Another Whole Afternoon, a Memoir

 Par Nicolas Coster, 2021

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(...) A Los Angeles, j'ai beaucoup travaillé dans des pièces de théâtre, des films et des téléfilms; de grands films nominés aux Oscar à la distribution prestigieuse comme Les Hommes du Président, Faut s'Faire la Malle, Le Cavalier Electrique, Reds, Le Mariage de Betsy et d'autres... mais un jour un changement dans ma vie. Bridget Dobson et son super mari, Jerry, avaient créé une nouvelle série pour les programmes de journée de NBC, intitulé Santa Barbara. Ils ont parlé, j'ai écouté et j'ai aimé ce que j'ai entendu.

J'étais à New York à cette époque, à travailler sur On Ne Vit Qu'une Fois. Ma fille aînée, Candace, était aussi à New York, vivant dans un appartement avec une bande de jeunes filles de son âge (dix-huit). Elle est allée à l'université là-bas, a trouvé un bon boulot sécurisé, s'est mariée et vit toujours dans le coin. Une fille brillante et optimiste.

Dinneen, sa soeur cadette, qui s'épanouissait alors en une jolie fille avec ses propres style et tempérament, restait vivre avec sa mère à Beverly Hills pendant que j'étais à New York. Habituellement, je prenais les deux filles partout où j'allais, mais cette fois-ci, elle aimait l'école et cela aurait été perturbant pour elle de nous rejoindre si longtemps.

Ah, Santa Barbara... J'y suis arrivé pour jouer Lionel le fils prodigue de, Oh mon Dieu, Dame Judith Anderson ! Ouais, la grande Dame elle-même. Elle avait joué, un peu avant mon époque, le rôle-titre dans Hamlet à Broadway ! Sa Médée était légendaire. Elle s'est assise comme une reine et a accepté ma révérence en guise de présentation. Nous avons pour la plupart passé un grand moment. Bien sûr, au début, cependant, nous avons dû établir des prérogatives de territoire. La plupart des acteurs n'avait pas fait grand chose d'autre qu'un peu de télévision. Elle a commencé avec moi d'une manière assez condescendante, supposant, j'en suis certain, que je n'étais qu'un autre séducteur vieillissant de soap-operas. J'ai tranquillement changé de sujet et glissé quelques anecdotes sur ma carrière au théâtre à New York avec oui, (Laurence) Olivier, et elle a rapidement compris les choses avant que j'aie fini d'énumérer toutes mes neuf (à ce moment-là) pièces à Broadway. Elle a été le plus impressionnée par le fait que j'ai été un membre fondateur du Tyrone Guthrie Theatre à Minneapolis.

Quand elle a quitté la série, elle a été remplacée par Janis Paige, la célèbre star de comédies musicales au théâtre (Pajama Game à Broadway entre autres), de films et de sa propre série télévisée. Ses jambes, qui étaient entrelacées sous une table, étaient toujours remarquablement galbées. Elle était bien trop séduisante pour être ma mère bon Dieu... Elle n'avait que 11 ans de plus que moi. La période avec Janis a été un plaisir du début à la fin.

On ne peut pas omettre de mentionner Louise Sorel dans le rôle d'Augusta. Je me rappellerai à jamais ses yeux marrons pareils à des bijoux - interrogateurs, des yeux constamment interrogateurs - le corps naturellement bien fait avec des courbes dans tous les endroits prévus. Nous étions, j'aime me flatter avec cette phrase, les "William Powell et Myrna Loy des soap-operas"; spirituels, imprévisibles, aventureux, parfois néfastes, mais toujours pleins d'humour. Nous "dansions" ensemble sans effort, comme on dit. Dans l'histoire nous étions tous les deux un peu plus qu'osés. Moi peut-être plus qu'elle quand il s'agissait de badiner avec le sexe opposé.

