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Robert Thaler : «J'ai vu Pearl comme le chiot préféré de Santa Barbara.»

 Par Nicolas, en exclusivité pour Santa Barbara : le site Français, août 2009

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Le 07 août 2009, Robert Thaler a accepté de prendre sur son temps pour répondre en exclusivité aux questions de Santa Barbara : le site Français. L'acteur parle de ses débuts, des années Santa Barbara en tant que Pearl Bradford, de sa vision des Etats-Unis aujourd'hui, et enfin de sa vie depuis son départ de la série.

Les débuts avant Santa Barbara

Tout d'abord, parlez-nous un peu de vous : quel âge avez-vous aujourd'hui ? Où vivez-vous ? Vivez-vous en couple et avez-vous des enfants ?

J'ai 58 ans maintenant et je n'ai jamais été marié. J'aime trop les femmes pour ce genre de chose et la plupart des mariages dans ma famille se sont terminés en naufrage, ce qui m'a influencé. J'ai la grande chance d'avoir vécu avec différentes femmes à différents moments de ma vie et je ne regrette aucune de ces relations. Je n'ai pas d'enfants moi-même mais il y a peu j'ai vécu une jolie relation avec une femme qui en avait deux de son côté et j'ai aidé à les élever, entretenu un très grand jardin pour eux jouer durant les mois d'été et j'ai en général énormément apprécié l'expérience. Juste en ce moment, je sors avec une japonaise qui parle assez bien anglais mais mélange toujours ses L et ses R, ce que je trouve infiniment drôle !

J'ai toujours pensé que, particulièrement avec un rôle sur le long terme, la personnalité d'un acteur transparaissait. Ainsi, pourriez-vous être décrit comme quelqu'un de simple, amical et drôle tout comme Pearl l'était ?

Peut-être une part de moi, oui. En tant qu'acteurs, nous tirons souvent des aspects de notre propre personnalité pour développer un personnage. Mais en vérité je peux aussi être morose, intense, impétueux et cynique. Pearl était une personne joyeuse et j'ai basé le personnage sur un animal domestique que nous avons eu dans mon enfance. En fait j'ai vu Pearl comme le chiot préféré de Santa Barbara - toujours curieux et amical, affectueux mais aussi gênant.

Mais ensuite j'ai joué Hamlet, Macbeth et d'autres poids-lourds et j'ai tout autant ça dans ma personnalité. En fait il y avait une période au début des années 80 où je jouais surtout des psychotiques, des travestis et des assassins. Qui sait ? Un bon acteur sera toujours capable d'accéder ou d'imaginer à la fois les faces d'ombre et de lumière je pense.

Quand avez-vous su que vous vous vouliez devenir acteur ?

Je n'ai vraiment jamais eu de désir d'enfance d'être acteur et ma famille n'était pas du tout impliquée dans les arts. Je suis tombé dans la comédie parce que cela semblait être ce dans quoi j'était un peu bon ou dans quoi je voulais m'investir. C'est arrivé peu de temps après que je quitte l'université et j'ai pris une place de bénévole en tant que vendeur de billets dans un théâtre local. Je pensais que ce que les acteurs faisaient là-bas était magique et je voulais en savoir plus à ce sujet. C'était certainement plus attrayant pour moi que d'entrer dans une école de droit ou d'obtenir un niveau élevé en économie.

Comment avez-vous commencé votre carrière ?

J'ai commencé ma "carrière" après avoir vu une petite production de Hamlet faite par une compagnie itinérante à Lake Tahoe, en Californie. C'était une nuit de pleine lune à la fin de l'été, j'ai été médusé par l'action et j'ai décidé sur un coup de tête de mémoriser quelques uns des dialogues de la pièce et d'auditionner auprès de la metteur en scène. J'ai trouvé une vieille copie de Richard Burton Joue Hamlet dans la bouquinerie de la ville. Je suis resté éveillé deux nuits à jouer et à essentiellement imiter le jeu de Burton même si je ne comprenais pas les mots ou le contexte d'aucun des monologues. Puis tôt le lendemain matin, environ une semaine plus tard, j'ai pris le courage après six tasses de café de me présenter à la metteur en scène. Elle s'est assise sous un arbre près du lac et m'a dit : «Très bien, voyons voir ça» et alors je me suis lancé dans les monologues. J'ai probablement déclamé chaque arbuste et brin d'herbe depuis là-bas jusqu'à San Francisco, mais quand vous êtes jeune vous ne savez pas et j'ai été chanceux et ai été embauché. Ca a été mon premier boulot semi-professionnel et je ne savais rien du jeu ou de pourquoi je jouais. Je voulais juste être entendu.

