«Je suis timide... et je rougis quand je reçois du courrier osé de mes admiratrices !»

 Par Joan Mac Trevor, Ciné Télé Revue, 1987

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Depuis qu'il est devenu le séduisant Brick Wallace de Santa Barbara, Richard Eden connaît une grande popularité dans tous les pays où est diffusé le feuilleton. Les téléspectateurs ont eu le coup de foudre pour son personnage qu'il décrit comme l'homme des années 80 : honnête, fort, romantique, intelligent. «Il ne traite pas d'égal à égal avec les femmes», dit-il avec beaucoup d'humour, «il les considère beaucoup mieux !» Né sous le signe de l'amour, un 14 février (il est Verseau), le sympathique acteur incarne toute la passion d'un jeune pour son métier. Outre-Atlantique, pour répondre aux milliers de fans qui lui écrivent, il a créé un petit journal baptisé Le Jardin d'Eden, dans lequel il parle de Santa Barbara, de sa vie, de ses hobbys, de ses amis. Il répond à toutes les questions ! Très tôt, il a mené une vie très riche. Le divorce de ses parents (alors qu'il était encore jeune) l'a obligé à déménager régulièrement. Puis, encouragé par sa fiancée de l'époque, il a débuté au théâtre. Ses succès ne se comptent plus. Derrière la vedette de la télé, il y a un grand acteur. Et derrière l'image du séducteur, une très attachante personnalité.

Quand avez-vous rejoint l'équipe de Santa Barbara ?

En septembre prochain, il y aura très exactement trois ans. C'est un peu malgré moi que j'ai été entraîné à auditionner pour le rôle de Brick Wallace qui venait d'être créé. Tout le monde me trouvait parfait mais je craignais de m'engager pour trop longtemps. Un rôle m'avait déjà été précédemment proposé dans la série C'est Déjà Demain, mais j'avais alors refusé car je ne tenais pas du tout à être un comédien de télévision à temps plein. De plus, le théâtre m'attirait beaucoup plus.

Beaucoup d'acteurs sont comme vous : ils veulent bien jouer dans un soap-opera, mais pas pour trop longtemps. Votre opinion a-t-elle changé depuis l'époque de votre engagement ?

Elle a changé entre-temps. Mais j'en suis revenu au même point aujourd'hui : trois ans, c'est long ! En fait, je suis partagé entre le plaisir de jouer mon personnage de Brick Wallace et l'impossibilité de faire autre chose. C'est comme si je jouais la même pièce depuis trois ans, à l'exclusion de tout autre rôle.

Comment expliquez-vous succès de Santa Barbara, tant en Europe qu'aux Etats-Unis ?

Grâce aux acteurs et au dynamisme de l'équipe de production. Aux acteurs parce qu'ils rendent leurs personnages crédibles et qu'ils sont en plus beaux et sexy. A l'équipe de production parce qu'elle a réussi à établir une alchimie parfaite entre les divers personnages.

Cette célébrité nouvelle ne vous pèse-t-elle pas trop ?

Non. Il est agréable d'être reconnu. De toute façon, quand vous travaillez beaucoup, vous y prêtez peu attention.

Que préférez-vous : être une star de la télé ou un comédien de théâtre aux talents plus multiples mais aussi plus anonyme ?

Les deux car, lorsqu'on est une star, et qu'en plus on a du talent, on peut susciter un courant d'intérêt autour de sa personne et trouver plus facilement des rôles valables et de dimension.

A présent que vous connaissez bien votre personnage, que souhaitez-vous lui apporter en complément ?

Un peu de folie et d'humour. Le rendre séduisant plus par ses qualités humaines que par son physique.

Vous sentez-vous quelque affinité avec le personnage de Brick Wallace ?

Brick est probablement l'homme que je voudrais être : la force, l'expérience, la droiture...

Qu'est-ce qui vous a poussé à choisir la carrière d'acteur ?

