(...)
Patrice
Martinez remarque : «C'est un acteur si sincère qu'il fait de chaque rôle le
sien.» Il a simplement fait cela de nouveau avec un autre personnage fringuant,
quelquefois peu honorable, quelquefois héroïque - cette fois dans le soap-opera décalé et souvent comique Santa Barbara (NBC, 1984-1993).
Il y a joué le père d'A Martinez pour la quatrième fois et c'est devenu l'un
des rôles les plus importants de sa carrière.
Produit
par New World Television, Santa Barbara était le premier daytime
soap avec des acteurs mexicains-américains importants et des partenaires
amoureux issus de différents groupes ethniques. Il a gagné de nombreux Daytime
Emmys et d'autres prix tout en captivant les téléspectateurs avec les vies des
riches Capwell, la famille de classe moyenne mexicano-américaine Andrade et
d'autres habitants fictionnels à problèmes de la côte californienne.
A
Martinez jouait le séduisant espion devenu détective Cruz Castillo et environ
un an après le début de la série, l'alchimie entre Cruz et la femme du monde
Eden Capwell (Marcy Walker) a créé une étincelle qui a poussé Martinez et
Walker dans un angle purement amoureux. Résistants au début, les scénaristes
ont finalement placé Eden et Cruz au centre des intrigues. Quand ils l'ont
fait, les deux idoles des fans sont devenus un "super couple" de soap
des années 1980, expédiant Walker et Martinez au rang de méga-stars. Comme
tous les super couples, Cruz et Eden ont connu suffisamment de passion et de
problèmes pour garder tous les brillants psychiatres d'Hôpital Central
occupés des jours et des vies. Tout comme avec le kidnapping de leur bébé par
le violeur / gynécologiste d'Eden et d'autres problèmes trop nombreux pour les
lister, Cruz avait des soucis avec son papa. Son père Rafael
Castillo avait abandonné la famille et s'était installé à Acapulco où il
avait commencé une nouvelle vie sous le nom de Senor Mago le Magicien. Après
que Cruz, son frère Ric et Eden ont retrouvé l'aîné des Castillo (interprété
par Henry Darrow) au Mexique, il est retourné à Santa Barbara désireux
de renouer ses relations avec ses enfants.
Dans
le rôle de Rafael Castillo, Darrow était suave, solide et ensorcelant :
«Il était toujours un bourreau des coeurs et intrépide en tant qu'acteur»,
dit A Martinez. Quand Santa Barbara a fait un "Et si Cruz
n'avait jamais existé ?" reprenant It's Wonderful World, la
scène avec Rafael se tenait dans un bar. «Il était un homme ruiné, mais
ne s'apitoyait pas du tout sur lui-même. Il jouait la résignation avec un sens
de la dignité qui était très convaincant.» Martinez donne du crédit à
l'impact positif de Darrow sur son propre travail. «Henry arrivait toujours
alerte, connaissant parfaitement son travail. Quand vous travaillez avec
quelqu'un jour après jour, ce genre d'éthique de travail rend votre boulot
tellement plus facile. Vous savez que si les choses deviennent un peu méandreuses,
il assurera vos arrières. Ca vous rend plus courageux et quand vous êtes
courageux, vous faites du meilleur travail.»
Darrow,
qui apprécie le sens de l'humour de Martinez et sa vision du jeu, dit que la
plus grande pression qu'il a jamais connue était en tournant des soaps. «Tourner
un épisode d'une heure chaque jour et être juste est exténuant, et je n'avais
pas le temps de mémoriser (mon texte) chaque jour», dit-il. «Une fois que
j'ai cerné mon personnage, ça a été. Au début, c'est facile d'oublier votre
texte et vous ne connaissez pas votre personnage assez bien pour improviser. A
Martinez et Marcy Walker m'ont dit : "Quand tu es perdu, peu importe ce qui
arrive, ne t'arrêtes pas. Ne dit pas "Coupez". Laisse les choses
continuer et nous interviendrons." Ca m'a permis de me relaxer.»
«J'allais
le couvrir aussi bien que je le pouvais», dit Martinez. «C'est essentiel dans
un soap, parce que les acteurs sont complètement dépendants les uns des
autres. C'est comme si vous toussiez et que tout le monde attrape immédiatement
un rhume. Il n'y a rien dans la comédie qui rend votre rôle à ce point un défi
de cette ampleur.» Après environ six cents épisodes de Santa Barbara,
Martinez se souvient d'une scène inoubliable avec Darrow. «Nous étions dans
le désert et Rafael a mis Cruz au défi d'arrêter de se plaindre au sujet de
sa peine de coeur et en est venu aux mains avec lui. Je pense qu'il m'a réellement
mis à terre dans une partie de la scène, puis il a m'a balancé une concoction
de racines pleine d'hallucinogènes. La chose que vous voyez ensuite, c'est Cruz
dans une grotte, qui a perdu l'esprit.» Cruz finit par émerger pour faire face
à sa douleur qui se poursuit, son drame et son père. Alors qu'A et Rafael
exploraient leurs relations empêtrées à l'écran, Henry Darrow négociait
dans le vrai monde les complexités de sa vraie vie avec des grands enfants. La
parentalité de télévision avait pris un tournant émotionnel.
(...)
