L'explosion de la plateforme Capwell

 

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Située au large de la baie de Santa Barbara, la plateforme 22 est une des plateformes appartenant aux Entreprises Capwell. Le site d'exploitation contient plusieurs plateformes dont la plateforme 22, et aussi la plateforme offerte à Pamela Pepperidge (cette dernière connu elle aussi une explosion d'origine criminelle en 1988, orchestrée par Ed Thompson).

A l'époque, en 1982, l'explosion de la plateforme 22 avait fait pendant plusieurs jours la une des journaux locaux, dont le Santa Barbara Sentinel. Entre le risque de marée noire et les victimes humaines, une véritable secousse médiatique avait agité la ville, certains pensaient même que C.C. Capwell, au travers des Entreprises Capwell, ne se relèverait pas de cette catastrophe. Pourtant à l'époque, même si la cause écologique n'était pas aussi présente qu'elle l'est aujourd'hui, aucun procès n'avait été fait aux Entreprises Capwell. Par le biais de sa compagnie, C.C. Capwell avait fait au mieux pour porter secours aux victimes, pour protéger la population, et peut-être aussi pour protéger la faune et la flore locale.

Cependant, à l'époque, personne n'avait osé porter plainte contre les Entreprises Capwell, même si à demi-mot certains osaient parler d'une certaine responsabilité de la compagnie pétrolière de l'homme d'affaire. Bien que l'explosion n'ait fait aucun mort, de nombreux employés ont traversé ce drame, qui n'a pas été sans conséquence sur leur vie. Parmi les victimes, les personnes qui travaillaient au plus près des équipements de forage sont celles qui ont été le plus touchées. L'une des victimes les plus graves est sans nul doute Benjamin Gillis. Sa vie s'est arrêtée au moment même où la plateforme explosa, anéantissant tous les rêves de cet homme, marié depuis peu à la policière Maggie. Sportif talentueux, homme bon et généreux, Ben n'est aujourd'hui que l'ombre de lui-même. Sa colonne vertébrale s'est brisée ce jour-là et aujourd'hui Ben est paralysé, sourd, aveugle et muet. Seule la présence de sa femme Maggie à ses côtés incarne le souvenir de sa vie passée, aujourd'hui révolue.

Heureusement, d'autres victimes ont eu plus de chance que Benjamin Gillis. C'est le cas de Morgan Malone, qui a été brûlé sérieusement à une main. Si physiquement Morgan s'en est sorti avec peu de séquelles, sa vie personnelle s'est arrêtée peu de temps après le drame. Incapable de faire face psychologiquement, Morgan s'est lentement laissé ronger par le souvenir du drame. N'aspirant plus à rien, en colère contre tous et personne, son mariage n'a pas résisté. Aujourd'hui, un gant noir protégeant sa main blessée, Morgan vit seul, sous un autre nom, préférant s'inventer une autre vie plutôt que d'affronter sa vie réelle.

Enfin d'autres personnes ont miraculeusement été physiquement et psychologiquement épargnées par ce drame. Bien que présents sur la plateforme, la chance ou le destin les a protégés; c'est le cas entre autres de Coltrane et de Shefter. Parce qu'ils se trouvaient des étages en dessous sur la plateforme par rapport au lieu de l'explosion, les secours ont retrouvé lors de leur arrivée Coltrane, Shefter et d'autres sains et saufs.

La ville de Santa Barbara, les employés, les victimes, les familles de victimes, personne à l'époque n'avait envisagé des poursuites judiciaires à l'encontre des Entreprises Capwell. Aux yeux de tous, dans un premier temps, l'explosion était due à un accident. En 1982, les journaux s'étaient principalement occupés à parler des victimes et des conséquences de l'explosion. Tacitement, personne n'osait parler des causes possibles et de la probable responsabilité des Entreprises Capwell, et plus particulièrement de celle du capitaine du navire, le puissant C.C. Capwell. Bien que pour certains l'homme puisse paraître détestable, la ville de Santa Barbara semble encore marquée du poids de la tragédie qui a frappé la plus célèbre famille de la ville : le meurtre du fils prodigue Channing Capwell Junior. Depuis ce dramatique événement, la famille Capwell, et donc C.C., semblait protégé des attaques de la presse. A l'époque, trois ans plus tôt, le Santa Barbara Chronicles, le Santa Barbara Bulletin ou le Santa Barbara Sentinel avaient largement commenté le meurtre du fils héritier par Joe Perkins, alors fiancé de la plus jeune des filles Capwell.