Ma mère, alors interprétée par Dame Judith, a finalement dénoncé mes tendances libertines, et a menacé de me déshériter si je ne trouvais pas de travail. Donc, j'en ai trouvé un. Je suis devenu le présentateur d'une émission de la télé locale de Santa Barbara et je pouvais montrer des films, discuter, tout ce que je voulais.

Puis les Dobson sont arrivés avec un concept d'histoire folle : Moi, dévoré par la culpabilité d'avoir été imprudent dans une liaison, étais devenu impuissant et devais raconter à mon public de télé ma détresse, suppliant pour être guéri. Hmm, ouais c'était certainement novateur... mais également possiblement un risque pour ma carrière. Bon sang ! Lionel le "Lion", ne pouvait plus se dresser ? Qu'est-ce que cela causerait à l'image romantique de quelqu'un sur le petit écran ? Le sujet de l'impuissance n'avais jamais été abordé ouvertement dans les soap-operas (ou quasiment aucune série télé) auparavant.

J'ai dit : «OK, je le ferai aussi longtemps que je le pourrai dans la série télé, à l'intérieur de la série, face au public, je vais révéler quelque chose qui m'a troublé, mais je dois dire que cet état, cette impuissance, affecte des centaines de milliers d'hommes rien que dans ce pays. Dans la plupart des cas c'est soignable, donc si vous êtes affecté de cela, ou si un être aimé l'est, trouvez un docteur ou un thérapeute et regardez-y... Pendant que je fais des blagues, rappelez-vous que quelque chose peut normalement être fait.»

Eh bien les Dobson, dans leur infinie bonté, m'ont permis de le faire... J'ai reçu des piles de courriers très positifs. Ainsi, dans la série à l'intérieur de la série, j'ai bu des potions à base de glandes de singe, tourné sur moi-même dans des danses rituelles affublé de coiffures bizarres et ainsi de suite... des trucs amusants. Mon épouse de télévision m'a pardonné, j'ai regagné... hum, de la capacité sexuelle... et la série a continué.

A la fin de cette histoire que je viens de décrire, je devais faire des excuses à l'antenne à Augusta, à la fin desquelles il y avait le vers d'un poète dont le nom m'échappe; Je ne le trouvais pas très adapté et j'ai appelé l'excellent scénariste, Frank Salisbury, et dit : «Ca fait un peu acerbe...» Il a demandé ce à quoi je pouvais penser pour le remplacer. J'ai dit : «Peut-être un auteur romantique ou même un type de la Première Guerre Mondiale» «Qui, Owen ?» «Non, je pensais à Rupert Brooke...» Il a réfléchi et puis a dit : «Envoie-le moi.» Je me suis exécuté, il a dit OK et je l'ai fait. Aujourd'hui, combien de soaps ont des scénaristes qui discutent de poètes comme Elliot, Cummings et Brooke... On se le demande.

Avant ces épisodes, Louise dans le rôle d'Augusta, pour des raisons dont je ne peux me souvenir, était soudainement devenue aveugle. Elle ne me parlait déjà plus à cause d'une de mes escapades. Mis à mal dans mes tentatives de lui rendre visite, j'ai décidé de la jouer sournois pour réussir à entrer. A cette époque, le film Tendres Passions était populaire avec Jack Nicholson dans le rôle de l'astronaute à la retraite et Shirley MacLaine en premier rôle féminin. J'ai, en tant que Lionel, décidé de réussir à entrer dans la maison de mon épouse aveugle en prétendant être un ancien astronaute... Le twist, plus que suggéré par Cyrano De Bergerac, était que j'avais pris le laitier, joué de manière hystérique par Ronnie Schell, pour prétendre qu'il était l'astronaute pendant que moi, caché quelque part dans la pièce, je le nourrissais des phrases à prononcer. Cela a fantastiquement fonctionné. Toutefois, Louise dans la réalité capable de vraiment voir, ne pouvait pas terminer une répétition sans exploser d'éclats de rires aux pitreries de Ronnie... Il fichait complètement en l'air, dans son personnage, mes instructions, trébuchant sur le poème le plus simple dont je le nourrissais... C'était de la brillante comédie.