 

La période de Santa Barbara

Comment avez-vous débuté dans Santa Barbara ? Connaissiez-vous déjà la série ?

J'ai commencé dans Santa Barbara suite à un spectacle que je faisais sur scène à Los Angeles à ce moment-là. C'était un vrai succès, ce spectacle sur scène. Quelque chose appelé Tamara et c'était très amusant. Les producteurs de Santa Barbara sont venus un soir et ont pensé que je correspondrais bien avec leur nouvelle série qui venait tout juste de commencer. Ils étaient encore en train de rechercher des acteurs de théâtre qui travailleraient bien dans un soap. Ils m'ont offert une audition que j'ai gâchée et ils sont revenus et m'ont dit en gros : «Nous avons ce type nommé Pearl que nous voulons que vous jouiez, êtes-vous intéressé ?». Je ne voulais pas faire de soap, donc je me suis dérobé, mais j'ai finalement accepté et ça a été une très bonne décision.

Pearl est un personnage tellement à part dans le monde des personnages de daytime soap-operas. Etait-il écrit juste comme cela ou est-ce vous qui en avez fait un personnage aussi fantasque ?

Oh et au fait je n'étais pas vraiment familier avec Santa Barbara et ne l'avait regardé qu'une fois auparavant quand un ami acteur m'a appelé et m'a dit qu'une superbe fille jouait dans la série et que je devrais jeter un oeil, son nom m'avait-il dit est Robin Wright et le gars pensait rien de moins qu'elle était le Second avènement ou quelque chose comme ça. Et il avait plutôt raison mais c'était la qualité très fine de son jeu qui m'a interpellée tout autant ou plus que son physique, elle était déjà comme mature, comme une âme plus âgée dans le corps d'une jeune fille.

Donc Pearl était assez à ma façon. Quand je regardais des soap-operas alors pour avoir un avis sur le sujet, le genre semblait être fait de plein de pleurnicheries, de gémissements et de plaintes. Je voulais jouer exactement le contraire. C'était la clé. C'était la seule voie que je voyais pour pouvoir survivre dans la série et avoir du plaisir. Jouer un type qui était en forme tout le temps, souriant et à aider les autres comme un chien de compagnie. Ainsi ça a été le modèle. Jouer un animal de compagnie. Celui qui renifle toujours autour de lui, marche dans la gamelle par terre, fait une histoire de tout, en remuant la queue et toujours fidèle et facilement compréhensible, un chien-chien qui porte ses émotions sur son visage. Je n'ai jamais vraiment voulu jouer une vraie personne dans la série ou faire n'importe quoi de naturaliste. Pearl était toujours censé être l'animal de compagnie de la famille, celui aimé par tout le monde mais toujours en demande de discipline et d'amour.

Au début, Pearl était là surtout pour son extravagance, ses scènes de comédie avec Cruz, Julia, les Capwell... Il est devenu plus touchant quand il a commencé à devenir amoureux de Kelly. Puis il a eu sa propre intrigue quand, avec Courtney, il a commencé ses recherches après son frère, Brian. Quelles ont été vos intrigues préférées pendant les moments où vous étiez à l'écran ?

