Le couple Maggie Gillis et Warren Lockridge

 

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Warren Lockridge éprouvait une peine profonde dont il avait des difficultés à se remettre. Au travers des nuages, souvent il voyait le sourire de Summer Blake, récemment assassinée. La ville portait les signes de leur histoire naissante. De la plage au Musée, de l'Hôtel Capwell au bar de la plage, Warren ressentait la présence de Summer à ces côtés. La blessure était d'autant plus sourde que leur histoire avait un goût, non pas d'inachevé, mais de non commencé, lui laissant que trop peu de souvenirs...

Seul homme présent dans la Villa Lockridge - son père Lionel passant le plus clair de son temps dans des explorations au bout du monde - Warren a grandi avec pour images féminines celles de sa grand-mère, la "tigresse" Minx, et sa mère, la sensuelle Augusta. Ces deux femmes, parfaits mélanges de force et de faiblesse, ont conditionné l'inconscient de Warren : la femme qu'il recherche doit réunir ces qualités, qu'il imagine peut-être être le véritable trésor Lockridge. Aux yeux de Warren, Summer avait ces qualités, cette force intérieure qui, au quotidien, lui permettait de surmonter son traumatisme. Eveillé à l'amour par Summer, le coeur de Warren s'est brisé... dans l'attente d'une nouvelle rencontre, offerte par le destin.

Le prénom de Summer, hélas pour les habitants de la ville, s'accompagnait d'autres prénoms :  Barbara, Veronica, Candy... Quatre prénoms. Quatre femmes. Quatre victimes. Un seul meurtrier : le tueur aux oeillets. Depuis plusieurs mois, une chape de plomb recouvrait la ville de Santa Barbara. Un voile de nuages, sombre, pesant, embrumait toute la ville. L'esprit des enquêteurs semblait lui aussi emmêlé dans cette brume, ne parvenant pas à trouver un fil conducteur à leur enquête. Soudain, le nom de Kelly Capwell pouvait tout expliquer. Un profil du tueur se dessinait dans les nuages... Peter Flint.

Au coeur de l'enquête sur le tueur aux oeillets, Maggie Gillis se préparait à intervenir aux côtés de Cruz Castillo. Jeune femme policière de la ville, Maggie s'apprêtait directement à vivre son baptême du feu. Femme forte, c'est elle-même qui s'est proposée à jouer le rôle d'appât pour arrêter le tueur. Une perruque sur la tête, déguisée en Kelly Capwell, Maggie ne parvient pas au dernier moment à faire feu sur Peter Flint. Blessée physiquement au bras, elle est conduite à l'hôpital. Blessée psychologiquement dans son amour propre, Maggie se rend compte qu'il lui est difficile de tirer sur une vraie personne, même si lors des entraînements, elle excelle au tir.

Un premier pas : d'amour à amitié...

Ecartée de l'enquête, Maggie Gillis se sent coupable et responsable de la suite des évènements. Ce sentiment de culpabilité ne la quittera plus, et sera d'autant plus fort qu'en raison de son impuissance, Joe Perkins perdra la vie. Profondément déstabilisée dans ce qui peut être considéré comme un moment de faiblesse, elle trouve une oreille attentive en Warren Lockridge. Un fil invisible commence à se tisser entre ces deux âmes en peine. Warren se confie à Maggie quant à la mort de Summer - la rencontre avec Maggie lui permettant aussi de mettre une certaine distance entre lui et Elizabeth Peale. Maggie se confie à Warren sur son échec. Warren est rapidement ému et sous le charme de cette femme policière qui affiche une certaine force, une vraie détermination, et qui laisse entrevoir des faiblesses, très certainement plus profondes qu'elle ne le laisse paraître. Et certainement qu'en clair-obscur, derrière la silhouette de Maggie, Warren devine les ombres des premières femmes, faibles et fortes, qui ont marqué sa vie : Minx et Augusta...

Aidé par les événements, Warren se rapproche de la policière, mais cette dernière n'est pas encore prête à le laisser franchir les toutes premières barrières qu'elle a dressées autour de sa vie. Si elle accepte que Warren la raccompagne chez elle, vigilante, Maggie lui donne une fausse adresse, coupant court à toute seconde rencontre. Mais émue par le sourire du sauveteur, par une certaine innocence, elle finit par lui dire dans un souffle qu'elle aimerait bien le revoir dans d'autres circonstances.

