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Joe Marinelli : «J'ai obtenu Bunny et ma vie a changé pour toujours.»

 Par Nicolas, en exclusivité pour Santa Barbara : le site Français, août 2013

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Le 05 août 2013, Joe Marinelli a accepté de prendre sur son temps pour répondre en exclusivité aux questions de Santa Barbara : le site Français. L'acteur parle de ses débuts, des années Santa Barbara en tant que Bunny Tagliatti, son approche du travestissement, et enfin de sa carrière depuis son départ de la série.

Les débuts avant Santa Barbara

Tout d'abord, parlez-nous un peu de vous : quel âge avez-vous aujourd'hui ? Où vivez-vous ? Vivez-vous en couple et avez-vous des enfants ?

J'ai 56 ans, je vis à Los Angeles avec mon épouse depuis 22 ans, et deux fils de 19 et 16 ans.

Afin de mieux vous connaître, qu'avez-vous apporté de vous-même au personnage de Bunny Tagliatti dans Santa Barbara ?

J'essaie toujours d'apporter beaucoup de moi-même dans mes personnages. Bunny m'a permis d'apporter tellement de choses : mon sens de l'humour, mon amour pour créer différents personnages (en l'espèce masculin et féminin), et un code moral fort. Je peux, comme beaucoup de gens, me sentir blessé, et quand Bunny était blessé, il devenait Bonnie, son alter ego féminin.
La Tanière est devenue un endroit, pendant un temps, où les gens venaient chercher des conseils. Bunny savait comment calmer l'anxiété.

Comment avez-vous débuté votre carrière d'acteur ?

J'ai commencé à jouer en 5ème sur la proposition de mon professeur d'anglais, Stan Zalas, qui était également le professeur d'arts dramatiques. J'ai obtenu des offres professionnelles juste après, mais je les ai mises de côté pour vivre ma jeune vie. Plus tard, j'ai étudié à LMU, puis à la Royal Academy of Dramatic Art pour une année de tutorat, avec Jean Muir, Stella Adler, et Michael Shurtleff. Ma carrière professionnelle a décollé quand je suis allé dans la compagnie théâtrale dirigée par Bobby Morresco (Million Dollar Baby, Crash). Un des comédiens, Bobby Costanzo, m'a amené à la maison de Danny DeVito et Danny m'a engagé pour un court-métrage intitulé Lovely Way to Spend and Evening.

 

La période de Santa Barbara

Comment avez-vous débuté dans Santa Barbara ? Comment Bunny vous a-t-il été présenté au début ?

Je travaillais comme charpentier et je tenais de petits rôles au théâtre, quand j'ai été engagé pour mon premier rôle en tant que guest star, Gordon Bass dans La Loi de Los Angeles. Environ un an plus tard, mon patron Doug Farren m'a dit que sa soeur avait besoin de nous pour sa maison. Sa soeur étant Jill Farren Phelps. Alors qu'on travaillait pour Jill, mon épisode de La Loi de Los Angeles est repassé. C'était sa série préférée. Elle est venue m'accueillir le jour de travail suivant et a dit : "Je savais que vous étiez un acteur, mais je n'avais jamais vu votre travail jusqu'à hier soir. Je n'avais aucune idée de combien vous êtes bon." Environ un mois après cela, Jill a dit qu'il y avait un rôle pour lequel je serais parfait, mais que je n'obtiendrais sûrement pas parce qu'ils recherchaient des gens connus. J'ai travaillé très dur, comme je le fais toujours, pour que Bunny soit un mafieux et un travesti. Après mon audition finale, Jill avait les larmes aux yeux.

Bunny était un personnage comme on n'en avait jamais vu auparavant dans les daytime soaps, et peut-être à la télévision tout entière ! Il aurait pu très facilement être ridicule ou pas crédible. Comment êtes-vous parvenu à le rendre "vrai" et si touchant ?