Louise a eu, pourrait-on dire, une "incompréhension" avec les Dobson à un moment donné, et a quitté la série. Dommage pour nous tous. (Pour les raisons de mon tact, je n'en dirais pas plus. Je suis certain que Louise gèrera cela dans son autobiographie !).

Ma partenaire féminine suivante a été la ravissante Lenore Kasdorf. Elle était menue avec des yeux splendides et sensuels et... avait-elle des cheveux auburn ? Qu'est-il arrivé à la mémoire de ce vieux gars ? Peu importe, la chose "importante" est qu'elle était non seulement attirante, mais qu'elle possédait aussi une superbe voix rauque, qui me rappelait celle de Jean Arthur, la star de cinéma des années 30. Elle ne jouait pas de manière sexy, elle l'était simplement... elle l'exsudait.

Malheureusement, les pouvoirs en place ne sentaient pas (ironiquement) qu'il y avait un grand attrait dans cette alchimie commune, ou dans son manque. "Balivernes" comme les personnages britanniques ont l'habitude de dire ! Je savais (que ce n'était pas le cas). Par cela je ne veux pas sous-entendre autre chose que l'alchimie à l'écran. En fait, dans toutes ces années sur Santa Barbara, avec la compagnie de beautés que j'ai eu l'occasion de connaître, je n'ai jamais rien eu de romantique à pratiquer avec elles hors-écran (juste pour clarifier les choses pour les plus curieux). Dans le cas de Lenore cela n'aurait pas pu arriver parce qu'elle était merveilleusement convenable et également une amie de Beth - mon épouse dans la vraie vie. Cependant, je pense pourtant que c'était une relation assez différente de celle avec Louise, que c'était davantage romantique et que pour son hommage éternel, elle était extrêmement généreuse à l'écran.

En explication de ce précédent envoi de lauriers : j'ai subi un terrible accident de voiture. J'ai été dans le coma, pendant à la portière côté conducteur de ma VW Scirocco, à travers l'autoroute de Hollywood ! Yep, vrai de vrai ! J'avais fait un demi-tour par la gauche sur un pont franchissant cette autoroute et un gars allant à 140 km/h et quelques est arrivé de l'autre côté de la colline sur la voie opposée et a foncé dans ma voiture et à travers les rails du pont. Un ami à moi qui gérait un service de remorquage au pied de cette colline a vu l'épave juste après que cela soit arrivé et des semaines plus tard quand il m'a demandé ce qui était arrivé à la VW, je lui ai raconté l'accident et il a dit, ahuri : «Je suis passé à côté de cette épave. J'ai pensé que le type était mort !». Non... Une autre de mes neuf vies. Je suis retourné dans Santa Barbara après environ une semaine, mais ma mémoire avait été sévèrement affectée.

A l'écran, j'avais de nombreuses scènes avec Lenore. J'ai discrètement expliqué que j'étais approximatif sur mes dialogues et si cela ne la dérangeait pas que je regarde le téléprompteur quand la lumière rouge allait s'allumer. (La caméra avait une lumière rouge, signalant que, n'est-ce pas, votre caméra était active.) Elle m'a rassuré : «Nicky, tout ce dont tu as besoin, bien entendu.» Donc, j'ai regardé... Cependant, après un certain nombre de fois où la salle de contrôle m'a surpris jeter un oeil au prompteur malgré que je pensais être rapide, furtif, technique, Bridget Dobson m'a appelé à son bureau et m'a demandé si peut-être je ne faisais pas trop la fête... J'ai dit : «Peut-être... désolé.» J'apprenais deux ou trois fois plus longuement après cela. Personne d'autre connaissait mon horrible limitation. Ma mémoire s'est améliorée dans les semaines suivantes, mais à ce jour, je n'ai pas retrouvé ce que j'avais avant, une capacité très rapide à apprendre mes dialogues... enfin, la plupart d'entre eux en tous cas.