Occupée à courir les hôpitaux, consultant spécialistes sur spécialistes, la jeune Maggie Gillis se concentrait sur l'état de santé de son jeune époux. Grièvement blessé lors de l'explosion, Benjamin, l'homme qu'elle aimait était devenu une ombre... Après de nombreux examens et plusieurs opérations, le verdict est tombé : Benjamin Gillis resterait à vie paralysé, sourd, aveugle et muet... Maggie s'est alors occupée de tout pour que Ben puisse revenir vivre le plus souvent possible à la maison, dans leur chez eux. A ses yeux, cela n'était pas un sacrifice, elle ne voyait que la présence de son époux à ses côtés. Il était là. Elle pouvait le voir, lui parler, le toucher... Même si lui, en retour, en était incapable. Alors de fil en aiguille, la colère s'est lentement immiscée dans l'esprit de Maggie. Policière dans l'âme, elle croyait en la loi. Policière dans le corps, elle savait que seule la justice pourrait rendre l'honneur perdu à Ben. Une partie d'elle-même aussi espérait qu'en obtenant réparation, et donc des dollars, elle pourrait offrir de meilleurs soins à Ben, et alors... Et, alors dans ces moments-là, Maggie se mettait à espérer à un miracle !

Maggie commença à enquêter. Elle commença à collecter quelques informations par-ci par-là auprès des anciens collègues de Ben, auprès d'anciens employés. Au début, ce n'était que quelques données sans rapport les unes avec les autres. Puis, lentement, des langues ont commencé à se délier et, à plusieurs reprises, on lui parla des consignes de sécurité, des problèmes de surpression. Et le soir quand elle rentrait, elle partageait avec Ben ses découvertes, et alors un nouvel espoir emplissait leur appartement. Très vite Maggie comprit que pour aller de l'avant et obtenir des réponses de la part des Entreprises Capwell, il lui faudrait aller en justice, porter au tribunal ses doutes, ses questions. C'était là le prix à payer pour obtenir des réponses.

Mais personne ne voulait l'aider à retrouver sa dignité perdue. Dans les faits, même si cela n'a jamais été clairement dit, aucun des cabinets d'avocat de la ville ne voulait attaquer en justice C.C. Capwell ! A chaque fois, c'est auprès de Ben que Maggie trouve la force de poursuivre le combat et de pousser d'autres portes de cabinets d'avocat. Au travers d'une enquête, Maggie sollicite l'aide de Howard Otis, l'avocat de Peter Flint, mais ce dernier refuse, prétextant que son affaire est perdue d'avance. Si Maggie est attristée, elle ne baisse pas les bras, confiante qu'un jour elle trouvera l'avocat qui sera capable d'affronter les Entreprises Capwell.

Confiante, Maggie l'est par nature. Et, aujourd'hui cette confiance est renforcée avec la présence de Warren Lockridge à ses côtés. Leur relation est compliquée, car non-dits et faux-semblants prennent le dessus sur la réalité de leurs sentiments. Dans un souci d'honnêteté envers Warren, mais aussi envers elle-même (Maggie, si elle n'ose pas se l'avouer, a peur que Warren sorte de sa vie en découvrant la vérité), Maggie présente Ben à Warren et Warren à Ben. Passé la surprise, Warren se propose de les aider dans leur combat pour qu'éclate la vérité. Il décide même de mettre à contribution son journal, le Santa Barbara Sentinel, pour enquêter et pour offrir une tribune aux Gillis.