«J'essaie
de ne pas me focaliser sur les aspects difficiles de la vie ou je me plonge
moi-même en dépression», dit Henry. «Ce que j'aime, c'est entrer dans un rôle
vraiment bien cuisiné, où le jus circule, quelque chose de positif dans lequel
je peux mordre à belles dents.» Il a tenu un rôle substantiel de flic
corrompu de la brigade des moeurs dans le film The
Last of the Finest
(1990), mais Rafael Castillo, l'amoral repenti de Santa Barbara,
était vraiment le genre de rôle de Darrow. Le public de Santa Barbara
adorait le personnage. Darrow a pris son pied à le jouer. Et à la fin de la
journée, il pouvait quitter Rafael et rentrer chez lui. Santa Barbara
était un tel boulot-plaisir que quand Gary Goodman a offert à Darrow le rôle
du père de Zorro dans le nouveau projet de Zorro, il a refusé à
nouveau.
(...)
Pendant
ce temps, après une très bonne année dans Santa Barbara,
le contrat de Henry Darrow arrivait à son terme pour être renouvelé.
Les producteurs de Santa
Barbara
étaient évasifs au sujet de le prolonger. «Soudainement, j'ai été
de nouveau approché par Gary
Goodman, le producteur exécutif de Zorro. Nous avons déjeuné
au Polo Lounge et discuté de mon salaire et mes avantages et sommes venus à
un accord.» Darrow a regardé plusieurs épisodes avec Efrem
Zimbalist Jr. et a apprécié son raffinement, mais a senti que le père
de Zorro devait avoir davantage de vigueur et d'esprit. «Je voulais
garder l'aspect gentleman espagnol, mais donner à Don Alejandro une
interprétation d'un homme plus physique. Ils étaient d'accord avec
ça et j'ai été engagé.» Il avait été le premier Zorro latino et
à présent il serait l'un des deux à avoir joué à la fois Zorro et
le père de Zorro.
(...)
Même le sévère critique de télévision Cleveland Amory a écrit une fois que Darrow aurait
dû gagner un Emmy pour son interprétation de Manolito Montoya (dans Le Grand
Chaparral). D'autres rôles comme Manny Quinlan dans Harry O ont
recueilli les applaudissements des critiques et du public, mais tout
au long d'années de remarquables interprétations, Henry Darrow n'avait même jamais été nominé
pour un Emmy. Toujours et encore, il était passé sous silence.
Finalement en 1990, il a reçu une nomination aux Daytime Emmy pour
meilleur acteur dans un second rôle dans une série dramatique pour
son interprétation de Rafael
Castillo dans Santa Barbara. Il était en Espagne à
tourner Zorro, mais suite à sa nomination a (payé) une
publicité pleine page avec photo dans Variety :
A
l'académie...
Quelle délicieuse surprise... Merci, Jill, les Castillo et la distribution
et les équipes toutes entières de Santa Barbara. Ca a été une merveilleuse année.
Etre
nominé était en soi un immense honneur et les producteurs de Zorro
étaient désireux d'aider Henry pour qu'il puisse rentrer par avion
en Californie pour la cérémonie de remise de prix, mais il avait à
payer son vol. C'était beaucoup d'argent pour s'envoler vers Los
Angeles et de retourner à Madrid, spécialement comme il pensait
qu'il ne gagnerait pas. Les Daytime Emmys sont arrivés et Darrow
n'avait aucune idée qu'il avait remporté l'Emmy de meilleur acteur
dans un second rôle dans une série dramatique. A Martinez avait récupéré
son prix pour lui. L'académie lui a envoyé un télégramme à son hôtel
à Madrid où il s'est assis... et assis... et assis jusqu'à ce que
finalement quelqu'un arrive pour le lui remettre.
«Bon
sang, j'avais gagné !» dit-il. «Et je n'avais pas pu aller là-bas
pour mes quinze minutes de gloire afin de montrer à tout le monde que
j'avais réussi.» Sa mère et Lauren lui rendaient toutes les deux
visite, donc ces deux très importantes femmes l'ont appris presque
aussi vite que lui. Ces dames ont été tellement ravies qu'elles ont
fait des bonds jusqu'à ce qu'elles en soient essoufflées. «Gloria
et moi n'arrêtions pas de serrer Henry dans nos bras et nous serrer
l'une l'autre, et elle et moi avons sauté sur les lits comme des
enfants », se souvient (Lauren) Levian. A nouveau, Darrow
faisait l'histoire de la télévision, cette fois avec A
Martinez.
Martinez
avait été nominé plusieurs fois comme meilleur
acteur dans un premier rôle dans une série dramatique pour son
interprétation de Cruz
Castillo et 1990 ne faisait pas exception. La différence est que
cette fois il a gagné. «Il avait soumis des extraits de scènes avec
moi», dit Darrow. «Auparavant, il soumettait des scènes avec Marcy
Walker. Elle gagnait et pas lui. Je pense qu'il a réalisé qu'elle était
la favorite et qu'il est était mieux de se montrer avec quelqu'un
d'autre !» Il rit, puis ajoute fièrement : «Ca a été la
première et l'unique fois où deux acteurs hispaniques ont remporté
des Emmys pour meilleur acteur dans un premier et un second rôle dans
la même série en même temps.» Quand les producteurs de Zorro
ont découvert qu'il avait gagné l'Emmy, ils ont envoyé une
limousine pour le conduire de l'hôtel au plateau. Sur le plateau, ils
ont déroulé un tapis rouge pour qu'il y marche. Après que la
seconde saison de Zorro se soit terminée et que tout le
monde se fasse ses adieux affectueux, Darrow est retourné dans Santa
Barbara pour une année supplémentaire dans le rôle de
Rafael Castillo. Il a posté une autre publicité dans Variety
remerciant tout le monde pour sa victoire.
A
l'académie...
Quelle encore plus délicieuse surprise... A nouveau... merci, Jill, les
Castillo et la distribution et les équipes toutes entières de Santa
Barbara. Je suis sincèrement reconnaissant.
(...)
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