Même Harold Pinter, alors que nous étions sur le point de commencer Otherwise Engaged à Boston, avant Broadway, a dit : «Tu vas commencer à apprendre CES lignes ou non ?» Je l'ai fait. En effet, une des mauvaises habitudes qu'on a en apprenant tant de dialogues sur une courte période, est ce talent déviant pour la paraphrase. Même Olivier l'a fait. Je l'ai vu élégamment paraphraser Jean Anouilh. J'ai compris que je pouvais même paraphraser Shakespeare !

Ma partenaire féminine suivante et la dernière dans Santa Barbara a été Robin Mattson. Robin était et est toujours une femme adorable de qui l'esprit et l'intelligence transparaissent. Je ne suis pas certain qu'elle ait pris très gentiment d'avoir ce type plus âgé pour partenaire masculin, mais elle ne l'a assurément jamais montré. Robin et moi avons eu des intrigues amusantes et avons bien fonctionné. Hélas, à cette période, toutefois, nous avons dû faire avec différents scénaristes et producteurs et avons dû subir des intrigues nulles, dont certaines perdurant trop longtemps, menant inévitablement à une chute des audiences.

Cependant il y avait, à cette période, une chance de jouer des intrigues amusantes. Dans un épisode, Robin et moi (dans nos personnages) fuyions la police, et finissions par nous cacher dans des costumes d'une troupe shakespearienne itinérante. Quand la police nous y a retrouvés, nous sommes montés sur scène en Roméo et Juliette et le moine nous a mariés ! Pour les voeux, j'ai prononcé, à mon initiative, un sonnet entier. Grande première, reprise ensuite par d'autres, pour la lecture d'un sonnet entier de Shakespeare dans un daytime soap. Par la suite, quand son personnage était enceinte, nous nous sommes rués pour arriver quelque part et avons fini dans la salle d'opérations d'un vétérinaire, où elle a accouché du bébé sur la table d'examen du vétérinaire. Ca fait beaucoup pour un soap-opera sérieux... Mais c'était l'idée de Santa Barbara. Nous mélangions, au meilleur de la série, du sérieux et des sujets opportuns avec certains d'entre nous qui apportions un relief comique.

Un jour nous avons eu un nouveau producteur, un qui avait fort réussi sur d'autres séries pendant des années, et qui a choisi d'apporter un genre de qualité excessivement fantastique à la série. Par cela je veux dire qu'il avait visiblement étudié la série et savait qu'elle avait un genre de qualité décalé, mais il ne possédait aucun réel sens de l'humour et a apporté des éléments artificiels dans l'écriture et la production. Le mot faux est peut-être plus juste.

Les Dobson étaient partis depuis longtemps, Mary-Ellis Bunim, une femme dure mais juste, avait fait du bon boulot, mais était partie pour se lancer dans la télé-réalité. Ainsi nous avions là ce producteur affecté mais anciennement couronné de succès et sa baguette magique censée transformer la série en... quelque chose. Il m'a présenté une intrigue dans laquelle je me suicidais pour de faux pour l'argent de l'assurance, puis (voici la partie déplorable contraire aux habitudes du personnage) j'assistais à mes propres funérailles déguisé et riais. En tant que personnage, je m'étais sorti de beaucoup de bêtises auparavant parce que j'aimais de manière évidente mes enfants. Le spectre de mon rire alors que mes enfants pleuraient à mes funérailles était grotesque. J'ai dit au producteur que c'était affreux. Il n'était pas d'accord. J'ai dit : «Alors, je m'en vais d'ici !» «Que voulez-vous dire ? Vous ne pouvez pas simplement démissionner !» a-t-il menacé. Je lui rappelais que c'était moi qui avait rédigé le contrat dans lequel il était clairement mentionné que je pouvais partir si j'étais insatisfait du contenu. Je suis parti sans faire plus d'histoires...

(...)