Bien que très occupée avec la réouverture de l'enquête sur le meurtre de Channing Junior et l'identification de Lindsay Smith, Maggie ne perd pas courage et continue d'étayer son dossier de toutes les informations. Maggie garde en elle l'espoir qu'avec un dossier complet, il lui sera plus facile de convaincre un avocat d'assurer sa défense. Pourtant les informations collectées sont sans équivoque à ses yeux : suite à une inspection de routine, quatre défauts majeurs sur la sécurité ont été diagnostiqués. Si les Entreprises Capwell ont fait part de leur volonté d'assurer au quotidien la sécurité des employés de la plateforme, aux yeux de spécialistes le défaut relatif à des valves de pression ne pouvait être réparés en 48 heures, ce qui visiblement a été fait. Indirectement, les Entreprises Capwell pourraient être responsable de l'accident pour ne pas avoir pris en charge convenablement les problèmes de surpression liés au forage.

Convaincu du bien fondé des actions de Maggie, Warren décide de passer lui aussi à l'offensive. Ces attaques ne sont pas justifiées chez lui par la guerre entre Capwell et Lockridge - il souhaite sincèrement, parce qu'il en est intimement convaincu, que Maggie et Ben obtiennent réparation pour le traumatisme subi. N'obéissant qu'à sa seule volonté, aidé de son proche collaborateur Pop MacLaughlin, Warren rédige un éditorial engagé qui décrit le quotidien des victimes de l'explosion, et plus particulièrement le quotidien des Gillis. Si Maggie se sent un peu trahie par cette mise en lumière, la lecture de l'article lui fait changer d'avis. Certes, l'éditorial est riche en émotion, mais il ne traite que de faits réels et avérés. Après sa parution, les Entreprises Capwell devront apporter leurs éléments de réponse. En parallèle, ayant appris la présence à Santa Barbara du célèbre avocat Jack Stanfield Lee, Warren accompagne Maggie pour lui présenter le dossier. Ils sont très vite déboutés par l'assistant de Jack Lee, Joshua Friendly, qui justifie le refus en prétextant que M. Stanfield Lee n'est tout simplement pas intéressé par cette affaire. Comme le comprendra Warren plus tard, Jack Lee est un ami des Capwell et il ne veut nullement nuire à son ami, même si le dossier a toutes les chances de victoire devant un tribunal. Lee informera même C.C. des possibilités de victoire, en fonction des compétences de l'avocat des Gillis.

A demi-mot, c'est cela que comprend Maggie. Personne ne veut affronter C.C. Capwell de peur des représailles. Car tout le monde en ville sait ce que cela peut coûter de s'opposer au puissant chef de clan Capwell : Joe Perkins a fait cinq ans de prison pour un meurtre qu'il n'a pas commis, Mason Capwell a été renvoyé du bureau du procureur et aujourd'hui plus aucun cabinet d'avocats ne veut l'engager, Ted Capwell a été chassé de la villa... Personne ne veut se mesurer à C.C. Capwell... Sauf si on est déjà un Capwell. C'est cette idée-là qui commence à faire son chemin dans l'esprit de Maggie. Et si seul un Capwell pouvait affronter un autre Capwell... Répudié de la famille, déshérité de la fortune familiale, banni de la villa, Mason pourrait être celui-là. Malgré les doutes de Warren, Maggie sollicite l'aide de Mason. Lecture du dossier faite - d'autant que Cruz Castillo lui confirme que le système de pression ne pouvait pas être réparé en 48 heures - Mason s'empresse d'accepter, ravi de pouvoir à nouveau croiser le fer contre son père; d'autant qu'il garde pour sa petite vengeance personnelle un atout majeur dans sa main : Lindsay Smith.

