Lightning in the Bottle

 Par Henry Darrow et Jan Pippins , 2012

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(...) Patrice Martinez remarque : «C'est un acteur si sincère qu'il fait de chaque rôle le sien.» Il a simplement fait cela de nouveau avec un autre personnage fringuant, quelquefois peu honorable, quelquefois héroïque - cette fois dans le soap-opera décalé et souvent comique Santa Barbara (NBC, 1984-1993). Il y a joué le père d'A Martinez pour la quatrième fois et c'est devenu l'un des rôles les plus importants de sa carrière.

Produit par New World Television, Santa Barbara était le premier daytime soap avec des acteurs mexicains-américains importants et des partenaires amoureux issus de différents groupes ethniques. Il a gagné de nombreux Daytime Emmys et d'autres prix tout en captivant les téléspectateurs avec les vies des riches Capwell, la famille de classe moyenne mexicano-américaine Andrade et d'autres habitants fictionnels à problèmes de la côte californienne.

A Martinez jouait le séduisant espion devenu détective Cruz Castillo et environ un an après le début de la série, l'alchimie entre Cruz et la femme du monde Eden Capwell (Marcy Walker) a créé une étincelle qui a poussé Martinez et Walker dans un angle purement amoureux. Résistants au début, les scénaristes ont finalement placé Eden et Cruz au centre des intrigues. Quand ils l'ont fait, les deux idoles des fans sont devenus un "super couple" de soap des années 1980, expédiant Walker et Martinez au rang de méga-stars. Comme tous les super couples, Cruz et Eden ont connu suffisamment de passion et de problèmes pour garder tous les brillants psychiatres d'Hôpital Central occupés des jours et des vies. Tout comme avec le kidnapping de leur bébé par le violeur / gynécologiste d'Eden et d'autres problèmes trop nombreux pour les lister, Cruz avait des soucis avec son papa. Son père Rafael Castillo avait abandonné la famille et s'était installé à Acapulco où il avait commencé une nouvelle vie sous le nom de Senor Mago le Magicien. Après que Cruz, son frère Ric et Eden ont retrouvé l'aîné des Castillo (interprété par Henry Darrow) au Mexique, il est retourné à Santa Barbara désireux de renouer ses relations avec ses enfants.

Dans le rôle de Rafael Castillo, Darrow était suave, solide et ensorcelant : «Il était toujours un bourreau des coeurs et intrépide en tant qu'acteur», dit A Martinez. Quand Santa Barbara a fait un "Et si Cruz n'avait jamais existé ?" reprenant It's Wonderful World, la scène avec Rafael se tenait dans un bar. «Il était un homme ruiné, mais ne s'apitoyait pas du tout sur lui-même. Il jouait la résignation avec un sens de la dignité qui était très convaincant.» Martinez donne du crédit à l'impact positif de Darrow sur son propre travail. «Henry arrivait toujours alerte, connaissant parfaitement son travail. Quand vous travaillez avec quelqu'un jour après jour, ce genre d'éthique de travail rend votre boulot tellement plus facile. Vous savez que si les choses deviennent un peu méandreuses, il assurera vos arrières. Ca vous rend plus courageux et quand vous êtes courageux, vous faites du meilleur travail.»

Darrow, qui apprécie le sens de l'humour de Martinez et sa vision du jeu, dit que la plus grande pression qu'il a jamais connue était en tournant des soaps. «Tourner un épisode d'une heure chaque jour et être juste est exténuant, et je n'avais pas le temps de mémoriser (mon texte) chaque jour», dit-il. «Une fois que j'ai cerné mon personnage, ça a été. Au début, c'est facile d'oublier votre texte et vous ne connaissez pas votre personnage assez bien pour improviser. A Martinez et Marcy Walker m'ont dit : "Quand tu es perdu, peu importe ce qui arrive, ne t'arrêtes pas. Ne dit pas "Coupez". Laisse les choses continuer et nous interviendrons." Ca m'a permis de me relaxer.»

«J'allais le couvrir aussi bien que je le pouvais», dit Martinez. «C'est essentiel dans un soap, parce que les acteurs sont complètement dépendants les uns des autres. C'est comme si vous toussiez et que tout le monde attrape immédiatement un rhume. Il n'y a rien dans la comédie qui rend votre rôle à ce point un défi de cette ampleur.» Après environ six cents épisodes de Santa Barbara, Martinez se souvient d'une scène inoubliable avec Darrow. «Nous étions dans le désert et Rafael a mis Cruz au défi d'arrêter de se plaindre au sujet de sa peine de coeur et en est venu aux mains avec lui. Je pense qu'il m'a réellement mis à terre dans une partie de la scène, puis il a m'a balancé une concoction de racines pleine d'hallucinogènes. La chose que vous voyez ensuite, c'est Cruz dans une grotte, qui a perdu l'esprit.» Cruz finit par émerger pour faire face à sa douleur qui se poursuit, son drame et son père. Alors qu'A et Rafael exploraient leurs relations empêtrées à l'écran, Henry Darrow négociait dans le vrai monde les complexités de sa vraie vie avec des grands enfants. La parentalité de télévision avait pris un tournant émotionnel.