Il se trouve que, après un an, j'avais vraiment envie de passer plus de temps à Los Angeles avec Beth et mon fils, Ian, ainsi que ma fille, Dinneen. Je faisais la navette presque chaque week-end dans les tempêtes de neige et autres intempéries. La fatigue grandissante était aussi un facteur. Donc, j'ai contacté les producteurs réintégrés sur Santa Barbara. Le producteur à l'origine de mon départ était parti et tout semblait plein d'espoir. J'ai eu de bonnes intrigues avec Robin Mattson... mais la série était déjà affaiblie.

Lane Davies avait fui pour tourner ce qui s'est avéré une comédie de courte durée dans le rôle d'un pilote d'avion. Notre jeune Olivier. Il était grand comme Colin Firth et aussi mystérieux que Heathcliff. Il était et est toujours une figure énormément populaire en Europe de l'Est et ailleurs. Je dis «est toujours», parce qu'il fait des films au Kazakhstan, en Azerbaïdjan et a récemment tenu le premier rôle dans la grande comédie musicale L'Homme de la Mancha à Prague. Au-delà de ça, de mon point de vue, il est un gentleman accompli.

Cela me rappelle, des années plus tôt, quand les Dobson avaient été mis à la porte de NBC à cause de leur bataille avec la chaîne et que nous étions en train d'enregistrer la série dans le studio au moment où ils sont arrivés devant l'entrée. L'information concernant leur sort bizarre est vite arrivée jusqu'au plateau. Certains, j'imagine, craignant des représailles de la chaîne, sont restés sur le plateau, ignorant la situation. Lane Davies, et moi, ayant été élevés comme des gentlemen du Sud, en compagnie de cette adorable Yankee gentlewoman, Judith McConnell, avons marché à grands pas du plateau jusqu'à l'entrée où nous avons attendu le couple rebelle aventureux. Nous les avons accueillis, assuré de notre soutien, qui n'a jamais été utile... ah... un geste de gloire bien vide.

On pense souvent à combien nombreux sont les acteurs de soaps qui sont devenus bien plus avec un bon succès au cinéma ou à Broadway. Tommy Lee Jones, Meg Ryan, Ray Liotta et même Leonardo DiCaprio, qui a brièvement joué dans Santa Barbara pendant mon absence, tous ont débuté leur carrière dans les soap-operas. Robin Wright, était une ingénue dans Santa Barbara pendant quelques années avant de s'en aller pour une carrière au cinéma, élever des enfants et ensuite une encore meilleure carrière ! Robin, ma copine chérie sur Santa Barbara et en dehors, m'a dit des années plus tard que j'étais probablement resté sur la série trop longtemps. J'ai fait un grand film, Le Mariage de Betsy, pendant cette période... ai reçu d'autres offres, mais ne pouvais les accepter en raison d'obligations contractuelles.

A une occasion, quand Mary-Ellis Bunim était productrice, j'avais reçu une offre pour un très beau film de cinéma, mais quand elle m'a dit qu'on avait écrit assez intensément pour moi pour plusieurs mois, j'ai dit d'accord. Elle, surprise, a dit : «Mais nous ne pouvons pas t'empêcher de le faire... par contrat.» J'ai dit que mon contrat avait toujours été une poignée de mains, ajoutant : «Cela tient toujours.» Elle a dessiné un certain degré de surprise sur son visage habituellement cryptique... Nous nous sommes entendus... dure comme elle était, j'avais le sentiment qu'elle n'oublierait jamais ce moment. Elle est décédée tôt. Certainement une des productrices les plus compétentes avec qui j'ai jamais travaillé dans les soap-operas.

Me suis-je dépeint comme moralement irréprochable ? Désolé, ne soyez pas dupes. Je n'ai mentionné que ces fois où j'ai tenu tête face au défi... C'est bien plus amusant d'écrire des choses qui, même si véritables, sont totalement spécifiques et flatteuses, ignorant les épouvantables échecs et glissant sur la glace des défis moraux qui ont eu lieu... ce n'est pas de la littérature russe, ce sont des mémoires parfumées.

