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Jeffrey Lerner : «Il y a eu tant de riches personnages.»

 Par Nicolas, en exclusivité pour Santa Barbara : le site Français, juillet 2020

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Le 08 juillet 2020, Jeffrey Lerner a accepté de prendre sur son temps pour répondre en exclusivité aux questions de Santa Barbara : le site Français. Le producteur parle de ses débuts dans Santa Barbara, de son travail sur la série, et du processus de production d'un daytime soap-opera.

Comment avez-vous commencé votre carrière de producteur ? Santa Barbara a-t-il été votre première expérience dans un daytime soap-opera ?

Santa Barbara a été mon premier boulot à la télévision, et ma première et unique expérience de travail sur un programme de journée.

Quel était votre travail quotidien sur la série ?

J'ai eu divers rôles durant mes 5 années sur Santa Barbara. J'ai commencé par le bas, comme on le fait dans le show-business, comme coursier (aller chercher du café pour les producteurs, déposer les scénarios chez les acteurs, etc...). Cela a été suivi par des petits boulots de coordinateur de lieux de tournage, puis assistant de production, contrôleur de continuité, chef de production, producteur associé, et enfin producteur.

Santa Barbara était connu pour avoir beaucoup de comédie, d'aventure, et par-dessus tout des intrigues qui avancent beaucoup plus vite que dans les autres daytime soap-operas. Etait-ce quelque chose de spécifiquement demandé par les producteurs ou la chaîne ?

Les Dobson ont cherché à briser le moule des daytime soaps, un objectif partagé par NBC, et adopté par les scénaristes, l'équipe de production et les acteurs. Cela a inclu la manière de raconter l'histoire, le ton, l'apparence de Santa Barbara, et l'a distingué des autres daytime soaps. Les scènes dramatiques étaient rehaussées avec une bonne dose d'humour (Gina et Keith... Julia et Mason... Bunny !). Les scènes étaient plus courtes, plus rapides et moins répétitives, et nous avons lutté pour une plus grande authenticité dans le jeu (des acteurs). Nous avons passé beaucoup de temps en dehors du studio en extérieur. Nos décors avaient de la profondeur et du détail, notre éclairage était cinématographique, et nos choix de musiques étaient éclectiques. Ce sont juste quelques-uns des aspects qui nous tenaient à l'écart du reste.

Vous avez travaillé dans Santa Barbara sous plusieurs producteurs exécutifs : Bridget et Jerome Dobson, Jill Farren Phelps, John Conboy... Comment ces changements ont influencé votre travail ? Quelles étaient les différences entre eux tous ?

J'ai appris quelque chose de tous ces gens. Les Dobson m'ont appris l'écriture dramatique, le développement d'un personnage et la structure d'une histoire. J'ai appris une tonne de Jill sur comment donner vie au matériau en termes de réalisation, de jeu, et par-dessus tout, comment creuser l'émotion, de mon point de vue la clé du rendez-vous avec le public. John savait vraiment comment enthousiasmer le public. Il m'a appris à propos des échelles, des valeurs de production, et comment livrer une série de belle apparence.

Comment est décidée la création d'un nouveau personnage : sa personnalité, ses intrigues, le choix d'un acteur pour l'incarner ?

Un personnage naît dans la vision de ses  créateurs, commence à se matérialiser dans le processus de casting, et devient pleinement concret dans les efforts conjoints des scénaristes, des producteurs, des réalisateurs, et bien sûr de l'acteur qui donne vie au rôle. L'habillement, la coiffure et le maquillage peuvent aussi jouer un rôle important.

Y a-t-il des personnages avec qui vous avez préféré travailler et pourquoi ? Peut-être aussi des acteurs et actrices avec qui vous avez aimé travailler aussi ?

Il y a eu tellement de personnages riches. Les premiers qui me viennent à l'esprit : Cruz et Eden, Gina et Keith, Mason, Julia, Augusta, Lionel, Sophia, Sandra, Mary. J'ai adoré travailler avec les acteurs dans ces rôles, et il y en a tellement d'autres à mentionner.