J'ai beaucoup aimé jouer les scènes de comédie même si c'était le plus difficile puisque la comédie est plus difficile à jouer que la colère et requière plus de temps et de préparation et plus d'intelligence, je pense. Donc j'ai aimé toute les parties avec Cruz comme notre duo était de la comédie en or. Le flic dur et droit faisant équipe avec le type farfelu. Amusant. Et A Martinez était un bijou avec qui jouer, un vraiment bon acteur et une personne particulière, gentil et toujours compassionnel et plein de considération. J'ai aimé les scènes avec Kelly et pensé que c'était potentiellement un bon duo également, mais je n'étais pas assez malin pour voir le potentiel romantique là-dedans et j'ai donc joué contre ça, puisque je ne voulais pas devenir comme les autres personnages de soaps et être enfermé dans des clichés romantiques. Ca a été probablement une erreur puisqu'on n'a jamais vraiment réussi à voir la part sexy de Pearl et elle était là, elle n'a juste jamais été montrée.

De la comédie en or aurait de faire jouer en duo Pearl avec soit C.C. Capwell soit Mason. Jed et Lane étaient tous deux de bons acteurs comiques et ça aurait été une super écriture que de les associer ensemble avec Pearl dans des intrigues bizarres et fantastiquement drôles, mais ça n'est jamais arrivé. Toute l'affaire au sujet de retrouver mon frère a été plutôt un gâchis. Et j'aurais pu faire sans tout autant que je m'en souvienne. C'était répétitif, prévisible et beaucoup trop sentimental et je suis tombé dans ce piège, mais à cette période-là j'étais aussi fatigué de faire la série.

Vous rappelez-vous que le vrai nom de Pearl était Michael Stevenson Baldwin Bradford III ? Comment expliquez-vous sa transformation en Pearl, qui semblait avoir tourné le dos à son riche et puissant passé ? Ca n'a pas été quelque chose de très approfondi dans la série...

La transformation de Pearl en Michael était intéressante. J'aurais aimé avoir mis un peu plus d'énergie là-dedans à ce moment-là et parlé aux scénaristes de tout cela, mais j'ai toujours été strictement conventionnel et donc je n'ai jamais offert de retours aux scénaristes ou aux producteurs ou suggéré des idées. Je pensais que j'avais mon boulot et qu'ils avaient le leur. En réalité nous avons tous deux personnalités ou plus en chacun de nous et il y a des parts de nous que nous fuyons ou essayons de nier. C'était vrai de Pearl et Michael. Il se cachait de et fuyait son passé où il y avait un peu de honte. Il était à la recherche d'une vie simple et plus authentique au-delà de la vie de privilèges et de refuge qu'avait été sa riche éducation. Nous avons tous des parts de nos vies pour lesquelles nous avons expérimenté de la honte. C'est souvent la façon dont nous nous ajustons à cette honte qui rend notre personnalité riche et intéressante.

Ce qui m'a toujours surpris quand j'ai vu les épisodes du mariage d'Eden et Cruz est que Pearl n'était pas présent à la cérémonie. Pearl a connu tant d'aventures avec Eden et Cruz, travaillait avec lui à son agence de détectives, et puis, il a semblé que les scénaristes ont préféré favoriser un autre personnage, Cain Garver, beaucoup moins amical et populaire de mon point de vue. Comment expliquez-vous ça ?

Eh bien c'est assez simple. Je ne voulais pas renouveler mon contrat pour la série quand il est arrivé à terme après deux ans et demi. Je voulais passer à autre chose et jouer d'autres rôles dans d'autres séries et tenter ma chance au cinéma. Et j'étais mécontent du nouveau scénariste en chef sur la série qui, je trouvais, était prévisible et vieux-jeu. Donc quand ils ont réalisé que je n'allais pas rester, les gens qui géraient la série ont je pense été déçus et en gros m'ont écrit un départ sans au revoir ou aucune nouvelle. Je comprends. Et je devine qu'ils ont décidé qu'ils n'essayeraient pas de me remplacer comme le rôle lui-même était si spécifique. Mais ça aurait été vraiment bien de revenir et me montrer au mariage de Cruz. Ca aurait été singulier et on devait ça, je pense, aux fans. En fait ils auraient pu commencer une intrigue juste à ce moment-là où j'arrive le jour du grand mariage et kidnappe Kelly des mains de cet anglais avec qui elle était. Puis je m'enfuis avec elle et Cruz est obligé de repousser la lune de miel et de commencer la chasse après Pearl, son ami d'un temps maintenant devenu "l'ennemi public numéro un". Maintenant ça aurait pu être intéressant !