Des recherches. Je fais des recherches à chaque fois, peu importe combien le personnage est important. Il n'y avait pas beaucoup de choses écrites à ce sujet (pas d'internet à l'époque), mais un livre était captivant. Il expliquait que la plupart des travestis sont hétérosexuels, et ont besoin de "soulager leur genre". Les homosexuels ont tendance à aller vers un changement de sexe si ils sont enclins à ressentir qu'ils sont le sexe opposé. Le livre racontait des histoires qui m'ont horrifié, parce que des personnes étaient tellement piégées, tellement emprisonnées par le regard de la société sur leurs instincts. Des personnes qui ont commis des suicides, ou qui étaient à la limite (de le faire). Des personnes qui pensaient qu'elles étaient les seules à ressentir ce qu'elles ressentaient, parce que rien n'avait été écrit sur le sujet. Il n'y a rien de criminel dans les motivations du travestissement.
Je
pense que grâce à ces recherches, j'ai gagné en compassion. Quand j'ai appris que Bunny était un élément comique de la série, je n'ai jamais voulu me moquer des travestis. Je pense que le fait de vraiment bien jouer révèle toujours l'intimité de l'HUMAIN. Je suis reconnaissant que personne sur la série ne m'ait demandé de faire des commentaires sur les travestis. Ils aimaient ce que je faisais, et j'avais tout le soutien du monde. Jill sait vraiment comment mener une équipe.

Aviez-vous peur, au début, de jouer un travesti, déguisé avec toutes ces perruques et ces robes colorées ?

J'ai toujours peur avec un nouveau boulot, comme la plupart d'entre nous. Le premier jour de N'IMPORTE quel boulot apporte des questions comme : Vont-ils m'apprécier ? Me ferai-je des amis ? Vont-ils apprécier mon travail ? Et d'autres encore.
Dans tous les rôles que j'ai tenus, j'ai appris quelque chose de moi-même. Je me demandais ce que je pourrais apprendre en jouant un travesti. L'une des choses que j'ai apprises est que les pantalons sont beaucoup plus confortables que les bas nylons. J'ai aussi appris que les autres personnes pensaient que j'étais très courageux. Alors que je me faisais poser mon maquillage un jour, une voix de femme a murmuré à mon oreille : "Vous devez êtes très à l'aise avec votre sexualité". Quand je me suis retourné, tout le monde était parti, cependant, ça m'est resté.
Je ne pensais pas à cela à ce moment-là, mais après que Bunny soit passé à l'écran, il y a eu beaucoup d'articles sur de grands acteurs qui avaient joué des femmes. Je ne me compare pas avec certaines légendes, mais savoir que je l'ai fait avec succès, et pas juste une femme, mais plusieurs, me fait ressentir comme si j'avais réussi mon apprentissage.

Bunny n'a jamais eu de chance en amour : Gina ne l'a jamais aimé comme il l'a espéré, et sa relation avec Annie en 1990 était loin d'être une histoire d'amour standard - ce qui est très peu commun dans les daytime soaps. Comment expliquez-vous cela ? Pensez-vous que Bunny a trop été écrit comme un personnage comique pour avoir une "vraie" histoire dramatique ou romantique sur la durée ?

C'est difficile de répondre à cela. Je sais que quand Jill Farren Phelps et Brian Franz (le responsable des programmes de journée) sont partis, il n'y avait aucun chef à NBC qui a compris Bunny, donc Bonnie est partie, et la garde-robe de Bunny est pa
ssée de costumes couleur peau de requin à des couleurs terre plus chauds. Il a perdu tout sens du danger et a disparu dans le décor.

En 1990, vous avez remporté un Soap Opera Digest award du meilleur acteur dans un rôle comique. Qu'avez-vous ressenti à ce moment-là ? Qu'est-ce que ça a changé pour vous ?

Ca a été un événement énorme pour moi. L'année précédente j'étais un charpentier, et pas l'un des mieux payés. J'ai obtenu Bunny et ma vie a changé pour toujours. Assez bizarrement, quelques semaines après ça, il a été décidé que mon contrat ne serait pas renouvelé. Ca a été comme un cadeau, parce que des directeurs de casting partout en ville me demandaient sans arrêt. Je rentrais dans une pièce et les gens commençaient à rire et me disaient que leur épouse ou leur mari adorait Bunny. Je n'ai pas arrêté de jouer pendant un moment, et Lorimar et Warner Brothers, en particulier, essayaient activement de me faire obtenir ma propre série. Les dix années suivantes ont été un bonheur absolu.

Quels ont été vos partenaires de jeu masculin et féminin préférés en tant que Bunny ?