Deux autres mentions qui doivent êtres faites de la période Santa Barbara : une des plus formidablement romantiques actrices que j'ai jamais connues a été l'énormément populaire Judith McConnell. Elle a commencé comme reine de beauté de, je crois, Pennsylvanie. Dans le rôle de Sophia, elle était ma grande histoire d'amour secrète dans Santa Barbara. Durant un rendez-vous galant, nous nous sommes retrouvés coincés dans un énorme tremblement de terre. Beaucoup d'étreintes, encore plus de larmes de peur étaient au programme. C'était comme un film des années 20 avec Mary Pickford... sauf que si je me souviens bien, Mary Pickford n'avait pas d'histoire d'amour avec des hommes mariés... sur ou hors écran.

Harley Kozak, ah, Harley. Mary dans la série; grande, belle, et infiniment intelligente sur et hors écran, elle nous a effectivement, "allumés". J'adore Harley. Nous avons en fait dîné ensemble bien après que la série ait quitté les écrans. Elle était, à ce moment-là, devenue un très bon écrivain. Je suis un peu désolé que nos vies nous aient menés sur des chemins différents à l'exception de ces dîners, discussions et échanges d'idées. JUSQU'A ! Une récente croisière des célébrités avec des fans de Santa Barbara et plusieurs membres de la distribution. Quel très grand moment !

Elle et Lane Davies étaient les stars dans les premières années. Ils avaient une alchimie magique, presque palpable. Le personnage de Harley, pour des raisons connues seulement des producteurs et des scénaristes, avait été tué, mourant dans les bras de Lane / Mason des causes de la chute d'une énorme lettre "C" en métal de l'enseigne Capwell au sommet de l'hôtel appartenant au père de Lane / Mason, C.C. Capwell, interprété de manière fringante par (finalement) Jed Allan. Par "finalement" je veux dire qu'il y a eu trois C.C. avant Jed. Peter Mark Richman, un bon acteur que je vois toujours souvent en tant que collègue membre de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences Foreign Language (maintenant appelée "International Film") Committee.

(...)

Charles Bateman a été le troisième C.C.. Un bel et très cher homme... un gentleman. Je pense que les producteurs voulaient peut-être un type avec plus d'intensité... et est arrivé Jed Allan. Jed était sensationnel. Il était très séduisant dans un smoking, ou dans n'importe quoi en réalité, et avait une force puissante et énergique à l'écran. La rivalité entre son C.C. et mon Lionel était enthousiasmante et (a représenté) la plupart du temps beaucoup de plaisir.

A Martinez dans le rôle de Cruz est arrivé un peu en route. Je ne sais pas si Brian Frons, alors le chef des programmes de journée de NBC, l'admettrait ou non, mais nous avons en fait eu une conversation dans son bureau deux jours après que je sois arrivé au sujet d'une histoire où j'ai lancé l'idée d'intégrer un personnage de Latin Lover dans l'éventail de Santa Barbara. Il a sauté sur l'idée. Et donc, ça s'est fait.

Martinez est devenu l'un des plus grands amants des daytime soaps de tous les temps (et excellents acteurs) de l'histoire de la télé. Un homme incroyablement admirable et également activiste politique éloquent, lui et moi sommes amis encore aujourd'hui. Récemment, je suis allé le voir jouer sur scène dans le rôle qui a lancé ma carrière new-yorkaise, celui de Morris dans Blood Knot d'Athol Fugard. Louis Gossett Jr, avec qui j'avais joué toutes ces années auparavant, mettait en scène et A Martinez était simplement merveilleux dans "mon" rôle. Dans sa façon de faire typiquement généreuse, il m'a présenté au public sur scène après la performance. Quel homme ! Quel acteur ! Sur les réseaux sociaux, ses contributions au monde du débat politique sont plus que toujours profondes.

