Sept raisons d'aimer Robin Wright Penn

 Par Justine Foscari, Madame Figaro, 2009

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Dans Les Vies privées de Pippa Lee, le film de Rebecca Miller, avec Julianne Moore, Keanu Reeves, Winona Ryder et Monica Bellucci, elle est Pippa, une épouse modèle dont le passé se révèle plutôt tourmenté. Dans la vie, Robin Wright Penn est aussi complexe que son personnage. Une formidable actrice qui s'est trop longtemps fait voler la vedette par son génial mari et qu'on redécouvre aujourd'hui, la quarantaine venue. Sept raisons de l'aimer sans réserve en attendant de l'admirer dans le prochain film de Robert Redford, The Conspirator, inspiré de l'assassinat d'Abraham Lincoln.

On adore son côté "rescapée"
Cette grande Texane au physique de mannequin (job qu'elle a exercé dès l'âge de 14 ans) aurait pu suivre la voie toute tracée pour les filles de son genre. S'occuper de ses deux puits de pétrole (oui, elle en possède deux au Texas). Ou aligner les rôles de blonde un peu gentille, un peu naïve comme dans Santa Barbara - le soap qui l'a fait connaître à 18 ans et dans lequel elle a tenu bon quatre ans d'affilée -, s'accrocher à son mariage avec son partenaire Dane Witherspoon, jouer les princesses de contes de fées (comme dans The Princess Bride). Au lieu de ça, elle a tout plaqué pour suivre un "bad boy" nommé Sean Penn.

On aime qu'elle ait réussi là où Madonna a échoué
Même si, toujours mariés, Robin et Sean ne vivent désormais plus ensemble, ils auront connu une belle histoire d'amour tumultueuse, qui aura donné le jour à deux enfants aux prénoms multiréférencés, Dylan Frances, 18 ans, et Hopper Jack, 16 ans (pour Dennis Hopper et Jack Nicholson, deux amis du couple), à cinq ou six demandes de divorce et à un film sublime de Nick Cassavetes (She's So Lovely). Madonna, elle, qui, rappelons-le, aura brièvement épousé l'acteur, n'aura eu droit qu'à un film raté (Shanghai Surprise) et à quatre ans d'une union bancale.

On est fans de son côté idéaliste
Petite fille introvertie et ultrasensible, elle rêvait de devenir infirmière pour aider les autres et panser les plaies d'un monde supplicié. Devenue grande, elle opte pour la carrière de comédienne mais ne perd pas de vue ses utopies pour autant. Elle refuse ainsi quatorze rôles à la suite, parmi lesquels des "blockbusters" comme Robin des Bois, Jurassic Park ou Batman Forever, car elle ne les sent pas ou préfère s'occuper de sa famille. Et elle aura, en interview, cette réplique mémorable : «Ce métier, c'est étrange. Le bus passe, et vous êtes censée monter. Puis le train passe, et vous devez le prendre. Puis l'avion est là, et on attend que vous embarquiez. Moi, je préfère la bicyclette...»

On plébiscite sa fibre anti-star
Bien sûr, des actrices anti-stars, on en croise par douzaines, mais en réalité cette affectation de modestie n'est qu'un avatar de leur narcissisme. Robin Wright Penn, elle, on la croit à 200% quand elle dit : «Je n'aime pas la célébrité», «Je suis plus à l'aise en jean et en tennis qu'en robe de soirée», «Je suis très anxieuse», «Je me trouve trop mince», «J'ai peur de dire des bêtises en interview», «Je ne suis pas si jolie que ça»... Et on est bouleversés.

On savoure qu'elle soit un peu comme nous
Une femme qui fait tranquillement ses courses au supermarché, qui a préféré quitter Los Angeles pour vivre à San Francisco, un endroit où l'on croise de «vraies gens», une femme coquette aussi qui dit : «C'est si agréable d'être attendue et de ne pas arriver.» Une femme enfin dont la vie de couple n'a pas toujours été facile et qui ne le cache pas. Comme lorsque Sean Penn l'a quittée alors qu'elle était enceinte de son premier enfant pour vivre pendant un an dans une caravane, au vu et au su du Tout-Hollywood.

On l'apprécie pour son talent
Émouvante dans Forrest Gump, mythique dans She's So Lovely (elle rata de peu le prix d'interprétation au Festival de Cannes), parfaite dans Les Vies privées de Pippa Lee, elle mérite amplement d'être réévaluée. Et la maturité sied bien à son beau visage, à vue d'oeil jamais retouché par la médecine esthétique, et à son regard profond qui vous vrille à l'intérieur.

On applaudit à son humour
Car si Sean Penn ne semble pas rire aux éclats tous les jours, Robin Wright Penn, elle, est d'une délectable légèreté. Comme le prouve cette remarque piquante : «On dit que les fourmis sont de grandes travailleuses. Mais alors, comment trouvent-elles le temps d'aller à tous ces pique-niques ?» Eh oui, comment, en effet ?