Les premières rencontres sont une alternance de chaud et de froid qu'en toute innocence, Maggie impose à Warren. A certains moments, Maggie se livre sur ses émotions et ses échecs professionnels tout en maintenant un épais voile de mystère sur sa vie privée. Warren, porté par son âme de sauveteur, devine entre les lignes une autre blessure secrète, la culpabilité de Maggie dans la mort de Joe Perkins ne pouvant pas tout expliquer. Il sait que c'est petit à petit que la confiance se gagne. Amical, il essaye par sa présence de lui apporter du réconfort, espérant ainsi fracturer le mur entourant la véritable Maggie. Emue par l'homme, par l'ami, Maggie vacille. Elle le ressent dans chacune des cellules de son corps, lorsque Warren la regarde, lorsque leurs mains se frôlent, un trouble la parcourt de haut en bas, renversant toutes ses certitudes; un trouble qu'elle n'avait plus ressenti depuis des années. C'est pour cela qu'elle décide de cacher volontairement à Warren une partie importante de sa vie privée et retire son alliance lors de leurs nouvelles rencontres. Et, lorsque Warren lui offre la une de son nouveau journal pour vanter ses exploits, Maggie comprend qu'il faut qu'elle soit honnête avec lui, avec elle-même et surtout avec son mari... Cette situation ambiguë n'est pas elle : car avant tout, c'est ancré en son être, Maggie est droite. Ce jeu de dupe ne la satisfait pas; Warren, elle et son mari seront blessés.

Un soir après avoir à nouveau échoué dans une nouvelle mission - surveiller Lindsay Smith - Maggie prend la décision de faire tomber les barrières et de dire à Warren toute la vérité. Elle veut se montrer honnête avec lui avant que leurs sentiments deviennent trop forts, les conduisant sur une route sans retour possible. Elle invite Warren chez elle et, sans fard, mais avec une certaine mise en scène, elle lui avoue toute la vérité : elle est mariée... Afin qu'il puisse s'imprégner de la réalité de sa situation, elle lui présente Ben, son époux, un ancien sportif aujourd'hui handicapé à vie suite à une explosion à la plateforme pétrolière Capwell où il travaillait. Le bref face à face entre les deux hommes permet à Warren de se résigner et d'accepter l'inacceptable. Honnête, Maggie livre ses failles sans pudeur : elle ne savait pas comment lui dire. Warren comprend et lui reproche un peu de ne pas lui avoir dit la vérité plus tôt - cela aurait empêché son coeur de s'éprendre d'elle.

Un second pas : l'amitié...

A défaut d'être l'amant, Warren se concentre pour l'heure sur l'ami. L'ami, ce double omniprésent, le confident, l'épaule sur laquelle on pleure, la main que l'on serre pour retrouver courage... L'ami qui d'un pas peut devenir amant... Warren a compris les sentiments de Maggie, son engagement de femme mariée. Il le comprend et l'accepte à demi. Maggie, comme elle l'expliquera plus tard à Cruz, ne veut pas jouer sur les deux tableaux et faire souffrir Ben et Warren. Elle a pleinement conscience du trouble que Warren éveille chez elle.

Le premier devoir d'un ami est de secourir et de défendre. C'est ce que fait Warren en se servant de son journal pour montrer au grand jour le drame de Ben Gillis. Il se sent prêt à partir en croisade avec Maggie, pour elle, contre les Capwell. L'histoire de Ben Gillis fait la une du Santa Barbara Sentinel, le journal de Warren. Ami fidèle, il l'aide à trouver un avocat et devient un soutien infaillible.

Une autre rencontre, où ils ont marqué un point dans l'affaire contre les Entreprises Capwell, les rapproche un peu plus. C'est dans la voiture de Warren qu'ils évoquent la première proposition de dédommagement de C.C.. Si c'est une victoire, ils savent que ce n'est pas suffisant. Mais, toute à la célébration de cette première victoire, Warren embrasse Maggie. Leurs lèvres comblent une distance maintenue depuis trop longtemps. Lors d'une brève seconde, Maggie sent son corps s'embraser et, libérée de toutes contraintes, elle répond au baiser de Warren. C'est un le feu de la vie qui la parcourt à nouveau. Le serment fait à Ben, son engagement, vacillent mais ne tombent pas, et elle repousse Warren avec conviction. Elle se précipite hors de la voiture, non pas pour éloigner Warren d'elle, mais pour s'éloigner elle de lui. Maggie a surtout peur de céder à ses désirs. Cela fait si longtemps qu'elle n'a pas connu de contact avec une autre peau, un autre corps... Et Warren pourrait être cet homme-là.