Une autre petite contribution pour laquelle je peux m'accorder un peu de crédit, a été de nous intégrer à la Bataille des stars des daytime soaps. Elle impliquait des interprètes de tous les soaps, de toutes les chaînes, et donc bien sûr il y avait des tas de types et de filles en compétition en vêtements courts et en sueur pour des sports de course, de terrain et nautiques. J'ai décidé de renoncer à mon rôle d'athlète et à la place j'ai choisi John Allen Nelson, qui jouait mon fils dans la série avec la jeunesse de son côté, pour me remplacer. J'ai alors pris la tâche de coacher les sports de course et de terrain. Le magnifique Joseph Bottoms a concouru et entraîné les sports nautiques. Le sournois Nicky a demandé une faveur à une de mes amies femmes, Cary Gossweiller Payton, qui était dans l'équipe olympique de 1980 de triste mémoire (ils avaient été retenus par le Président Carter pour avoir assisté aux jeux à Moscou à cause de l'invasion de la Russie en Afghanistan). Cary est une athlète follement talentueuse tout autant que, il s'est avéré, une super entraîneuse, donc avec chacun de nous nous partions avec de grands espoirs.

Le résultat a été que nous avons fini à une respectable 2ème place. Un coup de chapeau particulier à Robin Wright qui s'est entièrement donnée. Dans son sprint final elle s'est fait un claquage mais elle est allée au bout. Je l'ai portée hors du terrain... ma première et dernière fois que je la portais hors ou vers quoique ce soit ! Todd McKee et Julie Ronnie doivent également être mentionnés. Ils ont tous les deux grandement contribué à cet événement et en réalité à la série dans son entier.

Je n'ai pas de preuve pour cette affirmation excessive, mais les bonnes fortunes de Santa Barbara ont connu une embellie après cela. Cela a mis notre série sur les rails et a introduit nos stars à un public international. Cela a aussi cimenté le lien de frères et soeurs au sein de la distribution. J'avais une charmante maison à l'époque avec une grande piscine et nous avons fait beaucoup de fêtes raisonnables là-bas après cela; certaines fêtes pas si raisonnables mais appréciables... pour la plupart. Le reste est confidentiel.

Si je n'ai pas dit grand chose de Marcy Walker dans le rôle d'Eden, il y a des raisons... Je n'ai jamais voulu écrire un livre de vacheries sur des personnalités. Il doit être noté que je n'ai mentionné négativement jusque là qu'une seule actrice dans toutes mes années dans les soaps. Je ne suis pas sûr de ce qui a fait tourner aigre notre relation. J'avais rencontré Marcy des années plus tôt quand elle était vraiment jeune. Elle était venue à ma maison de Gardner Street pour la louer avec son petit-ami de l'époque. Je partais quelque part, peut-être en Angleterre pour jouer The Little Foxes et avais besoin de louer la maison pour quelques mois. Marcy est venue avec un couple d'amis et a regardé. Elle était mutine, mignonne comme tout avec une coupe de cheveux courte et bouclée et une personnalité pleine de vie dans mon souvenir.

Les Dobson ont très tôt créé une liaison entre Marcy / Eden et moi qui a été de courte durée. Marcy a apparemment détesté l'idée que son Eden ait une liaison avec un homme plus âgé. Je suppose qu'elle n'avait jamais vu les films de Luis Bunuel... Ha ! Je n'étais, toujours plongé dans le côté professionnel, pas au courant de son mécontentement. J'ai bien réalisé qu'elle était  froide et indifférente (pourquoi ces deux-là étaient toujours ensemble ?). Peu de temps après cela, j'ai entendu d'autres sources ses sentiments sur le sujet. Après cette série, elle a fait d'autres soaps, sans jamais atteindre son succès phénoménal dans Santa Barbara. Je crois qu'elle vit une vie religieuse au calme quelque part dans le pays. Pratiquement tous les autres membres de la distribution de Santa Barbara ont participé à différentes retrouvailles... pas elle. A son crédit artistique, elle était vraiment sensationnelle dans le rôle d'Eden; forte quand c'était nécessaire, lumineuse, sensible et toujours belle.

