Pas de limites ! Wanda DeJesus ne dira pas qu'elle ne peut pas

 Par Janet Di Lauro, Soap Opera Weekly, 1992

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Rien n'attire Wanda DeJesus (Santana Andrade, Santa Barbara) autant qu'un challenge. Alors qu'elle grandissait à New York, elle avait déjà éliminé l'expression "je ne peux pas" de son vocabulaire. Ses aspirations étaient grandes, mais sa volonté encore plus. «Ce qui m'a toujours attirée était de devenir chirurgien.» se rappelle-t-elle. «Ma mère était infirmière à Puerto Rico avant qu'elle arrive (aux Etats-Unis). Elle avait l'habitude de me demander : "Dis, voudrais-tu devenir infirmière, chérie ?" Et je répondais toujours : "Non, chirurgien."» Même si DeJesus a définitivement abandonné ses aspirations médicales, elle n'a jamais abandonné sa quête d'atteindre la plus haute marche. Malgré le fait que DeJesus, descendante de première génération d'américains de Puerto Rico, est employée dans une industrie où les boulots pour les Latinas sont peu nombreux et difficiles d'accès, elle est parvenue à travailler constamment à travers les années. Ce faisant, elle a joué un large éventail de personnages substantiels et remarquables, pas uniquement des personnages ethniques stéréotypés.

«Je me sais très chanceuse de ne pas avoir eu à jouer juste des prostituées et des pauvres. Mais ça a été dur.» concède-t-elle. «C'est particulièrement dur parce quand vous vous apprenez, on vous accorde de travailler sur des classiques. J'ai été prise par la comédie en regardant Peter O'Toole jouer dans Le Lion en Hiver quand j'étais gamine. Et quand j'ai vu Les Hauts de Hurlevent, c'était comme : "Ca oui, j'adorerais faire ça." Il n'y avait rien dans ma tête que je pensais ne pas pouvoir faire parce que je pense que le coeur créatif ne connaît pas de limites. C'est juste une question de vraiment vouloir jouer le rôle.»

DeJesus croit que le théâtre, spécialement le théâtre de Los Angeles, est l'un des aspects du métier qui offre aux acteurs de toutes races et nationalités une chance de se battre pour passer à travers les barrières des castings. «A New York, pour la plupart, ce que j'ai joué était des rôles de femmes hispaniques. A Los Angeles, il y a plus de chances pour des castings créatifs... un phénomène où certains facteurs se rejoignent et les gens l'acceptent. C'est ouvert à celui qui est le meilleur pour le rôle», explique-t-elle. Les agents de DeJesus continuent de lui envoyer des offres de castings créatifs. «Ca fait du bien d'en être», sourit-elle. «C'est comme un oeuf sur le point d'éclore... un intéressant oeuf sur le point d'éclore.» Et, à travers les années, ça a marché. «J'ai réussi à travailler dans La Loi de Los Angeles», dit-elle. «Quand je suis allée à l'audition, le nom du personnage sonnait très WASP (White Anglo-Saxon Protestant). Mais ils m'ont permis de venir et d'auditionner pour eux. Quand j'ai eu le rôle, ils ont changé son nom.»

Le personnage de Santana, cependant, est incontestablement hispanique, et DeJesus est ravie de l'incarner. L'actrice réalise qu'elle est l'une des quelques Latinos tenant un rôle d'importance dans un daytime soap. Elle est déterminée à donner un bon exemple à travers Santana. «Les femmes Latina ont été incarnées soit comme des divas sexy soit comme des chiennes, rien entre les deux», dit avec énergie DeJesus. «Rien entre les deux en terme de développer ce que c'est que d'être une femme aujourd'hui dans les années 90, d'être une deuxième génération ici, d'honorer et aimer votre héritage mais aussi (de gérer) les dichotomies d'avoir à lutter pour peut-être (donner aux téléspectateurs) une un peu meilleure compréhension de cela.»

Le message de DeJesus est arrivé de manière forte et claire à travers sa relation à l'écran avec le C.C. Capwell de Jed Allan. (Le couple est fiancé, et elle attend un bébé.) C'est la fable classique de l'homme riche et plus âgé et de la jeune femme battante, mais avec un développement - elle est la fille de la domestique des Capwell, qui s'acharne contre Santana qui s'insinue au sein du riche "establishment." «Santana réalise qu'il n'y a pas de différences (entre elle et C.C.)», remarque DeJesus. «Mais être impliquée dans cette histoire avec les Capwell ne va pas tout d'un coup la faire se sentir inférieure. Santana essaie d'instiller ça à sa mère. Ce n'est pas qu'elle a déjà eu honte que sa mère soit la femme de ménage. Elle est très fière de où vient sa famille et de ce qu'ils ont fait pour survivre et vivre à Santa Barbara.»

Comme Santana, DeJesus a travaillé dur pour progresser. A l'âge de 13 ans, cette native de New York a été acceptée à la High School of Performing Arts. L'école, modèle pour la série télé Fame, mais avec un plus gros programme d'études, représente de nombreux souvenirs pour l'actrice. «C'était assez intense», dit-elle. «Vous deviez maintenir un certain niveau de moyenne pour rester à l'école, et on vous rappelait constamment que si ce n'était pas le cas, des milliers d'autres gamins voulaient (être ici). Ils vous disaient : "Oh, tu es exceptionnelle, mais il faut que tu travailles dur".» Après avoir validé un diplôme de B.F.A. (Bachelor of Fine Arts) du Leonard Davis Center for Performing Arts, faisant partie du City College of New York, DeJesus a fait beaucoup de théâtre. Ca a été le travail de l'actrice au Public Theater qui l'a en fin de compte menée à Broadway. «J'ai mis en place la lecture de Cuba And His Teddy Bear», explique-t-elle. «La pièce a été jouée pendant environ six mois au Public Theater et un an à Broadway avec Robert De Niro. J'avais une ou deux scènes avec lui. J'étais fascinée de le regarder travailler et de travailler avec lui.»