Quelques secondes après, elle se retrouve appuyée contre la voiture, le corps de Warren si près d'elle. Elle peut sentir son souffle contre sa peau. Elle peut sentir sa peau frôler la sienne. Avec passion, Warren l'embrasse. Le corps de Maggie s'embrase. Elle ne dit rien. Elle s'abandonne au baiser de Warren. Elle se laisse aller contre son corps. Tout en l'embrassant, Warren peut ressentir les tourments qui torturent Maggie. Force et faiblesse... Ce sentiment de droiture qui la ronge et qui l'empêche d'être vraiment elle-même. Warren sait qu'ils s'aiment. Et, lorsque Maggie lui demande que pour garder son amitié, il doit lui promettre de ne plus la toucher, de ne plus la rendre faible, Warren répond qu'il ne peut pas. Il ne peut pas faire taire ses sentiments... L'amitié ne sera jamais assez pour lui.

Une pause : les enquêtes...

Heureusement pour Maggie, son travail avec Cruz dans les forces de police lui permet de retrouver un certain équilibre. Surtout, il lui permet de retrouver un peu de distance avec Warren. Impliquée dans la réouverture de l'enquête sur le meurtre de Channing Capwell Junior, la surveillance du mariage de Kelly et Joe, l'explosion du souterrain, Maggie est de tous les fronts. Les rencontres avec Warren ne se font plus jamais seule à seule, empêchant Maggie de réfléchir sur sa vie. Comme ils mènent en parallèle une procédure contre les Entreprises Capwell, l'ombre de Ben flotte en permanence autour d'eux. Sollicitée à plusieurs reprises par C.C. Capwell, Maggie doit gérer au mieux les conseils de son avocat Mason et le soutien de Warren pour trouver le juste équilibre entre ce qui sera juste pour Ben.

Comme une parenthèse de calme avant la tempête, le mariage de Kelly et Joe leur offre un moment d'accalmie. Là, avant que la fête commence, Warren invite Maggie pour une danse. Une danse pour vivre un moment hors du temps, loin de la police, loin du dossier de Ben, loin du journal, loin de leurs sentiments. Si leurs mains se serrent, c'est pour la danse, uniquement pour la danse. Si leurs corps se frôlent, c'est seulement guidés par le rythme. Une danse avant la tempête...

Un troisième pas : d'amitié à l'amour...

Alors qu'ils partagent un différent concernant l'affaire contre les Entreprises Capwell au State Street bar - Warren a des doutes sur la loyauté à venir de Mason - ce dernier revient sur leur relation. Il ne supporte plus d'être que l'ami, alors qu'il sait qu'elle l'aime autant qu'il peut l'aimer. Bien qu'il sache qu'il va le regretter, il choisit de se montrer honnête : l'amitié il n'en veut plus. Il la veut elle et jamais il ne cessera d'essayer de la séduire. Il a envie d'elle. Il l'aime. Exaspérée, Maggie se lève et quitte les lieux. Mais Warren ne désespère pas.

C'est encore au State Street bar qu'ils se retrouvent. Suite à l'enquête sur le meurtre de Channing Junior, Warren s'est mis à boire. Même s'il n'est pas le meurtrier, une partie de lui sait qu'il en avait envie et qu'il aurait pu le faire. Cette nouvelle image de lui lui fait peur. Alors l'alcool l'aide à troubler l'image qu'il a de lui et lui en renvoie une autre. L'esprit embrumé par l'alcool, Warren ne peut discuter avec Maggie, qui est venue à sa rencontre. A sa grande surprise, elle le conduit chez elle. Quelle occasion ratée pour Warren qui, terrassé par l'alcool, s'effondre sur le canapé. Face à lui, Maggie le regarde. Elle se nourrit de sa présence et lui confie la véritable nature de ses sentiments. Au fond d'elle, il n'y a plus de doute, Warren a fait tomber toutes les barrières de son coeur. Maggie souffle à l'oreille d'un Warren endormi la profondeur de son amour et la force de son désir.

Une vague de chaleur frappe ensuite la ville de Santa Barbara, vague de chaleur qui va exacerber les désirs et les passions. Warren propose à Maggie, qui est en train de passer un moment avec Ben, de venir avec lui à la plage et d'aller se baigner. Maggie ne peut pas et l'explique à Warren et, aujourd'hui encore, elle insiste qu'ils ne peuvent être que des amis, rien de plus. Stimulé par la chaleur, Warren décide d'affronter la réalité et de jouer sa carte. Déterminé, il fait comprendre à Maggie que la place de Ben n'est pas avec elle, sa place est dans un institut spécialisé. Il lui reproche de se servir de Ben, simplement pour faire taire son désir, pour être une excuse à son renoncement. Déstabilisée, Maggie gifle Warren et lui ordonne de partir.

Un quatrième pas : l'amour...