Richard Eden, notre Brick Wallace, doit être mentionné. Musclé et séduisant, Richard était un rock dans Santa Barbara, toujours bon et un plaisir absolu avec qui travailler. Il a continué à faire du superbe travail dans la série télévisée Robocop. Nous sommes toujours très en contact.

Je ne peux pas parler des gens bien sur Santa Barbara sans dire un mot de la contribution de la productrice associée Mary Dobson, fille de Bridget et Jerry. Mary était une des personnes les plus intelligentes et gentilles avec qui j'ai jamais travaillé. C'est elle qui a coordonné mes "extraits" pour la candidature aux Emmy. J'ai réussi à obtenir trois nominations pendant que j'étais dans cette série. Deux en tant qu'acteur principal et une en tant qu'acteur secondaire. Je n'ai aucune idée de pourquoi j'ai soudain été relégué à "secondaire" mais c'était après que Mary soit partie.

Une mention appropriée pour mon bien-aimé fils de télé, Warren, initialement interprété par John Allen Nelson. Il me ressemblait. A son crédit, il avait quelques uns de mes défauts et plus de charme. Il avait une beauté saine et aucune vanité apparente. Nous sommes, jusqu'à ce jour, bons amis. Le plus beau compliment qu'il m'a fait a été de m'inviter moi, un prêtre assermenté, à officier à son mariage dans un magnifique et immense vieux château en France.

Nancy Grahn jouait Julia dans la série. Elle était brune, élégante, forte avec un esprit vif et a été en couple avec Lane Davies pendant un temps. Elle s'est fait des millions dans les soap-operas, et continue d'apparaître en tant que premier rôle. Je me suis souvent demandé si, avec un peu de chance, elle aurait pu quitter Santa Barbara ou le soap qui a suivi et devenir une star de cinéma et ou une grande star de série de prime-time. Elle a tout; l'apparence, l'intelligence, le charme. Pour autant que je sache, elle a constamment travaillé depuis plus de 35 ans.

Nous, moi-même en compagnie de quelques uns des anciens de Santa Barbara, travaillons, au moment où j'écris, dans une série pour Internet, The Bay. Sont impliqués Lane Davies, A Martinez, Judith McConnell, et une poignée de stars d'autres soaps. Nous avons essayé. Nos noms ont fait sortir la série de terre. Le producteur exécutif et créateur, Gregory L. Martin, et son partenaire Kristos Andrews (également le premier rôle), ont vaillamment essayé d'en faire un succès, remportant de multiples Emmy du meilleur programme alternatif tout du long. Cela a été neuf années difficiles. Nous avons travaillé avec des salaries minimum ridiculement bas autorisés par SAG AFTRA, notre syndicat pour des projets à "Ultra Petit Budget". Le but que notre syndicat a en créant cette niche est d'encourager de jeunes producteurs à obtenir une chance de créer de nouveaux projets pour le cinéma et la télé que des budgets prohibitifs ne permettraient pas sinon. Je ne pense pas que leur intention soit de permettre 9 années à trimer pour un salaire minimum sans bénéfice. Toujours optimiste, notre leader Gregory Martin nous a assuré qu'avec la vente de la série en Australie il y a de l'espoir à l'horizon.

Suis-je autant optimiste après toutes ces années ? Je ne suis pas certain. Pendant ce temps, je m'occupe avec d'autres activités dont celle que vous lisez en ce moment. Un rappel visuel et surtout positif que tout n'a pas été oublié. Les deux Emmy que j'ai reçus à présent exhibés (pas très discrètement) sur mon bateau, sont toujours un bon sujet de discussion quand les conversations s'amenuisent. (...)

Another Whole Afternoon, a Memoir
Par Nicolas Coster
© First Edition Design Publishing, 2021

Les photos 1 et 3 sont de Dinneen Coster ©Dinneen Photography, reproduites avec son aimable autorisation