Pearl a disparu soudainement en avril 1988. A ce moment-là, il était le nouveau meilleur ami de Jake Morton et avait un coup de coeur pour Rita Grant, une serveuse du Johnny's. Vous rappelez-vous votre dernière scène dans la série ?

J'ai un vague souvenir de la dernière scène. Je n'avais rien préparé et j'étais fatigué et nous tournions dans la seconde chambre de Pearl, la chambre de Michael. Je ne sais pas pourquoi je me rappelle de ça. J'étais occupé cette après-midi juste avant que la caméra ne dépose des notes avec mon texte partout sur le plateau, comme je n'avais pas mémorisé mon texte pour cette scène. Je faisais cela régulièrement dans la série comme je détestais tout la mémorisation nécessaire pour travailler jour après jour dans un soap. Je ne ressentais pas que ça pouvait être l'essence du travail ou que ça pouvait limiter les impulsions créatives mais très souvent ça a été le cas pour beaucoup d'acteurs. Beaucoup d'acteurs de soaps essaient juste de terminer une scène sans oublier leur texte et ainsi ils terminent l'air tendu, nerveux et de marbre. C'est bien mieux de juste retenir les mots clés hors caméra et au signal les faire voler comme Marlon Brando avait l'habitude de le faire. Bien mieux. Et de plus je vais confier que quand j'étais un jeune garçon, j'ai fait une chute sérieuse et je suis tombé dans un coma qui a compromis la partie de mon cerveau responsable de la fonction de mémoire à court terme. Jusqu'à ce jour je travaille souvent à la reconstruire. J'ai plutôt une mémoire photographique à long terme et je peux réciter la pièce entière de Hamlet du début jusqu'à la fin par exemple, mais c'est toujours difficile pour moi de me rappeler des faits simples comme des articles de presse que je viens de lire. Donc j'ai eu à gérer ce problème sur le plateau et bien que je n'appréciais pas les moqueries que je subissais en utilisant des aides-mémoire lors des longues scènes, je ne voulais pas dire aux autres pourquoi je le faisais car j'avais peur d'être renvoyé pour raisons médicales j'imagine. La bonne nouvelle est qu'aujourd'hui ma mémoire à court terme est meilleure qu'elle n'a jamais été, mais ça a pris toute une vie à faire des exercices de mémoire pour la remettre en état.

Lilian, qui écrit pour ce site une fan fiction nommée Santa Barbara, Acte 2 où apparaît Pearl, aimerait vous demander quelle intrigue auriez-vous vue pour Pearl s'il était resté dans la série en 1988 ?

J'imagine que j'ai déjà répondu à cette question. Pearl serait revenu quand Cruz était sur le point d'épouser Eden et ce jour béni, il serait apparu et aurait kidnappé Kelly, professé son amour infini pour elle et l'aurait kidnappée. Cruz aurait ainsi été forcé à repousser le mariage de nouveau et se serait lancé à la capture de Pearl, à présent un fugitif hors- la- loi.

Ca aurait pu également être intéressant pour Pearl de se révéler aux autres être un prodige de la finance et dérober des fonds via ses bureaux et sa fortune à Boston. Cela aurait conduit C.C. et Mason et quelques uns des autres richards de Santa Barbara à prendre sous contrat Pearl pour gérer leurs comptes financiers. Ca aurait été un super sujet à comédie; Pearl achetant et vendant des stocks-options pour le compte de tous ses riches clients à Santa Barbara. Tard dans la nuit des appels téléphoniques de Jed au sujet de ses positions sur les marchés. Lane menaçant la vie de Pearl lors d'une scène d'alcool où les marchés sont en train de chuter et il perd la moitié de son héritage à cause d'une transaction risquée avec les essences du futur de la famille Baldwin.

