus de plaisir», dit-elle. «Ils me voient arriver; ils font de la place quand j'arrive en ville. "La voilà." J'adore ça, j'adore danser». Sans surprise, certaines amies de Judith n'arrive pas à la suivre. Marie Masters, par exemple, trouve que Judith est toujours prête à sortir à onze heures du soir - juste quand elle est prête à aller au lit. «Oh oui», dit Marie. «Elle est toujours en train d'ébouriffer ses cheveux alors que je suis toujours en train d'enfiler mon pyjama».

Comment fait-on pour avoir autant d'amis ? Ou le temps de les voir ? «Je ne suis pas terriblement sélective», confesse Judith. «Je ne veux pas dire que je ne suis pas prudente, mais je ne dis pas : "Je n'aime pas cette personne ou cette personne." Acceptation, je pense, est le mot. J'adore les gens. Je pense, au risque de paraître narcissique, que j'ai une nature très aimante. Cela inclut beaucoup de différents types de personnes de différentes origines».

Son travail dans les soap-operas a couvert presque tout le territoire. Elle a joué l'infirmière délurée Augusta McLeod, R.N. dans Alliances & Trahisons / Hôpital Central, Valerie Conway dans As the World Turns, et la riche garce Miranda Bishop dans Another World. Son plus long rôle est dans le controversé, expérimental et insuffisamment regardé Santa Barbara, où elle joue Sophia Capwell depuis cinq ans. Fermement installée dans la principale et seule famille de la série, Judith est restée parfaitement protégée des violents coups de hache qui périodiquement s'abattent sur les personnages autres que Cruz (A Martinez) et Eden (Marcy Walker) dans la distribution.

McConnell élude le sujet de savoir si la série a suffisamment de personnages bien développés aux côtés des deux principaux. «Si je connaissais la réponse à cela, je serais productrice ou responsable de chaîne», dit-elle. «Je pense que les personnages de Cruz et Eden sont magiques. Je pense qu'ils ont été magnifiquement écrits et encore plus merveilleusement interprétés par Marcy et A, et ils ont avec certitude rendu la série forte. Chacun d'entre nous aimerait en avoir davantage - c'est dans la nature de tout le monde, on veut toujours plus d'histoires (à jouer) - mais je pense que la façon dont les deux personnages ont été écrits et la façon dont les deux acteurs les jouent est excellente».

Elle est plus désireuse d'exprimer une opinion sur le long conflit non résolu entre Bridget et Jerome Dobson, créateurs de Santa Barbara, et New World Television, qui produit la série. Dobson contre New World se centre sur qui a le contrôle ultime de la série, jusqu'à la capacité d'embaucher et de renvoyer. «Ma loyauté va de manière certaine pour Jerry et Bridget Dobson parce que je les apprécie et que je pense qu'ils sont talentueux et qu'ils m'ont embauchée. Ma loyauté va également pour les personnes avec qui je travaille parce que je travaille pour elles et elles font un excellent boulot, et, à nouveau, à moins d'être Dieu, qui peut déterminer qui est le mieux ? Ma vie sur le plateau et ma vie dans ma loge et avec mes amis acteurs n'est pas altérée. Ce que j'ai trouvé dans les deux groupes est qu'ils sont accessibles, ce qui est la chose la plus importante pour un acteur. Ils écoutent, mais vous pouvez vous plaindre. Vous avez une oreille quand vous en avez besoin, et du soutien également».

L'expérience de McConnell dans Santa Barbara offre une image de la manière dont les soaps ont changé. «Les autres séries dans lesquelles j'ai travaillé n'avaient aucun aspect décalé quand j'y étais», réalise-t-elle. «Je pense que tout le monde s'y essaie à présent. La comédie était inconnue dans les daytime soap-operas. Tout type de folie était inconnu. Ce n'était que cette souffrance lente, pesante. J'ai jeté ma pilule contraceptive à la poubelle dans Alliances & Trahisons / Hôpital Central et bien entendu vingt-quatre heures plus tard j'étais enceinte. Quand j'étais dans As the World Turns, nous n'avions aucune folie, pas plus que dans Another World. Même alors ils ne faisaient pas ce genre de choses. Puis j'ai eu le rôle dans Santa Barbara et ma première apparition a été avec une barbe».

Elle fait référence au déguisement de Sophia en Dominic, quand elle est revenue à Santa Barbara pour retrouver sa famille. Depuis cela, elle a eu de nombreuses scènes farfelues à jouer, même en tant que pure femme. Une qui lui vient à l'esprit est «une des nombreuses fois où C.C. (Jed Allan) et Sophia se sont mariés, et où Gina (Robin Mattson) est sur le balcon avec un hibachi et est en train de se griller des hot-dogs». Elle a aussi apprécié sa romance entre une femme âgée et un jeune homme avec Chip Mayer (ex-T.J.). Mais son intrigue préférée a été celle qui a lancé la série - "Qui a tué Channing ?". «Ca a été brillamment écrit», dit-elle. «C'est resté un mystère et a duré facilement plus d'une année. C'était l'histoire de Médée. Sophia avait tué son propre fils et ne le savait pas. C'était très compliqué et cependant compréhensible. Ca a été vraiment bien fait».

Santa Barbara a remporté une série d'Emmys ces deux dernières années pour son écriture, sa réalisation et son interprétation, mais dans le grand ordre des choses cela reste un daytime soap-opera, et Judith McConnell trouve toujours que les gens considèrent le genre comme un sous-divertissement. «Il y a toujours dans le métier une attitude négative envers les acteurs qui travaillent dans les daytime soap-operas», dit-elle. «Les gens me disent encore qu'à mon âge et avec mes capacités, "Eh bien, c'est un bon terrain d'entraînement." Ce que je déteste. Je déteste que l'ampleur du travail que nous faisons ne soit pas respectée comme elle le devrait. Elle l'est dans certaines sphères, mais pas entièrement et pas comme elle le devrait. Si je dirigeais le monde, je regarderais les soaps avec beaucoup de soin et j'engagerais des personnes qui peuvent travailler sous ce genre de pression». En effet, elle a vu certaines stars nées dans des soaps - et leur a dit de passer à autre chose. Ray Liotta, qui a joué Joey Perrini dans Another World pendant trois ans et est apparu dans les films Nicky et Gino et Jusqu'au Bout du Rêve, a été le candidat-star de Judith. «Nous avons travaillé ensemble dans Another World», dit Judith. «Il est merveilleux. Je lui ai dit de quitter la série et d'aller à Hollywood».

Si jamais elle a des regrets, elle a du mal à s'en rappeler. Et malgré qu'elle soit refroidie par l'idée du mariage, elle a confiance dans le fait qu'il y a bien un partenaire approprié pour elle. «Je n'ai aucun doute qu'il y aura quelqu'un un jour avec qui je passerai le reste de ma vie pour toujours», dit-elle. Mais elle ne va pas chercher après dans les petites-annonces des journaux de Los Angeles. «Trop de personnes qui écrivent ces annonces cherchent quelqu'un avec qui marcher sur la plage», pense-t-elle. «Si j'entends une personne de plus dire qu'elle aime marcher sur la plage…», soupire-t-elle. «Je n'ai jamais connu autant d'êtres humains qui aiment marcher sur la plage. Pas vous ? C'est la chose la plus amusante. Tout le monde veut marcher sur la plage. Si toutes les personnes qui écrivent des petites-annonces marchaient sur la plage, on ne pourrait pas s'approcher de la plage. "Promenades au clair de Lune sur la plage." Oh, pitié».