Le besoin d'avoir une activité créatrice. Mais ce n'est pas du tout dans la carrière d'acteur que je cherchais à m'exprimer. En fait, j'y étais même farouchement opposé. La vie que mène un comédien me tentait d'autant moins que j'imaginais des périodes plus ou moins longues sans travail et sans engagement, ce qui chez nous est particulièrement pénible car nous n'avons pas droit à la moindre allocation. La perspective d'une telle insécurité me déplaisait. C'est le jour où ma petite amie du moment m'a poussé à auditionner pour un rôle dans la pièce Pieds Nus Dans le Parc que j'ai vraiment eu l'illumination. J'habitais encore à Toronto (Canada) à l'époque. C'était il y a dix ans. J'avais 20 ans. J'ai été retenu et la pièce fut un succès, mais c'est le contact étroit avec le public qui m'a convaincu de poursuivre. Comme je n'aime faire que ce que je peux faire parfaitement, j'ai alors suivi des cours. Mais je n'aime pas jouer pour jouer. La véritable jouissance je l'éprouve quand le personnage et moi ne faisons plus qu'un.

Vous sentez-vous proche de vos partenaires dans la série ?

Tant que nous sommes sur le plateau, oui. En dehors, non.

Est-il facile de travailler pendant une aussi longue période avec les mêmes partenaires ?

Oui. Cette habitude quotidienne facilite même grandement les choses. Nous nous connaissons si bien à présent que nous formons comme une grande famille. On se sent mieux pour jouer et il est beaucoup plus facile de se laisser aller quand on est en famille. Chacun connaît les réactions et les petites manies de l'autre. On peut donc plus librement se concentrer sur son texte et sur son personnage.

Avant même que vous vous décidiez à devenir comédien, vous avez fait un long séjour en Europe. Qu'en avez-vous retiré ?

C'est vrai, avec un sac à dos et trois sous en poche j'ai voyagé en Angleterre, en Yougoslavie, en Allemagne et ailleurs encore. Ce que j'ai retiré de l'aventure ? Que les gens étaient pareils sous toutes les latitudes. Qu'ils se différenciaient seulement par la façon d'exprimer ce qu'ils ont en commun.

A quoi aspirez-vous une fois le travail terminé ?

A une bonne douche chaude ! Une fois rentré, je me débarrasse de ce qui peut encore subsister de mon maquillage, je me mets complètement nu, je me verse une boisson fraîche, je mets en marche l'air conditionné et je m'étends au soleil. C'est pour avoir la paix que j'ai édifié un mur assez élevé dans mon jardin, ce qui n'empêche pas certains de mes amis de tenter de prendre des photos de moi.

Etes-vous souvent assailli par vos fans ?

Jamais. Je m'éclipse facilement et je peux faire en sorte que l'on ne me retrouve pas. J'éprouve une certaine timidité dans mes relations avec mes admirateurs. C'est dû à une trop longue expérience de la solitude sans doute, une pratique que j'ai contractée au lendemain du divorce de mes parents quand j'avais 12 ans.

Du courrier d'admirateurs ?

Oui, beaucoup. Certains m'affirment que je suis leur préféré, d'autres que je suis très sexy. J'en rougis. J'ai même reçu des pièces de vêtements.

Des projets de mariage ?

Depuis le temps qu'une amie essaie de me passer la bague au doigt, je suppose que je succomberai bientôt.

Préféreriez-vous épouser quelqu'un qui soit du métier que le contraire ?

Il se trouve que mon amie est du métier, mais je préfère de loin quelqu'un qui n'en soit pas, tout en n'ignorant rien des difficultés et des exigences de ce métier. Je suis souvent sujet à de brusques changements d'humeur, j'ai tendance à être trop émotif. Il faut être du métier ou le connaître pour comprendre cela.

Que faites-vous pour vous détendre ?

Je me contrains à penser à autre chose qu'à mon travail. Je fais le vide dans mon esprit et je m'attèle à un nouveau travail créatif. Je lis aussi, j'écoute de la musique. J'aime beaucoup la musique qui dégage une certaine sensualité. Pour me détendre physiquement, je fais de la gymnastique et je marche. Je marche beaucoup. Mais la plus efficace des détentes, c'est encore de voir des amis.

Quel est le plus beau souvenir que vous conservez de votre enfance ?

Le jour où ma mère m'emmena en coulisses, dans un théâtre londonien, pour y assister au dernier acte de Roméo et Juliette. Lorsque j'ai entrouvert le rideau et que j'ai vu la salle plongée dans l'obscurité et un violent rais de lumière éclairant seulement la scène et les acteurs, j'ai compris toute la magie et le mystère que pouvaient receler ces lieux. Pour l'enfant de 8 ans que j'étais, c'était le premier contact avec le merveilleux.