Je ne pourrai jamais oublier Robin Mattson. Elle m'a appris comment mettre de côté le script et laisser aller la scène. Au début elle me poussait dans le cadre quand les caméras tournaient, et seulement elle et moi le savions. Elle débordait toujours d'énergie, mais quand c'était le moment d'être plus intime, elle était au rendez-vous.
Denise Gentile (Vanessa) était adorable et travailleuse. Elle prenait beaucoup de risques et était très amusante.

Sharonlee McLean (Annie). Nous avions un lien très fort. Nous avons reçu beaucoup de lettres de la part des fans, mais comme vous le mentionnez plus tôt, c'était peu orthodoxe pour les soaps. Je me souviens parler avec deux producteurs à ce sujet, et leur rappeler le tas de lettres que nous recevions, mais leurs réponses étaient surtout : "Les gens à la beauté classique, c'est ça qui vend".

Lane Davies était
merveilleux avec qui jouer. Il avait toujours une étincelle dans l'oeil, et était prêt pour l'inattendu.

Quel sont vos meilleurs souvenirs de la série, sur un plan relationnel et professionnel ?

C'est très difficile à dire, il y a eu tant de choses, mais je dirais que mes rapports avec Terry Lester et Leigh McCloskey étaient le meilleur. Nous nous étions baptisés les Dead Philosophers (Philosophes Décédés), et nous nous retrouvions dans la loge de Terry et discutions de grandes idées.
Je parle toujours avec Leigh, mais pas autant que lui et moi le voudrions, et je parle toujours avec Terry, mais comme vous le savez, il n'est pas là pour répondre. Terry était devenu un de mes amis les plus proches.

Vous avez quitté la série après deux années entières. Quelles ont été les raisons de votre départ ? Qu'avez-vous pensé de la fin qui a été réservée pour Bunny ?

NBC voulait que je reste, mais je suis parti. Je ne sentais pas qu'ils écrivaient suffisamment pour moi quand j'étais sous contrat, donc j'ai opté pour partir.

Etes-vous resté en contact avec des membres de la distribution ou de l'équipe après votre départ ? Avez-vous continué à regarder la série ?

Comme je l'ai dit, Leigh et moi restons en contact, et Robert Naughton (accessoiriste) et moi gardons le contact.

Si vous n'aviez pas joué Bunny, quel personnage auriez-vous aimé interpréter ?

Bunny était parfait !

 

Ces 23 dernières années après Santa Barbara et maintenant

Après Santa Barbara, vous avez joué dans de nombreuses séries télévisées et des films. Quelles différences pouvez-vous faire entre ces programmes ? Quelle évolution voyez-vous en tant qu'acteur depuis ces vingt dernières années ?

J'ai tourné environ 200 épisodes de Santa Barbara, et les soaps ont un temps de tournage rapide, et aussi de temps d'apprentissage. Santa Barbara m'a préparé pour n'importe quel rythme. Quant à l'évolution du métier d'acteur, c'est un sujet fascinant, parce que la plupart des scénarios sont écrits au sujet d'"un garçon désire une fille" et vice versa, mais quand on vieillit, il y a d'autres choses qui retiennent notre attention. Je ne pense pas que ces choses fassent des sujets intéressants pour la plupart des séries, films, ou livres à moins que le public ait vu, ou lu assez de récits d'"un garçon désire une fille". Il y a incontestablement autre chose que je veux raconter que cela.

Avez-vous des projets pour cette année ?

Je suis prêt pour quelques très jolis projets dès maintenant, et j'ai quelques trucs qui vont sortir. Ma paternité a été mon centre d'attention. Les acteurs vont et viennent, mais les gosses n'ont qu'un seul père. Comme mes fils se dirigent vers leur indépendance, je vais être dans un mode plus agressif vis à vis de ma carrière.

Que voudriez-vous dire à tous les fans de Santa Barbara à travers le monde qui ne vous ont pas oublié en tant que Bunny ?

Je suis si reconnaissant, et aussi honteux. J'ai reçu tellement de lettres et j'en ai encore des cartons. Je n'en ai pas jeté une. Je suis reconnaissant parce que les fans apportaient tellement de soutien, et j'étais débordé à créer le rôle, et mon style de vie a changé que j'ai à peine répondu à une petite fraction. Ce n'est pas du tout que je n'ai fait aucun cas d'elles, mais les fans qui ont écrit et n'ont jamais rien reçu ne le sauront jamais.

 

Encore tous mes remerciements à Joe Marinelli pour sa gentillesse et ses précieux souvenirs.