Ainsi, très vite, Mason organise une réunion qui sera toute sauf informelle. Au préalable, Mason fait signer un document à Maggie qui lui permettra de toucher en cas de victoire uniquement 40% des gains. C.C., alerté par son avocat Earl Stiller que c'est Mason qui va représenter les Gillis, oeuvre pour que la réunion se fasse à la villa. C.C. n'a qu'un seul but : déstabiliser et ridiculiser au maximum son fils pour empêcher la requête des Gillis d'avoir une chance d'aboutir. Mais, à ce jeu du chat et de la souris, parfois le chasseur devient la proie. Accompagné de Maggie Gillis, de Lindsay Smith, de Warren Lockridge (il quittera ensuite très rapidement les lieux, sur ordre de C.C. qui ne veut pas de Lockridge chez lui), et de sa sténographe personnelle Geri Stratton, Mason entre dans la villa et prend place à la table des négociations. Avant de commencer, Mason exige de Maggie qu'elle ne parle pas; il veut s'octroyer à lui seul le plaisir de surprise. Il ouvre le début des hostilités avec une plaidoirie d'introduction qui prend à froid Earl et C.C.. Mason argumente qu'il n'est pas là pour se venger de son père qui l'a mis à la porte, mais bien pour défendre le droit des plaignants Benjamin et Maggie Gillis. Tout se déroule comme dans un tribunal. Mason expose froidement les faits, les responsabilités des Entreprises Capwell, et les maigres objections et arguments d'Earl ne parviennent pas à déstabiliser Mason. Rapidement, Mason énonce son raisonnement pour le calcul de la somme qui sera réclamée : pour cela il prend en compte le salaire sur trente ans que Ben aurait dû toucher, les frais médicaux, les crédits souscrits et... la somme annoncée retentit comme une explosion entre les arches de la villa : 20 millions de dollars.

Maggie reste figée. Lindsay n'en croit pas ses oreilles et fixe attentivement Mason. Earl est abasourdi et reste sans voix. C.C., lui, fixe calmement son fils, plongeant ses yeux dans les siens. Puis la colère prend le dessus. Pourtant, l'un comme l'autre ont conscience que les arguments avancés ont fait mouche. Bien que C.C. n'ait jamais voulu consciemment porter atteinte à la sécurité des employés, il sait que devant un tribunal, il ne sera jamais cru ou entendu. Comme le fait remarquer Mason, c'est le combat de David contre Goliath et il est plus facile d'être du côté du plus faible. C.C. prend quelques secondes de réflexion et ensuite prend la parole, déboutant son avocat qui laissait sous-entendre qu'ils pouvaient aller jusqu'au procès. C'est à lui d'inverser la situation, à lui de passer à l'attaque ! L'homme d'affaires, froid, reprend la main. Sa décision est prise, il offrira 40 000 dollars pour régler ce problème en dehors du tribunal. Ce sera son dernier mot. C'est à prendre ou à laisser. Remarquant une certaine hésitation chez Maggie, C.C. décide de poursuivre son attaque : après le judiciaire, il passe au personnel et s'en prend ouvertement à Maggie qu'il juge responsable de la mort de Joe, et donc responsable de la peine et de la souffrance de Kelly. La voix de C.C. porte le long des murs. Maggie blêmit, car les paroles de C.C. font écho dans son esprit. Comme toujours lorsqu'on s'en prend à sa famille, C.C. ne fait preuve d'aucune pitié, critique ouvertement l'attitude de Maggie et reproche à Mason de venir en aide à une femme qui a apporté tant de malheurs à leur famille. A la fin, C.C. menace Maggie de perdre son travail. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Maggie en a assez entendu, elle se lève, prête à affronter C.C.. Oui, elle est responsable indirectement de la mort de Joe Perkins pour ne pas avoir pu tirer sur Peter Flint. Oui, elle le sait et elle doit vivre avec au quotidien. Mais cela n'excuse en rien les mauvaises décisions prises par les Entreprises Capwell, cela ne justifie en rien que les Entreprises Capwell ne doivent pas être reconnues coupables de leurs erreurs. Les dernières paroles de Maggie claquent comme un coup de fouet : elle se battra pour l'honneur de Ben, puisqu'il n'est pas en capacité de le faire par lui-même; oui ils iront au tribunal !

Au tribunal ! Il reste encore un long chemin avant que justice ne soit rendue dans l'affaire Benjamin Gillis contre les Entreprises Capwell. Il faudra du temps, car le monde des Capwell est des plus agités en ce moment : la réouverture de l'enquête sur le meurtre de Channing Junior, l'effondrement du souterrain reliant les Villas Capwell et Lockridge, le mariage interrompu entre Cruz Castillo et Eden Capwell, sont autant d'événements qui retardent Maggie dans sa quête de justice. Par ailleurs, l'âme de Maggie est aussi agitée par des conflits intérieurs : peut-elle rester fidèle à Ben tout en ayant des sentiments profonds envers Warren ? Peut-elle aimer Warren tout en respectant son serment d'épouse ?