Santa Barbara a connu de nombreux remplacements d'acteurs, même dans ses personnages principaux. Je pense à C.C., Mason, Kelly, Gina... Quand un acteur veut partir, comment est prise la décision de redistribuer le personnage ou de simplement le faire disparaître ?

Un rôle qui est central dans l'histoire en continu et adopté par les téléspectateurs garde une bonne chance d'être redistribué quand l'acteur quitte la série. Les publics des soaps acceptent d'ordinaire le changement une fois qu'ils sont habitués au nouveau visage, excepté dans de rares cas où ils se sont tellement identifiés à l'interprète qui a créé le rôle, qu'ils sont peu disposés à accepter l'interprétation d'un autre. Santa Barbara aurait pu avoir fait face à cela si Cruz ou Eden avait eu besoin d'être redistribué, ce qui heureusement n'est pas arrivé.

Quel sont vos meilleurs souvenirs de la série, sur un plan relationnel et professionnel ?

Le mentorat que j'ai reçu des Dobson; m'engager dans des discussions animées lors de réunions d'écriture; réaliser une bonne scène sur le plateau. Surtout, le temps passé dans les tranchées avec mes collègues, dont certains qui restent des amis proches encore aujourd'hui.

Comment avez-vous vécu le conflit juridique entre les Dobson et New World en 1988 ? Pensez-vous que la série aurait été différente après 1988 si les Dobson avaient continué à travailler dessus ?

Cela a été une période difficile, mais comme on dit, the show must go on, et ça a été le cas. Mon affection et mon respect pour les Dobson n'a jamais disparu.

Vous avez quitté Santa Barbara en 1990. Quelles ont été les raisons de votre départ ?

Je suis parti pour poursuivre d'autres passions, et pour approfondir ma connaissance du métier. J'ai étudié le jeu, j'ai écrit, et j'ai fait du travail de développement à Paris où j'ai vécu pendant un an, en plus de mes boulots dans des reality-shows, des talk-shows et des clips musicaux. J'ai finalement de nouveau migré vers la production, dans les deux dernières décennies que j'ai passées en tant que créateur exécutif pour Sony Pictures Television. Je dois ce travail à un producteur exécutif baptisé Steve Kent, qui des années auparavant, m'a offert mes débuts dans Santa Barbara !

Avez-vous continué à regarder la série ? Si oui, qu'avez-vous pensé de ses évolutions jusqu'à sa fin ?

Après que j'ai quitté Santa Barbara, je l'ai regardé chaque fois que je le pouvais. J'ai été un fan jusqu'à la fin.

Etes-vous resté en contact avec des membres de la distribution ou de l'équipe après votre départ ? Vous m'avez dit que vous avez conduit Judith McConnell en Russie pour faire une apparition dans une série en 2007. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette expérience ?

Pendant que j'étais chez Sony, j'ai beaucoup travaillé en Russie, où nous avions une alliance très réussie avec une grande maison de production locale. J'ai rapidement découvert la vénération du public russe pour Santa Barbara, qui a été l'une des premières séries télé américaines qu'ils aient pu jamais voir. Quand Timur, mon homologue à Moscou, s'est décidé à développer un daytime soap russe, il m'a approché avec l'idée d'inviter Judith pour tenir un rôle comme invitée. Judith a été ravie de rendre service, et a fait plutôt sensation auprès des fans et de la presse, sans parler qu'elle a apporté beaucoup d'éclat à cette série russe.

Que voudriez-vous dire à tous les fans de Santa Barbara à travers le monde qui n'ont pas oublié la série ?

Moi et les autres qui ont contribué à la magie de Santa Barbara, apprécions votre attachement de longue date et votre fidélité... et applaudissons votre bon goût !!

 

Encore tous mes remerciements à Jeffrey Lerner pour son temps et ses souvenirs.