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14 Octobre 2010 - 25 ans de Santa Barbara en France |
Ismael "East" Carlo : «Jouer a été la principale source de mon éducation personnelle.» | |||||
Par Nicolas, en exclusivité pour Santa Barbara : le site Français, octobre 2010 |
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Du 29 septembre au 13 octobre 2010, Ismael "East" Carlo a accepté de prendre sur son temps pour répondre en exclusivité aux questions de Santa Barbara : le site Français. L'acteur parle de sa vocation et de ses débuts en tant qu'acteur, de sa période dans Santa Barbara en tant que Ruben Andrade, et enfin de sa carrière depuis son départ de la série. |
Les débuts avant Santa Barbara
Tout d'abord, parlez-nous un peu de vous : quel âge avez-vous aujourd'hui ? Où vivez-vous ? Vivez-vous en couple et avez-vous des enfants ?
Mon âge : 68 ans. Je vis à Big Bear City, en Californie. Je suis célibataire et j'ai une petite-amie.
Comment avez-vous débuté en tant qu'acteur ? Je veux dire, comment est-ce un jour devenu votre principal projet de vie ? Quand je vous lis, il semble que cela n'était pas quelque chose que vous étiez "supposé" devenir quand vous étiez enfant...
Vous avez bien raison !!! Non, et en fait, quand j'étais enfant ma mère était une passionnée de cinéma et allait souvent au théâtre. Elle était fascinée par le côté hors du commun des spectacles. Il faut se rappeler que c'était dans les années 50 et que nous étions des nouveaux venus aux Etats-Unis. Nous sommes de Puerto Rico. Bref, les vendredis et samedis, c'était soirée cinéma et venait ensuite le dimanche : le Teatro Puerto Rico. Nous avons vu toutes sortes de spectacles vivants du Mexique, de Puerto Rico et d'autres pays latino-américains. Les films n'étaient pas quelque chose où je voulais aller parce que certains me rendaient triste par rapport à d'autres. Mais quand Cantinflas and Tin Tan était au programme, j'étais le premier à l'entrée. Bien entendu je n'ai jamais considéré devenir acteur jusqu'à l'âge de 33 ans. C'est arrivé par hasard... Je traversais une période de dépression à ce moment de ma vie. Un de mes amis est venu à l'appartement où j'habitais à cette époque et a frappé à la porte. Je n'ai pas répondu. Il a dit que je ferais mieux d'ouvrir la porte, il savait que j'étais à l'intérieur. Je ne m'étais pas lavé ou rasé depuis des jours. J'ai ouvert la porte et il a dit qu'il avait deux tickets pour un spectacle de Broadway. Le titre du spectacle était : No Place To Be Somebody (Nulle Part à sa Place). Très approprié, qu'en pensez-vous ? Une fois lavé et habillé nous irons au spectacle, a-t-il dit. Il est beaucoup plus grand que moi (rires). Donc j'ai fait ce qu'il m'a dit. En quittant le théâtre, j'ai dit à Mangual (c'est son nom) : Je vais être acteur... Ca n'est arrivé que des années plus tard, par hasard. J'ai déménagé en Floride. J'apprenais le métier de barman à l'American Bartending School de New York à ce moment-là et j'ai obtenu du directeur un boulot à l'école de Miami. Une fois à Miami j'ai rencontré un acteur et il m'a donné une adresse pour un cours de comédie. J'ai pensé : Allons pourquoi pas, voilà quelque chose pour occuper mon temps. Je n'ai jamais repensé à ce que j'avais dit quand j'avais quitté le théâtre plus tôt à New York.
Par la suite j'ai auditionné pour la pièce Guys and Dolls, et j'ai obtenu le rôle de Big Julie (!). Ca a été beaucoup de plaisir et c'était payé 15 dollars la performance. Cette pièce m'a fait comprendre le pouvoir qu'a un interprète. Alors que je jouais et chantais (ce que nous autres enfants faisions dans les couloirs dans le Spanish Harlem pendant les journées du Doo Wops), il y avait une paire de gamins dans le public juste devant la scène et j'en entendais un dire : "Regarde son visage". Je pense que ces mots ont été le point de retournement majeur dans la poursuite de ma carrière. De là ont suivi de nombreuses autres pièces de théâtre : des pièces de Leroy Jones, etc... Je suis resté à Miami pendant environ trois ans et j'ai ensuite décidé de partir à Hollywood et jouer dans la cour des grands... Bien sûr je suis en train de ne vous donner qu'un bout de toutes les épreuves et tribulations qu'un acteur doit traverser. En ce qui me concerne, ça a été une très belle aventure et je ne changerais rien d'autre à part de suivre une formation en beaux-arts.
A Hollywood je suis tombé sur le Los Angeles Actors Theater (LAAT). J'y suis resté plusieurs années à jouer des pièces, c'était en 1976 et je travaillais aussi comme barman dans des clubs Latino. C'est d'ailleurs une autre chose que je fais aussi. Je me considère moi-même comme l'un des meilleurs danseurs de salsa, dans le style de New York. J'ai aussi promu des événements dans les domaines de la musique et de la danse. J'ai fait des représentations avec Bobby Matos and His Latin Jazz Ensamble. Je fais la narration et du spoken word (de la poésie orale) sur du Latin-Jazz. Nous avons cinq CD en vente et nous travaillons en ce moment sur notre sixième. Vous pouvez nous regarder sur YouTube. Mais revenons au show business. Ma première série télévisée a été Baretta avec Robert Blake. Je pense que j'ai fait deux ou trois Baretta ? Je ne me rappelle pas très bien ! J'ai joué sur scène au South Coast Repertory Theater, à Broadway au Playwrights Horizon theater de New York. La grande série que j'ai faite pour la télévision a été Les Incorruptibles de Chicago de Michael Mann, qui a été beaucoup de plaisir, et ainsi que par Michael Mann : Guerre à la Drogue : le Cartel de Medellin...