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«J'essaie de ne pas me focaliser sur les aspects difficiles de la vie ou je me plonge moi-même en dépression», dit Henry. «Ce que j'aime, c'est entrer dans un rôle vraiment bien cuisiné, où le jus circule, quelque chose de positif dans lequel je peux mordre à belles dents.» Il a tenu un rôle substantiel de flic corrompu de la brigade des moeurs dans le film The Last of the Finest (1990), mais Rafael Castillo, l'amoral repenti de Santa Barbara, était vraiment le genre de rôle de Darrow. Le public de Santa Barbara adorait le personnage. Darrow a pris son pied à le jouer. Et à la fin de la journée, il pouvait quitter Rafael et rentrer chez lui. Santa Barbara était un tel boulot-plaisir que quand Gary Goodman a offert à Darrow le rôle du père de Zorro dans le nouveau projet de Zorro, il a refusé à nouveau.

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Pendant ce temps, après une très bonne année dans Santa Barbara, le contrat de Henry Darrow arrivait à son terme pour être renouvelé. Les producteurs de Santa Barbara étaient évasifs au sujet de le prolonger. «Soudainement, j'ai été de nouveau approché par Gary Goodman, le producteur exécutif de Zorro. Nous avons déjeuné au Polo Lounge et discuté de mon salaire et mes avantages et sommes venus à un accord.» Darrow a regardé plusieurs épisodes avec Efrem Zimbalist Jr. et a apprécié son raffinement, mais a senti que le père de Zorro devait avoir davantage de vigueur et d'esprit. «Je voulais garder l'aspect gentleman espagnol, mais donner à Don Alejandro une interprétation d'un homme plus physique. Ils étaient d'accord avec ça et j'ai été engagé.» Il avait été le premier Zorro latino et à présent il serait l'un des deux à avoir joué à la fois Zorro et le père de Zorro.

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Même le sévère critique de télévision Cleveland Amory a écrit une fois que Darrow aurait dû gagner un Emmy pour son interprétation de Manolito Montoya (dans Le Grand Chaparral). D'autres rôles comme Manny Quinlan dans Harry O ont recueilli les applaudissements des critiques et du public, mais tout au long d'années de remarquables interprétations, Henry Darrow n'avait même jamais été nominé pour un Emmy. Toujours et encore, il était passé sous silence. Finalement en 1990, il a reçu une nomination aux Daytime Emmy pour meilleur acteur dans un second rôle dans une série dramatique pour son interprétation de Rafael Castillo dans Santa Barbara. Il était en Espagne à tourner Zorro, mais suite à sa nomination a (payé) une publicité pleine page avec photo dans Variety :

A l'académie...
Quelle délicieuse surprise... Merci, Jill, les Castillo et la distribution et les équipes toutes entières de Santa Barbara. Ca a été une merveilleuse année.

Etre nominé était en soi un immense honneur et les producteurs de Zorro étaient désireux d'aider Henry pour qu'il puisse rentrer par avion en Californie pour la cérémonie de remise de prix, mais il avait à payer son vol. C'était beaucoup d'argent pour s'envoler vers Los Angeles et de retourner à Madrid, spécialement comme il pensait qu'il ne gagnerait pas. Les Daytime Emmys sont arrivés et Darrow n'avait aucune idée qu'il avait remporté l'Emmy de meilleur acteur dans un second rôle dans une série dramatique. A Martinez avait récupéré son prix pour lui. L'académie lui a envoyé un télégramme à son hôtel à Madrid où il s'est assis... et assis... et assis jusqu'à ce que finalement quelqu'un arrive pour le lui remettre.

«Bon sang, j'avais gagné !» dit-il. «Et je n'avais pas pu aller là-bas pour mes quinze minutes de gloire afin de montrer à tout le monde que j'avais réussi.» Sa mère et Lauren lui rendaient toutes les deux visite, donc ces deux très importantes femmes l'ont appris presque aussi vite que lui. Ces dames ont été tellement ravies qu'elles ont fait des bonds jusqu'à ce qu'elles en soient essoufflées. «Gloria et moi n'arrêtions pas de serrer Henry dans nos bras et nous serrer l'une l'autre, et elle et moi avons sauté sur les lits comme des enfants », se souvient (Lauren) Levian. A nouveau, Darrow faisait l'histoire de la télévision, cette fois avec A Martinez.

Martinez avait été nominé plusieurs fois comme meilleur acteur dans un premier rôle dans une série dramatique pour son interprétation de Cruz Castillo et 1990 ne faisait pas exception. La différence est que cette fois il a gagné. «Il avait soumis des extraits de scènes avec moi», dit Darrow. «Auparavant, il soumettait des scènes avec Marcy Walker. Elle gagnait et pas lui. Je pense qu'il a réalisé qu'elle était la favorite et qu'il est était mieux de se montrer avec quelqu'un d'autre !» Il rit, puis ajoute fièrement : «Ca a été la première et l'unique fois où deux acteurs hispaniques ont remporté des Emmys pour meilleur acteur dans un premier et un second rôle dans la même série en même temps.» Quand les producteurs de Zorro ont découvert qu'il avait gagné l'Emmy, ils ont envoyé une limousine pour le conduire de l'hôtel au plateau. Sur le plateau, ils ont déroulé un tapis rouge pour qu'il y marche. Après que la seconde saison de Zorro se soit terminée et que tout le monde se fasse ses adieux affectueux, Darrow est retourné dans Santa Barbara pour une année supplémentaire dans le rôle de Rafael Castillo. Il a posté une autre publicité dans Variety remerciant tout le monde pour sa victoire.

A l'académie...
Quelle encore plus délicieuse surprise... A nouveau... merci, Jill, les Castillo et la distribution et les équipes toutes entières de Santa Barbara. Je suis sincèrement reconnaissant.
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Lightning in the Bottle
Par Henry Darrow et Jan Pippins
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