De son côté, Mason ne baisse pas les bras et fait de son mieux pour obtenir réparation. Ayant de nouveaux arguments à présenter, il provoque une nouvelle réunion à la Villa Capwell pour affronter son père et son nouvel avocat. Car, insatisfait par la gestion d'Earl Stiller, C.C. l'a renvoyé et fait revenir de vacances un autre avocat, Ross, en qui il a plus confiance. Ross et lui se connaissent depuis de nombreuses années, c'est presque un intime de la famille. C'est d'ailleurs Ross qui a géré une partie de l'enquête post-explosion de la plateforme. C'est avec Ross que C.C. a manipulé les témoins et les documents pour démontrer l'absence de responsabilité des Entreprises Capwell dans ce terrible drame. Ross apparaît presque satisfait de devoir affronter sur un terrain professionnel l'aîné des fils Capwell qu'il connaît personnellement. Ross respecte son travail et son sens de la plaidoirie. Face au nouvel argument de Mason sur les soupapes, il a une liste de spécialistes qui peuvent témoigner qu'en 48 heures, il n'est pas possible de les installer correctement. Il propose de trouver lui aussi une liste de spécialistes qui pourraient attester du contraire. Cela reste parole contre parole. Mason le bloque dans ses arguments, en attestant avoir mis sous séquestre une grande partie des documents relatifs à l'explosion propres aux Capwell. Puis il atteste qu'il fera témoigner la quasi-totalité des employés de la plateforme, dont un témoin capital. Mason ne prononce pas encore son nom, mais la suite de l'enquête démontrera qu'il s'agit de Morgan Malone. Enfin, pour émouvoir son petit auditoire, il présente des photos de Benjamin Gillis avant et après l'explosion. Même si Ross se joue de ces photos, tout le monde peut comprendre leur impact émotionnel face aux jurés au cours d'un procès. Ainsi, en raison des nouveaux arguments et preuves, Mason réclame cette fois ci 2 millions de dollars pour le préjudice subi par les Gillis.

Curieusement, la somme avancée par Mason a été revue considérablement à la baisse. En bon avocat et parce qu'il connaît les tactiques de Mason, Ross présente lui aussi son offre à Maggie et Warren, qui ont entre temps rejoint Mason. L'offre est à nouveau à prendre ou à laisser, une offre basée sur la sympathie de la famille Capwell envers la famille Gillis. Elle est d'un million de dollars, versé en une seule fois. Bien sûr il y aura une contrepartie : les Entreprises Capwell nient toutes fautes dans l'explosion et Maggie s'engage à ne pas effectuer de poursuites dans l'avenir. Ross remet à Mason le document que Maggie devra signer. Si Warren semble ravi de leur victoire et de l'argent proposé, Maggie reste déçue. La raison essentielle de sa déception porte sur l'absence de reconnaissance de faute de la part des Entreprises Capwell. A ses yeux, c'est comme si Ben n'était pas pleinement reconnu comme une victime, alors qu'il en est une. Mason lui confirme alors ce qu'elle sait déjà : seul un juge dans un tribunal pourra lui donner satisfaction en reconnaissant devant tous la culpabilité et la responsabilité des Entreprises Capwell dans l'explosion et donc dans l'accident de Ben. Maggie se refuse à signer le document, certaine qu'aller jusqu'au procès est la meilleure des options. Mason prend alors un malin plaisir à déchirer l'accord devant Ross et son père. C.C. et Mason se dévisagent : l'un fou de colère et l'autre ravi de pouvoir se jouer de l'autre. En quittant les lieux, Ross confie sa stratégie à C.C. : retourner un témoin essentiel de Mason, modifier le témoignage d'autres employés... Et pour cela, Ross demande de l'argent à C.C., c'est le prix à payer pour ne pas perdre le procès...