Prêt à tout pour libérer Maggie de la prison dans laquelle elle s'est elle-même enfermée, Warren la rejoint le soir. Il force sa porte et l'embrasse avec passion. Leurs lèvres s'unissent et Maggie s'abandonne dans les bras de Warren. Une chaleur plus violente encore que celle qui frappe la ville parcourt tout son être. La réalité rattrape Maggie. Bien qu'elle en ait le désir, elle ne peut pas céder. Une nouvelle dispute éclate, où les vérités fusent : à bout, touchée par ses paroles, Maggie lance un vase sur Warren. Pour trouver un peu de fraîcheur et de calme, ils vont à la plage où Warren propose de se baigner. Alors qu'il retire sa chemise, Maggie se laisse imprégner de l'image, laissant son cerveau la conduire vers des terres dangereuses. Maggie rêve des mains de Warren sur elle. Maggie rêve du corps de Warren sur elle. Maggie rêve que ses mains caressent langoureusement son torse. Son rêve érotique se poursuit lorsque Warren change la roue de leur voiture. Là, portée par la chaleur, poussée ou guidée par ses rêves, Maggie choisit de s'abandonner à son désir. Sur la plage, ils font l'amour. Avec passion. Avec tendresse. Avec un amour si longtemps retenu...

Toutes les barrières sont tombées. Maggie n'éprouve plus cette faiblesse qui l'empêchait d'être. Ecoutant son désir, après avoir avoué à Ben sa nuit d'amour avec Warren, elle prend la décision de le placer dans un institut spécialisé. Elle sait que son amour pour Ben n'est pas mort, elle a juste accepté qu'il soit devenu différent. Et, lorsque Warren emménage chez elle, elle est profondément touchée que Warren ne retire pas la photo de Ben.

Un cinquième et dernier pas : l'amour... Toujours l'amour...

Heureux ensemble, Warren et Maggie continuent leur enquête pour trouver des témoins de l'explosion de la plateforme Capwell. Cependant, un léger doute habite l'esprit de Maggie. Par moments, Warren trouve des excuses pour qu'elle n'aille pas voir Ben. La visite de Laken à son domicile lui ramène en pleine face une réalité : elle est une femme mariée. Et, même si Warren la soutient, Maggie doute. Ses doutes s'accentuent encore lorsque Ben fait une crise cardiaque. Même si on lui explique qu'il n'aurait pas survécu s'il avait été dans leur maison, Maggie doute. Est-ce que sa crise cardiaque est un message suite à son choix ?

Maggie se raccroche à son affaire contre les Entreprises Capwell, à ce combat qu'elle mène pour Ben. C'est pour l'honneur de Ben qu'elle se bat. C'est pour leur amour qu'elle a choisi de partir en croisade contre les Entreprises Capwell. N'a-t-elle d'ailleurs pas refusé de l'argent pour que les Entreprises Capwell soient reconnues coupable de l'état de Ben ? C'est pour Ben, au nom de leur amour, passé et présent, qu'elle se bat. Ben est la personne la plus importante, la pierre angulaire de sa vie. Maggie s'en imprègne lors de l'enquête sur le viol de Christie DuVall. Lors de cette enquête, alors qu'elle est chargée d'arrêter Ted Capwell, elle retrouve toute sa force. Warren était sa faiblesse. Ben est sa force.

Forte et droite... Elle est ainsi. Sans un adieu, sans un dernier mot, Maggie choisit de quitter Santa Barbara, emmenant Ben avec elle à New York. Un dernier pas vers son amour de toujours, Ben Gillis... Un dernier pas vers une nouvelle vie...

Ainsi se clôt une intrigue multiple et riche offerte à Warren et Maggie : multiple avec de nombreuses interactions avec l'ensemble des grandes intrigues de la série (le meurtre de Channing Junior, le tueur aux oeillets, le mariage de Kelly et Joe), riche avec une réelle intrigue propre, prenante, bien écrite. Durant quelques épisodes, Warren et Maggie ont occupé le devant de la scène. Ils auraient pu, suite à la mort de Joe Perkins, devenir un couple phare pour quelques mois... Le départ de Suzanne Marshall a brisé les rêves et les espoirs de Warren. Les intrigues suivantes écrites pour Warren n'auront pas la même profondeur, reléguant John Allen Nelson à un second rôle. Pourtant, il a su apporter une belle et crédible évolution à son personnage, lui conférant des sentiments, des émotions tous sauf superficiels... Avec ces histoires d'amour inachevées, il aura ouvert quelques années plus tard la voie à l'amour entre B.J. Walker et son autre lui...

Texte écrit pour ce site par Lilian