La période de Santa Barbara
Comment avez-vous débuté dans Santa Barbara ?
Mon souvenir est que j'ai auditionné pour le rôle. Après quelques semaines de négociations contractuelles, on m'a dit que tout était dans l'ordre et que je commencerais à travailler dans quelques semaines environ. Mais c'est là que la m*rde est arrivée. De sa manière irritable, elle (Bridget Dobson) a commencé à me raconter comment tous ses employés sud américains la regardaient. La manière dont elle les traitait, "comme des enfants". Je lui ai dit : "Je ne suis pas un enfant". Elle s'est énervée et a commencé à crier. Je lui ai dit que si elle ne me voulait pas dans la série, tout ce qu'elle avait à faire était de rompre le contrat et de me payer. Cela n'est jamais arrivé. Les Dobson, qui étaient les producteurs, étaient une paire de ce que vous appelleriez dans votre pays des aristocrates dans leur façon d'être. J'ai démissionné presque avant de commencer. Mais comme n'importe quel acteur à ce moment-là je me suis retrouvé coincé à cause du travail. Je ne pense pas que je revendrai mon âme à nouveau. J'ai aussi été en mesure de jouer avec l'acteur principal et metteur en scène dans une de ses productions : Romeo & Juliet. Je jouais Papa Capulet.
Parlez-vous de Lane Davies quand vous mentionnez cette production de Romeo & Juliet ?
Oui, Lane Davies ! Un être humain merveilleux, un grand acteur shakespearien et un metteur en scène de (pièces) classiques.
Etes-vous toujours en contact avec Lane Davies après ces années ?
Non, Lane Davies, de ce que j'en ai entendu fait toujours du théâtre, mais je ne l'ai pas vu ou eu de nouvelles depuis.
Ces 25 dernières années après Santa Barbara et maintenant
Pouvez-vous m'en dire plus sur le reste de votre carrière après Santa Barbara ? Quelles ont été vos rôles préférés parmi tous ceux que vous avez interprétés ?
Après Santa Barbara je me suis investi dans le théâtre. Mes débuts ont été sur la scène du Los Angeles Actors Theater. J'ai joué dans le théâtre de Burt Reynolds à Jupiter, en Floride. Cette pièce a été aussi un désastre. Le soir de la première, j'ai oublié toutes mes lignes; mais cela m'a donné l'opportunité de constater que j'avais besoin de davantage d'expérience en tant qu'acteur avant de me lancer sur scène professionnellement... J'ai persévéré et depuis lors mon investissement dans le théâtre s'est amplifié. Pendant et avant tout cela j'ai joué dans de nombreuses séries télévisées, je suis certain que vous avez regardé ma filmographie. Nostromo, de Joseph Conrad, m'a ouvert un autre monde. Il m'a fait plonger dans le monde de la corruption par les puissances qui exploitent des nations pour leurs ressources. Même si je ne suis jamais allé au lycée au dans une fac d'art, jouer a été la principale source de mon éducation personnelle.
Quels sont vos prochains projets en tant qu'acteur ? De nouvelles auditions bientôt ?
Il n'y a plus beaucoup de rôles pour nous autres les vieux. C'est un média orienté vers les jeunes, les visages n'égalent pas les paroles dans les faits, mais c'est comme ça. La vérité ne fait pas partie de ce média. Mais je ne m'inquiète pas pour ces choses-là, j'ai une vie en dehors ce cela qui s'appelle : le Show Business. Le mois dernier nous (Cafe con Bagels) avons appris que l'une de nos chansons a été utilisée dans la série Dexter. Ce qui veut dire que nous toucherons des royalties de par sa diffusion. Nous espérons d'autres cas comme celui-là. Une autre société qui gère des licences de produits pour le cinéma, la télévision et les jeux vidéos est également intéressée pour promouvoir nos CD. Donc en terme de gagner ma vie je vais bien, mais il est maintenant question de produire notre travail dans la musique, et de l'interpréter sur scène. Je pense avoir fait le tour. On nous a demandé de jouer en Colombie un de ces jours de l'année à venir. On a beaucoup de plaisir avec notre nouvel enregistrement, je vous dirai quand il sortira dans les bacs.
Vous m'avez dit être déjà venu en France. Où êtes-vous allé ? J'espère que vous avez apprécié notre pays !
Oui, pour moi votre pays, contrairement à la croyance populaire, est un pays de libre-penseurs, et l'un dont l'hégémonie n'est pas tolérée. Je souhaiterais que ce grand pays dans lequel je réside comprenne la différence. D'ici là, peace.
Ismael "East" Carlo sur scène avec Bobby Matos and His Latin Jazz Ensamble (photos de Robyn Hale) |
Encore tous mes remerciements à Ismael "East" Carlo pour sa gentillesse et sa disponibilité. |