Le procès... Ce moment tant attendu ou tant craint semble s'approcher. Inquiet du comportement de Mason, Warren conseille à Maggie de changer d'avocat et d'engager sa tante, Julia Wainwright. Warren craint que Mason se rapproche au dernier moment de son père et fasse échouer leur demande. Maggie ne souhaite pas renvoyer Mason, elle a pleinement confiance en lui. Après tout, à Santa Barbara, il est le seul avocat qui a accepté son dossier. Approchée par Jack Lee, Julia refuse de s'occuper de ce dossier, rassurant même Warren et Maggie sur les compétences de Mason. Ce n'est que lorsque Jack Lee est approché par C.C. pour remplace Ross que l'intérêt de Julia pour ce dossier s'en retrouve aiguisé. Elle accepte de travailler aux côtés de Mason Capwell, assurant qu'elle pourra leur être très utile : elle se propose de jouer les Mata Hari et d'espionner le camp adverse. Même si Julia flirte avec Jack Lee, sa loyauté va à Maggie et à son équipe. C'est d'ailleurs Julia qui, en jouant les espionnes, récupère la liste des employés de la plateforme dans la mallette de Jack Lee. L'enquête rebondit...

Avec le nom de Shefter, Maggie et Warren espèrent trouver le témoin crucial, celui qui apportera les preuves irréfutables de la responsabilité des Entreprises Capwell. Malheureusement pour eux, M. Shefter n'est pas ce témoin, bien au contraire... Aujourd'hui, employé à l'Hôtel Capwell, il n'a que peu d'éléments nouveaux à apporter. En 1982, il travaillait dans les bureaux de la plateforme et n'a pratiquement rien vu de l'explosion. Légèrement blessé par le souffle de l'explosion, il n'a pu constater que l'implication des Entreprises Capwell auprès des salariés : implication au sortir du drame, implication jusqu'à aujourd'hui. Favorable aux Entreprises Capwell, M. Shefter n'est pas le témoin espéré. Certainement qu'il fait partie de cette liste de salariés dont Ross parlait quelques jours plus tôt avec C.C. et qui servent de vitrine pour attester de la bienveillance des Entreprises Capwell !

Un nouveau nom est avancé, celui de Coltrane. M. Coltrane est un homme de la même génération que Ben Gillis, ils étaient amis sur la plateforme. Très touché par l'état de santé de son ami, M. Coltrane regrette de ne pas pouvoir être en capacité de leur apporter des preuves irréfutables. Pourtant, il est intimement convaincu de la responsabilité des Entreprises Capwell dans l'explosion. A la fin de leur entretien, il leur redonne espoir en leur citant le nom d'un autre employé : Morgan Malone. Blessé lui aussi le jour de l'explosion, Morgan a vu sa vie s'effriter lentement depuis le drame. Aujourd'hui, M. Coltrane sait qu'il a changé de nom et qu'il cache sa main brûlée derrière un gant noir.

L'enquête rebondit et avance : très vite Maggie et Warren retrouvent l'adresse de l'ex-femme de Morgan Malone. C'est en aparté à La Mesa qu'a lieu la rencontre. Au cours d'une brève discussion, l'ex-épouse leur fait un résumé de sa vie. Divorcée de Morgan aujourd'hui, elle n'a plus de contact avec lui, son nouveau mari ne voulant pas en entendre parler. Elle leur explique qu'après l'explosion, le caractère de Morgan s'est transformé : c'était comme s'il était devenu en colère contre la Terre entière et en particulier contre les Capwell. Un jour, elle lui a laissé un ultimatum pour essayer de retrouver un semblant de vie. Lorsqu'elle est revenue à leur domicile, Morgan avait quitté les lieux. Depuis, malgré quelques lettres, elle n'a plus de nouvelles de lui. Elle leur confie aussi un fait étrange : Morgan n'avait pas reçu de dédommagement financier suite à l'accident, cependant il disait souvent qu'ils n'avaient pas besoin de travailler... C'était comme si Morgan pouvait accéder à une ressource illimitée, selon son bon vouloir. Ces révélations démontrent à Maggie et Warren qu'ils sont sur la bonne voie, qu'ils approchent de la vérité. Et Morgan Malone sera l'homme de cette vérité. Maggie se réjouit, elle pourra bientôt annoncer à Ben qu'elle a obtenu justice...