Tout en apparaissant à Broadway, DeJesus obtenait simultanément son premier essai dans un daytime soap - le rôle de Gomez, la partenaire de Reginald Love (John Considine) dans Another World. DeJesus a quitté les deux projets pour jouer le premier rôle dans la série de prime-time Mariah. «C'était tourné à Toronto et a vécu pendant environ sept mois», note-t-elle. «Ca a obtenu de bonnes critiques. ABC l'a diffusé, mais je ne pense pas qu'il y avait vraiment de la place pour. Il y avait des trucs comme Dynastie à l'antenne à l'époque.» Quand Mariah a été annulée, DeJesus est restée occupée avec du travail épisodique et du théâtre jusqu'à ce que Santa Barbara arrive. L'idée d'un travail régulier l'a attirée : «C'est un joli repos, un joli changement», dit-elle, «parce que nous sommes des gitans. Les acteurs sont vraiment des gitans. C'est agréable de pouvoir dire : "OK. Je suis là pour un moment."»

Et là que DeJesus est dans Santa Barbara, elle est déterminée à se donner pour Santana. «J'ai fait mes devoirs», dit-elle fièrement. «Quand je suis arrivée, j'ai demandé l'histoire de Santana et on m'a donné une pile de papiers de 50 centimètres de haut. C'est ce qui est appelé La Bible de Santa Barbara. Je me suis assise et j'ai lu la vie de chaque personnage et l'histoire de la famille Andrade. Puis, j'ai posé des questions à différents acteurs et élaboré ma propre histoire également. Alors que nous avançons, il y a toujours plus à découvrir. Je pense qu'il y a de la place pour Santana pour être davantage que sa propre personne à travers sa relation avec C.C.», continue DeJesus. «Parce qu'il y a une différence d'âge et parce que C.C. est C.C. Capwell, il est comme le protecteur et le champion. Il y a de la place là-dedans pour davantage qu'une simple relation homme/femme. Il y a de la place pour Santana pour avoir sa propre personnalité et avoir de la voix, une voix claire. En ce moment, il est toujours question de Santana en train d'essayer de se faire bien voir par la famille Capwell. La relation de C.C. et Santana est toujours comme secondaire. Je ne pense pas qu'elle soit déjà la maîtresse de maison. Il y a encore beaucoup de choses à résoudre.»

Hors-écran, DeJesus est sérieusement liée à l'acteur Jimmy Smits (Victor Fuentes dans La Loi de Los Angeles) - et la relation est solide. «Jimmy et moi étions ensemble depuis vraiment longtemps... avant La Loi de Los Angeles», remarque-t-elle. «Nous nous sommes rencontrés à New York, avons travaillé ensemble (sur Cuba And His Teddy Bear), et sommes devenus amis. J'adore travailler avec lui, et je sais que le sentiment est mutuel parce qu'il me l'a dit. Ce que j'attends pour l'avenir est peut-être un projet quelque part dans le futur que nous pourrons faire ensemble. Jimmy est une partie majeure de ma vie», continue-t-elle. «Hollywood, étant la cloche de verre qu'elle est, dit ce qu'elle dit et écrit ce qu'elle écrit. Mais je suis là pour vous dire que ma vie avec lui a été vraiment bonne, et je pense qu'il ressent la même chose. Beaucoup de gens disent : "Deux acteurs ensemble. Comment faites-vous ?" Eh bien, vous savez quoi ? Cela demande du travail, et de ne pas rentrer dans l'ego de l'acteur, parce que les gens oublient leur amour et sont dans le qui fait un projet de plus. Jimmy m'a été d'un grand soutien, et je soutiens sa carrière. Nous passons de bons moments parce que nous avons cela en commun et quelques autres choses qui nous font avancer. Nous apprécions de nous aider l'un l'autre à répéter. Quand Jimmy a commencé pour la première fois La Loi de Los Angeles, je l'aidais avec certaines scènes. Ca a été un bon processus d'apprentissage pour moi aussi. Quand il avait ses scènes d'amour, il découvrait ce que les prises seraient, et nous les répétions pour de vrai en quelque sorte. Ca a été beaucoup d'amusement», dit DeJesus en souriant. «Ainsi il est devenu une part de mon apprentissage, et je suis devenue une part du sien.»

DeJesus semble tout avoir en ce moment - une bonne carrière, un bon couple, et, par-dessus tout, tout le bon sens pour continuer à avancer sans difficultés à deux. Donc que réserve l'avenir à cette dynamique jeune femme ? DeJesus répond rapidement, sans vraiment le temps d'y réfléchir : «J'aimerais avoir une vie couronnée de succès. Je sais que cela sonne vraiment naïf et général, mais c'est vraiment ce que je ressens. Je veux être en mesure de regarder ma vie en arrière et de dire : "Hé ! Je l'ai fait. J'ai fait ce que j'ai voulu."» Eh bien, DeJesus est incontestablement sur la voie et à des kilomètres de la mêlée.