Quel personnage de Santa Barbara auriez-vous aimé jouer si vous n'aviez pas été Pearl ?

C'est difficile à dire. Ca aurait été intéressant une fois par mois de voir tous les acteurs échanger leur rôle et jouer quelqu'un de différent dans cette série comme c'était déjà si inattendu de débuter dedans. Voir Cruz jouer Eden et Eden jouer Mason et C.C. jouer la domestique des Capwell, etc. Ca aurait été un déchaînement sans fin, ça aurait violé toutes les conventions de la télé et fait aller l'audience direct à travers le plafond. Les gens de partout, Groenland compris, aurait regardé pour voir cet épisode là chaque mois. Les gens aiment regarder les acteurs jouer parce qu'ils le font eux-mêmes tous les jours, tout au long de la journée. Les gens aiment les acteurs parce qu'ils jouent toute la fantaisie à travers eux. Qu'est-ce qui pourrait être plus fantastique que des acteurs échangeant leur rôle avec d'autres chaque mois ?

Quels ont été vos partenaires de jeu masculin et féminin préférés en tant que Pearl ?

Le partenaire masculin préféré a été A Martinez et la partenaire féminine a été Robin Wright. A était extrêmement généreux et indulgent et encourageant en plus d'être un fort et merveilleux interprète. D'autres personnes sur la série me regardaient droit dans les yeux comme s'ils disaient : «Est-ce que c'est vraiment comme ça que tu veux jouer la scène», mais A me souriait toujours simplement et m'encourageait comme n'importe quel bon mentor le ferait.

Robin était un jeune tableau noir sur lequel on pouvait écrire. Elle travaillait dur et était ouverte aux suggestions et voulait simplement s'améliorer. Elle savait qu'elle était destinée à de plus grandes choses même alors. Elle avait l'habitude de se balader sur le plateau pendant les répétitions et de me regarder travailler et me poser toutes sortes de questions. Elle me demandait toujours avec qui j'avais étudié la comédie à New York. Et elle était une fille amusante et quelque peu garçon manqué de nature.

Etes-vous resté en contact avec certains des acteurs après votre départ ?

J'ai vraiment perdu contact avec la plupart des acteurs de Santa Barbara une fois que je suis parti. A et moi nous écrivons des e-mails de temps à autre à l'occasion et j'aime l'entendre au sujet de ses enfants et tout ce qui concerne leurs performances professionnelles. Robin a amené celui-qui-était-son- mari Sean à un spectacle que je faisais au théâtre il y a longtemps aux alentours de 1990. C'est la dernière fois que je l'ai vue mais elle est très assurément encore dans mes pensées. J'avais même obtenu une audition pour le premier film de Sean Penn, The Indian Runner, de par la pièce dans laquelle il m'avait vu, mais malheureusement je n'ai jamais été bon dans les auditions et j'ai échoué dans le déroulement de l'entretien et je n'ai jamais obtenu le rôle. C'est la vie comme on dit dans votre jolie langue.

Avez-vous continué à regarder la série après que vous l'ayez quittée ?

Non je n'ai pas regardé la série après l'avoir quittée. J'avais juste envie de passer à autre chose et de m'essayer à de nouveaux défis. Mais après toutes ces années, j'ai finalement vu quelques épisodes du mariage notamment et ça m'a fait grandement sourire de voir tous ces gens jouer ensemble et avoir autant de plaisir. C'était un groupe d'esprits libres très solidaire et encourageant sur cette série. Une rareté à Hollywood. Les Dobson ont réuni un groupe unique de gens talentueux de mon point de vue et qui doivent être complimentés tout comme Jill Farren Phelps qui a été la meilleure productrice dans le milieu avec qui j'ai jamais travaillé, un être humain très gentil et talentueux pour dire le moins.

Que pensez-vous du genre des daytime soap-operas aujourd'hui à la télévision américaine ? Beaucoup ont disparu ces dernières années, Les Vertiges de la Passion / Haine et Passions se dirige aussi vers sa conclusion en septembre... Comment expliquez-vous cela ?