D'autres enquêtes viennent écarter Maggie du chemin de la vérité et de Warren. Puis Ben fait soudainement une crise cardiaque. Maggie s'imagine qu'elle pourrait être liée à sa relation naissante avec Warren. Elle prend alors la décision de quitter Santa Barbara pour offrir de nouveaux soins à Ben et pour s'offrir une nouvelle vie à ses côtés. Maggie fait le grand saut et part à New York vers un autre destin. Elle demande à Warren de veiller sur son enquête et de la mener à son terme. Ce que Warren promet. Il apprend rapidement que Morgan Malone sera prochainement en ville. Il passe une annonce au nom de Ben Gillis pour le rencontrer. C'est dans l'appartement des Gillis qu'a lieu la rencontre. Dans la solitude de la maison abandonnée, les deux hommes se font face. Morgan Malone est une force de la nature, il dépasse largement Warren. Se sentant piégé, Morgan cherche à comprendre les raisons de cette rencontre. Très vite, Warren comprend alors la réalité de la situation, la réalité de ce qu'il s'est passé sur la plateforme il y a trois ans...

Le jour de l'explosion, Morgan a croisé Ben. Il a vu qu'il était gravement blessé. Ils ont plongé dans l'océan pour essayer de se sauver. Secourus en mer, Ben a été conduit à l'hôpital où un terrible diagnostic est tombé : plongé dans le coma, s'il parvenait à survivre, il se serait plus que l'ombre de lui-même. Une main grièvement brûlée, Morgan a accepté l'argent des Capwell par facilité, pour protéger et nourrir sa famille. Rongé par la culpabilité et les remords, Morgan est devenu un autre. Et c'est cet autre qui fait face à Warren. Son autre qui doit assumer ses fautes. L'homme qu'affronte Warren n'est pas l'ami de Ben, même si celui-ci sommeille toujours en Morgan. Warren le pousse dans ses retranchements et lui demande ce que Ben aurait fait à sa place. Ses paroles résonnent comme un verdict dans la maison vide. Et Morgan avoue... Il a pris l'argent. Puis il s'est enfui. Il s'est enfui pour fuir ce qu'il a fait. Il s'est enfui pour fuir l'homme qu'il est devenu. Il s'est enfuit parce qu'il avait honte d'être un lâche, un lâche qui a tout pris jusqu'au dernier cent. Las, il finit par répondre aux questions de Warren et reconnaît qui le paye... Les mêmes qui ont construit la plateforme, les mêmes qui n'ont pas respecté les consignes de sécurité... C.C. Capwell et sa compagnie ! Par la suite, devant Mason et Julia, il livre la vérité dans sa dureté la plus pure : l'explosion, l'incendie, Ben qui le sauve... Puis il reconnaît qu'une semaine après le drame, des personnes sont venues à son domicile avec une mallette et ont réécrit les consignes de sécurité. Morgan surprend ensuite tout le monde, car il a toujours avec lui la mallette avec les milliers de dollars donnés pour son silence. Il n'y a jamais touché.

L'enquête est sur le point d'aboutir et la logique de Mason vient rebattre les cartes. Celui-ci propose à Julia, Warren et Morgan un autre chemin. A ses yeux, la justice sera longue, très longue, et le procès ne permettra peut-être pas de statuer de la responsabilité des Entreprises Capwell. La stratégie de Mason est simple : faire venir Morgan Malone à la Villa Capwell et obliger C.C. à regarder la vérité, celle qu'il a contribuée à cacher, en face. C'est donc entre les murs de la Villa Capwell que va être rendu le verdict, entre les mêmes murs où les décisions pour étouffer les retombées de l'explosion ont été prises. Face à son père, Mason fait venir Morgan dans le hall, sa main gauche est dans un gant noir et, dans sa droite, il tient une mallette. Lorsque Morgan se présente à lui, C.C. reste de marbre, presque figé par la peur... C.C. comprend alors qu'il a devant lui le témoin. De sa main gauche, Morgan Malone ouvre la mallette et dit à C.C. qu'il lui rend son bien. Les nouvelles menaces de Mason commencent à faire leur effet : Morgan Malone est prêt à parler à un juge, à la presse. Enfin, comme ultime preuve, il retire son gant devant C.C.. Morgan veut libérer sa conscience. Mason offre un délai d'une heure à son père pour qu'il prenne la décision de verser une indemnité à Ben, mais aussi à toutes les autres victimes de l'explosion. Le marché proposé par Mason est des plus simples : des aveux de C.C. Capwell avec des excuses publiques, sans oublier un chèque de dix millions de dollars.