Je n'ai jamais beaucoup regardé ce genre (de série) à dire vrai, comme je n'ai pas la télévision, seulement un écran sur lequel je regarde des documentaires et un film à l'occasion. Je reviens sur ce que je disais sur la série et je dirai la même chose aujourd'hui, que pour survivre, un soap doit avoir envie d'innover dans le style et le scénario. Ce que j'ai vu récemment dans certaines séries était du jeu maussade et coléreux et peu d'éclairages, de caractère ou de courage. Certainement aucune comédie dans ce que j'ai vu, ce qui est vraiment très dommage et sous-estime les téléspectateurs de soaps qui sont bien plus disponibles pour des variétés de ton et des innovations qu'on l'imagine souvent. Nous avons prouvé cela dans Santa Barbara de toutes façons. Le public est demandeur d'originalité et de comédie. Lane et Justin et Louise et Jed et peut-être moi-même avons bien prouvé cela. Et Nancy était très bonne à ça également.

Mais les soaps aujourd'hui réfléchissent l'humeur de notre temps qui est assez sombre et cynique et pleine de violence et de trahisons latentes. La légèreté d'être qui est intrinsèquement pleine d'espoir en chacun de nous ne devrait pas être négligée à mon avis. C'est ce pour quoi nous sommes ici. Si nous ne savons pas cela ou l'apprécier, nous pouvons certainement apprendre à le faire, ne pensez-vous pas ?

Quelle serait l'opinion de Pearl sur le monde d'aujourd'hui ?

C'est une très jolie question, Nicolas. Pearl penserait que le monde d'aujourd'hui est plutôt fou je pense. Il rirait et se moquerait beaucoup de ce qui se passe. Il mépriserait et tournerait en satire toute la radio détestable qu'il entendrait de la part d'espèces de fascistes comme Rush Limbaugh et Michael Savage. Il déplorerait le grand vol que l'Amérique subit sous le règne d'un système banquier et financier corrompu oligarchique. Il aurait haït Bush et l'aurait vu au premier regard comme ce que beaucoup ne se sont pas doutés jusqu'à ce qu'il quitte son poste - un petit garçon gâté, pathétique, comiquement stupide, se pavanant et se trémoussant et faisant un foutoir de tout ce qu'il touche de ses mains. Pearl serait constamment à se demander : «Qui est vraiment en charge ici et pourquoi ne sortent-ils pas de leur cachette et nous dire qui ils sont ????» Et Pearl rirait sans s'arrêter face au déplorable état des soi-disant mass medias, un troupeau de clowns menteurs et de têtes-de-noeuds millionnaires lisant des téléprompteurs et exécutant les ordres de leur patron.

Il ne serait pas berné par les constantes tactiques alarmistes des médias. Il saurait que les vrais terroristes en Amérique ne sont pas des jeteurs de bombes ou Osama bin Laden mais plutôt les cinq grandes banques qui sont toutes complètement insolvables et corrompues, les banquiers volant des milliards de dollars à Wall Street, Alan Greenspan et la réserve fédérale. Il rirait sans s'arrêter face aux tentatives des médias d'effrayer les gens avec des photos de voleurs d'épiceries, de violeurs et de minorités. Il connaîtrait la différence entre la propagande et les vraies informations.

Pearl rirait à en pleurer en regardant "l'administration" Bush voler deux élections et démarrer deux guerres illégales. Il voudrait qu'ils soient tous jugés pour crimes de guerre à La Hague. Il voudrait savoir ce qu'il s'est vraiment passé le 11 septembre. Il ne voudrait rien croire de ce qui est rapporté par des mannequins millionnaires lisant des téléprompteurs et jouant les journalistes d'investigation. Il recevrait toutes ses nouvelles uniquement après des recherches sur internet et balancerait violemment sa télé sur le sol de sa maison et utiliserait seulement un écran pour regarder de vieux films. Pearl regarderait des rediffusions de la construction et de la démolition du World Trade Center 7 et rirait de combien ça a été de manière comique évident et de comment sont bernés les apeurés et les mal informés. Le film préféré de Pearl serait V. for Vendetta.

 

Ces 20 dernières années après Santa Barbara et maintenant

Qu'avez-vous fait dans votre carrière d'acteur après Santa Barbara ? De la télévision ? Des films ? Du théâtre ? L'IMDB ne mentionne que Starry Night, un film en 1999...

En réalité je n'ai pas fait beaucoup de télé ou de cinéma après avoir quitté Santa Barbara. Ca a été très décevant pour moi. Je n'ai jamais été très bon dans les auditions pour des rôles et je suis passé par une longue période aride où j'ai fait d'autres choses comme de la musique, du chant, de la finance, de l'agriculture et vécu dans un monastère zen. J'ai fait un peu de théâtre à Los Angeles pendant les années 90 mais ensuite je me suis lassé de continuer à auditionner pour travailler et j'ai voulu poursuivre d'autres chemins de vie. Et bien sûr je regarde à présent la comédie plutôt comme une profession pour les jeunes - c'est là que sont la plupart des opportunités à moins de travailler dans les effets spéciaux graphiques, le monde des ordinateurs ou si vous dirigez les projets vous-même. Je ne pense pas que la télé ou le cinéma soient des milieux pour un acteur. La plupart du génie créatif est dans la finalisation technique des choses aujourd'hui et c'est pourquoi ils peuvent prendre un mannequin ou un athlète ou un jeune acteur inexpérimenté et inconnu et le convertir en star de film du jour au lendemain. Ce n'était pas possible il y a 25 ou 30 ans, croyez-moi. Aujourd'hui je fais ma vie dans l'échange d'index financiers basés sur des logarithmes et quelque chose que j'appelle l'analyse de vague régressive. C'est très stimulant et ça peut être assez gratifiant, mais c'est juste un moyen tranquille de faire ma vie, rien de plus. Ma vie est essentiellement définie par les relations que j'ai avec beaucoup d'amis et les gens que j'aime et par mes pratiques spirituelles et d'écoute.

Avez-vous des projets pour cette année ? Vous m'avez mentionné un possible rôle dans un daytime soap-opera...

Je n'ai pas de projets ou de réelles aspirations dans la comédie pour cette année. L'année dernière j'ai mis en scène une magnifique pièce de Strindberg dans un théâtre local à Los Angeles et j'espère faire de même cette année. Mais en dehors de la mise en scène, je ne peux pas en dire tellement plus. Certainement que si un producteur vient et me demande de jouer quelque chose d'original ou de dynamique dans un soap, je le ferais mais je n'espère pas plus que j'en ai besoin. Le rôle de l'acteur désespéré et affamé, je l'ai laissé derrière moi il y a beaucoup, beaucoup d'années et je suis maintenant une personne bien plus mature et réaliste, je dirais. Je n'ai plus besoin de jouer ou d'une autre occupation pour me définir mais je choisirais plutôt de prendre une décision si l'occasion se présentait.

Que voudriez-vous dire à tous les fans de Santa Barbara à travers le monde ?

Je veux dire à tous les fans et téléspectateurs de Santa Barbara que vous n'avez aucune idée de jusqu'à quel point nous vous avons tous appréciés pour avoir suivi la série. Je le pense vraiment. Je ne pensais pas que beaucoup de personnes "y rentreraient", dans la série je veux dire. C'était une sorte de production de référence et c'était assez excentrique. Et beaucoup de critiques ne nous aimaient pas parce que nous étions si différents. Donc je dois vous dire merci et de nouveau merci encore avec insistance. Je pensais en fait que la série serait annulée pendant sa première ou sa deuxième année spécialement quand les scénaristes ont vraiment pris leur envol. Mais le public avait un tel solide appétit pour la comédie, l'étrangeté et l'humour et ça a rendu l'expérience entière très, très gratifiante pour moi et pour quasiment tout le monde que je connaissais qui était impliqué.

Je tire mon chapeau à vous tous et je m'incline profondément avec gratitude pour votre temps et votre gentille attention.

 

Encore tous mes remerciements à Robert Thaler pour sa gentillesse et sa disponibilité.