L'enquête se termine sur un bout de table de la Villa Capwell, lorsque C.C. signe le chèque pour Maggie Gillis devant Mason et Warren. C.C. prend toutefois un malin plaisir à humilier Mason, en refusant qu'il puisse toucher le moindre dollar de cette affaire. C.C. oblige son fils à choisir entre les victimes et lui... Blessé, mais satisfait d'avoir gagné face à son père, Mason accepte de ne pas être payé. Il est blessé dans son orgueil, mais il a encore une carte à abattre pour mettre son père à terre : son roi d'atout est Lindsay Smith !

Satisfait, Warren prend contact avec Maggie et l'informe de la très bonne nouvelle : dix millions de dollars pour offrir des soins à Ben et commencer avec lui une nouvelle vie. Warren se réjouit de leur victoire mais son coeur se referme, empli d'une sourde souffrance : en gagnant face aux Entreprises Capwell, il sait qu'il vient de perdre toutes chances de bonheur auprès de Maggie. Maggie restera auprès de Ben, l'homme qu'elle aime, même s'il n'est plus que l'ombre de l'homme qu'il a été. Elle restera avec Ben même si des fragments de son coeur sont restés à Santa Barbara, auprès d'un jeune et charmant sauveteur au corps athlétique...

Le rideau tombe sur cette intrigue mêlant passé et présent. Bien que la fin soit des plus heureuses, cette intrigue garde un certain goût d'inachevé. D'abord tout simplement parce que Maggie Gillis n'est plus en ville pour se réjouir et fêter cette victoire avec Mason, Julia et Warren, son premier soutien. Ensuite, parce que cette intrigue a montré une facette de C.C. Capwell qui sera moins présente par la suite : l'image de l'homme d'affaires froid, calculateur, prêt à soudoyer des hommes pour parvenir à ses fins. Le C.C. interprété par les acteurs avant Jed Allan paraissait bien plus manipulateur (on peut se souvenir des ordres donnés pour piéger Joe Perkins à son retour). C'est aussi en grande partie au cours de cette intrigue que les affrontements entre Mason et son père ont été des plus violents et des plus cinglants. C'est comme si, jusqu'au coma de C.C., la guerre entre eux ne connaissait pas de limite. Par la suite, Mason et C.C. retrouveront plus de compassion l'un envers l'autre.

Enfin, cette intrigue sonne aussi la fin de la mise en avant de Warren Lockridge. Warren, après Summer Blake, venait de trouver là une réelle profondeur et une présence qui ne lui sera offerte qu'avec son retour sous les traits de Jack Wagner en 1991. Pourtant John Allen Nelson s'est littéralement transformé en quelques épisodes. Sauveteur fade, fils de riches sans prestance qu'il était à ses débuts, il est devenu un journaliste engagé, avide de vérité. Au-delà de son apparence physique, Warren Lockridge, parfait mélange entre Augusta et Lionel, était en capacité de devenir un homme juste, sensible, cultivé, non dénué d'un certain humour. Il est dommage que Warren ait changé de chemin, car son potentiel de journaliste laissait entrevoir des possibilités. Sans Maggie, l'intrigue de l'explosion de la plateforme ne pouvait pas survivre à la clôture de l'enquête, d'autant qu'en parallèle d'autres intrigues toutes aussi prenantes se déroulaient sous le regard du jeune journaliste : les révélations sur le meurtre de Channing Junior, la recherche du bébé d'Amy Perkins, le viol de Christie DuVall, et les curieux maux de têtes de C.C.. Ce n'est d'ailleurs pas la seule intrigue qui connaîtra une fin trop hâtive, l'intrigue des vols à l'Hôtel Capwell signés par Robin des Bois se terminera aussi sans réelle conclusion. Bref, il semblait alors trop difficile pour Warren de devenir le conteur à distance de la vie à Santa Barbara, comme peut le faire tout journaliste...

Texte écrit pour ce site par Lilian